À 25 ans, Jules Rolland sort d’un week-end prolifique en championnats de France de tennis de table, une discipline mise en lumière ces dernières années par la réussite des frères Félix et Alexis Lebrun. Pour le joueur licencié au Thorigné Fouillard TT, né à Rennes, le football n’est pourtant jamais très loin. Grand supporter du Stade rennais, qu’il suit même en déplacement, il s’est entretenu avec SRO avant de filer en Slovénie pour deux tournois.
Quel bilan tires-tu de ton week-end ?
Très positif. La priorité était le tableau simple messieurs, faire une deuxième médaille après celle de 2023. Je suis hyper content, elle a encore plus de saveur car en quart de finale je bats Simon Gauzy, numéro 3 français, en équipe de France depuis très longtemps et qui n’avait pas perdu avant la demi-finale depuis des années. Je sors un gros match (4-3) en gagnant 13-11 au septième set, et sauvant une balle de match. C’est une grosse perf’ pour moi. En demi, contre Alexis Lebrun je suis tombé sur clairement plus fort. On est allés chercher avec Bastien Rembert une belle médaille de bronze en double. Et avec ma copine Romane Le Scour, on perd en quart de finale en double mixte contre la paire qui a fait championne de France après, donc pas de regrets.
C’est perdu d’avance quand on entre dans une compétition avec les frères Lebrun dans le tableau ?
(Rires) J’ai envie de dire non car ça reste du sport, et à tout moment il y en a un qui se fait sortir un peu plus tôt et il n’en reste « plus qu’un » à battre. Mais déjà en battre un c’est hyper dur, alors en battre deux sur la même compétition c’est quasiment impossible. Les deux sont dans le Top 10 mondial, on n’a pas vu ça depuis vingt ans. Puis même s’il a baissé au classement, Simon (Gauzy) reste un Top 20. Ça rend la chose plus compliquée quand on n’est pas dans les 4 premières têtes de série. On sait qu’il y en a un à prendre et que les trois autres sont à éviter. J’ai joué Simon, c’est passé cette fois, mais il m’aurait fallu deux exploits pour aller chercher le titre, c’est quasi-impossible.
Pour reprendre un dicton bien connu au Stade rennais, le ping-pong avec les frères Lebrun, c’est une religion sans paradis ?
Non pas du tout ! Au contraire, ça met en lumière notre sport d’une manière incroyable. Les titres au niveau national sont plus durs à aller chercher, les places en équipe de France de plus en plus chères car il y a une grosse concurrence, mais elle est plus compétitive. Moi ça m’a permis d’aller chercher une médaille aux championnats du monde, et en championnat d’Europe par équipe. Sans les Lebrun, l’équipe de France ne serait pas aussi compétitive, et tout le monde profite de ça. Ça nous motive encore plus pour être au niveau et leur apporter encore plus au quotidien.
Est-ce que tu leur vois un équivalent dans le monde du foot ?
Oui, Felix c’est facile, c’est Mbappé. Au niveau sportif je veux dire, un mec hyper précoce, qui performe très tôt avec une médaille olympique à 17 ans, c’est exceptionnel. Il est Top 5 mondial à 18 ans. Alexis, c’est un mec à la Dembélé, qui a eu pas mal de blessures mais qui reste un gros talent et un très très bon joueur. Peut-être un petit peu moins fort que Félix ou Mbappé, mais un joueur de classe mondiale, hyper créatif comme Dembélé.
Depuis quand es-tu supporter du Stade rennais ?
Je ne saurais pas dire, depuis 4-5 ans et l’âge de regarder du football. C’est mon grand-père qui m’a transmis ça. Je suis incapable de dire quand j’ai été au stade pour la première fois, j’étais très jeune. J’ai tout de suite aimé ça.
C’est donc une affaire de transmission chez toi…
Oui, mon grand-père était dans le milieu du foot, il était arbitre. Mon père suit de plus loin mais il aime bien. Moi j’ai transmis ça à ma petite soeur, qui aime bien aller voir les matchs. J’essaye de l’emmener quand je peux. C’est de famille, mon grand-père voulait me mettre au foot mais mes parents n’étaient pas trop pour. Au final, le ping a vite pris le dessus.
Ça t’arrive quand même de jouer ?
Oui, ça m’est arrivé de faire des Five, mais maintenant j’évite. La dernière fois il y a deux ans, j’ai failli me faire un genou (rires). On a des obligations vis-à-vis du club, on ne peut pas se permettre de se blesser sur un loisir. Je fais attention, même si à l’INSEP ça nous arrive de temps en temps de faire un foot.
Quel est ton premier souvenir marquant avec le Stade rennais ?
La première finale contre Guingamp en 2009, j’avais 8 ans, j’étais très déçu. Je suis sûr d’être allé plein de fois au stade avant, à l’époque des (Alexander) Frei, tout ça, quand j’étais tout petit, mais celui qui m’a marqué c’est 2009. On marque, mon père a le but de Rennes en vidéo avec le caméscope et il me dit « il faut qu’on tienne 5 minutes, et ça va le faire ». Il n’a pas fini sa phrase qu’on avait pris un but d’Eduardo. Derrière, c’était catastrophique, une telle déception. J’ai vu les trois finales de coupe de France, et celle-là elle fait mal.
Qu’est-ce qui fait qu’on n’est pas dégouté d’un club à 8 ans après un tel scénario ?
Je ne sais pas, je crois que c’est aussi ma mentalité dans mon sport, je ne lâche rien donc je n’ai pas envie de lâcher mon équipe car ils m’ont déçu une fois, et une plus d’une fois avec le recul. Pour toutes les bonnes émotions qu’ils m’ont transmis, je ne les lâcherai pas et c’est devenu une passion au fur et à mesure. J’adore suivre les matchs, peu importe le résultat. Parfois ça ne va pas comme on veut mais je pense que je n’arrêterai jamais de les soutenir.
Vois-tu des similitudes entre le foot et le ping-pong ?
L’aspect créatif je dirais. Au foot c’est assez technique, surtout les attaquants et les milieux, il faut créer du jeu, de l’inspiration. Au ping, c’est comme ça qu’on essaye de se démarquer aussi, toujours surprendre l’adversaire.
C’est donc ce qui fait ta sensibilité foot ?
Oui, je pense. J’aime bien quand ça joue bien, les équipes qui font quelque chose de différent, tentent, essayent. C’est ça que j’aime quand je regarde les matchs.
Quelle est ta période de référence du Stade rennais jusqu’ici ?
Forcément la période sous Genesio. Les deux années c’était incroyable. À chaque fois j’étais tellement content de voir le match. Je savais que j’allais prendre du plaisir. C’était très porté vers l’avant, ça combinait hyper bien. On s’était presque habitués à ça. C’était un luxe d’avoir un tel jeu, on ne se rendait pas compte. Depuis deux ans où ça va un peu moins bien, c’est là qu’on se rend compte de la chance qu’on a eu d’avoir une telle équipe pendant quelques années. La redescente fait mal mais ce n’est pas grave, c’est le sport, il y a des cycles et je sais que ça va revenir.
Ton meilleur souvenir avec le Stade rennais se situe durant cette période ou ailleurs ?
Non, le meilleur souvenir c’est la finale de coupe de France contre le PSG. Même si le match contre Arsenal à domicile c’était dingue. Mais la finale, j’ai eu la chance d’y assister au stade, c’était exceptionnel, l’ambiance. Je me rappelle du capo du RCK qui à 2-0 pour Paris nous dit « les gars il ne faut rien lâcher », et qui a vraiment poussé tout le monde alors que tout le monde était un peu dégouté. Ça m’a vraiment marqué le fait qu’il ne lâche rien et soit derrière les joueurs. Puis la fin, le scénario complètement dingue, tout le monde se prenait dans les bras, personne ne se connaissait mais c’était comme si on se connaissait depuis 10 ans alors que ça faisait 90 minutes qu’on était assis à côté. C’était un moment vraiment magique. Avec toutes les émotions que le tennis de table a pu me procurer, c’est une des plus belles émotions que je n’ai jamais vécu.
Arrives-tu souvent à venir voir les matchs au stade ?
J’habite en région parisienne, mais à domicile je dirais que j’assiste à 6-7 matchs. Après, depuis 2-3 ans, j’essaye de faire des déplacements, j’ai dû en faire une dizaine. J’ai commencé à Arnhem, j’étais un peu blessé et j’étais allé tout seul avec le Roazhon’s Call. Je ne connaissais personne, j’ai fait la connaissance de passionnés et j’ai passé une journée vraiment incroyable. Ça m’a marqué, j’ai adoré. Depuis je me suis mis à faire des déplacements. Là, j’étais à Lens. Quand ce n’est pas trop loin de Paris, j’essaye de faire le déplacement. Finalement, je vois autant de matchs à l’extérieur qu’à domicile.
Quel joueur du Stade rennais t’a le plus marqué ?
Moi c’est Bourigeaud, comme beaucoup. J’aime beaucoup Terrier mais Bourigeaud ça reste au-dessus pour moi. Chez moi j’ai deux maillots encadrés, ceux de Bourigeaud et Terrier.
Comment vis-tu cette saison et qu’attends-tu de ces derniers matchs ?
Je pense que la saison est difficile, il y a eu beaucoup de changements de coach, il faut retrouver de la stabilité. Le maintien n’est pas totalement acquis, il faut faire attention quand même, mais je pense qu’on a un peu de marge. L’Europe est trop loin clairement, ce n’est pas pour nous cette saison. Il faut commencer à préparer la saison prochaine, faire entrer les jeunes qui méritent, des joueurs sur qui le coach va compter la saison prochaine. Ça fera deux saisons sans coupe d’Europe, et je pense qu’un club avec les moyens du Stade rennais, on ne peut pas se permettre de manquer trois fois l’objectif.
Tu as intégré le casting de l’émission Lundi C’est Rauzy sur Ici Armorique. Comment vis-tu cette nouvelle expérience ?
C’est sympa, François m’a invité trois fois. Il y a des anciens joueurs à qui je peux faire découvrir un autre sport. Je ne peux pas amener ma vision tactique car ce n’est pas dans mes compétences, même si je peux avoir un avis, j’estime ne pas être suffisamment expert pour parler tactique. J’essaye de donner mon point de vue, et c’est intéressant d’avoir celui des anciens joueurs qui ont un point de vue beaucoup plus pointu. Parfois, on se rend compte qu’on est loin de pouvoir imaginer tous les éléments tactiques du football. Ça me permet d’apprendre, c’est cool.
Entre athlètes, vous vivez des choses similaires ?
Oui forcément, l’exigence du haut niveau est la même. Après, ce n’est pas du tout la même approche. Tous les sports sont différents, et l’approche tactique collective m’apporte beaucoup. J’aime bien entendre parler de ça car c’est quelque chose dans notre sport dont on n’a pas l’habitude. Ça dépend vachement de nous, de ce qu’on fait. Là, si tes partenaires ne sont pas bons, c’est difficile pour toi d’être bon. Avoir le point de vue d’un ancien joueur j’adore ça.
Crédit photo : FFTT/Remy Gros
PAT59
27 mars à 10h29Super article , super mec , super tout simplement.
CondateFan
27 mars à 10h59Nan mais comment peut-on parler tennis de table sans jamais mentionner une seule fois le nom du plus grand joueur de ping’ pong’ de tous les temps, Forest Gump.
Avouez qu’un match Lebrun- Gump en finale des jeux olympiques serait tout simplement FéFé nomenal. Nan, non c’est pas impossible, car Maman disait toujours : la vie, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur qui on va tomber. Et ping, v’la Fred Mascarade qui débarque. Et pong, suivi par Julien Le Bouainou.
N’est stupide que la stupidité, disait la maman de Forest, qui ne connaissait visiblement pas Juju et Frédo.
Enfin le truc le mieux quand on rencontre le President, le president Pouille, c’est pas la bouffe, non, parce que comme disait ma maman, pardon, comme disait Seko, c’est le salaire.
Et combien, parmi vous, levez la main, avez utilisé une partie de votre salaire pour vous acheter une table de ping’ après les JO de Paris ou après la Féfénomenale finale de dimanche dernier afin de pouvoir « jouer aux Lebrun » dans votre jardin, sur votre terrasse, balcon, sous-sol, salon ?
En tout cas n’hésitez pas, s’ il vous reste quelques kopeck après une dizaine de visites au Roazhon Park, à vous munir d’une table, toute la famille en profite, et c’est très amusant que vous ayez de 7 à 77 ans.
Marcel Bichon
27 mars à 13h20@condate…Très bel édito, ça m’a donné envie de manger des crevettes !
Dodo
27 mars à 14h39Son salaire mensuel doit être équivalent à un jour de salaire de Kalipeno…
Ajouter un commentaire