Dans le rétro. À eux deux, ils ont disputé 167 matchs et marqué 70 buts pour le Stade rennais université club, entre 1941 et 1952. Retour sur la carrière de deux joueurs en leurs temps très populaires auprès des supporters rennais : les frères finistériens Henri et Jean Combot.
Avant d’être des footballeurs, Henri et Jean Combot furent d’abord des sportifs. Dotés tous les deux d’un physique puissant, ils pratiquèrent également l’athlétisme avant de se spécialiser dans le ballon rond. En particulier Jean Combot, spécialiste du saut en longueur, qui avec une performance de 6 mètres 84 était parvenu à tutoyer le record de Bretagne du saut en longueur détenu par le joueur du Stade rennais Henri Guérin.
Autre point commun entre les deux frères : c’est dans le club de l’ES Kreisker, à Saint-Pol-de-Léon, que Jean et Henri Combot ont débuté le football. L’aîné, Henri, évolue attaquant ; après un passage à l’UC Angers, il est repéré par le Stade rennais en 1941. Le SRUC évolue alors dans le championnat de la France occupée, le contexte ne facilitant pas l’organisation des compétitions. Et bientôt, en 1943, le football professionnel est aboli par le gouvernement de Vichy. Un nouveau championnat de France, dans lequel s’affrontent des équipes amateurs, est créé de toutes pièces. Tant qu’à jouer en amateur, Combot préfère quitter Rennes pour retourner dans le club de ses débuts, l’ES Kreisker. Mais les deux années passées à Rennes ont suffi au Finistérien pour conquérir la sympathie des supporters rennais.
Il marque dès son premier match de championnat en Rouge et Noir, à Rouen, en septembre 1941. Il inscrit huit autres buts lors de la saison 1941-1942 (lors de laquelle le Stade rennais ne dispute qu’une quinzaine de matchs), puis dix l’année suivante. Le public rennais ne peut être que séduit par ce joueur qui plus est originaire de la région. Lors d’un match à domicile, en janvier 1942, Combot est violemment percuté par le gardien du RC Paris Hiden, coupable d’une sortie peu maîtrisée. L’attaquant souffre d’une fracture du maxillaire supérieur. 40 ans avant le France-Allemagne de Séville, le stade de la route de Lorient a déjà son Patrick Battiston ! Témoignant de leur attachement à Henri Combot, les supporters expriment leur colère, à tel point qu’à la fin du match, raconte le quotidien Ouest-Éclair, le car des joueurs parisiens fut chahuté par la foule rennaise courroucée...
En 1945, le championnat professionnel est rétabli, et Combot fait tout naturellement son retour au Stade rennais. Avec succès : 7 buts en 1945-1946, 11 en 1946-1947. Ses performances déclinent ensuite progressivement ; il finit par rejoindre Le Mans (D2) en 1949, puis le club amateur du Stade brestois en 1951. Mais la famille Combot demeure présente au SRUC. Son frère Jean, de sept années de son cadet, a en effet rejoint le SRUC en 1946. Il arrive à Rennes sur les conseils d’Isidore Moysan, l’excellent défenseur du Stade rennais de 1934 à 1944. Lui aussi originaire de Saint-Pol, il a découvert à l’ES Kreisker ce jeune joueur à la carrure impressionnante, qui joue en défense.
Jean Combot évolue d’abord à Rennes comme amateur en 1946-1947, puis retourne à Saint-Pol la saison suivante. En 1948, il est finalement recruté par l’équipe professionnelle du SRUC. Pendant une saison, il évolue ainsi aux côtés de son frère Henri sous le maillot rouge et noir. Il gagne progressivement sa place de titulaire, et se fait surtout remarquer par l’entraîneur Franz Pleyer pour ses qualités... devant le but. En 1949-1950, Combot marque en effet à six reprises. Pas mal pour un arrière. Or, depuis les départs de Jean Prouff à la fin de l’année 1948, puis de Henri Combot en 1949, le Stade rennais souffre de lacunes offensives criantes. Au début de la saison 1950-1951, Pleyer replace Jean au poste d’avant-centre. C’est une révélation. Le Saint-Politain inscrit treize buts en quatorze matchs, dont un triplé contre Saint-Étienne. Son association avec Jean Grumellon (le meilleur buteur de l’histoire du club) permet au Stade rennais d’effectuer un formidable début de saison, avec plusieurs victoires écrasantes contre Saint-Etienne (6-0), Nice (3-6), Toulouse (6-0) ou Roubaix (4-1).
La carrière d’attaquant de Jean Combot fut brillante, mais éphémère. Déjà, en octobre 1950, une première blessure contractée lors d’un déplacement à Strasbourg l’empêche de participer au match international France - Belgique pour lequel il avait été convoqué. Plus grave, quelques semaines plus tard, à Nancy, il est blessé par un tacle du Lorrain René Pleimelding, défenseur réputé à l’époque pour l’âpreté de ses interventions.
Les ligaments croisés sont touchés, et malgré de nombreuses interventions chirurgicales pratiquées sur son genou dans les années suivantes, Combot ne rejoua quasiment plus jamais au haut niveau. Il ne put encore disputer qu’un seul dernier match avec le Stade rennais, qu’il quitta en 1953 pour rejoindre le Toulouse FC, club de Deuxième Division. Malgré une douleur persistance au genou, il persévère pour retrouver une place de titulaire en défense centrale dans la Ville Rose, où il trouve comme concurrent à son poste, un certain René Pleimelding... Après une saison et seulement quatre matchs disputés, il quitte Toulouse et abandonne le football professionnel.
Le Stade rennais eut bien du mal à se remettre de la perte de son avant-centre fétiche. Alors qu’ils menaient 2 à 1 face aux Nancéiens lors ce match du 26 novembre 1950, grâce notamment à l’ultime but de Combot sous les couleurs rennaises, ils s’inclinèrent finalement 3 à 2. Sixièmes au classement avant ce malheureux déplacement à Nancy, ils termineront la saison 1950-1951 à la 14e place. Un résultat bien décevant eu égard au prometteur début de saison des Rouge et Noir. C’est le début d’une période difficile pour le SRUC, qui fut relégué en Deuxième Division deux ans plus tard.
Jean Combot se vit proposer par Toulouse une reconversion comme entraîneur de l’équipe amateur du club. Trente ans plus tard, en 1978, dans les pages d’un livre consacré à l’histoire du Stade rennais, intitulé Le rouge et le noir (et qui mentionne Jean Combot comme l’un des joueurs rennais « qui ont marqué leur époque »), le Finistérien explique son refus de rester sur les bords de la Garonne : « Je ne voulais pas. Mon avenir de footballeur ne pouvant plus être celui que j’avais espéré, il fallait en préparer un autre tout de suite ». Cet avenir s’est écrit dans son Léon natal. En 1960, il devient entraîneur-joueur du Stade léonard. Sept ans plus tard, Combot est un acteur majeur de la fusion de l’ES Kreisker avec le Stade léonard, qui donne naissance au Stade léonard Kreisker.
Soixante ans après les exploits de Jean à la pointe de l’attaque rennaise, la dynastie Combot n’est peut-être pas encore éteinte. Pierre-Yves Hamel, né en 1994, et petit-fils de Jean Combot, évolue au centre de formation du Stade rennais depuis 2009. « Si j’ai signé à Rennes, c’est pour suivre ses pas », expliquait l’attaquant finistérien dans un entretien accordé en août dernier à Ouest-France, alors qu’il venait de réaliser des prestations prometteuses au tournoi U21 de Ploufragan, dont il avait été élu meilleur joueur.
Henri Combot :
ES Kreisker Saint-Pol-de-Léon
UC Angevin
Stade rennais UC (1941-1943)
ES Kreisker Saint-Pol-de-Léon (1943-1945)
Stade rennais UC (1945-1949)
US Le Mans (1949-1951)
Stade brestois
Jean Combot :
ES Kreisker Saint-Pol-de-Léon
Stade rennais UC (1946-1947)
ES Kreisker Saint-Pol-de-Léon (1947-1948)
Stade rennais UC (1948-1953)
Toulouse FC (1953-1955)
Bibliographie :
- Collectif, Le rouge et le noir, La Guerche-de-Bretagne, Stade rennais FC, 1978, 120 p.
- Claude Loire, Le Stade rennais : fleuron du football breton 1901-1991, Rennes, Éditions Apogée, 1994, 488 p.
Webographie :
- Stade Rennais Online, Le Stade rennais durant la guerre (2/2)
- Ouest-France, Pierre-Yves Hamel, une histoire de transmission
Photos : Henri à gauche, Jean à droite
srfc.frenchwill.fr
Louis G
9 avril 2014 à 19h20Je n’ai pas connu les frères Combot au Stade Rennais mais j’en ai beaucoup entendu parler avec nostalgie par d’anciens supporters !...c’est ainsi que je connais aussi le nom du « fameux » René Pleimelding particulièrement « honni » par ces mêmes supporters !!...par contre j’ai bien connu Henri Guérin et je suis étonné d’apprendre dans cet article qu’il avait été champion de Bretagne de saut en longueur ??...je souhaite que le petit fils Pierre-Henry Hamel réussisse aussi bien que ces aînés finistériens au nom de Combot !...pour l’instant je trouve qu’il tarde un peu à s’affirmer en CFA2 !!...
jylb
10 avril 2014 à 14h46le jeune Hamel était bien parti pour s’imposer à la pointe de l’attaque comme son grand père mais une blessure au genou l’a tenu éloigné des terrains très longtemps et il reprend tout juste. le stade rennais lui proposera t il un contrat pro en juin, affaire à suivre.
takac
10 avril 2014 à 21h06j’ai eu le plaisir de les voir jouer. quelle attaque !!!!!!!!!!
que de bons souvenirs
Marcel LE REST
15 mai 2021 à 22h15Je voudrais rendre hommage à Jean qui a été mon entraineur au Stade Léonard ( pas encore kreisker , dans les années 60 ) et à qui je dois , pas plus doué qu’un autre mais passionné de foot , d’avoir évolué dès mes 17 ans en équipe première ( avec entre autres Loulou Floch , né en 1947 comme moi ) en division d’honneur de la très grande ligue de l’ouest de l’époque ( l’équivalent à une quatrième division actuelle !! ) qui nous amenait de Brest au Mans en passant par Concarneau ,grand souvenir ! et Saint Malo ,que Loulou avait littéralement atomisé , 5 a 1 avec quatre buts de la 20ième minute à la 25ième autre grand souvenir et Saint-Brieuc qui venait de terrasser Marseille en coupe de France , que Loulou avait assommé , 4 a 0 avec quatre buts .
J’ai eu un plaisir immense à jouer avec Jean et Robert Augès qui avaient 19 ans de plus que nous !! Que de bons souvenirs et beaucoup de peine et de regrets qu’ils nous aient quittés . Beaucoup de remerciements à Jean , personnage adorable , à qui il fallait remettre le genou en place à chaque mi-temps , et ceci sans jamais se plaindre !! Une force de la nature . Respect et Admiration pour toi JEAN et merci encore et toujours . Je ne pourrais jamais t’oublier,tu m’as tant donné !!
Marcel LE REST
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