Le Stade Rennais, un genou à terre après sa débâcle rémoise, s'en va affronter samedi à 20h00 le FC Lorient au Stade du Moustoir. Revenu aux commandes des Merlus, l'éphémère entraîneur rennais Christian Gourcuff retrouvera les « Rouge et Noir » pour la première fois depuis son limogeage de l'été 2002. Un derby de feu pour un match qui clôturera l'année 2006 du Stade Rennais, un match qui prend des allures de revanche, et exhale une certaine odeur de poudre...
S’il est bien une chose que l’on ne pourra pas faire à l’adresse des joueurs rennais après cette élimination méritée en Coupe de la Ligue, c’est bien de leur reprocher de ne pas se remettre en question. Non-qualifiés après une performance somme toute inqualifiable, les "Rouge et Noir" interrogés par la presse étaient unanimes quant à la médiocrité de leur performance du soir. Il est vrai que l’on trouve difficilement des points positifs concernant le jeu pratiqué à cette occasion.
« Au fond du trou » comme a avoué l’être le capitaine Olivier Monterrubio, les Rennais peuvent ils rebondir en Morbihan, ou continueront-ils à creuser un peu plus la situation délicate dans laquelle ils se sont embourbés tous seuls ?
Voila l’un des enjeux de ce derby de Bretagne. Partis en stage à Carnac pour mieux préparer la rencontre, les Rennais se doivent de tirer les enseignements du match de mercredi, et de se construire - enfin - une âme de conquérants. Car comment viser mieux qu’une saison morose avec certes une défense solide et quelques éclairs techniques, mais surtout avec une incapacité chronique à réagir lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine ?
Engluée dans un sacré bourbier, peinant à se projeter vers l’avant autrement que par de longues balles aussi aériennes qu’inefficaces, l’équipe rennaise a surtout montré que l’absence d’Étienne Didot l’avait grandement handicapée. Sans vouloir insinuer que le Paimpolais est le seul à pouvoir remettre les siens dans le sens de la marche, son retour à Lorient fera sans doute le plus grand bien, d’autant que son suppléant du soir - Stéphane Mbia - a réussi à faire oublier en une heure le bon joueur qu’il peut être parfois.
La fin de semaine morbihanaise du Stade Rennais fera t-elle évoluer les plans de Pierre Dréossi ? Comment le manager rennais va t-il réagir aux performances plus que médiocres de John Utaka ces derniers temps ? Annoncée comme étant devenue "la formule miracle", le passage à deux attaquants de pointe semblait annonciatrice de jours meilleurs offensivement. Mais malgré la performance fantômatique du Nigérian, Jimmy Briand s’est finalement retrouvé mercredi plus décalé sur la droite que dans l’axe du terrain, laissant ce secteur à l’ex-Lensois. Un nouveau chambardement dans le secteur offensif est à prévoir samedi, surtout si les absences annoncées aujourd’hui (Sorlin et Hadji) se confirment. Des solutions sont donc - une nouvelle fois - à trouver, mais tout ceci alors que l’accueil du côté du Moustoir risque d’être assez chaud.
L’histoire du Stade Rennais et de la famille Gourcuff a en effet quelque chose de mouvementé. Arrivé dans la capitale bretonne avec son fils dans les bagages à l’été 2001, tout juste après avoir emmené pour la deuxième fois le FC Lorient en L1, Christian Gourcuff était censé devoir apporter une identité de jeu au Stade Rennais. Interrogé en mai 2001 quant à la venue de l’entraîneur breton, le président d’alors, René Ruello répondait : « Il va être la conscience sportive du club, le garant du style et des résultats. Christian va disposer de moyens pour exprimer ses idées. Le public réclame du jeu, du rêve et des victoires ». [1] Un programme alléchant, mais qui va vite trouver ses limites. Quelques mauvais résultats par-ci, quelques joueurs peu contents des méthodes du Morbihanais par-là, un an plus tard, le groupe Pinault décidait de se séparer de lui, propulsant à la tête du club Emmanuel Cueff et Pierre Dréossi, avec Philippe Bergeroo comme entraîneur.
Limogé alors qu’il lui restait quatre ans de contrat, Christian Gourcuff tente alors une courte aventure au Qatar, avant de retourner à Lorient en 2003. Trois saisons en Ligue 2 avant de faire remonter une nouvelle fois les Merlus, ce qui l’autorise à pouvoir défier le Stade Rennais cette saison, pour la première fois depuis ses déboires avec le club. Autant dire que le technicien lorientais aura de quoi motiver ses troupes pour le match de samedi.
D’aucuns ont cru sentir, l’été dernier, la patte de l’ancien entraîneur rennais lors de l’imbroglio opposant son fils Yoann à la direction du Stade Rennais. Quoiqu’il en soit, cela montre bien le fossé qui existe désormais entre Christian Gourcuff et le club rouge et noir. Un fossé de rancœur et de gâchis.
Samedi soir, les enjeux de ce Rennes - Lorient seront multiples, entre rivalité régionale et réglements de compte personnels. Si le club morbihanais a possibilité d’enfoncer un peu plus le nez de son voisin dans ses soucis du moment, nul doute qu’il ne s’en privera pas. Au Stade Rennais de montrer dès maintenant qu’il est capable de réagir et qu’il peut viser d’autres objectifs pour la deuxième moitié de la saison.
- Les grandes retrouvailles... (Avant-match)
- Borne to be alive (Feuille de match)
- Les réactions
- Les notes
- Des Rennais concentrés et appliqués empochent un point
- Le résumé en vidéo
[1] France Football du 15 mai 2001
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