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Un œil dans le rétro : les quatre dernières montées du Stade rennais en D1

Rodighiero 24 mars 2011 à 14h24 13 commentaires

Si le Stade Rennais FC dispute actuellement sa dix-septième saison consécutive parmi l'élite, il a aussi connu de longues périodes d'ascenseur entre D1 et D2. Par le biais de quatre accessions en onze ans, entre 1983 et 1994, le club stadiste a accumulé les souvenirs. Retour sur les moments-clés qui ont marqué une décennie de rebondissements et d'émotions en cascade.

Limoges - 14 mai 1983

À une journée de la fin de l’exercice 1982-1983, Le SRFC n’a besoin que d’un seul point pour repousser définitivement la menace pressante des "Crocodiles" nîmois. En déplacement dans le Limousin pour le compte de la 33ème journée de seconde division, l’équipe alors entraînée par Jean Vincent se rassure rapidement en ouvrant le score par l’intermédiaire de son attaquant israélien Vicky Péretz. Le portier stadiste Jean-Noël Dusé est ensuite constamment mis à contribution par les attaquants limougeauds, mais il conserve finalement sa cage inviolée malgré les assauts répétés des attaquants adverses.

Rennes l’emporte 1-0 et assure l’essentiel. Philippe Berlin, le capitaine de route de l’époque se souvient et raconte : « C’est un souvenir impérissable. Nous avions vécu ce match dans la douleur. Il y avait même eu de petits incidents sur le terrain entre Péretz, Vésir et Bousdira. L’ambiance était électrique. L’explosion de joie à la fin de la rencontre fut à la dimension de la tension qui habitait le groupe. Dans les vestiaires, Didier Dufour et moi-même, les deux anciens de l’équipe, ruisselions à chaudes larmes. Cela faisait six ans que j’attendais ce moment ».
Après six années de purgatoire (plus long bail du SRFC en seconde division), le Stade rennais retrouve enfin l’élite. Premier avec 54 points, grâce notamment à l’efficacité du duo offensif Vicky Péretz (17 buts) - Farès Bousdira (16 buts), le club breton devance Nîmes et Valenciennes au classement final. Ces deux équipes disputeront les barrages.

Cette saison-là, le SRFC reste également invaincu durant dix-neuf matches consécutifs, de la première à la dix-neuvième journée, avant d’être battu au stade Jean-Bouin de Nîmes, sur le score de 2 buts à 0. Rennes a rempli son contrat avec brio. Il s’agit ainsi de la quatrième remontée du club stadiste en première division depuis la Libération. Ce qui fait dire au président Gérard Dimier : « Six saisons en deuxième division, cela suffit ! Il est temps de reprendre la place que mérite le Stade rennais et la ville de Rennes ».

Équipe rennaise à Limoges : Dusé - Dufour, Berlin, Brulez - Tischner, Zajaczkowski (puis Bajeot), Morin, Vésir - Péretz, Bousdira, Sither (puis Samson).

Rouen - 5 juin 1985

Après une précédente saison catastrophique en première division, le SRFC retrouve l’antichambre de l’élite à l’aube de l’exercice 1984-1985. Les 21 buts de l’attaquant Mario Relmy lors de la saison régulière permettent au club breton de terminer à la troisième place derrière Mulhouse et Le Havre. Le club de la capitale bretonne obtient ainsi le droit de disputer les barrages. Lors de cette ultime épreuve, l’équipe de Pierre Mosca élimine successivement Saint-Étienne (2-0 à Geoffroy-Guichard) puis Mulhouse (1-0 puis 4-2).
C’est alors que Rouen, dix-huitième du championnat de D1, se présente comme le dernier obstacle à franchir. Au match aller à Rennes, les "Diables Rouges" l’emportent logiquement sur le score de 1 but à 0 (but du futur rennais Gilles Gallou). Au retour au stade Robert-Diochon, Philippe Morin inscrit l’unique but de la rencontre, synonyme de prolongation puis de séance de tirs au but.

Le suspense est à son paroxysme. Au bout de la nuit, les Rennais Patrice Rio, Philippe Morin et Thierry Robert manquent leurs tentatives, mais Hiard arrête le tir de Didier Monczuk et voit ceux d’Arnaud Larue et Gilles Galou s’écraser sur ses montants.
La séance est interminable, jusqu’à ce que Hiard s’interpose sur le tir au but du Rouennais Daniel Alberto... le dixième tireur haut-normand. Alain Doaré, du haut de ses 21 ans, a alors l’accession au bout de ses souliers : « Je me souviens du visage des dirigeants, ils étaient pâles quand ils m’ont vu me diriger vers le point de penalty. Ce n’était pas ma spécialité. Je n’avais jamais marqué un but avec le Stade rennais. J’avais fait le vide, seul dans mon coin. J’étais confiant, cependant. J’ai placé le ballon à droite du gardien puis ce fut l’explosion de joie. Un moment d’euphorie exceptionnel. Ce fut un immense moment de satisfaction. Plus habitué aux tâches ingrates, j’étais reconnu. On m’en parle souvent ». Au terme d’un incroyable marathon (7 tirs au but à 6, et dix tireurs de chaque côté), le Stade rennais s’offre une nouvelle accession en Division 1.

Pierrick Hiard commente : « Je n’avais pas vécu un tel calvaire depuis une finale Gambardella (NDLR : en 1973 face à l’AS Brestoise, une victoire aux tirs au but 6-5 au cours de laquelle il avait déjà été décisif). On sait que la D1 est au bout et qu’on a ça dans la tête. Si ça rate, c’est affreux. Deux fois, ce soir, on a la possibilité, avant que Doaré ne nous sauve la mise, de passer et on ne le fait pas. Cela dit, le sport a gagné. On les a baladés aux quatre coins du terrain. Je crois que si nous avions échoué après tout ça, on ne s’en serait jamais remis ».
Après la victoire des siens, le président Gérard Dimier ajoute également : « Quand je pense à ces trois obstacles - Saint-Étienne, Mulhouse et Rouen - que nous avons passés, je me dis que le fossé à franchir était incroyable. Vraiment, je crois que les dirigeants qui ont mis au point ce règlement des barrages ne mettent pas souvent les fesses sur un banc de touche ».

Équipe rennaise à Rouen : Hiard - Le Goff (puis Marin), Rio, Ninot, Doaré - Samson, Bousdira, M’Fédé - Morin, Relmy, Charrier (puis Robert).

Lorient - 5 mai 1990

Cinq années plus tard, c’est à nouveau une fin de championnat haletante qui se profile à l’horizon. Vaincu quelques jours plus tôt par le Stade Lavallois (0-2) du futur attaquant stadiste François Omam-Biyik, le Stade rennais est contraint de l’emporter à Lorient lors de la dernière journée de D2, mais est aussi dans l’obligation d’inscrire un but de plus que Valenciennes, qui se déplace au stade Jean-Bouin d’Angers. Au classement, les deux équipes sont à égalité de points et possèdent la même différence de buts, mais les Nordistes sont devant au nombre de buts marqués.

François Denis en grand défenseur de devoir, propulse le SRFC vers les sommets, en ouvrant le score à la 71ème minute de jeu... mais dans le même temps, le club nordiste marque à Angers par l’intermédiaire d’Eugène Ekéké. La tension est palpable sur les deux terrains, Rennes devant inscrire un deuxième but pour assurer une montée directe.
Vient alors un long dégagement de Pierrick Hiard, puis un débordement d’Albert Falette qui centre en retrait sur François Denis, dont le tir est contré. Le ballon prend alors de la hauteur, redescend, atterrit sur la tête de Jean-Christophe Cano, qui encore sur son lit d’hôpital trois semaines plus tôt, délivre les siens à dix-sept secondes du terme de la rencontre !

Rennes l’emporte sur le score de 2 buts à 0, et termine finalement premier grâce à sa meilleure différence de buts. « On a engagé, l’arbitre a sifflé. On ne savait pas encore si on était en première division. Il fallait attendre le résultat de Valenciennes à Angers. On y était, on n’y était pas. C’était de la folie puis ce fut l’euphorie totale... On était sur un nuage ». Jean-Christophe Cano revoyait souvent la cassette vidéo de ces moments inoubliables. « Des amis me le demandent, disait-il. Ce but avait vraiment de la valeur pour moi dans la mesure où je restais à Rennes. Cette montée était une consécration pour l’équipe, une récompense pour le club. En toute sincérité, je me sentais Rennais à fond. Il eut finalement un goût d’inachevé et je n’ai pas eu tellement le temps d’apprécier ces moments de joie ».
Cano ne restera finalement pas à Rennes, tout comme Erik van den Boogaard, l’attaquant néerlandais et meilleur du club avec 15 buts cette saison-là.

Équipe rennaise à Lorient : Hiard - Le Dizet, Denis, Falette - Sorin, Goudet, Senoussi - Ribar (puis Miton), van den Boogaard, L. Delamontagne, Turban (puis Cano).


Accession du Stade Rennais en D1 (1990) par syndrom5

Istres - 21 mai 1994

Lors d’une saison 1992-1993, qui vit le Stade rennais s’octroyer la seconde place du championnat de D2 derrière le SCO d’Angers, le club stadiste fut malheureusement vaincu lors de l’épreuve des barrages face à l’AS Cannes de Luis Fernandez (0-1 puis 0-3).
Le club de la capitale bretonne débute alors un nouvel exercice avec la ferme ambition de retrouver les joutes de la première division. Sous l’égide de "Mimi", Michel le Milinaire alias "le druide de Kergrist-Moëlou", le Stade rennais réalise une très belle saison et fait la course en tête durant la majeure partie de la compétition. Il reste deux journées de championnat et Rennes doit marquer un dernier point pour être mathématiquement assuré de remonter en D1. C’est chose faite grâce à une dernière victoire à Istres (1-0) devant 108 spectateurs payants...

Laurent Huard, pur produit de la formation stadiste scelle définitivement le sort du match par un but marqué à la 54e minute de jeu. L’équipe bretonne termine finalement seconde derrière l’OGC Nice et s’ouvre de nouveau les portes de l’élite. Rennes accède pour la septième fois de son histoire en Division 1.
Grand artisan de la montée du club stadiste en première division, Jocelyn Gourvennec alias "l’hydre breton" explique : « Je vais découvrir un nouveau monde. On peut me mettre la pression que l’on veut, je ne vais pas être perturbé. Il y a eu des milliers de joueurs de D1 avant moi, je ne suis qu’un joueur de plus, c’est tout ! J’essaierai de réaliser ce que je sais faire. Je vais tenter de montrer mes qualités. Je ne réinventerai pas mon foot sous prétexte que je monte en D1. C’est la continuité, soit je passe, soit je ne passe pas ».

Équipe rennaise à Istres : Rousseau - Sorin, Denis, L’Helgouac’h, Guillou, Huard, Lambert, Ribar, Wiltord, Gourvennec, Roux.

Sources :
- Archives Ouest France
forum footnostalgie
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.

Sources photos :
forum footnostalgie
www.foot-rouen.com

13 commentaires

  1. Louis G
    24 mars 2011 à 17h10

    Pendant de nombreuses années je regardais plutôt le bas du tableau de la D1 que le haut !...finalement j’étais presque mieux quand le Stade Rennais était D2 car au moins alors on était toujours dans les premiers...merci pour cette rétrospective que j’ai vécue pleinement en son temps mais que l’on finit par oublier !!...

  2. Simon
    24 mars 2011 à 17h30

    Parce que là on n’est pas dans les premiers ? :)

  3. the miz
    24 mars 2011 à 18h24

    Louis g je ne te comprend pas !

    Moi je ne regrette absolument pas tout ça,j’ai connue la montée raté face a l’As Cannes et la remonté l’année suivante(pour le reste j’étais trop jeune).

    Aujourd’hui nous sommes vraiment ancré en L1 et c’est tant mieux !!

  4. Raoul Volfony
    24 mars 2011 à 18h45

    Il doit y avoir une petite erreur dans la compo de l’équipe rennaise à Istres : je dénombre 12 joueurs !
    (sourires)

  5. TH 38
    24 mars 2011 à 18h48

    Et oui les plus jeunes ne peuvent pas comprendre qu’à une époque pas si lointaine le maintient en D1 (sic) et je ne parle pas même pas d’une 13ème place nous rendaient heureux. Pour avoir le plaisir de voir le SR jouer les premiers rôles il fallait être en D2 ! Les temps ont bien changé et c’est tant mieux, bien qu’il faille garder les pieds sur terre, le SR n’est encore pas taillé pour être champion...

  6. Léon
    24 mars 2011 à 19h46

    Rouen, jusqu’au bout de la nuit !!

    Après la défaite route de Lorient au match aller, nous pensions l’affaire pliée. Nous étions au stade R Diochon au retour, après l’ouverture du score par le SR, nous avons assisté à une rencontre âprement disputée,il a fallu attendre le onzième et dernier tireur de pénalty, en l’occurence Douaré pour envoyer le stade en 1ére division....un vent de folie soufflait sur la pelouse à la fin du match.Notre retour à la maison, jusqu’au bout de la nuit restera un souvenir merveilleux comme seul le sport peu en procurer. Léon

  7. boogerman35
    24 mars 2011 à 20h17

    Ce qui me fait toujours halluciner quand je vois la photo des joueurs de foot de l’epoque c’est la difference avec ceux d’aujourd’hui, à l’époque c’était des gringalets, aujourd’hui on est des monstres de muscles !lool !on a fait beaucoup de progrès dans la préparation physique !

  8. thiery44
    24 mars 2011 à 21h11

    Pour un « vieux » supporter du Stade Rennais (depuis plus de 45 ans), ces souvenirs font chaud au coeur. Je me rappelle encore écouter les pénalties de Rouen à la radio, et être aller à Lorient en 90 et revoir les joueurs sur la pelouse attendre la fin du match d’Angers !!!!
    Maintenant, on joue une place pour la Ligue des Champions. Que de chemin parcouru...... et inversement pour mes « amis » nantais !!!

  9. klose35
    24 mars 2011 à 22h04

    je profite de cette retro pour saluer Patrick Vetier.....grand supporter du stade disparu trop tot.....il doit etre content la ou il est.....

  10. Sylvain
    24 mars 2011 à 23h23

    @ Raoul Volfony : Dall’Oglio était en trop. C’est corrigé désormais.

  11. moyyy
    25 mars 2011 à 00h13

    J’étais au Stade pour la défaite contre Rouen et je ne suis pas d’accord avec le « logiquement »...
    Sans être particulièrement nostalgique de cette période où on faisait l’ascenceur, ce que je retiendrai toujours de ce match c’est d’entendre le stade entier chanter ses encouragements juste après le but encaissé, les temps ont bien changé !

  12. te miz
    25 mars 2011 à 14h22

    moyyyi le public rennais c’est de plus en plus embourgeoisé et de plus maintenant on réclame automatiquement l’Europe .

    J’ai connu la D2 mais je serais le premier a ne pas me satisfaire d’une place moyenne en L1 ,par contre je les encourages au stade contrairement aux « bobos » !!!

    Allez Rennes !!!!!!!!!!!!!!!!!!

  13. ben jammin
    25 mars 2011 à 15h09

    J’avais 11 ans lors du match de barrage contre Cannes mais je me souviens qu’on chantait « Fernandez au zoo, liberez les animaux » et puis on a perdu.

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