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Aurélien Hérisson, retour lumineux

Duhault 18 janvier 2012 à 13h48

Pour une fois, l'affiche lui sera réservée. Un coup de projecteur offert par la Coupe de France, compétition dans laquelle Aurélien Hérisson et l'AFC Compiègne (CFA) sont toujours en course. L'ancien gardien du Stade Rennais, vainqueur de la Coupe Gambardella 2008, dressera son imposante carcasse, ce samedi après-midi, devant Lille, champion de France en titre, accompagné de son armada offensive composée de Joe Cole, Eden Hazard, Ireneusz Jeleń et Nolan Roux. Un autre monde.

En parlant de la génération 1990, les premiers noms fusent aussi vite que la réussite de ces gamins, sortis des couveuses de la formation du Stade Rennais avec une facilité déconcertante. Les Yacine Brahimi, Yann M’Vila, Vincent Pajot nous feraient presque oublier que certains n’ont pas eu le même destin, le même parcours, roulant leurs bosses en attendant de revenir un jour dans la lumière de l’élite du football français, celle qu’ils avaient idéalisé avant d’en être éconduit, repoussés vers le paysage des infortunés. La galère, Aurélien Hérisson connaît, lui, qui après la fin de son contrat stagiaire à Rennes en juin 2010 passe par la case UNFP, le temps de rebondir. « On ne se rend pas tellement compte de la chance que l’on a d’être dans le circuit professionnel. Une fois que l’on en sort, c’est là qu’on s’aperçoit que la réalité du football est plus rude que l’on pensait. Il y a tellement de joueurs sur le marché (sic), beaucoup sont laissés en cours de route. C’est vraiment difficile de retrouver un club de haut niveau après une formation professionnelle, car les clubs ne réinvestissent pas forcément sur des joueurs n’ayant eu qu’un contrat stagiaire et quelques matchs en réserve », témoigne t-il après avoir réalisé des essais à Grenoble, Valenciennes et Troyes. « Pour certains, ce n’est pas passé très loin (une signature, ndlr). Mais ils ont préféré recruter quelqu’un de plus âgé », rappelant bien que le poste de gardien de but est une fonction à part, l’expérience étant toujours un point fondamental dans son secteur de jeu.

Alors quand un coin de porte s’entrouvre dans les derniers jours du mercato estival, Aurélien Hérisson l’enfonce, tentant de vivre pleinement de sa passion. Ce sera l’ES Montluçon, modeste club de CFA2, une expérience qui lui permet « de se relancer » avant de l’interrompre précipitamment quatre mois plus tard pour rallier la Picardie et l’AFC Compiègne en CFA, sans garanties sportives. « Dès ma première séance d’entraînement, on m’a bien fait comprendre que j’étais en concurrence avec le gardien numéro un (Sullivan Birck, ndlr). On m’a fait confiance pour le premier match, j’ai fait quelques arrêts déterminants, et en plus c’est Julien Herluison qui marque le but vainqueur », à savoir celui avec qui il avait fait le chemin Montluçon - Compiègne durant l’hiver. Depuis, c’est l’effervescence dans l’Oise avec un seizième de finale de Coupe de France qui se profile, face à Lille. « Tous les matchs de cette compétition sont particuliers », avoue celui qui a contribué à écarter l’US Montagnarde au tour précédent, un club où évolue l’un de ses anciens coéquipiers à Rennes, Vincent Le Boulaire. Car là, c’est le summum du football français qui se présentera devant les gants de l’ancien portier du Stade Rennais, adopté à l’âge de trois mois par une famille française après sa naissance à Campina Grande au Brésil. « Joe Cole, Joe Cole... Il est presque passé dans la légende. Il a des matchs de Ligue des champions à son actif, en ayant joué dans des clubs majeurs anglais. Plus les jours passent, plus on se rend compte, en fait, que l’on va jouer contre une légende. Après, Eden Hazard, il a été élu meilleur joueur de Ligue 1 l’année dernière. Cela permet de s’étalonner en n’ayant pas trop d’appréhension. La pression est plus sur Lille, qui a plus à perdre que nous dans ce match. De notre côté, on jouera le tout pour le tout face à onze hommes, et non pas des surhommes. Ce qui est certain, c’est que l’on n’ira pas avec la peur au ventre. »
L’impatience de les rencontrer ne rime donc pas avec une expertise détaillée des individualités nordistes, même si on aurait pensé qu’un gardien de but pouvait annoter les petites habitudes des attaquants. « Je n’ai pas préparé de fiche sur les joueurs, on en est pas encore là, sourit Aurélien Hérisson. On a jeté un coup d’œil sur leur dernier match à Marseille, sans en tirer de conclusions. Car on ne sait même pas s’ils viendront avec l’équipe habituelle. Donc, on ne peut pas trop prévoir, on s’adaptera dès que le coup d’envoi sera donné. »

« Mon passage à Rennes m’a endurci... »

Un moment qu’il partagera avec les deux autres anciens joueurs du Stade Rennais de l’effectif de Patrick Vallée, à savoir Gaëtan Caro (qui a obtenu un contrat professionnel d’un an en juin 2010 sans être reconduit par la suite) et Guillaume Heinry (laissé libre après sa première année de contrat stagiaire en 2008), deux autres lauréats de la Coupe Gambardella. « Cela m’a fait très plaisir de retrouver Gaëtan et Guillaume, sachant que ce sont de bons amis. Ce sont en plus deux joueurs de qualité qui apportent au groupe. » Arrêté depuis trois mois pour une fracture au métatarse, Guillaume Heinry, le « chouchou du public » ne sera pas de la fête, au contraire de Gaëtan Caro qui sera en concurrence pour une place de titulaire.
Le Stade Rennais, un lien permanent qui le ramène à ses cinq années de formation, qu’aucune rancœur ne vient égratigner. Bien au contraire. « Je n’ai pas d’amertume, j’aurais bien aimé les retrouver en Coupe de France. Mon passage à Rennes m’a endurci sur beaucoup de choses, tant au niveau du football que humainement, confesse t-il. Tout va très vite dans ce milieu, donc il ne faut pas baisser la tête quand ça va mal et s’enflammer quand tout va bien. C’est pour ça que ce ne fut pas une désillusion quand je n’ai pas été conservé par mon club formateur, car c’est quelque chose à laquelle j’étais préparé. »

D’autant que l’esprit d’Aurélien Hérisson conserve des moments indélébiles avec le passage au Stade de France, sur la pelouse duquel la jeune formation rennaise avait terrassé Bordeaux. Une épopée lors de laquelle il était la doublure de Florent Petit (qui avait réussi la performance de n’encaisser aucun but durant ce parcours, preuve que rien ou presque ne pouvait arriver à cette équipe). « C’est un souvenir magnifique. Je me considère comme un privilégié d’avoir fait partie de ce groupe. Il y a aussi le titre en 18 ans Nationaux. Après, au niveau de cette génération 1990, on oublie souvent Hicham (M’Laab, aujourd’hui à Pau en CFA), Gilbert (Manier, parti de La Vitréenne en octobre dernier), Yoan (Pivaty, qui joue actuellement à Viry-Châtillon en CFA) et les autres. On se tient toujours au courant pour savoir ce que l’on devient. » Aurélien Hérisson a pu leur raconter qu’il a reçu en novembre dernier une distinction, décernée par l’office des sports de la ville de Compiègne, en étant élu meilleur sportif en septembre 2011. Un titre honorifique qu’il doit à ses qualités mais aussi... à l’appui de ses amis qui l’ont pas mal soutenu dans l’affaire en votant en masse. « Ça c’est sûr. Je ne suis pas peu fier de l’avoir gagné, car aucun joueur du club ne l’avait remporté, à part l’entraîneur actuel. Mais cela me fait quand même plaisir. »
De ses anciens coéquipiers qui font partie du groupe professionnel de Rennes, Aurélien Hérisson a gardé contact avec Yacine Brahimi qu’il revoit de « temps en temps » même s’il n’est pas « simple de l’avoir au téléphone, parce qu’il change toujours de numéro », se marre t-il. Et concernant Yann M’Vila, s’attendait-il à ce que son ancien compagnon du centre de formation prenne une telle dimension ? « Quand on voit le parcours qui se dresse devant lui, on est très admiratif. Nous, plus que les autres, on savait qu’il allait exploser. Pas forcément à ce qu’il devienne un titulaire indiscutable en équipe de France, quand même (rires). Mais on le sentait arriver, car il devenait influent dans les équipes de France jeunes et, au fur et à mesure, il prenait une envergure impressionnante. Je suis vraiment content pour tous ceux qui ont percé. C’est toujours plaisant de voir ses anciens coéquipiers exposés. » Sauf que cette fois-ci, c’est bien Yacine, Yann et Vincent qui le verront à la télévision. Chacun son heure.

Ils voulaient te dire...

Régis Le Bris : « J’ai eu Aurélien, sous ma direction, pendant une saison en 18 ans Nationaux (année du titre en 2007). Il était du parcours de la Gambardella de 2008, donc il a un peu prolongé cette réussite. Comme j’assistais souvent aux séances de Laurent (Huard, entraîneur de la réserve), c’est un garçon que je connais plutôt bien. Si je dois retenir une chose sur lui, c’est sa jovialité, son enthousiasme... Le garçon en lui-même est très attachant, un comportement nickel, respectueux, à l’écoute, et quelqu’un de très travailleur.
Au niveau de son poste, il est clair que c’est un gardien qui avait des qualités intéressantes. Mais l’accès au haut niveau demande parfois le petit supplément qui lui a peut-être manqué à un moment donné, qui lui aurait permis d’émerger dans la catégorie des très bons gardiens. Le poste de gardien est tellement spécifique aussi, un joueur de champ peut profiter d’une certaine polyvalence pour se démarquer. Quant au gardien, c’est un peu plus différent puisqu’il ne peut jouer qu’à un poste. Pour le match face à Lille, j’espère vraiment qu’il prendra du plaisir, juste ça (rires). Qu’il profite à fond de ce moment. Mais le connaissant, je sais qu’il ne se mettra pas une pression d’enfer, c’est son tempérament qui le veut. Puis je ne me fais pas de soucis pour lui, il saura apprécier le moment et le vivre pleinement. »

Guillaume Heinry : « Aurélien, c’est un bon pote pour moi et c’est vrai que ce fut très sympa que l’on se retrouve à Compiègne cette saison. Il faut juste qu’il arrête de s’obstiner a Call of Duty (un célèbre jeu vidéo, ndlr), il n’aura jamais mon niveau. Il comprendra (rires). »

Yohann Lasimant : « Aurélien, c’est un très bon gardien, super sympa, déconneur. Mais s’il y a bien une chose que je me rappellerai de lui, c’est bien ses coupes de cheveux (rires). »

Vincent Le Boulaire : « Je connais bien Aurélien car j’ai souvent été avec lui dans le passé, que ce soit à Ploufragan puis ensuite au centre de formation du Stade Rennais. Donc, ça nous a pas mal rapproché. J’ai juste envie de lui dire « pied de rapace », c’est quelque chose qui devrait le faire rire (rires). »

Axel Ngando : « J’ai fait une année de formation avec lui, qui correspondait à ma première année de formation alors que c’était, quant à lui, sa dernière. Aurélien, c’est quelqu’un qui aime bien rigoler, faire des blagues. Pour le match contre Lille de ce samedi, je lui souhaite bonne chance parce que je pense que ça ne devrait pas être simple. »

Quentin Rouger : « J’espère pour lui qu’il fera un bon match et qu’il montrera tout ce qu’il est capable de faire face à Lille. C’est une bonne occasion pour lui de briller et surtout de prendre du plaisir face à de très grands joueurs. Après j’espère qu’il fait toujours attention à sa masse graisseuse, comme il le faisait quand il était à Rennes. Je n’en doute pas, Aurélien est un mec sérieux (rires). »

Maxime Schwab (joueur de la TA Rennes, génération 1990 du Stade Rennais) : « Aurélien, c’était le faux Brésilien de notre Promotion 1990, il était plus habile avec ses mains qu’avec ses pieds. Le pire, c’est qui se croyait quand même technique avec un ballon au pied (rires). Je lui souhaite bonne chance pour son match en espérant qu’il crée l’exploit, comme nous contre Nantes, et qu’il aille en huitième de finale de la Coupe de France. Je vois une qualification de Compiègne aux tirs au but. »

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