Avant de disputer un dernier match avant la trêve face à Toulouse, et de s’envoler pour la coupe du Monde 2022 qu’il disputera avec la Croatie, Lovro Majer s’est entretenu avec Stade Rennais Online pour dresser le bilan de plus d’un an passé au SRFC, où il a récemment prolongé. Son adaptation à Rennes, son évolution, les attentes le concernant, le tout dans un français impeccable, première partie d’entretien avec le soyeux milieu de terrain.
Lovro, cela fait maintenant un an et deux mois que tu as rejoint le Stade rennais. Comment te sens-tu ?
Je me sens vraiment très bien. Depuis que je suis arrivé, je me sens bien. Rien n’a changé, j’ai juste amélioré mon français. Je me sens aussi beaucoup mieux dans ma vie personnelle, dans la ville, avec les supporters, dans le vestiaire, avec les joueurs, avec le staff, et toutes les personnes qui travaillent au club.
Après avoir passé toute ta vie dans une ville, Zagreb, comment s’est passée cette première année loin de chez toi ?
Avant de quitter Zagreb, j’ai beaucoup réfléchi. J’entendais les autres joueurs qui avaient joué à l’étranger, ils me disaient que la langue pouvait être difficile, que c’était difficile de trouver les vrais amis qui vont t’aider. Quand tu es chez toi, c’est facile car tu as la famille, et tu peux parler avec eux. À l’étranger, tu ne peux compter que sur toi-même. La plupart du temps, tu n’as pas ta famille. Tu peux les appeler oui, mais c’est plus difficile que si tu joues chez toi. Mais, pour moi ça ne s’est pas passé comme ça. Depuis le premier jour, je me suis vraiment senti très bien. Ça a peut-être été grâce aux joueurs ici, les gens qui travaillent ici. J’avais besoin de changer de club, et c’était le moment parfait. Ça ne pouvait pas mieux se passer pour moi.
Tu n’as pas connu de moments de doute ?
Honnêtement, les 5 premiers jours. Mais peut-être à cause de la langue. J’ai ensuite connu une situation difficile quand je me suis blessé. Mais à l’époque, toutes les personnes m’aidaient beaucoup. Un jour avant ma visite médicale, j’ai joué un match de Ligue des Champions avec le Dinamo Zagreb (face au FC Sheriff, le 25 août 2021, 0-0, ndlr), j’étais très fatigué. Je me rappelle, à la visite, le docteur m’a touché (il montre son genou) et m’a demandé si ça allait. J’ai dit « oui c’est parfait », mais ça n’allait pas parce que j’étais mort (rires). Les joueurs n’étaient pas là car ils jouaient à Rosenborg (le 26 août 2021, victoire 1-3, ndlr). Il devait y avoir 3-4 joueurs ici, et les kinés. C’était un peu bizarre mais c’était bien.
Durant ces 5 premiers jours, comment ça se passait chez toi ?
J’étais avec ma mère les deux premiers jours à l’hôtel. Ce n’est jamais le mieux, mais c’était bien. Tu dois vivre avec ça quand tu joues au foot. Quand je repense à ça, je me dis que ce sont aussi de bonnes choses, de bons moments.
L’apprentissage de la langue, c’était une priorité ?
Oui, bien sûr. Le foot était la priorité, de continuer à progresser, mais depuis que je suis arrivé, je me suis dit que la première chose que je voulais faire, c’était apprendre le français. C’était important pour moi. Je pense que pour être le plus ouvert possible, parler une autre langue c’est vraiment une bonne chose.
Bien te sentir à Rennes, ça t’a aidé également ?
Oui, c’est sûr. J’ai été à l’hôtel pendant un mois et demi. Je cherchais des appartements dans le centre-ville. J’ai eu la chance d’en trouver un très beau. C’est important pour moi de bien m’y sentir. C’est proche d’ici (de la Piverdière), et du stade.
Qu’aimes-tu faire à Rennes ?
La ville est calme. Les Bretons ici sont vraiment très gentils, depuis le premier jour. Les supporters me soutiennent depuis le premier jour, c’est vraiment incroyable. J’aime marcher dans le centre-ville, aller au restaurant, faire des choses comme ça. Mais la plupart du temps, je viens au centre d’entraînement pour progresser.
Tu arrivais dans un nouveau pays, il fallait aussi s’imposer dans l’équipe, et tu te blesses d’entrée à la hanche. Comment as-tu surmonté ça ?
J’ai utilisé ces moments pour progresser, pour voir le club et la vie ici à travers les yeux des autres. Peut-être que c’était une bonne chose. Ce n’est jamais bien de ne pas jouer car tu es blessé, mais j’ai utilisé ce temps pour progresser dans les autres domaines. J’ai travaillé beaucoup en salle, je me suis préparé au mieux pour être prêt pour la saison.
Tu reviens de blessure et tu es titulaire face à Mura (4 novembre 2021, 1-0), puis surtout face à Lyon (7 novembre 2021, 4-1) trois jours plus tard. Est-ce l’un des meilleurs matchs auquel tu as participé ?
Oui. C’était un des meilleurs matchs pour moi ici. Quand je regarde maintenant, je suis vraiment content de mon jeu, du match que j’ai fait. J’ai progressé mentalement et physiquement.
Cette semaine là a t-elle été un déclic pour toi ?
Oui je peux le dire. Encore plus Lyon, parce qu’on sait quel grand club est Lyon. Surtout en Croatie, tout le monde connait Lyon. Après ce match, j’ai pu voir que je pouvais jouer à ce niveau. J’ai montré mes qualités, et c’était un moment important pour moi.
Étais-tu surpris de ton adaptation ?
Non, pas surpris, car je connais mes qualités, et je sais comment je travaille pour être prêt à jouer un match. Avant d’arriver ici, tout le monde me disait que ce serait normal d’avoir besoin de 6 mois minimum pour s’adapter. Je n’y ai pas pensé, mais quand on te le répète, tu le gardes à l’esprit. J’ai utilisé le meilleur de ce qu’on a ici : les kinés, les préparateurs physiques, le coach. Avec leur aide, j’ai progressé plus vite.
Tu t’installes ensuite petit à petit dans l’équipe. Estimes-tu que ton jeu a changé depuis que tu es arrivé à Rennes ?
Ça n’a pas changé dans le style, la technique ou la beauté. Je suis devenu un meilleur joueur, plus rapide. Je vais plus vite dans mes décisions, je suis plus fort, plus dur dans les duels. J’ai commencé à courir plus intelligemment. Je suis devenu meilleur dans la tactique aussi.
Sur quoi penses-tu avoir le plus progressé ?
(Il réfléchit). C’est difficile de dire une chose, mais je dirais défensivement, dans la récupération du ballon. Mais dans tous les domaines, aussi.
Tu prends également beaucoup de coups sur le terrain, depuis ton arrivée et cette saison surtout.
Oui, c’est vrai, beaucoup plus que l’année dernière. Mais en Croatie aussi j’ai pris beaucoup de coups. Je ne sais pas comment travailler sur ça (rires).
Comment vis-tu le calendrier particulièrement dense de cette saison ?
J’ai toujours dit, et je le pense vraiment, que je me sens très bien physiquement et mentalement. Je ne suis pas fatigué, j’ai vraiment hâte de jouer tous les matchs. J’ai faim. Faim de marquer, de donner des passes décisives, pour jouer tous les matchs. Tout le monde dit qu’il y a trop de matchs. Peut-être que c’est vrai parce qu’il y a aussi beaucoup de blessures. Mais moi j’aime ça, car tu peux jouer tous les 3-4 jours, et ça c’est parfait pour un joueur.
Tu es l’un des joueurs les plus populaires de l’équipe chez les supporters. Est-ce que tu le ressens ?
Je ne sais pas. Si c’est vrai, c’est parfait. C’est peut-être la meilleure chose que tu peux entendre en tant que joueur. J’essaye juste d’être naturel. Je joue mon foot, je profite du match. C’est comme ça que je pense être le meilleur pour l’équipe, pour moi et pour les supporters. Je ne pense pas beaucoup à ça. Quand je ne réfléchis pas trop, je suis la meilleure version de moi-même.
On t’a longtemps annoncé en Croatie comme le nouveau Luka Modric, depuis que tu es petit. Est-ce que tu ne t’es pas en quelque sorte habitué à cette attente te concernant ?
Oui c’est vrai, je me suis habitué. Je n’ai jamais pensé à être, ou à avoir besoin d’être le nouveau Modric, ou quelqu’un d’autre. Ce n’est pas une bonne façon de faire, car tu te mets une pression sur toi-même, et c’est difficile de profiter des choses. J’ai juste essayé d’apprendre quelque chose de lui, des autres joueurs qui ont de l’expérience en sélection. Juste ça.
La saison dernière est-elle la meilleure de ta carrière ?
Oui bien sûr. Une saison avant, je pense que je fais une très bonne saison au Dinamo Zagreb aussi, individuellement et collectivement. La saison dernière, j’ai aussi fait une très bonne saison mais à un plus haut niveau. Donc oui, c’est la meilleure.
Propos recueillis par Thomas Rassouli.
srfc4ever
11 novembre 2022 à 12h10J’adore ce joueur. Comme tous, parce qu’il est juste fort sur le terrain. Mais aussi et surtout parce qu’il a appris le francais. Ca montre un charactere incroyable, d’arriver dans un nouveau pays avec l’humilite pour dire « ma priorite c’est apprendre leur langue ». Que tous s’en inspire... neymar...
Xavier
11 novembre 2022 à 13h36C ’est un TOP joueur ! Florent Maurice à vraiment eu du nez pour le trouver. La Croatie, La Serbie, La Bosnie ...etc ...avant c’était la Yougoslavie et c’est une terre de supers footballeurs.
Ce n’est pas par hasard que la Croatie était finaliste de la dernière coupe du monde.
Quentin
11 novembre 2022 à 15h53Bravo a Florian Maurice qui a réussi à avoir l’oeil avec ses recruteurs surement. A un prix très abordable en plus.
Et merci a toi Thomas pour ces interviews toujours aussi passionnante.
Chateaubriand
11 novembre 2022 à 16h28La grande classe avec un très bon état d’esprit.
Un joueur intelligent et humble qui a fait un gros effort pour apprendre rapidement notre langue.
Certaines stars du PSG devraient s’en inspirer.
Neymar et Messi ne vont même pas saluer les supporters a la fin d’un match, cela ne doit pas être stipulé dans leur contrat !
Kerango 29
11 novembre 2022 à 16h53Super joueur ,quel but qu il avait mis face au fener, dommage qu il fût refusé, il faut garder un œil sur les championnats de l ex yougoslavie car il ya des talents, bonne coupe du monde Lovro
Gabillard Nathalie
11 novembre 2022 à 17h41Mon chouchou au stade
Il est génial très abordable
Je l adore
campesien35
11 novembre 2022 à 18h02On a ou pas les « atomes crochus » avec une personne, parfois sans raison objective, parfois pour des raisons propres. Les supporters du SRFC ont les atomes crochus avec Lovro Majer pour des raisons propres :son style sur le terrain et sa personnalité hors du terrain. Capacité d’adaptation à une terre et à des habitants inconnus, apprentissage de la langue pour le moins rapide afin de pouvoir communiquer avec le milieu dans lequel il vit, intelligence et simplicité. Pas de chichi de diva,pas de tête comme une coucourde ! Une mentalité comme on aime bien en Bretagne.
CondateFan
11 novembre 2022 à 18h28Évidemment que c’est un top joueur, Lovro, d’ailleurs tout le monde s’en est rendu compte, à part peut-être le Coach...
Nikolaz
11 novembre 2022 à 18h50C’est sûr que cela change des « Wesh ! Touche-moi pas ! »... On sent un joueur posé et intelligent. C’est plaisant. Je lui souhaite le meilleur...avec Rennes ! Régale-nous ce samedi !
Route du rhum
11 novembre 2022 à 20h39Une tête d’ange ce type !
Une dégage une sympathie naturelle.
CRICRI 71
11 novembre 2022 à 23h44Excellent entretien de Thomas avec ce joueur top, tout en naturel, simplicité, lucidité et respectueux des valeurs.
L’apprentissage de la langue du pays qui vous accueille, du club qui vous paye est évidemment le minimum d’effort que chaque joueur devrait produire.
Quid des stars du PSG ???
Je note aussi que le club et les supporters font très bien les choses pour mettre en confiance dès leur arrivée les nouvelles recrues, de surcroit étrangères.
Je rejoins sans réserve tous vos commentaires très positifs, réalistes sur les qualités du joueur et riches d’humanité.
On a hâte évidemment que Lovro poursuive sa progression, nous gratifie encore et encore de ses gestes soyeux et participe avec talent à la montée en puissance de nos Rouges et Noirs.
Ludo
12 novembre 2022 à 10h03Nikolaz votre commentaire m’a fait rire
Je me disais la même chose ! Ça nous change des écervelés qui n’ont aucune culture et ne voient pas plus loin que leur petite personne ahah
Bon match à tous ce soir avant la CDM (que je ne regarderai pas)
Josselin
13 novembre 2022 à 10h55Embrassons nous folleville ... Trop lisse, mais le gars est sympathique !
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