Pour réaliser un beau parcours et remporter la Coupe de France, il faut savoir vaincre les équipes de divisions inférieures. Cela n'a pas toujours été simple, y compris sur la route de Colombes lors de l'épopée 1971.
« Le moins qu’on puisse dire de ce match entre l’une des équipes vedettes du professionnalisme français, à savoir le Stade rennais, et une équipe amateur de division inférieure, Mantes-la-Ville, c’est que le résultat ne plaide pas en faveur des vainqueurs, que l’on considère le problème dans le fond ou dans la forme ».
Cette sentence, consécutive à un match de Coupe de France, pourrait bien avoir été écrite de nos jours, après la victoire étriquée d’une équipe de Ligue 1 face à une courageuse formation amateur. Pourtant, c’est il y a quarante ans qu’un journaliste de France Football rédigeait ces lignes.
Nous sommes fin mars 1971. Le Stade rennais, après avoir éliminé l’US Quevilly (4-1) et l’Entente Bagneux-Fontainebleau-Nemours (2-0), parvient en huitièmes de finale et se frotte pour la troisième fois de suite à un club amateur : les Franciliens du CA Mantes-la-Ville.
À ce stade de la compétition, et jusqu’en demi-finale, les confrontations se font par matchs aller-retour. Un format qui va sourire aux Rennais dans leur quête de deuxième coupe de France.
Le match aller a lieu route de Lorient, devant un peu plus de 6.000 spectateurs. Le Stade rennais de Jean Prouff part bien sûr largement favori mais, privé de trois de ses titulaires (son capitaine Louis Cardiet, le défenseur central Zygmunt Chlosta et l’attaquant international André Betta), se casse longtemps les dents sur la défense mantevilloise. L’ailier Robert Rico tape même deux fois le poteau en seconde mi-temps. Rien n’y fait.
La rencontre bascule d’une bien étrange manière. Alors qu’il reste un quart d’heure à jouer, le gardien mantevillois Jacky Allione parvient à capter un ballon aérien, mais se retrouve pris de crampes. Ses coéquipiers viennent à son secours pour le soulager, alors que les Rennais attendent tranquillement que l’incident prenne fin. Pendant qu’un joueur francilien étire la jambe de son gardien, le défenseur Umberto Melloni se saisit lui du ballon.
« Il se passa environ vingt à trente secondes, et soudain on vit un petit monsieur vêtu de noir désigner le point de penalty, conte France Football. Incroyable mais vrai ». Ce « petit monsieur », c’est bien sûr l’arbitre M. Peauger. Considérant que Melloni a pris le ballon dans ses bras en pleine surface de réparation alors que le jeu n’avait pas été arrêté, l’arbitre « offre » un penalty inespéré aux "Rouge et Noir". Serge Lenoir ne se fait pas prier, et marque le seul but du match.
Cette affaire rocambolesque fait évidemment grand bruit, provoquant la colère de l’équipe amateur et de ses supporters. Une colère d’autant plus grande que le gardien rennais Marcel Aubour casse involontairement la jambe de l’attaquant mantevillois Michel Saoumah lors d’un choc entre les deux joueurs.
Le contentieux aurait pu en rester là... s’il n’y avait pas eu un match retour. Pendant les deux semaines qui séparent les deux rencontres, la presse fait ses choux gras de l’injustice subie par l’équipe amateur, clame les mérites des joueurs mantevillois, et exalte un certain chauvinisme chez leurs supporters.
Résultat, le deuxième acte se dispute dans une ambiance détestable. Pour avoir mis Saoumah hors de combat à l’aller, Marcel Aubour rentre sur le terrain sous les hurlements d’un public qui lui lance des « Aubour assassin ! ». Sans doute troublé, le gardien provençal concède l’ouverture du score dès la première minute de jeu, trompé par l’avant-centre adverse Michel Appert.
Il reste encore tout un match à jouer, et le CA Mantes a déjà refait son retard. Un scénario idéal pour faire douter les Rennais, mais ce sont pourtant leurs adversaires qui semblent balbutier leur football, incapables de faire le jeu. Le milieu de terrain rouge et noir, sans se montrer génial, prend alors le contrôle du match. Le Stade rennais se crée dans la foulée une multitude d’occasions, mais sombre dans la maladresse.
La délivrance vient finalement peu avant la mi-temps. Après un bon travail de Betta, l’avant-centre yougoslave Ilija Lukić catapulte de la tête le ballon au fond des filets (38e). Un but qui n’a pas l’impact qu’il aurait de nos jours : à l’époque, peu importe si le but est marqué à l’extérieur ou non, seul le score cumulé fait foi. En d’autres termes, un second but mantevillois est synonyme de prolongation.
Fort heureusement pour les Rennais, celui-ci n’arrivera jamais. Prolongeant leur domination en seconde mi-temps, les joueurs de Jean Prouff ne sont pas franchement inquiétés par leurs adversaires, mais demeurent de leur côté imprécis et inefficaces devant le but. Peu importe, le score nul leur suffit pour obtenir la qualification. Après la rencontre, Prouff ne s’y trompe pas, et reconnaît que son équipe a
tout simplement été « mauvaise », passant ce tour sans gloire.
Ce n’est pas non plus l’ambiance détestable dans les tribunes qui aura aidé cette rencontre à devenir inoubliable. Resté en retrait de ses partenaires pour discuter quelques secondes avec certains de ses admirateurs, Marcel Aubour est pris à partie lors de son trajet vers le vestiaire par un groupe d’individus qui le menacent physiquement. Définitivement inacceptable.
Un peu plus de deux mois plus tard, cet épisode sera définitivement effacé par la joie d’une deuxième victoire en Coupe de France. Après avoir éliminé Monaco puis Marseille, le Stade rennais se défait de l’Olympique lyonnais en finale (1-0).
Marcel Aubour, lui, est devenu le héros de cette épopée, décisif lors de la série de tirs au but qui scelle la demi-finale remportée face à Marseille. Les quolibets de Mantes sont alors sans doute bien loin dans l’esprit d’Aubour, porté en triomphe par les spectateurs du parc des sports de la route de Lorient.
- Source récit et photos : camantes.iougs.com
Louis G
20 janvier 2011 à 15h18A lire cet article ,tout peut arriver !!!... il ne faut pas que le Stade Rennais aille dans la banlieue lyonnaise en pensant que le match est gagné avant de l’avoir commencé !!...car maintenant il n’y a plus de match retour de rattrapage !...les joueurs de Vaul-en-Velin seront super motivés ; les joueurs du Stade Rennais ne pourront pas se comporter en « touristes » !!...
dydyer
20 janvier 2011 à 16h11J’y étais à ce match !
J’y suis allé avec mon père, qui m’a transmis tout petit le virus du supporter du Stade Rennais.
J’avais 9 ans à l’époque, je n’ai donc qu’un vague souvenir du match, sauf effectivement de l’histoire de cet étrange pénalty.
Je n’avais pas tout compris, mais Rennes avait gagné et c’était pour moi l’essentiel ...
En espérant que l’on puisse de nouveau la gagner prochainement cette fameuse coupe de France !
Car j’étais également au SDF en 2009 pour la finale contre Guingamp, et cela me reste quelque peu en travers de la gorge ...
Allez Rennes !
rob
21 janvier 2011 à 11h07le stade de rennes est prévenu, les coupes en général ont toujours leurs lots de surprises ( c’est ce qui fait le charme des coupes ) . Bien sùr que VAULX-en-VELIN doit etre pris très au sérieux . Mais je pense que si on joue avec sérieux,avec intelligence, et surtout avec patience celà doit passer mais faisons quand meme très attention !!!!!!! car ily a tourjours des surprises et vous savez comme moi sur un match tout le monde peut battre tout le monde .Jouons comme en ce moment et celà passera ALLEZ RENNES
patote
21 janvier 2011 à 13h25finale 1971 a Colombes j’y étais ca reste un tres bon souvenir !!!!!!
nounours35
21 janvier 2011 à 14h59Bonjour à tous,souvenirs _souvenirs,à l’époque j’étais en primaire et avais suivi la rencontre à la radio.Tout cela pour rappeler qu en C D F rien n’est gagné d’avance et que tous les matchs sont des finales.
ALLEZ RENNES
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