Stade Rennais Online

Une fin de saison à la Hitchcock

ljungberg15 23 mars 2007 à 19h51

À neuf journées de la fin du championnat, tout reste possible. À seulement quatre points du troisième (Bordeaux), le succès face au PSG a permis aux Rennais de recoller au peloton et d’y croire. Quels sont les atouts et les chances du Stade Rennais ? L’équipe est-elle en position favorable pour la fin de saison ?

Une animation offensive retrouvée ?
Lors du match contre Paris, on a vu une équipe qui s’est procurée pas moins de cinq grosses occasions. Mais à chaque fois, un magistral Landreau faisait opposition, comme sur le duel gagné contre Thomert, Utaka en première période, ou encore Briand en début de seconde période. L’animation offensive était réellement satisfaisante. En deux ou trois passes, les attaquants rennais se sont retrouvés en un contre un (que ce soit face à Landreau ou à un défenseur). L’explosivité des trois attaquants (Briand, Utaka et Thomert) sont de réels atouts offensifs. Et si le club avait un vrai finisseur, le ratio de buts marqués / nombre d’occasions serait bien meilleur.

L’équipe peut notamment compter sur la révélation Jimmy Briand. On connaissait tous son potentiel, mais il a été longtemps barré par Frei, puis par Utaka l’an passé. Cette saison, il a su saisir sa chance, profitant des maladresses de Moreira et d’Utaka. Son style de jeu est une réel plus pour l’équipe. Combatif, explosif, appels de balle, dribbles, vitesse, le jeune attaquant tente des gestes de plus en plus incroyables. Comme cette talonnade dans la course de Thomert qui permet de mettre à défaut toute la défense parisienne en une passe. Ou encore cette occasion qu’il s’est procurée en début de seconde période face à Landreau : un appel de balle parfait, une protection de balle intelligente qui empêche Traoré d’intervenir. Jimmy est vraiment en train d’exploser et il a encore une marge de progression intéressante. Un avenir en bleu pourrait venir récompenser son activité, d’autant plus que certains attaquants n’ont plus la côte chez Domenech, à l’instar de Trézéguet.

Une autre satisfaction concerne Thomert, qui a joué un match entier pour la première fois. Et physiquement, l’ancien lensois a tenu et s’est même montré dangereux en faisant parler sa vitesse et sa percussion. La fin de saison devrait être positive pour celui qui a longtemps cherché à partir de Lens.

L’animation offensive vient surtout récompenser le gros travail au milieu de terrain de Cheyrou, Mbia et Sorlin qui ont récupéré et intercepté pas mal de ballons dans l’entrejeu. Un jeu physique de Mbia, un travail défensif régulier de Cheyrou ont été à l’origine des contres rennais. Même si la qualité de relance du jeune camerounais est encore un peu juste, Stéphane Mbia peut devenir « LE » vrai milieu récupérateur que Rennes attendait depuis longtemps, un peu comme Essien à Lyon. Son travail, sa puissance physique et son abnégation ont été récompensés face au PSG, même s’il aurait pu écoper de cartons jaunes sur ses coups de coude. Le milieu de terrain rennais doit donc commettre moins de fautes et posséder moins de déchet technique dans son jeu pour véritablement s’imposer comme le patron du milieu de terrain.

Retrouver une efficacité offensive par le milieu de terrain !
Si l’animation offensive est de plus en plus intéressante, il manque cependant ce petit brin de réussite. En attaque ? Non, pas forcément... Quand on observe le jeu des grandes équipes, on se rend compte que plus de la moitié des buts sont marqués par le milieu de terrain (voire par les défenseurs) : c’est notamment le cas de Lyon (22 buts pour Tiago, Juninho, Källström et Malouda) ou de Lens avec notamment les 9 buts de Keita. Quand on regarde le milieu de terrain rennais, ce sont les attaquants qui marquent le plus ! Pas illogique après tout, mais quand les attaquants sont en manque de confiance, c’est toute l’équipe qui bloque puisqu’elle ne parvient plus à marquer. Ces dernières saisons, Rennes possédait un milieu de terrain capable de marquer avec Gourcuff, ou Källström.

Pourquoi les milieux de terrain rennais n’arrivent-ils donc pas à marquer plus souvent ? La réponse pourrait venir du positionnement de leur meneur, qui joue trop bas. Contre Paris, Sorlin était chargé de mener le jeu et a plutôt bien réussi à se démarquer sans trop de difficulté. Sauf que derrière, le milieu ne suit pas. Lors des raids solitaires d’Utaka ou de Briand, il y avait peu de solutions de passe en retrait. Comme sur le boulevard laissé à Edman, qui était contraint de centrer pour Briand. Et derrière, le milieu le plus proche de lui était dans son dos. Dans ces conditions, il est alors difficile d’avoir un milieu de terrain aussi prolifique en buts comme à Lyon où les Tiago et Juninho n’hésitent pas à se positionner à l’entrée de la surface systématiquement sur un débordement ! Le milieu de terrain du Stade Rennais est donc encore trop défensif et à la traîne. D’ailleurs, lors des contres rennais, le milieu se contente trop souvent de relancer la balle proprement en profondeur, mais ne suit pas. Dommage car il s’agit d’une solution intéressante pour se procurer des occasions de buts. Même si l’on voit de plus en plus les Rennais à la retombée de la balle sur les seconds ballons, le bloc n’est pas encore suffisamment solidaire de l’attaque. Maintenant que l’assise de la défense est en place, le prochain palier à franchir concerne donc le bloc du milieu. S’ils parvenait à mieux sentir le jeu et à faire plus d’appels sur les débordements, Rennes pourrait véritablement devenir un sérieux outsider.

Une infirmerie qui se vide
Le club va devoir maintenir son niveau de jeu durant les trois prochaines semaines où ils ne disputera aucun match officiel. Les matches internationaux pour le week-end du 24 mars, la finale de la Coupe de la Ligue de Lyon le 31 mars vont permettre aux Rennais de récupérer des blessés certes, mais aussi de peaufiner les entrainements. Le manque de compétition d’ici à la réception de Lens le 7 mars est un véritable handicap pour le club. Même avec les matchs amicaux.

D’ici là, les Rennais devraient retrouver Didot et Marveaux. L’infirmerie, un temps squattée par la défense (Bourillon, Jeunechamp, Mensah, Melchiot, Edman) commence à se vider. Bonne nouvelle donc, notamment pour Jeunechamp qui commence à courir. Ce qui est sûr, c’est qu’on pourra voir Thomert à son meilleur niveau physique d’ici la réception de son ancien club.

… mais un calendrier difficile par rapport aux concurrents !
Si la qualité de jeu et la fraîcheur physique sont un plus incontestable pour les Rennais, le calendrier s’annonce toutefois difficile. En effet, les Rennais se déplaceront cinq fois et ne recevront que quatre fois. De plus, les Rennais vont jouer les gros (Lyon, Lens, Bordeaux, Lille) et devront se méfier des équipes qui se battent pour le maintien (Troyes et Nantes). La réception du Téfécé n’est pas à prendre à la légère non plus. Il faudra donc que Rennes joue tous les coups à fond, comme contre le PSG. Mais le Stade Rennais s’en sort plutôt bien contre les équipes qui jouent bien (7 points pris sur 12 possibles contre les Lyon, Lens, Bordeaux et Lille) aussi cela laisse t-il des espoirs pour un sprint final passionnant. Il ne faut cependant pas s’enflammer, car lorsque l’on regarde le calendrier des prétendants aux strapontins européens, on se rend vite compte que les autres équipes ont de bien meilleurs calendriers.
Ainsi, Sochaux (5ème, 43 points) recevra Nice, Lorient, Valenciennes, Monaco et Saint-Étienne, des adversaires à leur portée, surtout au vu de leur euphorie face à Toulouse (4-2). Quatre déplacements à Lille, Marseille, Troyes et Nancy permettent aux Sochaliens d’espérer empocher six points sur ces quatre matches.
Quant aux Olympiens de la Canebière (8ème, 42 points), la plupart de leurs adversaires sont prenables, avec la réception de Lille, Troyes, Sochaux, Nancy ou encore Sedan ! Des matches qui tombent à pic puisque l’OM semble avoir retrouvé son dynamique de début de saison, et surtout joueurs en confiance comme Nasri et Niang, qui seront de sérieux atouts offensifs. Le retour très prochainement de Ribéry devrait également pousser Marseille à faire une fin de saison pleine d’espoir.
Les Lillois (4ème, 43 points) avec 14 points pris sur 39 possible (13 matches) restent sur une dynamique peu flatteuse. En effet, les hommes de Puel n’arrivent pas à enchaîner les bons résultats (3 victoires, 5 nuls et 6 défaites) et stagnent depuis quelques journées. Cependant, peu d’équipes du haut du tableau connaissent une période de flottement très longue. Il ne serait donc pas surprenant de voir une bonne fin de saison des Lillois, même si leur calendrier semble assez difficile (Marseille, Saint-Étienne, Valenciennes pour le derby, Sochaux, Monaco, Rennes, Auxerre). Il ne suffirait qu’une seule victoire convaincante pour que les Nordistes ne retrouvent leur meilleur niveau.
Bordeaux (3ème, 44 points), heureux troisième du classement aura surement l’un des calendriers les plus chauds. Tenez vous bien, car les équipes que va affronter Bordeaux sont pratiquement toutes impliquées dans la course à l’Europe : Auxerre, Saint-Étienne, Lens, Rennes, Toulouse, Le Mans. La réception du PSG et de Nantes pour le choc de l’Ouest n’a rien de trivial non plus. Ainsi, les Girondins risquent de perdre leur troisième place rapidement, surtout qu’ils termineront la saison par deux déplacements successifs. Et quand on sait que Bordeaux n’est pas très heureux en déplacement (3 victoires, 3 nuls et 8 défaites !), les Girondins devront faire le plein à domicile pour espérer accrocher une place européenne.

Le Stade Rennais a donc un espoir pour finir en haut, mais les joueurs devront faire le jeu et être plus efficaces pour enchaîner une série qui leur permettrait de grimper dans la hiérarchie. Le retour de Didot, l’explosion de Briand et l’impact de Thomert devraient être de sérieux arguments pour le Stade Rennais. Qui a dit que les "Rouge et Noir" jouaient le maintien ?

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