A 21 ans, Lorenz Assignon a entamé un mois de janvier décisif devant lui apporter un certain temps de jeu, lui permettant de se montrer davantage. Formé au club et passé par la case prêt, le défenseur semble avoir tout d’un titulaire en puissance, suscitant un certain enthousiasme en ce début d’année. Récit d’un parcours solidement ficelé, avec ceux ayant connu Lorenz, à chaque étape.
Le Stade rennais version 2022 avance avec beaucoup d’incertitudes. La première fut d’abord portée sur la charnière centrale orpheline d’un Nayef Aguerd comme phare, la seconde sur Dogan Alemdar remplaçant imprévu de Romain Salin, en l’absence d’Alfred Gomis. A cela s’est rajoutée une panne d’animation offensive, à Lens surtout. Mais à Bollaert, un joueur a confirmé une fois de plus qu’il ne fallait pas s’inquiéter outre mesure en l’absence du capitaine Hamari Traoré. Titulaire une nouvelle fois, Lorenz Assignon a assuré sur son côté droit, apportant notamment un plus offensif appréciable. Les cavalcades le long de la ligne, le joueur de 21 ans les enchaine à chacune de ses apparitions depuis le début de saison. A Saint-Etienne, l’une d’entre elles avait abouti au quatrième but rennais, finalement adjugé à Yvann Maçon, contre son camp. Pas grave, Lorenz patientera, comme souvent.
S’il passe une bonne partie de sa vie à Poitiers, Lorenz Assignon naît à Grasse, à 20km de Cannes, en 2000. Son père, Komlan Assignon, milieu de terrain international togolais, s’apprête à enchainer avec une saison à Beauvais et accueille avant cela l’ainé de la future fratrie. Tout comme son petit frère Logan, aujourd’hui joueur au CA Neuville (National 3), Lorenz est prédisposé au football et intègre quelques années plus tard l’IFR Châteauroux, à 13 ans. Le Stade rennais a déjà un oeil sur lui et lui fait signer un accord de non-sollicitation (ANS). Lors d’un tournoi à Sens, le SRFC fait appel à lui, quelques temps avant son entrée au centre de formation. Romain Ferrier, qui vient d’arriver au club où il officiera dans toutes les catégories de jeunes avec le joueur, fait plus ample connaissance avec Lorenz, « ce tout petit garçon tout frêle » dont il connait le papa pour avoir joué avec lui à Cannes (1995-1997). « Lorenz jouait offensif excentré droit. On savait qu’il n’allait pas rester dans cette morphologie là, vu les parents sportifs. » se rappelle Ferrier. « On savait qu’il y avait de la marge et qu’il fallait lui laisser le temps. C’est ce qui s’est passé au cours de sa formation, tout doucement. »
Arrivé au centre de formation à 15 ans, Assignon performe, mais physiquement cependant, il y a toujours un hic. « Il pesait 20kg de moins et faisait 20cm de moins que les autres, mais c’est un gros bagarreur, il ne lâchait rien dans les duels, même s’il ne pouvait pas rivaliser et qu’il se faisait secouer. » se remémore Romain Ferrier. « C’est un gros caractère, avec beaucoup d’énergie, d’agressivité et un socle athlétique très important. Il était déjà capable de courir très longtemps. Il était un peu fou-fou, il a fallu travailler techniquement aussi. Il était pétillant, attachant, gentil, très bien éduqué. Mais pas prêt. » La marche est haute pour Assignon, qui peu à peu glisse arrière droit en U17. Puis, la poussée de croissance survient en U18, sans être transcendante. Lorenz doit encore s’épaissir, mais peut compter sur ses autres qualités. « Il s’est construit sans les armes athlétiques au départ, et avec sa mentalité de travail de gros bosseur avide d’apprentissage. » abonde Ferrier. « Il était toujours à l’écoute, en demande, et dans le questionnement. La relation était extrêmement saine et constructive avec lui, c’est une crème. Il savait où il voulait aller et a mis les choses en place pour ça. Il était très à l’écoute de ses coachs et formateurs. »
Au centre justement, Assignon côtoie toute une belle génération 2000, d’Alan Kerouedan à Sofiane Diop en passant par Wilson Isidor, Malamine Doumbouya, Arnaud Tattevin, mais surtout Sacha Boey, titulaire au poste de latéral droit. Lorenz passe même numéro 3 dans la hiérarchie lors de l’émergence du plus jeune Brandon Soppy (2002), l’heure d’un second replacement. « Pour développer son commandement, son leadership et sa réflexion sur le jeu, je lui ai donné la responsabilité de défenseur central, essentiellement droit. » se rappelle Romain Ferrier, qui l’associe volontiers en réserve à Warmed Omari en charnière, et compte sur sa personnalité. « Il est capable de mettre l’ambiance, de dire quand ça ne va pas. C’est un vrai leader. Sur le terrain il parle, quand il faut prendre la parole de manière officielle, il la prend, il ne se cache pas. Dans un groupe, c’est un élément moteur, mais toujours dans le respect. » Après le développement en centre de formation et en N3, il faut désormais franchir un nouveau cap.
Passé professionnel le 3 mars 2020 à 19 ans, Lorenz Assignon a connu le parcours « linéaire » d’un footballeur. A l’heure où l’exception d’un contrat professionnel signé très jeune tend à devenir la norme, le défenseur décroche le Graal après sa majorité, sous Olivier Létang et Sylvain Armand avec qui il pose à la signature, quelques jours seulement avant une pandémie mondiale retardant son éclosion. De retour sur les terrains en août, Assignon porte le brassard lors d’un huitième de finale de Youth League face à l’Inter Milan. Rennes s’incline (0-1) sous les yeux notamment de Pierre-Paul Antonetti, responsable du recrutement au SC Bastia, qui se souvient. « Il jouait défenseur central axe droit, mais on s’apercevait des grosses qualités qu’il avait, notamment sa polyvalence pour jouer dans l’axe et latéral, très puissant, avec une capacité à répéter les efforts, une animation dans son couloir. »
La saison des professionnels reprend en post-covid, et Assignon reçoit sa première convocation dans le groupe pro, le 4 octobre 2020, pour la réception de Reims. Une belle interprétation de « Dis-moi que tu m’aimes » de Ninho, a cappella, et le bizutage est validé dans les règles. Lorenz connait par la suite 7 bancs en Ligue 1, et 4 en Ligue des Champions, sans toutefois que Julien Stéphan ne le fasse entrer en jeu. En janvier 2021, l’heure du choix a sonné. Bastia a besoin d’un latéral droit et Antonetti identifie vite Assignon comme sa priorité, en demandant un prêt au SRFC. « Rennes était réticent à le prêter au départ. Ils préféraient le garder pour le faire travailler au sein d’un groupe de joueurs qu’ils préparaient pour les années à venir. » explique t-il. « On a un insisté, j’ai eu Florian Maurice qui nous a ouvert la porte pour un prêt, et nous avons sauté sur l’occasion. »
L’occasion, Assignon ne souhaite surtout pas la laisser passer, et pousse pour que ce prêt se concrétise. Lucide et en quête d’un certain temps de jeu, il prend la décision de partir en prêt à Bastia en National, alors même que Le Havre lui fait aussi les yeux doux en Ligue 2. Assignon veut jouer, et rien d’autre. Au SC Bastia, où plusieurs jeunes se sont révélés en prêt avant lui (Alphonse Areola, Allan Saint-Maximin, Seko Fofana), Assignon rencontre Mathieu Chabert, entraîneur en poste à l’époque. « Lorenz a toutes les capacités du latéral droit. » tranche le coach actuel de Châteauroux. « Quand on en a un comme ça, on n’est pas embêté. Il est grand, va vite, il est bon de la tête, il a un bon pied et doit s’améliorer je pense sur sa qualité de centre. » Assignon est placé à droite d’une défense à quatre, même s’il joue trois matchs en piston. « Il nous a amené un équilibre défensif. Sur les animations, notre jeu penchait à gauche avant son arrivée, puis ça s’est rééquilibré avec son arrivée. » constate Pierre-Paul Antonetti.
Seul et loin du cocon de la formation rennaise, Assignon découvre un autre environnement. Légèrement bousculé par le rythme des entraînements bastiais (doubles séances quotidiennes fréquentes), pas aidé par son manque de compétition en 2020, il s’adapte tout de même rapidement, y compris dans le vestiaire. « Quand vous arrivez dans un groupe qui fonctionne bien, que vous n’êtes pas un tordu, il n’y a aucune raison que ça ne marche pas, et c’est ce qu’il s’est passé, tout simplement. C’est un très gentil garçon, très bien élevé, toujours le sourire. » savoure encore Chabert. « Si tous les joueurs étaient comme lui, ce serait très facile. C’est quelqu’un de très agréable à entraîner, mais qui ne se laisse pas faire. Il a du caractère comme il faut. »
Assignon dispute 13 rencontres pleines en National, pour un but, 2 passes décisives, et 1170 minutes de jeu. Surtout, le joueur prêté contribue à la montée en Ligue 2 du club corse. « Il a largement amené sa pierre à l’édifice de la montée du Sporting Club de Bastia en Ligue 2. Je pense qu’il a franchi un pallier, il est passé dans le monde des adultes à Bastia. » confie Mathieu Chabert. De retour à Rennes à l’été, il prolonge en juillet dernier son contrat (courant jusqu’en 2023 alors) jusqu’en 2025. Bastia tente de le faire revenir pour la saison 2021-2022, mais le Stade rennais maintient sa position affichée au moment du prêt : Assignon jouera à Rennes cette saison.
Boey (Galatasaray) et Soppy (Udinese) transférés au mercato, Assignon devient la doublure d’Hamari Traoré, titulaire en poste depuis 2017, et capitaine du SRFC qui a entre temps accueilli Bruno Genesio. Le coach compte sur Lorenz, notamment sur la seconde partie de saison au début de laquelle Traoré ira disputer la Coupe d’Afrique des Nations 2022 avec le Mali. Numéro 2 en latéral droit, Assignon est également étonnement évoqué comme potentiel numéro 4 en charnière centrale, où Rennes n’a recruté que Loïc Badé, et compte sur Warmed Omari en numéro 3. La surprise est générale, mais pas totale. « C’est un défenseur, dans tout ce que ça peut signifier. » analyse Mathieu Chabert. « On a tendance à trouver davantage de défenseurs qui pensent plus à attaquer qu’à défendre, surtout les latéraux. Lorenz est bon dans le duel, dans le un contre un, a une bonne agressivité, va vite, a un bon jeu de tête car il a joué défenseur central. Il est hyper complet. Il est grand, et a une très grosse qualité pour un joueur dans l’axe : il va vite. Et quand vous avez un défenseur central qui va vite, ce n’est plus la même. » L’ex-entraîneur de Bastia avait d’ailleurs titularisé Assignon axe droit pour le dernier match de la saison dernière, face au Red Star.
Pour le moment, c’est sur son côté droit qu’Assignon connait ses premiers matchs au très haut niveau avec Rennes. Apparu 17 fois depuis le début de saison, il a samedi assumé à Lens sa cinquième titularisation après Clermont, Mura, Saint-Etienne et Nancy. A l’Est justement, il a malgré l’élimination en Coupe de France délivré sa première passe décisive en professionnel avec le SRFC, pour Jérémy Doku. Avec 605 minutes de jeu au compteur cette saison, Assignon s’est particulièrement distingué samedi à Lens malgré la défaite (0-1) du Stade rennais. Loin de sa première apparition loupée en Ligue 1 face à Reims (12 septembre, 0-2), le latéral a multiplié les courses, faisant preuve d’une énergie débordante, comme toujours. « Il a des qualités athlétiques très fortes. Quand il traverse le terrain, ça va très vite avec le ballon. Il a une technique très efficace, il a développé ça. Il est à chaque fois plutôt juste dans ses choix. Il est en capacité de gérer les tempos. » analyse aujourd’hui Ferrier.
L’année 2021 a donc été prolifique pour Lorenz Assignon. Un succès en prêt, une prolongation de contrat puis des bouts de matchs de plus en plus conséquents jusqu’à la titularisation en pro, le rayonnant défenseur se fait une place dans une équipe où quelques cadres sont déjà impressionnés par son potentiel, et son assurance. A commencer par son capitaine et « grand frère ». « C’est un joueur qui travaille très bien au quotidien. J’apprends sur lui comme il apprend sur moi. » avouait en décembre Hamari Traoré. « On est proches, et c’est ça qui fait la qualité de cette équipe, on est tous ensemble, on est un bon groupe. A chaque fois que Lorenz a joué, il a été très bon. Quand je viens, je dois assurer, et lui quand il joue il assure, il le fait sans complexe. »
Hors du terrain, Assignon fait là aussi l’unanimité. « Il est solaire. Dans un groupe il rayonne. » sourit Ferrier, et difficile de dire le contraire lorsque l’on croise en zone mixte (lorsque celle-ci est possible) un garçon souriant, volontiers blagueur, qu’on s’impatiente de voir s’arrêter devant les micros. Titulaire attendu pour tout le mois si ce n’est plus, Assignon prend un temps de jeu croissant cette saison. « Faire entrer un latéral dans un match, ça m’arrive rarement." concède Mathieu Chabert. "Ça prouve la confiance que le coach a en Lorenz. Moi j’ai zéro inquiétude sur son niveau en Ligue 1, mais zéro. Je pense que ce sera un futur très bon latéral de notre championnat, même mieux peut-être. » lâche le coach de la Berrichonne, rejoint par Romain Ferrier. « Je ne me fais pas de soucis pour lui, c’est un garçon à très fort potentiel. Tôt ou tard, Lorenz volera de ses propres ailes. Il a largement sa place pour jouer dans n’importe quel club de Ligue 1 en latéral droit. J’en suis persuadé. »
Ils sont d’ailleurs quelques clubs de Ligue 1 à avoir tâté le terrain sans succès cet été justement, pas étonnant pour Pierre-Paul Antonetti. « C’est un peu le latéral moderne que les clubs recherchent, très portés sur l’offensive. C’est un potentiel qui peut aller très haut. » Dans un premier temps, il s’agira pour Lorenz d’enchainer avec Rennes, et de s’installer dans une régularité de temps de jeu. Approché par la sélection du Togo, Assignon se concentre aujourd’hui sur son développement en club. Au Stade rennais, son concurrent Hamari Traoré connaitra cet été un tournant de sa carrière. A bientôt 30 ans, le numéro 1 dans la hiérarchie en fin de contrat en 2023 devra choisir entre prolonger l’aventure commencée en 2017 avec le SRFC, ou se lancer un nouveau challenge. Loin de ces préoccupations, Lorenz Assignon continue lui de tracer son parcours, prêt à briller. Jusqu’ici, ça lui a plutôt bien réussi.
galak
12 janvier 2022 à 15h43très bon match contre Lens peut etre le meilleur avec Alemdar
Felino35
12 janvier 2022 à 17h39Un joueur de haut niveau . Traoré a du soucis à se faire dans un futur proche . Assignon un joueur qui ne fait pas où peu de faute une belle technique .a la Laurent Blanc .un futur international A.
Lulu Berlu
12 janvier 2022 à 18h41Encore un qui sera difficile à conserver !!
Pepette
12 janvier 2022 à 19h46A moins qu’il ne sombre sous tant d’éloges .
Combien les médias....les fameux journalistes grands experts en foot . ont
détruit la carrière de jeunes joueurs prometteurs, en abusant de superlatifs
ventant une qualité , un potentiel qui montre le bout de son nez , mais qu’il restera à prouver .
Bien aidé en cela par des agents , l’entourage aussi , voir même les clubs toujours à la course au pognon .
Oui moi aussi je trouve qu’il y a un gros potentiel de qualité chez Assignon ,
mais comme j’aime beaucoup ce gamin et que je souhaite sa réussite au plus haut niveau , j’attendrai ,sans en faire des tonnes, quelques années pour qu’il
confirme .
Pour l’instant il fait parti , des bons espoirs Rennais, comme quelques autres,
sans plus.
CondateFan
12 janvier 2022 à 21h20Houlala, attention, pas d’enflammade trop hâtive.
La dernière fois, le 29 décembre, Thomas Rassouli louait, sous le titre « le sacré coup de patte de Florien Maurice », les qualités de recrutement de FloMo. Depuis, pas une seule victoire. À peine un tir cadré. Et, surtout, toutes les recrues semblent marquer le pas.
Lorenz, lui, se développe pas à pas. Mais titulaire en championnat à seulement quatre reprises.
Le plus compliqué dans le sport de haut niveau, c’est de confirmer sur la durée. Comme dit le vieux poncif. Et Assignons, malgré son potentiel, n’est pas à l’abri d’un faux pas.
À partir de là, bah, ’savez, il faut continuer à travailler, prendre les matchs les uns après les autres, et prouver au coach tous les jours à l’entrainement. Tiens, un autre poncif.
Et surtout, l’important, c’est les trois points. Une obligation contre Bordeaux.
Avec un Assignon taille patron ? Je l’espère. Mais pour l’instant il a rien montré.
Anthony35
13 janvier 2022 à 01h09Faut avouer que pour une entrée, il l’a faite en fanfare…
Cool d’apprendre qu’il a une excellente mentalité, mais honnêtement ça se sent dans sa manière d’être
ping35
13 janvier 2022 à 07h30Bonjour, ASSIGNON a fait un grand match contre LENS mais prudence à rennes on a l habitude des pépites qui s éteignent au moindre coup de vent .
Templier22
13 janvier 2022 à 09h42Moi je le trouve très bien belle conduite de balle et s’est vrai que Traoré à du souci à se faire. J’aimerai profiter de se court intermaide pour parler d’une chose qui m’a interpellé cette semaine, s’est la signature de Cajuste au stade de Reims. L’été dernier son président à fait des pieds et des mains pour le garder alors qu’il voulait à tout prix rejoindre les rouges et noirs et aujourd’hui il le vend,chercher l’erreur.
Tutuaal
14 janvier 2022 à 11h33Assignon, rien montré ? on a pas dû voir le même match contre Lens !
Dans la grisaille de cette débâcle ce fut le seul motif motif de satisfaction, avec Badé dans une moindre mesure.
Encenser un jeune joueur est une pratique largement répandue, à charge pour l’entourage et la famille de savoir garder le contrôle. On a récemment vu avec Camavinga combien il était compliqué d’éviter les sirènes médiatiques et de garder les pieds sur terre.
Lorenz me parait avoir une bonne mentalité et j’ai hâte de le revoir face à Bordeaux.
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