La saison rennaise en toutes lettres

Abécédaire. La saison 2011-2012 ayant touché à sa fin, retour alphabétique sur quelques faits marquant de l'année écoulée. De A comme Atlético Madrid à M comme Meneur de jeu, première partie de cette revue d'année.

A comme… Atlético Madrid

En repensant au parcours européen du Stade rennais cette saison, on ne peut qu’évoquer forcément à la venue de l’Atlético Madrid au stade de la route de Lorient, le 29 septembre. Futur vainqueur de la Ligue Europa, le club madrilène n’est pas dans une très bonne période, est sérieusement bousculé par une équipe rennaise pourtant bien remaniée. Montaño finit par ouvrir le score en seconde mi-temps dans un stade qui avait rarement autant vibré, mais la dure réalité revient en pleine figure des Rouge et noir, qui finissent par concéder l’égalisation sur une erreur d’inattention. Presque le symbole d’une campagne européenne qui aura prouvé que l’équipe rennaise pouvait surprendre les meilleurs, mais sans assez de constance ni d’efficacité pour en récolter les fruits au final. Le premier match contre l’Udinese en avait déjà fait la démonstration quelques jours auparavant.

B comme… Buteur

Pendant un an et demi, après les départs conjugués de Briand, Sow, puis Gyan et Bangoura, la question est revenue sur les lèvres : « À quand le recrutement d’un buteur au Stade rennais ? ». Malgré quelques fulgurances, les limites de Victor Hugo Montaño à ce poste ont vite été montrées du doigt, l’arrivée de Youssouf Hadji n’a pas permis d’y répondre, et le feuilleton du recrutement de Mevlüt Erding a duré quelques mois de trop.
Depuis l’arrivée de celui-ci, la question ne se pose plus, même si le bilan des six premiers mois de l’international turc en Bretagne ne restera que correct. Ses quatorze matchs et ses quatre buts marqués ont toutefois permis d’entrevoir ce qu’il pouvait apporter : plus de disponibilité, de mobilité, d’efficacité, et une présence tout aussi intéressante que celle du Colombien au contact des défenses. La saison 2012-2013 devrait permettre à Erding de confirmer qu’il est bien « le » nouveau buteur du Stade rennais.

C comme… Cycle

« Nous sommes au début d’un cycle » : la phrase était l’un des leitmotivs de Frédéric Antonetti en 2010-2011, afin de justifier les pêchés de jeunesse de son effectif, et pour souligner sa marge de progression. Deux ans après l’avoir entamé, le cycle est-il terminé ? Dès juillet, l’entraîneur rennais avait reconnu qu’il était difficile pour un club comme Rennes de prolonger ce genre de cycle au-delà de deux ans. Sous-entendu, difficile de conserver une année de plus quelques éléments prometteurs, à l’image d’un Yann M’vila promis aux sirènes de l’étranger cet été. Probable donc également que le renouvellement de l’effectif soit conséquent en cette intersaison, même si Antonetti a émis le souhait de continuer à voir mûrir sous ses ordres les jeunes qu’il a lancé.

D comme… Derbies

S’il y a des motifs de satisfaction à chercher pour cette saison, il faut presque aller les chercher dans le malheur des autres. Car le football breton a plutôt souffert cette saison en Ligue 1. Outre les turpitudes habituelles du Stade rennais, les Brestois ont peiné à assurer leur maintien pour leur deuxième année dans l’élite, et les Lorientais ont eu bien du mal à encaisser leur mercato hasardeux de l’été dernier.
Chahuté l’année passée par ses voisins (trois défaites et un nul lors des derbies), le Stade rennais en a profité pour inverser la tendance. Battu à deux reprises par les Merlus en 2010-2011, les Rennais sont redevenus la bête noire des Morbihannais, en s’imposant à l’aller comme au retour. Face aux Brestois, le bilan est plus mitigé, avec un match à domicile médiocre, et un retour à Francis-Le Blé gagnant, mais heureux au vu du scénario. De ce dernier match, on retiendra d’ailleurs surtout les taquineries grandissantes entre supporters des deux camps, comme si les uns se cherchaient un nouveau Guingamp, et les autres un nouveau FC Nantes...

E comme… Exemple à suivre

On peut avoir un budget de 33 millions d’euros, le quatorzième de Ligue 1, et bousculer la hiérarchie pour devenir champion de France. Telle est la morale de cette saison 2011-2012 qui aura vu le Montpellier Hérault être sacré pour la première fois de son histoire. Un sacré contre-argument à opposer aux discours pragmatiques et prudents entendus depuis de longs mois dans la bouche de Pierre Dréossi et consorts. Oui, malgré l’arrivée du Qatar et de ses millions au Paris Saint-Germain, le football reste un sport où la cohérence sportive peut parvenir à déjouer la triste logique budgétaire.
L’exemple montpelliérain a montré qu’une réussite sportive était possible pour un club capable de sortir de bons éléments de son centre de formation (Belhanda, Cabella, Yanga-Mbiwa, Stambouli, Jourdren), tout en complétant son effectif par un recrutement judicieux (Giroud, Utaka, Bedimo, Hilton, Estrada) et qui dispose surtout d’un jeu performant et d’un état d’esprit conquérant. La voie à suivre pour un club comme le Stade rennais.

F comme… Faits divers

Pour sa troisième et dernière année en Ligue 1, Yann M’vila était attendu. L’international tricolore n’aura brillé que de façon inégale sur le terrain, ne convainquant cette fois pas grand monde, malgré ses certitudes devant la presse. Davantage ciblé par ses adversaires certes, l’Amiénois d’origine s’est surtout distingué par sa présence récurrente dans la rubrique faits divers, et plus globalement par son attitude hors des terrains.
Après l’affaire des « pseudo prostituées » de Montpellier dans laquelle il jouait le rôle du plaignant, le milieu de terrain s’est retrouvé dans le costume de l’accusé, au cours d’une garde-à-vue d’une trentaine d’heures pour une affaire de violences. Si l’on y ajoute son coup de sang à la Piverdière après Quevilly, M’vila laisse derrière lui une image ternie.
Dommage pour un élément qui s’est très vite placé – comme Gourcuff, Wiltord, Silvestre ou Réveillère – parmi les produits les plus brillants du centre de formation rennais. Quelle que soit sa destination cet été, Angleterre, Espagne, Italie ou Allemagne, M’vila devra sans nul doute changer son comportement extra sportif, sous peine de grosses désillusions…

G comme… Glasgow

Si l’Atlético Madrid a représenté un sommet en matière de jeu et de prestige, nul doute que les supporters rennais n’oublieront jamais la double confrontation face au Celtic Glasgow. Accueillis comme des frères en Bretagne, les fans des Bhoys ont eux découvert avec étonnement à quel point ils étaient appréciés à Rennes. D’où des scènes de fraternisation à l’aller comme au retour, certains supporters des deux camps échangeant même leurs maillots en tribune ! Quelques jours avant Quevilly, des supporters glaswégiens auraient même promis de venir à Saint-Denis si le Stade rennais avait su se qualifier pour la finale de la Coupe de France…
Repartis de Celtic Park avec une piteuse défaite dans la musette, les Rouge et noir y auront toutefois accumulé quelques beaux souvenirs. Un voyage marquant, au point de voir le « Just Can’t Get Enough » d’après but être copié au stade de la route de Lorient.

H comme… Horaires

L’inconvénient de jouer la Ligue Europa, dirait Frédéric Antonetti, c’est de gérer l’accumulation des matchs. L’inconvénient de la Ligue Europa, pourraient lui répondre les supporters rennais, c’est aussi de voir les matchs du week-end sans cesse être décalés.
Matchs le jeudi oblige, le Stade rennais a régulièrement dû jouer le dimanche après-midi à 17h00. Un horaire peu accommodant pour les supporters rennais, qui peut notamment expliquer leur désertion du stade de la route de Lorient cette saison. Mais si seulement ces matchs décalés avaient tous eu lieu le dimanche… Cette saison, les Rouge et noir auront réussi la performance de jouer lors de chacun des sept jours de la semaine, expérimentant les matchs le lundi, mais aussi le mardi et le vendredi, sans compter les jours où se déroulent traditionnellement les rencontres. Un avant-goût de ce qui les attend peut-être à l’avenir, la LFP ayant décidé d’étaler de plus en plus la grille de programmation des matchs.

I comme… Inimitiés

Prolongé en fin de saison dernière, Frédéric Antonetti aura accumulé cette saison un nombre incalculable d’accrochages. Avec la presse, avec ses collègues entraîneurs, avec ses joueurs, avec son président, avec les supporters, le technicien corse se sera livré à un nombre impressionnant de sorties médiatiques tapageuses.
Pêle-mêle, citons notamment son accrochage avec Georges Mandjeck lors de Rennes – Brest, son altercation avec Patrick Le Lay à Glasgow, ses menaces face aux journalistes après ce même déplacement en Écosse, ses remarques incessantes à l’égard du public rennais, l’affaire des mouchoirs lancés à Laurent Fournier, ou encore ses déclarations déplacées à l’encontre du club d’Évian Thonon-Gaillard. Un bref aperçu de la saison sous tension passée par Frédéric Antonetti. De quoi lasser nombre de ses interlocuteurs…

J comme… Jeunesse

Au terme de cette saison 2011-2012, on peut avec certitude affirmer une chose : la jeunesse a le dos solide. Déjà en 2010-2011, Frédéric Antonetti lui avait imputé la majeure partie des contre-performances de son effectif, trop jeune selon lui pour gérer une course au podium. Cette saison, c’est l’assimilation de ces fameuses joutes européennes qu’il aura fallu gérer, la plupart des erreurs commises étant désormais dues à une supposée inexpérience fatale. Bref, l’effectif rennais aura « appris ». Reste à savoir quand se décidera-t-il à tirer les bénéfices de son apprentissage.
En tant que club formateur, le Stade rennais peut toutefois se féliciter de voir une relève poindre, avec une génération 1993-1994 à qui il a manqué peu de choses pour réaliser un brillant parcours en Gambardella, et qui va commencer à pointer le bout de son nez chez les professionnels, Dimitri Foulquier en tête. Une génération complétée par deux bonnes pioches réalisées l’été dernier, avec les recrutements des jeunes Abdoulaye Sané et Fantamady Diarra. À eux deux, les deux jeunes joueurs ont marqué près d’une trentaine de buts en CFA2. À terme, ils devraient pouvoir montrer leur talent en Ligue 1.

K comme… Kop en grève

L’image de l’emplacement vide du Roazhon Celtic Kop contre Nice aura été l’une des images marquantes de la saison 2011-2012. Le symbole d’un groupe de supporters décidé à marquer son mécontentement après la défaite face à Quevilly, mais aussi le fait générateur d’une vraie rupture entre la partie du public décidée à soutenir son équipe quoi qu’il arrive, et l’autre, plus critique ; mais aussi plus globalement entre le groupe ultra et « ceux qui ne chantent pas ».
Si le RCK a mit fin à son action dès le match suivant, les tensions qui entourent le Stade rennais, notamment au sein même de ses supporters, est l’un des faits marquants de cette saison 2011-2012. Comme l’expression d’un malaise profond, qui trouve son exutoire après chaque énième désillusion sportive générée par le club.

L comme… Le Lay

Pour sa deuxième saison à la présidence du Stade rennais, Patrick Le Lay ne sera pas parvenu à convaincre. L’ancien homme de télévision s’est plutôt fait discret dans les médias, mais ses quelques apparitions sont parvenues à soulever un véritable tollé parmi ceux qui suivent le club. Toujours aussi cynique dans sa façon de s’exprimer, le Costarmoricain aura ainsi décrit le public du stade de la route de Lorient comme faisant des « demi ola à 4-0 », provoquant un mouvement de protestation parmi les supporters.
À son actif également cette saison, son accrochage avec Frédéric Antonetti à Glasgow, après avoir affirmé que l’équipe rennaise avait reçu une "leçon de football", ou les tacles par presse interposée avec le président lyonnais Jean-Michel Aulas avant le match aller. Une saison discrète, mais où Patrick Le Lay aura rarement fait parler de lui en bien lors de ses apparitions.

M comme… Meneur de jeu

Successeur annoncé de Jérôme Leroy, Julien Féret aura été le symbole de la métamorphose du jeu offensif rennais cette saison. En retrouvant un système avec un meneur de jeu en pointe au milieu de terrain, le Stade rennais a indéniablement réussi à trouver plus d’efficacité offensive. Profitant de cette place privilégiée, le Briochin a gonflé considérablement ses statistiques, au point de marquer treize buts et de donner douze passes décisives toutes compétitions confondues. Un bilan satisfaisant qui ne doit pas occulter cependant les difficultés récurrentes de l’ancien nancéien dans les « grands rendez-vous », où il ne se sera montré que trop peu décisif.
Un bilan qui ne doit pas occulter non plus les désagréments engendrés par le système adopté par Frédéric Antonetti. Beaucoup plus fragile défensivement, l’équipe rennaise a souvent souffert au milieu. D’où le retour ponctuellement à une disposition à deux relayeurs devant M’vila, offrant une impressionnante capacité de pressing avec Pajot et Doumbia, mais beaucoup moins de créativité.

Suite prochainement avec les lettres N à Z.