C’est votre nouvelle rubrique sur Stade rennais Online. Passé chez les jeunes du SRFC et aujourd’hui éducateur au CO Pacé, titulaire du BEF et membre de la commission technique du District de football, Théo Rauzy vous donne quelques clés tactiques observées lors des rencontres du Stade rennais. Suite à la victoire face à Troyes, voici l’oeil de Théo.
On va finir par s’y habituer. Après la défaite à l’extérieur à Paris, Rennes retrouvait son costume de favori à l’heure d’accueillir Troyes. Encore une fois, les Rouge et Noir ont joué une belle partition et un refrain bien connu du Roazhon Park : du jeu, des buts et une victoire tout en maîtrise (4-1). Analyse.
LES COMPOS :
Rennes (1-4-4-2) : Gomis – Meling, Aguerd, Omari, Traoré – Terrier, Santamaria, Majer, Bourigeaud – Guirassy, Laborde
Troyes (1-5-3-2) : Gallon – Conté, Palmer-Brown, Rami, Salmier, Kaboré – Chavalerin, Tardieu, Kouamé – Baldé, Ugbo
Avec une guirlande d’absents, les options étaient réduites pour Bruno Génésio et son staff, la seule incertitude étant de savoir qui remplacerait l’habituel titulaire Jonas Martin. Le choix était donc fait de démarrer en 1-4-4-2 en rajoutant un attaquant, en l’occurrence Serhou Guirassy, titularisé pour la 1ère fois en L1 depuis la J6 à Marseille.
En face, Bruno Irles voulait se rassurer en démarrant avec cinq défenseurs, comme le nombre de buts encaissés par des Troyens humiliés à Brest le week-end précédent.
Sans surprise, Rennes impose tout de suite sa domination et son style. Peu importe le système de jeu, l’animation reste totalement fluide et liquide, les joueurs ne cessant de « dézoner de partout » et de permuter comme évoqué par Bourigeaud à la mi-temps.. Les Bretons prennent soin du ballon et ne gâchent aucune possession, réussissant presque à chaque fois à progresser sur le terrain pour créer des situations plus ou moins dangereuses.
Ne réussissant pas à récupérer le ballon haut sur le terrain, les Aubois subissent le contre-pressing Rennais et peinent à emmener le ballon proprement dans le camp adverse.
Malgré leur volonté de ressortir le ballon au sol, ils ne trouvent pas plus de succès sur les sorties de balles arrêtées où Rennes défend de manière très agressive et sans concessions, en 1v1 sur tout le terrain.
On peut d’ailleurs jouer au jeu des 7 différences sur les deux exemples ci-dessous qui finiront à chaque fois sur ballon récupéré dans le camp adverse en moins de cinq secondes. La première situtaion mènera d’ailleurs au corner amenant le 1er but rennais.
Guirassy suit les déplacements de Tardieu en milieu décroché tandis que les 3 autres offensifs rennais prennent en charge les 3 centraux adverses. Meling et Traoré sont chargés de sortir jusqu’aux pistons adverses. Santamaria et Majer également en marquage individuel dans un premier temps pour dissuader les passes, puis le Croate vient apporter de la densité côté ballon une fois le ballon mis en jeu. Omari et Aguerd n’apparaissent pas sur l’image mais sont au marquage des deux attaquants troyens.
Fort logiquement, Rennes ouvre donc le score à la 13ème minute par Guirassy, opportuniste pour reprendre victorieusement le ballon renvoyé par Gallon suite à une tête de Traoré. Un but qui ne doit rien au hasard, le staff rennais ayant sûrement identifié une zone prioritaire à attaquer pour Traoré, ce qui a été répété plusieurs fois dans le match. L’attaquant double même la mise sur une délicieuse passe décisive de Meling, à la suite d’un coup-franc renvoyé par le mur.
L’effet hypnotique du ballon… Les 10 joueurs de champ troyens remontent (doucement) vers le ballon et tardent à se replacer dans la largeur, permettant à Majer de trouver Meling plus facilement.
4 secondes plus tard, les Troyens une nouvelle fois trop attirés par le ballon sont en sous-nombre à la réception dans l’axe de leur but.
Guirassy, Aguerd, Terrier et Laborde (pas sur l’image) attaquent le but. Rami suit le mouvement du ballon laissant Palmer Brown seul pour protéger le but. Guirassy gagne son duel aérien et marque.
Contre le cours du jeu les joueurs de Bruno Irles parviennent cependant à réduire l’écart sur corner, où des Rennais défendant en zone se font surprendre au 2ème poteau (zone faible chez les Rennais) par un Ugbo totalement seul, Traoré préférant reculer sur sa ligne plutôt que de jouer le duel.
Le reste du match voit les Rouge et Noir rester maîtres de leur sujet malgré quelques ballons plus vite gaspillés et des Troyens pointant timidement le bout de leur nez à de rares occasions, sans toutefois cadrer une seule frappe jsqu’à la fin du match…
A l’abord du dernier quart d’heure, les Bretons font le break à la suite d’un but collectif magnifique (les 10 joueurs de champ touchant le ballon sur une action de moins de 30 secondes) conclu par Terrier. Un but rêvé semblant tout droit sorti du cahier au terme d’un enchaînement exécuté à la perfection (qualité des passes, jeu en une touche, mouvement, timing…) mais qui n’est pas si surprenant pour ceux ayant pu être attentifs à l’échauffement d’avant match au Roazhon Park où les joueurs ont répété une grande diversité de cheminements avec une fluidité impressionnante.
En fin de match Laborde finira par enfoncer le clou sur pénalty pour sceller la victoire Rennaise.
Pour finir, jetons rapidement un œil à l’animation offensive rennaise hier qui fut intéressante sous bien des aspects. Si les joueurs ont comme d’habitude jouit d’une très grande liberté de mouvements et de dézonages, on a pu constater à quel point les hommes de Bruno Génésio ont constamment attaqué depuis le côté droit, avec toujours un grand nombre de joueurs affluant dans cette zone. Plusieurs raisons à cela, notamment liées au profil des joueurs selon moi :
Mais surtout, il faut souligner le rôle de Martin Terrier, qu’on pouvait penser occuper un peu plus le couloir avec déjà deux attaquants axiaux alignés. Or, comme à son habitude quand Rennes ne joue qu’avec un seul avant-centre, il a totalement délaissé le couloir sur les phases avec ballon pour occuper une position axiale, en soutien des attaquants.
C’est d’ailleurs depuis cette position qu’il s’est créé ses meilleures occasions :
Majer attire deux joueurs sur lui et joue en retrait pour Bourigeaud. Ce dernier sert Terrier dans l’espace libre mais l’ex-Strasbourgeois manque le cadre.
Jeu à 3 en appui-remise pour trouver Majer face au jeu. Ce dernier décale Terrier qui, depuis une position axiale, voit sa reprise de volée repoussée par le gardien troyen.
Terrier reçoit le ballon, élimine Tardieu d’un petit pont et frappe. C’est au-dessus.
Terrier part d’une position axiale. Son appel vers le but fait reculer Salmier et permet de libérer l’espace de passe de Majer pour Meling. Le numéro 7 rennais poursuit sa course et conclut l’action au 1er poteau.
Si le Stade Rennais a donc encore une fois régalé son public, il faudra être maintenant capable de répéter ce genre de prestations à l’extérieur dès vendredi prochain à Montpellier pour mettre fin à une série de 4 défaites en déplacement…
A la semaine prochaine !
Par Théo Rauzy
Crédit Photo : Prime Video
candide
22 février 2022 à 11h13C’est beau d’avoir une culture footballistique à partager, ça nous change des grattes papier qui se prennent pour des experts infaillibles.
maurice
22 février 2022 à 12h15Très bonne analyse de Théo qui souligne la belle performance de Rennes par des exemples très concrets contrairement à certains avis négatifs allant jusqu’à parler de « on ne retiendra que le score ».
Je le rejoins totalement sur le fait que le système mis en place n’a que peu d’importance et que l’essentiel est la capacité des joueurs à se déplacer dans les bons espaces afin de créer les décalages, la fameuse fluidité du jeu rennais que peu d’équipes de ligue 1 possèdent réellement.
Par contre, c’est bien ce système de jeu très énergivore qui occasionne les fameuses « baisses de régime » propres à un jeu de possession lié à une récupération instantanée du ballon à sa perte.
Nous devrions tous nous réjouir de supporter une équipe avec une telle « philosophie de jeu ».
Sebde3
22 février 2022 à 13h07Même un supporter troyen apprécie l’analyse sportive. Bravo pour l’article.
Yann50
22 février 2022 à 13h12La fameuse phrase le système n’est rien ce qui compte c’est l’animation a tout son sens avec ce stade rennais là en mouvement perpétuel avec des joueurs pas forcément très athlétiques mais toujours en mouvement...en revanche dès que ça bouge moins on est tout de suite en danger... mais c’est magnifique...on va finir par ringardiser le jeu à la nantaise de Mr suaudeau...dans le match on a par séquence un 442 a plat en losange et un 433 avec l’apport de guirassy... Santa Maria a fait un bon match dans son vrai rôle de colmater de brèches...bon courage Mr genesio avec le retour de Jonas Martin...
Lolo
22 février 2022 à 13h33Impressionnant quand on voit l’image arrêtée sur le 2ème but
10 joueurs troyens tous groupés
Incroyable à ce niveau
Merci très intéressant les images arrêtées
François
22 février 2022 à 14h56La créativité de l’animation offensive est un pur régal, encore jamais vue au SRFC. Le troisième but est barcelonesque (de l’époque Guardiola, lui-même largement inspiré par le duo Johan Cruyff/Rinus Michels du grand Ajax). Et que dire du deuxième, avec un ballon qui ne touche pas terre. Réjouissons-nous et souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps notre 9 s’appelait Giovanni Sio et notre entraîneur Montanier ! Cela permet de relativiser certains commentaires un peu chagrins...
Je me répète, semaine après semaine, mais ce n’est pas grave : bravo à Théo Rauzy et Thomas Rassouli pour leur travail.
CondateFan
22 février 2022 à 19h24Tell un expert, l’art palette de Théo vise une nouvelle fois en plein dans le mille.
Et on comprend fort logiquement pourquoi Troyes a paumé.
Ou comment les aubois se sont pris un vent.
Le tout illustrées par les jolies notes de Monsieur Rauzy.
tetel46
23 février 2022 à 09h13Excellente rubrique de Théo Rauzy qui en disséquant l’action de but rend facile sa compréhension.Pour le reste, sur la rubrique précédente , plusieurs remarques sur les temps faibles et les temps forts.Il paraît compliqué voire impossible de jouer tout un match à 100 à l’heure ,même les grosses cylindrées connaissent des coups de moins bien pendant un match.Pour nous la solution ne serait-elle pas de tuer le match plus vite.Dimanche on s’est promené la première demi heure...mais on a marqué que 2 fois et on en a vendangé au moins autant.Si on est à 4-1 à la mi-temps , c’est clair que le moral de l’adversaire en prend un coup et on peut jouer à la baballe plus tranquillement pendant notre inévitable temps faible.C’est un peu ce qu’ réussi Nantes samedi.
Un résultat à Montpellier !! Allez Rennes.
thabor35
23 février 2022 à 18h25Bravo pour l’article et votre sens critique"positive" à pleine lucarne
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