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Antoine Cuissard, l’apôtre du football breton

Rodighiero 6 mars 2013 à 13h22 3 commentaires

Un œil dans le rétro. Véritable légende du football breton, Antoine Cuissard a porté le maillot rouge et noir pendant quatre saisons, mais aussi celui de Saint-Étienne dans les années 1950. Entraîneur et même directeur sportif du SRUC, il a marqué le club de la capitale bretonne de son empreinte. Stade Rennais Online revient pour vous sur l'extraordinaire carrière de l'ancien international tricolore aux vingt-sept sélections.

Figure emblématique de l’ASSE

Antoine Cuissard est né le 19 juillet 1924 à Saint-Étienne, mais est originaire de Lorient dans le Morbihan. Sa grand-mère y tenait d’ailleurs une entreprise de poissonnerie, et créait plus tard le FC Lorient. C’est donc tout naturellement qu’Antoine Cuissard effectue d’abord ses gammes avec les « Merlus ». Rapidement remarqué pour sa dextérité et son aisance balle au pied, il rejoint l’ASSE à la fin de la seconde guerre mondiale, où réside encore une partie de sa famille. Dans le Forez, il franchit alors le cap du professionnalisme en tant que demi-aile. Footballeur rapide, élégant et adepte des montées offensives, il sait également organiser, défendre, attaquer et marquer. La panoplie complète de ce « Demi » intelligent et offensif lui permet de se mettre rapidement en évidence chez les « Verts ». Bientôt surnommé « Tatane » par l’un de ses cousins, il se régale dans l’entrejeu stéphanois, au côté du fabuleux René Alpsteg notamment. À cette époque, il est déjà devenu l’un des piliers de l’ASSE, grâce à la fluidité de son jeu. Joueur à la technique remarquable, il s’impose alors comme l’un des meilleurs joueurs français et obtient sa première cape chez les « Bleus », le 7 avril 1946 à Colombes contre la Tchécoslovaquie (3-0), pourtant invaincue depuis de nombreuses années. Il prend ensuite part à la fantastique victoire tricolore sur l’Angleterre (2-1). Puissant, rapide et polyvalent, Cuissard occupe tour à tour les postes d’arrière central, demi droit, demi gauche et inter droit, avec beaucoup de réussite. Entre 1946 et 1949, il forme un tandem 100% breton avec l’emblématique « Monsieur Jean ». Organisateur du jeu, il a le sens inné de la stratégie et de l’offensive, comme son alter ego Jean Prouff. Antoine Cuissard effectue un premier cycle de deux saisons à Saint-Étienne, pendant lequel il côtoie entre autres Jean Snella, en tant que joueur. Il réalise alors de bonnes performances sous le maillot de l’ASSE, inscrivant successivement huit et neuf buts en championnat. En 1946, Antoine Cuissard devient même vice-champion de France avec les « Verts », au cours du premier championnat de France de l’après-guerre. Une très belle réussite pour l’ASSE, qui n’avait jamais été encore à pareille fête.

L’international lorientais

Pendant ce temps, le FCL connait des difficultés dans son championnat de Division d’Honneur. C’est alors que sa grand-mère le contacte en juillet 1946, afin qu’il vienne soulager le club morbihannais, et l’aider ainsi à se sortir de la spirale négative. Fidèle à ses origines bretonnes, il revient donc à Lorient, où officie comme entraîneur un certain Jean Snella. Son apport dans l’entrejeu est considérable, si bien qu’il sauve le FC Lorient de la descente. À cette époque, Antoine Cuissard continue à fréquenter la sélection tricolore. Il dispute ainsi cinq matches avec le maillot frappé du coq, alors qu’il est licencié au FCL sous le statut amateur. « Tatane » Cuissard devient alors le seul joueur de toute l’histoire, à avoir joué avec l’équipe de France, tout en évoluant le reste du temps en Division d’Honneur. Le devoir accompli, Antoine Cuissard retourne à Saint-Étienne en 1947, afin d’y retrouver les joies du haut niveau, moyennant un chèque de cinq millions de francs. Toujours aussi offensif et efficace dans un rôle de milieu de terrain, il inscrit une dizaine de buts en moyenne par saison. En D1, les « Verts », arrachent une belle quatrième place en 1948, mais n’arrivent pas à confirmer les saisons suivantes. Pourtant, Antoine Cuissard est toujours régulier dans ses performances. Le 6 juin 1948, il marque son premier et unique but international face à la Belgique. Au cours de l’exercice 1949-1950, Antoine Cuissard se métamorphose de plus en plus régulièrement en tant que défenseur central. Cela ne l’empêche pas de participer activement aux éliminatoires de la Coupe du Monde 1950, mais avec peu de réussite, puisque la France n’obtient pas son ticket pour la phase finale. Toujours indiscutable dans le Forez, « Tatane » est désormais un défenseur axial à plein temps. Sous la coupe de Jean Snella, il réalise une très belle saison 1950-1951, en dépit d’une défaite en demi-finale de Coupe de France contre Valenciennes (3-1). Ceci dit, il ne connaît pas la même réussite l’année suivante, et ne joue que onze matches. Il effectue alors une dernière apparition avec le maillot « Vert » en février 1952, avant de gonfler les rangs de l’AS Cannes en D2. Il ne reste finalement que six mois sur la Croisette, et prend ensuite le chemin le plus court jusqu’à la promenade des Anglais. Fort d’une belle première saison chez les « Aiglons » niçois, il remporte la Coupe de France face à Marseille (2-1). Capitaine de son équipe, il est à l’origine des deux buts azuréens et écrit finalement la seule ligne de son palmarès. Heureux comme un poisson dans l’eau, il reçoit la Coupe des mains du président René Coty. Antoine Cuissard dispute également les éliminatoires de la Coupe du Monde 1954. Dans la foulée, il est même sélectionné pour la phase finale qui se dispute en Suisse. Malheureusement pour lui, il est contraint de déclarer forfait à la suite d’une blessure contractée durant le stage de préparation, cédant ainsi sa place à Robert Jonquet. Il ne le sait pas encore, mais il a en fait disputé son dernier match en « Bleu » face à la Belgique (3-3) en mai 1954. Porteur du brassard de Capitaine ce soir-là, Antoine Cuissard aura finalement disputé vingt-sept matches internationaux entre 1946 et 1954.

Antoine Cuissard avec le maillot de Saint-Étienne

Séjours en terre bretonne

C’est le moment que choisit Antoine Cuissard pour retrouver sa Bretagne, et Rennes plus exactement. Premier de D2, il permet d’ailleurs au SRFC de remonter en D1 dès 1956. D’un point de vue individuel, Antoine Cuissard a marqué douze buts et a fortement contribué à la belle dynamique stadiste. Lors de l’exercice 1956-1957, il est opposé à son cousin Yvon Goujon, alors attaquant de Saint-Étienne. Malgré ses sept buts, Rennes termine 16ème et s’incline lors des barrages face à Lille. Direction la D2. L’année suivante, le Stade rennais d’Henri Guérin retrouve le sourire, après avoir obtenu une belle seconde place, grâce notamment à l’attaque la plus efficace de seconde division. Il faut dire que les vingt-quatre buts de « Tatane » ont bien contribué à cette éclatante réussite. Le SRUC connait ensuite un exercice 1958-1959 bien plus tranquille. 12ème de D1, Rennes a brillamment assuré son maintien parmi l’élite. De son côté, Antoine Cuissard n’a pas non plus été en reste, puisqu’il a notamment été l’auteur d’un triplé face à Angers (3-2), lors de la quatrième journée du championnat. Antoine Cuissard quitte cependant Rennes en 1959, après quatre saisons de bons et loyaux services, De retour à Lorient, il devient entraîneur-joueur des « Merlus » lors de la saison 1959-1960. Après une saison en CFA, il décide de quitter temporairement le monde du football. Une prise de recul de courte durée, puisque le Stade rennais le contacte en 1961 pour prendre la relève d’Henri Guérin. Sous sa houlette, le SRUC termine à la douzième place de D1 dans la foulée de l’exceptionnel Mahi auteur de dix-huit buts durant la saison. C’est sous ses ordres que le Stade rennais cesse enfin son sempiternel « Yo-yo » entre D1 et D2. Mais son aventure avec le club phare de la Bretagne se termine à l’issue de l’exercice 1963-1964. L’annonce de son départ fait l’effet d’une bombe, puisque personne ou presque ne s’y attendait. Finalement, on apprendra plus tard que le technicien breton avait fini par se couper de certains de ses joueurs. Remplacé par l’inénarrable Jean Prouff, Antoine Cuissard prend alors une année sabbatique. Homme de sang-froid et de caractère, il revient de nouveau à Lorient en 1967, afin d’y entraîner l’équipe première qui évolue en seconde division. Il y restera deux saisons. Il quitte finalement la cité des cinq ports en 1969, au motif que le professionnalisme ne lui semble pas viable. En désaccord avec ses dirigeants, il est remplacé par Jean Vincent.

Homme franc et direct, il prend ensuite les rênes de l’AC Ajaccio en D1. Resté fidèle au SRFC, malgré une autre parenthèse en Suisse, Antoine Cuissard remplace alors René Cédolin en février 1975. Il reste ainsi dans la capitale bretonne jusqu’à l’année suivante. À cette époque, le Stade rennais connait des heures difficiles. Malgré quelques légères améliorations durant la phase retour, Cuissard ne parvient pas à sauver le club de la relégation. Le verdict est cruel : le SRFC retrouve le purgatoire de la D2. Une division qu’il avait quitté en 1958-1959. La saison suivante, Rennes retrouve des couleurs et finit premier. Laurent Pokou marque dix-sept buts, malgré une grave blessure. Son contrat de seize mois terminé, Antoine Cuissard ne conserve pas ses fonctions, mais endosse le double-costume de directeur technique et de recruteur pour le club. Il est finalement licencié en janvier 1978 pour motifs économiques, en même temps que l’entraîneur Claude Dubaële. Antoine Cuissard prend alors ses distances avec le football et décède en novembre 1997. Superbe athlète, il demeure assurément l’une des plus belles figures du football breton.

Sa carrière en bref

Joueur :
FC Lorient
1944-1946 : AS Saint-Étienne
1946-1947 : FC Lorient
1947-1952 : AS Saint-Étienne
Juin 1952 - novembre 1952 : AS Cannes
Novembre 1952 - 1955 : OGC Nice
1955-1959 : Stade rennais UC
1959-1960 : FC Lorient

Entraîneur :
1959-1960 : FC Lorient
1961-1964 : Stade rennais UC
1967-1969 : FC Lorient
1971-1972 : AC Ajaccio
1973 - février 1975 : FC Vevey (Suisse)
Février 1975 - juin 1976 : Stade rennais UC
1976-1978 : Stade rennais FC (directeur sportif)

Sources :
- Wikipedia
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.
- « L’aventure du football en Bretagne » de Jean-Paul Ollivier, Ed. Palantines.
- « Les grands noms du sport breton » de Georges Cadiou.
http://www.asse-live.com
http://www.fclorient.net

Sources photos :
http://www.afterfoot.fr
http://www.asse-live.com

3 commentaires

  1. Louis G
    7 mars 2013 à 06h51

    J’ai connu Antoine Cuissard , Henri Guérin et Jean Prouff comme entraineurs du Stade Rennais...ils étaient très populaires et très estimés comme anciens joueurs et de ce fait nous avions un préjugés très favorables pour eux quand ils sont devenus entraineurs et nous n’avons pas été déçus..si c’est Jean Prouff qui nous a fait gagner 2 fois la Coupe de France il a bénéficié du bon travail de ses 2 prédécesseurs...pour l’anecdote , la grand-mère d’Antoine Cuissard créatrice du FC Lorient ; il lui serait même arrivé d’y jouer quand l’équipe n’était pas au complet !!...

  2. mururoa
    7 mars 2013 à 23h14

    Louis G, vous avez raison d’apprécier cet excellent article consacré à une grande figure du foot breton. En lisant « Rodighiero », difficile de ne pas gerber face à ce qui se passe actuellement dans le club. Point positif, de plus en plus de supporters commencent à attendr le grand coup de balai salvateur. Il y a cinquante ans, nous étions un « petit » club, mais nous l’aimions. On connaissait les joueurs, on parlait avec eux, parfois on jouait aux cartes... Aujourd’hui affairistes et mercenaires occupent la place. L’atmosphère est pourrie en interne à tous les niveaux, le jeu est indigent et l’ambiance au stade n’est plus animée que par un braillard qui ne cesse de s’égosiller le long de la touche.Rennes n’est plus le club phare de la Bretagne.

  3. 8 mars 2013 à 11h35

    Je suis bien d’accord avec vous, mururoa,
    j’ai déjà dit sur ce site, que le problème est en haut de la hiérarchie, et ca ce traduit par quelque chose que ne tourne pas rond au centre de formation
    il suffit de voir ce que deviennent les dites pépites qui se transforment en"toc"
    et les vrais joueurs que l’on ne garde pas et nous allons en avoir un ce soir sur notre terrain fétiche. Regardons bien ce qu’il apporte à Sainté
    A vous de juger. Je vous fais le pari que nous ne garderons pas Pajot non plus, pas assez « petite » mais ce n’est pas du « toc » non plus

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