Un œil dans le rétro : Pascal Fugier

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à l'Olympique lyonnais, pour le compte de la 14e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Pascal Fugier.

Pascal Fugier est né dans le département de l’Ardèche le 22 septembre 1968, et ne tarde pas à tâter le cuir dès sa plus tendre enfance. Quelques années plus tard, lors de la saison 1982-1983, et alors qu’il évolue à l’ASOA Valence, il est repéré par l’Olympique lyonnais et intègre l’effectif professionnel du club rhodanien dans la foulée. C’est le début d’une belle et longue histoire pour le jeune joueur ardéchois. En effet, Pascal Fugier participe à la montée en puissance des « Gones » de la fin des années 1980 jusqu’au début des années 1990. Il passe en tout et pour tout sept années à Lyon, obtient le titre honorifique de champion de France de seconde division en 1989, et connaît son baptême du feu dans l’élite quelques semaines plus tard, le 21 juillet 1989 au stade Gerland.

Auteur de très bonnes prestations pour ses débuts au plus haut niveau hexagonal, il s’impose rapidement comme un joueur au profil complet, comme l’indique justement l’hebdomadaire France Football dans ses colonnes en 1988 : « Pascal Fugier est l’homme à tout faire de Lyon. C’est ainsi que depuis le début de saison, il a joué arrière droit, arrière gauche, libéro (sa place préférée), milieu défensif et relayeur ». Avec l’Olympique lyonnais, il dispute finalement la bagatelle de 120 matches de D1 avant de quitter la capitale des Gaules en 1993 pour rejoindre Marseille et son Vieux port.
Le néo-défenseur phocéen se fraye ainsi un chemin en douceur dans les arcanes du football professionnel français et devient à vingt-cinq ans l’un des jokers de l’Olympique de Marseille, tout récent champion d’Europe des clubs. Malheureusement pour lui, il fait le plus souvent banquette dans sa nouvelle équipe et tarde à s’imposer au sein de la défense marseillaise, qui compte dans ses rangs des joueurs très expérimentés comme Basile Boli, Marcel Desailly, Éric Di Meco ou encore l’ancien stadiste Jocelyn Angloma (à Rennes de novembre 1985 à juin 1987). Pascal Fugier est d’ailleurs surtout utilisé par l’entraîneur olympien Marc Bourrier dans le but de resserrer les rangs, et pour pallier aux rares défections des titulaires habituels.

À Marseille et malgré un temps de jeu limité, le gamin de Guilherand-Granges, près de Valence, apprend toujours au côté du futur champion du monde Didier Deschamps notamment, et emmagasine de l’expérience supplémentaire. Il ne joue finalement qu’une seule saison à l’OM (21 matches pour une seule réalisation), mais devient pourtant vice-champion de France de D1 sous les ordres de l’emblématique président marseillais de l’époque, Bernard Tapie. Puis, à la recherche d’un temps de jeu plus conséquent, il décide de prendre la poudre d’escampette à l’issue de l’exercice 1993-1994, et signe un nouveau contrat en faveur du Stade rennais, qui vient juste de retrouver sa place en première division.

Le joueur de club par excellence

À l’orée du championnat cuvée 1994-1995, Pascal Fugier paraphe donc un contrat de deux années avec le club de la capitale bretonne, fraîchement promu en Division 1, grâce notamment aux exceptionnelles performances dans l’entrejeu stadiste de l’étincelant Jocelyn Gourvennec, le capitaine de route de la formation rennaise. Lorsqu’il pose ses valises à Rennes, l’arrière droit ardéchois possède déjà une très belle carte de visite avec ses 155 rencontres de D1 disputées pour trois buts marqués. Défenseur expérimenté et sélectionné en équipe de France espoirs quelques mois auparavant seulement, il est une recrue de premier choix pour le SRFC. En effet, le club breton souhaite dorénavant bonifier son assise défensive, qui était régulièrement mise à mal sur les terrains de Division 2, malgré la belle seconde place obtenue derrière l’OGC Nice de Mohammed Chaouch.
En ce sens, Pascal Fugier semble être le prototype du joueur qu’il manquait dans l’effectif du club phare de la région bretonne. René Ruello le président stadiste de l’époque parle également « d’un recrutement orienté sur la complémentarité » pour justifier le choix de la venue de l’ex-Marseillais. Généreux dans l’effort et particulièrement énergique, il est le parfait pendant du fougueux Patrice Carteron sur l’aile droite rennaise. Latéral toujours très offensif, il s’impose comme le titulaire indiscutable à son poste, et ses fantastiques qualités d’abnégation sont rapidement appréciées à sa juste valeur par l’exigeant public du club de la capitale bretonne.

C’est ainsi qu’en complément d’un travail défensif toujours particulièrement bien soigné, Pascal Fugier ose régulièrement des chevauchées pleines d’énergie dont lui seul a le secret. Son apport crée parfois le surnombre et ouvre des brèches dans le camp adverse. Mais lors d’une rencontre face à l’équipe du FC Sochaux-Montbéliard, au cours de la cinquième journée du championnat, Pascal Fugier marque malencontreusement contre-son-camp. Ceci dit, il n’empêche pourtant pas la première victoire stadiste à l’extérieur version 1994-1995, au stade Bonal, sur le score de trois buts à un, grâce à un doublé du stoppeur François Denis et à une réalisation de l’attaquant helvétique Marco Grassi. Quelques mois plus tard, Pascal Fugier inscrit son unique but de la saison, lors d’une belle et nette victoire de son équipe face à Martigues sur le score de cinq buts à un, au soir de la 36ème journée du championnat de D1. Un succès qui est synonyme de maintien parmi l’élite pour le club entraîné de main de maître par Michel Le Milinaire.
Ce soir-là, l’arrière droit rennais se trouve dans une forme tonitruante. À la quatrième minute de jeu, Marco Grassi effectue un superbe travail sur le côté gauche, trouve Sylvain Wiltord en embuscade, qui adresse un centre en retrait millimétré pour Fugier aux abords de la surface de réparation. Libre de tout mouvement, le défenseur rennais arrive à placer le ballon hors de portée d’Éric Durand, portier des Martégaux à l’époque, futur dernier rempart stadiste entre 2001 et 2003. Défenseur rarement averti, il s’est imposé à l’énergie comme un élément indispensable du dernier rideau défensif breton, et ce, tout au long de la saison. Titulaire à trente-sept reprises en championnat, Pascal Fugier a réussi une excellente première année sous la tunique des « Rouge et Noir » et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, au contraire même. L’explosif défenseur ardéchois a les dents longues et il a probablement raison.

En aparté, l’homme est un passionné de vitesse et de sensations fortes. Ce qu’il apprécie par-dessous tout, ce sont les balades à moto. Lorsqu’il sent en chemin les trépidations de sa machine, il rêve de mettre plein gaz au guidon de son terrible engin. En appuyant fréquemment sur l’accélérateur, Pascal Fugier fait tous les quinze jours chavirer la foule conquise du vieux parc des sports de la route de Lorient, qui vibre au rythme des montées rageuses de son latéral droit. L’opération séduction accomplie, c’est encore en mettant le turbo que le talentueux défenseur rennais crève l’écran, et notamment lors de la sixième journée de championnat face à Strasbourg (1-1, but de Marco Grassi pour Rennes). Il explique d’ailleurs après la rencontre les raisons de sa bonne performance du soir : « J’ai pris des risques. Il n’y avait personne derrière, mais il faut parfois ne pas réfléchir. Si tu calcules trop dans le foot, tu perds ».
À plus de cent, il se sent parfois à feu et à sang. Voilà qui résume parfaitement le tempérament fougueux de Pascal Fugier et sa vision offensive du football. Le défenseur ardéchois aime appuyer sur le starter, et ça se voit. Le personnage de l’ombre sort même de sa boîte et se livre modestement : « Je ne suis pas un joueur qui réalise des exploits individuels. Je fais mon boulot, dans l’ombre, et quelques centres lorsque j’évolue sur le flanc droit de la défense ».

C’est précisément sur ce côté que Pascal Fugier surgit régulièrement comme un bolide, afin de permettre à l’équipe bretonne de faire surface et de créer constamment le surnombre dans le camp de ses adversaires. En effet, l’ancien défenseur marseillais présente un volume physique plutôt impressionnant, ce qui lui permet d’effectuer de très belles montées, puissantes et généralement pleines d’allant. Latéral de devoir, il se trouve parfois repositionné par Michel Le Milinaire au sein de la charnière centrale rennaise, lorsque la tactique d’avant-match concoctée par le « druide » stadiste le nécessite : « Cela ne me dérange pas de jouer à ce poste mais je n’aimerais pas disputer trois matches à droite, trois rencontres en position de libéro. Être polyvalent, c’est bien mais je préférerais être fixé sur ma branche ». Il a pourtant régulièrement évolué en charnière axiale dans le Rhône, mais un peu moins souvent à Marseille.

Ses dix années effectuées à Lyon, ainsi que sa difficile saison passée dans la cité du Vieux port ont façonné l’apprentissage d’un garçon plein de bon sens et de simplicité, peu impressionné par les aléas du football professionnel. Au cours de sa première saison bretonne, il estime même que le Stade rennais « a les moyens de mieux faire que d’assurer son seul maintien ». Rennes finit pourtant treizième de Division 1, non sans avoir lutté jusqu’au bout pour obtenir son maintien parmi l’élite. Après avoir quitté successivement l’anonymat lyonnais puis l’environnement particulier autour du club phocéen, le défenseur sudiste apprécie à sa juste valeur sa nouvelle étape sur les bords de la Vilaine : « Quand je faisais un bon match dans le Rhône, on ne s’intéressait pas à moi. Ici, c’est différent. Cela fait du bien de changer de club. C’est motivant et cela permet de découvrir la France  ».
Toujours en dehors du terrain, Pascal Fugier est un amateur invétéré de fruits de mer. En fin connaisseur, c’est tout naturellement qu’il fera différentes escales à Saint-Malo et Cancale pour y apprécier les spécialités locales : « Je suis aussi allé à La Baule, mais j’ai moins apprécié. C’est plus rupin, et ce n’est pas mon style ». Pascal Fugier est simple dans la vie comme sur le rectangle vert, mais avec quelques faits d’armes de temps en temps. Après une brillante première saison dans les rangs du club de la capitale bretonne, il se fixe comme objectif de faire encore mieux au cours de son second opus rennais.

Une longue carrière au plus haut niveau

Mais Rennes débute difficilement son championnat version 1995-1996, et doit déjà impérativement s’imposer face à Lyon lors de la sixième journée, sous peine de s’enliser encore un peu plus dans la zone rouge. Piquée au vif, l’équipe de Michel Le Milinaire se ressaisit de très belle manière et s’impose sur la plus petite des marges (1-0) grâce à un but de l’inévitable Marco Grassi. Pascal Fugier commente ainsi le succès de son équipe face à son ancien club : « Dans ces circonstances, on ne cherche même plus à comprendre. On s’arrache, on se livre à fond ». Résultat, le SRFC se remet sur de bons rails et lance un message fort à la destination de ses détracteurs. La saison stadiste est définitivement lancée.
De son côté, à bientôt 27 ans, Pascal Fugier passe un cap symbolique en livrant son deux centième match en D1 au stade Saint-Symphorien, au cours de la huitième journée face à Metz (0-0). Au palmarès de l’effectif rennais d’alors, le défenseur sudiste se place alors en troisième position des joueurs les plus capés, juste derrière les deux milieux de terrain Jean-Christophe Thomas (329 matches) et Loïc Lambert (240). C’est la septième saison parmi l’élite hexagonale pour Pascal Fugier qui se souvient très bien de sa première apparition chez les professionnels, en juillet 1989 au stade Gerland, avec la tunique lyonnaise sur le dos. En face c’était l’Olympique de Marseille, alors en pleine reconquête de son lustre d’antan et parti pour empocher le premier de ses quatre titres de champion consécutifs. « J’étais remplaçant ce soir-là. Quand je suis entré, en fin de première mi-temps, il y avait déjà 3-0 pour l’OM » se remémore Fugier. Mais le pire était déjà passé. Lyon fit ensuite jeu égal avec le club phocéen, s’inclinant nettement au final sur le score de quatre buts à un. Au bal des débutants chez les professionnels, le futur international espoirs avait été servi.

Au fil des rencontres, l’apport offensif de Fugier est de plus en plus considérable. D’une manière générale, le Stade rennais enchaîne les bons résultats, s’impose face à Guingamp au terme du premier derby entre les deux équipes en D1 (3-0, triplé de Marco Grassi), et est même tout près de s’imposer pour la première fois depuis novembre 1964 à Nantes, lors d’un match disputé au stade Marcel-Saupin trente et un ans auparavant (2-2). Mais quelques semaines plus tard, le dispositif défensif de Michel Le Milinaire va diamétralement évoluer. Et Pascal Fugier sera amené à monter régulièrement d’un cran au milieu de terrain. Soufflant le chaud et le froid tout au long de la saison, Rennes termine finalement en huitième position du championnat de D1, et accroche sa première qualification pour la défunte Coupe Intertoto.
D’un point de vue individuel, Pascal Fugier a disputé trente-six matches de championnat sans inscrire le moindre but. Le joueur sudiste est en fin de contrat et souhaite être conservé par le club breton à l’issue de la saison. Les tractations vont ainsi bon train comme l’explique Gérard Le Fillâtre, le manager général du club à l’époque : « Nous en sommes au stade de l’échange. Ce que je peux dire, c’est que les joueurs ne seront pas conservés à n’importe quels prix et surenchéris ensuite. Cette année, nous étions en avance par rapport à nos prévisions. Sans souci de maintien depuis longtemps, nous avons pu rapidement travailler pour bâtir une équipe qui tienne la route ». Mais les deux parties ne trouvent finalement pas un terrain d’entente, et Pascal Fugier est transféré à Montpellier en 1996, après deux saisons passées sur les bords de la Vilaine.

Il opère ensuite durant sept années dans l’Hérault, retrouvant par la même occasion les terrains de seconde division l’espace d’une saison, plus exactement lors de l’exercice 2000-2001. Il participe également aux deux épopées européennes du club de l’emblématique « Loulou » Nicollin. Son expérience du haut niveau ainsi que son énorme abattage défensif se montrent particulièrement précieux tout au long de son mandat héraultais. Au final, ce sont des différends avec son entraîneur Michel Mézy, et l’arrivée de joueurs d’un calibre supérieur qui ont raison du défenseur ardéchois, et ne lui laissent plus entrevoir beaucoup de possibilités pour postuler à une place dans le onze de départ de Montpellier.
Pour sa dernière saison dans le Sud, lors de l’exercice 2002-2003, il ne dispute que quatre matches avec l’équipe première et joue le plus souvent avec la formation de CFA, alors qu’il avait certainement réalisé sa meilleure saison lors de l’exercice précédent, en ayant disputé la bagatelle de vingt-sept matches de Ligue 1 et marqué trois buts. Il termine finalement son honnête carrière de footballeur professionnel dans l’Hérault à l’issue de la saison. Avec ses 506 matches professionnels, dont 377 au sein de l’élite professionnelle, Pascal Fugier tente ensuite de se reconvertir brièvement en tant qu’entraîneur, mais avec une réussite bien relative. Il prend ainsi les rênes du Gallia club de Lunel en CFA2 à l’orée de la saison 2005-2006, puis s’installe aux commandes du FC Rhône-Vallée dans la foulée, avant de disparaître complètement de la circulation footballistique quelques mois plus tard. Il est resté par la suite dans l’Hérault, où il a longtemps tenu un débit de boissons.

Carrière :

Joueur :

1982-1983 : ASOA Valence
1983-1983 : Olympique lyonnais
1993-1994 : Olympique de Marseille
1994-1996 : Stade rennais FC
1996-2003 : Montpellier HSC
2004 : GC Lunel

Entraîneur :
2005-2006 : GC Lunel
2006 : FC Rhône-Vallée

Sources :
- forum footnostalgie
- Archives Ouest France
- Wikipédia
- L’humanité.fr

Source photos :
- forum footnostalgie
- Collection personnelle