Un œil dans le rétro. En signant sa première licence à l'aube de sa majorité, Didier Christophe ne s'attendait certainement pas à un tel destin dans le football professionnel. Joueur au physique massif, l'ancien milieu de terrain du Stade rennais et de Toulouse s'est construit une riche carrière, qu'il tente dorénavant de transmettre.
Né le 8 décembre 1956 à Sainte-Colombe-lès-Vienne, une petite commune située dans le Rhône, Didier Christophe n’est pas voué à un avenir dans le football. En effet, il pratique le basket-ball jusqu’à sa seizième année, avant de prendre un tournant radical en optant définitivement pour une carrière sur le rectangle vert. Il est ainsi formé au poste de milieu de terrain défensif à l’INF Vichy, sous la coupe de Gérard Banide. Après trois années d’apprentissage dans le centre vichyssois, Didier Christophe est ensuite recruté par l’AS Monaco alors en D2, et y démarre sa carrière professionnelle, à l’orée de l’exercice 1976-1977. Pour ses débuts professionnels, il dispute huit matches de seconde division et devient même vice-champion de France dans la foulée. Footballeur physique et engagé, il s’impose rapidement sur le « Rocher », remportant au passage la Coupe de France 1980 face à l’US Orléans en finale (3-1), puis le titre suprême de Champion en 1982. Milieu défensif au physique robuste, il est également convoqué en équipe de France dès 1979 par Michel Hidalgo, lors d’une rencontre face à la Tchécoslovaquie, aux côtés de Michel Platini, Alain Giresse, Maxime Bossis et consorts. Mais il ne rentre toutefois pas en jeu pour sa première dans le « groupe France ». Par le biais de cette convocation, il devient le premier international issu de l’INF Vichy. Doté d’une très bonne frappe de balle, il fait finalement ses grands débuts avec le maillot frappé du coq trois mois plus tard face à la Grèce, le 27 février 1980, au cours d’une large victoire française sur le score de cinq buts à un. Il en profite même pour ouvrir son compteur buts en équipe de France lors de ce match. Il commentera après la rencontre : « J’ai joué ce match avec un claquage aux adducteurs. Je voulais jouer. Une première sélection, ça ne se refuse pas. Un tube de pommade chauffante à fait l’affaire. Je provoque le premier pénalty et je marque le quatrième but. Platini m’a vu partir comme une bombe des trente mètres. Il m’a mis la balle sur la tête. Et j’ai tout transpercé ». Avec la sélection tricolore, la magnifique aventure ne va durer que le temps d’une belle saison, si bien qu’il ne dispute finalement pas la Coupe du Monde 1982 en Espagne. Pourtant, il avait incontestablement le niveau international, si l’on en croit les observateurs de l’époque. Entre 1980 et 1981, Didier Christophe enchaîne six sélections, avant de faire les frais des performances d’un certain Jean Tigana, qui se révèle au poste de milieu de terrain défensif. Il aura plus tard cette phrase étonnante : « Dans une équipe, il faut des artistes et des porteurs d’eau ». Didier Christophe quitte alors la principauté, et signe un contrat à Lille. Dans le Nord, il dispute trente matches de championnat au cours de l’exercice 1982-1983, et marque une fois. De son côté, le LOSC termine à la treizième place du championnat, et s’incline lors des demi-finales de la coupe de France face au FC Nantes (0-1 à aller, puis 1-1 au retour). L’année suivante, il joue trente fois et trouve le chemin des filets à trois reprises. le club nordiste termine neuvième du championnat, mais est éliminé au premier tour de la compétition reine hexagonale. À Lille, Didier Christophe s’est affirmé comme un leader sur le terrain. Parfois brillant, il s’interroge cependant : « C’est tout de même drôle que les bons joueurs qui viennent à Lille ne fassent rien ». Après deux années pleines en terre nordiste, ce joueur de devoir prend ensuite la direction de Toulouse. Avec le club occitan, il dispute le même nombre de matches en championnat que les deux années précédentes, et inscrit trois buts. Le TFC clôture son exercice à la onzième place de D1, et est éliminé au cours des demi-finales de la Coupe de France par le Paris Saint-Germain (2-0 puis 0-2. PSG vainqueur 5-3 aux tirs au but). Mais Didier Christophe a envie de changer d’air. C’est ainsi qu’il s’engage avec le club de la capitale bretonne à l’orée de l’exercice 1985-1986.
LOSC, saison 1982-1983
Après une épique session des barrages d’accession à l’issue de la saison 1984-1985, Rennes retrouve enfin la D1 et souhaite se renforcer pour son retour au sein de l’élite hexagonale. Après les arrivées de « Tintin » Voordeckers, Gilles Galou et Guy Lacombe, le Stade rennais enregistre la signature de l’ex-international Didier Christophe. Une belle affaire pour le club breton, qui avait besoin de densifier son milieu de terrain. Au cours de la saison, Pierre Mosca adopte parfois un dispositif plus sécurisé. Il utilise Didier Christophe en le positionnant entre la défense et le milieu de terrain notamment, lui demandant ainsi de jouer les « essuie-glaces ». Pour son retour en première division, Rennes réalise une saison très honorable, en terminant à la 13ème place du championnat. Mais surtout, le SRFC se hisse jusqu’en demi-finale de la coupe de France. Malheureusement, le club rennais échoue en matches aller-retour face à l’Olympique de Marseille (0-1 à l’aller au Vélodrome, puis 1-1 au retour à Rennes). D’un point de vue individuel, Didier Christophe s’est révélé comme le dépositaire de l’entrejeu stadiste. Rigoureux, volontaire, l’ancien toulousain a fait preuve de beaucoup d’abnégation sur le rectangle vert. Des qualités et des valeurs qui sont bien ancrées dans son mode de fonctionnement. Mieux, Didier Christophe enfile de temps en temps sa panoplie de buteur. Ce qui lui permet d’inscrire ainsi quatre buts au cours de la saison, dont celui qui offre la qualification aux Rennais lors du quart de finale retour de la compétition reine face à l’AJ Auxerre (2-1, après prolongations). Au total, il dispute quarante-trois matches au cours de l’exercice 1985-1986. Didier Christophe n’a pas forcément la qualité technique de certains de ses coéquipiers, mais c’est un boulimique de travail. En ce sens, il ne lésine pas sur les efforts lors des séances d’entraînement. La saison suivante n’est malheureusement pas du même acabit pour le SRFC. Malgré l’arrivée de nombreuses recrues durant l’intersaison, Rennes effectue une piètre saison. La formation bretonne est de nouveau condamnée à retrouver l’antichambre du football hexagonal. Dernier de son championnat, le Stade rennais n’est guère plus à son avantage en coupe de France. En effet, son parcours se termine dès les 16èmes de finale, à la suite d’une défaite subie face au voisin lavallois (1-1, puis 3-5 à Laval). Auteur d’un catastrophique début de saison, Pierre Mosca est même remplacé en cours d’année par Patrick Rampillon. Le collectif s’est effrité, les résultats ne seront jamais au rendez-vous. De son côté, Didier Christophe dispute vingt-sept matches de championnat, et trouve le chemin des filets à cinq reprises, dont trois fois en Coupe de France. Joueur physique et puissant, il est véritablement le seul à avoir surnagé au sein de cette équipe rennaise. Il est pourtant placé sur la liste des transferts à l’issue de la saison, en même temps que Jacky Charrier, Pierrick Hiard, Didier Danio, Dominique Marais, Gérard Soler et Daniel Solsona. L’originaire des Roches-de-Condrieu poursuit ensuite sa carrière dans les rangs du mythique Stade de Reims, qui évolue alors en seconde division. Dans la foulée, il parvient pour la cinquième fois en demi-finale de la Coupe de France en 1988. Le tout, avec cinq clubs différents. Après une seule année passée en Champagne, il signe au FC Grenoble où il termine sa carrière professionnelle en 1990. Le milieu de terrain défensif quitte d’ailleurs le club isérois sur une descente en D2. Au total, Didier Christophe aura disputé la bagatelle de 350 matches professionnels dont quinze rencontres de Coupe d’Europe. International français à six reprises, il devient ensuite directeur technique de deux petits clubs de la région Rhône-Alpes, avant de se spécialiser dans la formation des jeunes joueurs. Son amour du football et sa maîtrise totale du sujet lui permettent d’être unanimement reconnu comme un excellent formateur par ses pairs.
Stade rennais, exercice 1985-1986
Il termine finalement sa carrière comme entraîneur-joueur à l’ES Roussillonnaise, un petit club qui évolue alors en PHR (Promotion d’Honneur Régionale). Toujours au Péage-de-Roussillon, il devient ensuite directeur technique du club jusqu’au terme de la saison 1995/1996. En parallèle, il participe à la mise en place de stages sportifs (football et multi-activités) durant une dizaine d’années, non loin de la station de ski d’Autrans dans le Vercors. Très compétent, il prend plus tard en charge l’ensemble des équipes de jeunes du FC Bourgoin Jallieu entre 1996 et 1999. Il forme ainsi les meilleurs d’entre eux, dans le but de les intégrer petit à petit au sein de l’équipe première, qui évolue en DH (Division d’Honneur) à l’époque. Dans la foulée, il devient directeur de la préformation du RC Lens durant douze mois. Dans le cadre de sa formation, il effectue ensuite un stage en 2001 à Boca Juniors, le mythique club de Carlos Bianchi, son ancien entraîneur au Stade de Reims. Il y passe finalement trois mois, et réalise un mémoire sur le club argentin. Devenu ensuite consultant radio, il commente l’ensemble des rencontres de l’Olympique Lyonnais et de l’AS Saint-Étienne durant quelques mois. En 2002, il prend la direction des Émirats Arabes Unis, où il devient le directeur de la formation de l’équipe d’Al Ain. Puis, le diplôme d’entraîneur professionnel de football (DEPF) en poche, il prend sous son aile l’équipe de Bourg-Péronnas entre mars et juin 2004, sans toutefois réussir à assurer le maintien du club en National. Lors de l’exercice 2005-2006, il prend en charge le Pôle espoirs de préformation d’Aix-en-Provence, avant de devenir directeur du centre de formation de l’ESTAC, à Troyes. Il revient ensuite dans le club qui l’aura révélé au début des années 1980, en tant que directeur adjoint du centre de formation. Malheureusement, son second périple sur le « Rocher » sera de courte durée, puisqu’il est licencié à l’issue de la saison 2007-2008. Il prend ensuite les rênes du FC Pau qui évolue en CFA (Championnat de France Amateur) à la fin décembre 2010. Mais Didier Christophe ne fait qu’une courte parenthèse au pied des Pyrénées, puisqu’il n’y reste qu’un seul mois et doit quitter le club palois pour des raisons personnelles. Sa prise de fonction était pourtant prometteuse, puisque sous son égide, le club pyrénéen avait obtenu un succès et un match nul en championnat, ainsi que deux victoires en Coupe d’Aquitaine. Annoncé un temps au Neuchâtel Xamax FC comme adjoint de Sonny Anderson en juin 2011, l’ancien milieu défensif n’est finalement pas recruté par le club suisse. Venu très tard au football, Didier Christophe peut se targuer de s’être construit une très belle expérience professionnelle, aussi bien en tant que joueur professionnel, qu’en tant qu’éducateur et entraîneur.
À Pau, en 2011
Joueur :
1973-1976 : INF Vichy
1976-1982 : AS Monaco
1982-1984 : Lille OSC
1984-1985 : Toulouse FC
1985-1987 : Stade rennais FC
1987-1988 : Stade de Reims
1988-1990 : FC Grenoble
Entraîneur :
ES Roussillonnaise (directeur technique)
FC Bourgoin-Jallieu (directeur technique)
RC Lens (directeur préformation)
Al Aïn (Émirats arabes unis, directeur formation)
FC Bourg-Péronnas
Pôle espoirs Aix-en-Provence (directeur)
ES Troyes AC (directeur formation)
AS Monaco (directeur-adjoint formation)
janvier 2011-février 2011 : Pau FC
Sources :
- Wikipedia
- forum footnostalgie
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Éd. Apogée.
- www.sudouest.fr
Sources photos :
- srfc.frenchwill.fr
- forum footnostalgie
- www.sudouest.fr
the miz
14 mars 2012 à 11h08Sympas ses articles sur les anciens joueurs, surtout quand on les a pas connus a l’époque du fait de notre âge.
ps : eh oui the miz peu aussi dire des choses agréables,mdr !
generationvdb
14 mars 2012 à 11h27Merci pour le tres bel article,
perso j’ai commencé à m’interesser au stade dans ces années là, j’avais 10ans, et je me souviens d’un bon milieu de terrain, meneur de troupe, au mental d’acier...
nostra
14 mars 2012 à 11h33Christophe, c’est exactement le type de joueur qui fait défaut à Rennes cette saison : mental de gagneur, combattant dans l’ame, d’ailleurs quand on lit l’article est ce un hasard qu’il ai pû accumuler autant de bons parcours en coupe de France avec autant de clubs différents ?
avis aux recruteurs, pour la saison prochaine n’oubliez pas de cibler ce type de temperament à ce type de poste.
chris935
14 mars 2012 à 17h07les des joueurs le plus apprécié par le public rennais et qui a eu le droit à plusieurs standing ovation
oyéstmalo
14 mars 2012 à 18h25Je l’ai adoré ce joueur.Quel charisme.
kiki 35
14 mars 2012 à 18h36moi aussi je l ai bien connu il faisait de tres longue touche
un super joueur tres apprécié de tous
lolos
15 mars 2012 à 00h03Souvenirs de Didier Christophe :
Les chaussettes qui descendent à la cheville
Une frappe lointaine (à l’allemande comme on disait à cette époque) impressionnante qui s’écrase sur la barre transversale et tout le stade qui retenait son souffle et a entendu ce beau bruit de barre transversale.
Une voiture de légende(une mini Austin) pour ce grand costaud.
breffff, que de bons souvenirs.
Je me rappelle d’un match que l’on devait absolument gagner. Coup d’envoi. D. Christophe le joue, prend le ballon et shoote vers un poteau de corner. Il demande aux autres joueurs d’aller faire le pressing et en prime harangue le public. Enorme !
11 mecs au mental comme ça dans un club et tu en collectionnes des titres.
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