C’est votre nouvelle rubrique sur Stade rennais Online. Passé chez les jeunes du SRFC et aujourd’hui éducateur au CO Pacé, titulaire du BEF et membre de la commission technique du District de football, Théo Rauzy vous donne quelques clés tactiques observées lors des rencontres du Stade rennais. Après la victoire rennaise dans le derby face à Brest, voici l’oeil de Théo.
Dans une période délicate en championnat où les doutes semblaient peu à peu chasser les certitudes, le Stade Rennais, fort du retour de son public et de plusieurs de ses cadres recevait hier Brest pour le derby breton. Au terme d’un match globalement maîtrisé, les Bretilliens l’emportaient 2-0 pour continuer dans leur quête de qualification européenne, se replaçant à la 5ème place du championnat avant d’affronter le PSG vendredi prochain. Analysons ensemble le match de nos Rouge et Noir.
Rennes (1-4-3-3) : Alemdar – Meling, Aguerd, Omari, Traoré - Martin, Santamaria, Majer, Bourigeaud - Terrier, Laborde
Brest (1-4-4-2) : Bizot – Duverne, Hérelle, Chardonnet, Pierre-Gabriel – Belaïli, Belkebla, Magnetti, Honorat – Mounié, Le Douaron
Exceptée la présence de Santamaria à la place de Tait, retour de l’équipe « type » du SRFC avec Traoré et Aguerd bien présents, ainsi qu’un Majer à droite du milieu à trois. Brest se présente dans son 1-4-4-2 traditionnel, malgré les changements annoncés par Der Zakarian à la suite de la défaite à Nantes.
Si les joueurs de Bruno Genesio n’ont jamais renié leur identité même au cœur d’un début d’hiver difficile niveau comptable, les Rennais ont récité leurs principes de jeu d’une manière fort convaincante lors d’une première mi-temps de grande qualité, offrant des réminiscences des meilleures prestations de la saison. Ainsi, nous avons pu observer quelques principes très clairs hier, entre autres :
Martin s’intercale entre ses deux centraux et crée un 3 contre 2 pour relancer. Meling et Traoré se positionnent dans la largeur et dans le dos des milieux excentrés adverses. Santamaria et Majer sont disponibles devant la ligne de milieu tandis que Terrier se rend disponible derrière celle-ci, dans l’interligne. Laborde et Bourigeaud sont prêts à attaquer la profondeur.
Le cadre posé, les Rennais ont semblé évoluer à l’intérieur de celui-ci d’une manière complètement libre et franchement enthousiasmante.
« A l’état liquide, les molécules sont plus libres de se déplacer qu’à l’état solide, rendant le liquide déformable. Elles disposent d’une attractivité leur permettant d’interagir les unes par rapport aux autres, à l’inverse de l’état gazeux où les molécules se déplacent totalement aléatoirement » (professeur de Physique sous couvert d’anonymat)
Ces explications, bien qu’incomplètes, sont à mettre en parallèle avec l’impression de fluidité extrême dégagée par l’équipe de Genesio hier. Exceptées les phases défensives où les joueurs se sont organisés autour d’une structure plutôt rigide en 1-4-4-2 ou 1-4-5-1 (Majer descendant dans la ligne du milieu les rares fois où Brest a réussi à tenir le ballon dans notre camp), les Rouge et Noir ont semblé se mouvoir avec une grande liberté et en parfaite harmonie. Ainsi, Santamaria a joué tantôt relayeur, sentinelle, arrière gauche, attaquant intérieur, changeant de position avec Terrier, Martin ou Meling, tandis que le trio Bourigeaud-Majer-Traoré ne cessait de permuter. Le système n’a pas arrêté de se déformer à mesure que les joueurs interprétaient les différentes situations de jeu, avec la liberté de se déplacer en fonction de ce qu’ils observaient. Ce que Bourigeaud a d’ailleurs confirmé après le match ayant eu l’impression que les joueurs se « compensaient naturellement ».
On a pu observer à de nombreuses reprises les joueurs prendre l’information non seulement par rapport à l’adversaire mais surtout les uns par rapport aux autres afin de proposer des mouvements contraires, des changements de positions et d’arriver en mouvement dans des zones libérées, comme ici :
Martin reçoit le ballon avec du temps pour jouer vers l’avant. Laborde emmène Hérelle vers la touche et libère l’espace vers le but pour Terrier. Occasion énorme mais parade de Bizot.
Ici avec Santamaria et Terrier :
Santamaria emmène Belkebla avec lui par une course vers l’avant. Terrier lit bien la situation et décroche dans la zone libérée.
Ou là :
Majer attaque la profondeur et emmène un joueur avec lui, laissant à Bourigeaud la possibilité de décrocher et d’être trouvé par Omari. On remarque par ailleurs tous les différents principes de jeu énoncés plus haut.
Au-delà de ces quelques exemples, c’est toute l’équipe qui a semblé jouer un football varié et sans limite de postes, grâce à des joueurs capables de lire les situations et de les interpréter, plutôt que de répondre à des circuits pré-établis et stéréotypés.
Cependant, nous pouvons quand même poser quelques limites à cette belle impression :
Ainsi, c’est un Stade Rennais moins dynamique et plus hésitant qui s’est fait bousculer lors du second acte par les pirates brestois, décidés à ne plus faire de compromis pour éviter le naufrage. Malgré un Nayef Aguerd en mode patron (leadership impressionnant vu du Roazhon Park, faisant preuve d’une concentration de tous les instants, multipliant les gestes pour tenir sa ligne et parlant constamment à Alemdar pour le mettre en confiance), les Ty-Zefs ont fait reculer les Rouge et Noir en proposant un football direct et offensif, à l’aide d’une ligne de 4 attaquants. Avec un Stade Rennais un peu conservateur et moins décidé à jouer court en deuxième mi-temps, le bloc Rouge et Noir s’est distendu, favorisant le jeu de ramasse-ballon de Brestois présents en nombre dans le camp adverse.
A vos marques. Prêts ? Feu !!
Omari perd son duel aérien face à Satriano. Grosse densité brestoise à la retombée. Honorat récupère le ballon mais manque sa passe en profondeur pour Cardona.
Un remue-ménage qui n’aboutira cependant à aucune frappe cadrée des Finistériens, qui verront le Stade Rennais sceller le sort du match à la 90ème par Terrier, oublié au second poteau suite à une déviation de Badé sur corner.
Une victoire importante donc, permettant au Stade Rennais de se replacer au au classement avant le déplacement à Paris vendredi.
A la semaine prochaine, et… Bon vent !
Par Théo Rauzy
Crédit Photo : Prime Video
François
8 février 2022 à 10h19Bonne analyse. Le jeu sans ballon est sans doute, collectivement, ce qu’il y a de plus difficile à réaliser en football (pour y échapper, Guardiola met d’ailleurs tout de suite en place un contre-pressing étouffant afin de récupérer le ballon au plus vite). A cet égard, les deux dernières captures d’écran sont édifiantes et montrent le placement plus qu’hasardeux de nos joueurs. Quelle en est la raison ? Schémas tactiques non assimilés ? Déficit physique dû à la débauche d’énergie antérieure ? Déficit mental dû à la peur, le groupe sachant qu’il est fragile dans ce type de situations ? C’est un peu inquiétant pour la suite de la saison car l’équipe ne semble pas progresser dans ce jeu sans ballon.
maurice
8 février 2022 à 12h30François et Théo font une très bonne analyse du jeu rennais. En dehors de ce manque d’efficacité (ratio très nombreuses occasions versus buts) le jeu rennais est particulièrement séduisant dans les temps forts et Génésio n’a rien inventé mais a le mérite et l’audace de s’inspirer des plus grands tacticiens, ce qui génère cette fluidité dans le jeu (liquidité).
Ce qui fonctionne moins bien, c’est la gestion des temps faibles inévitables au regard de ce système énergivore et les espaces laissés à l’adversaire dans ces moments délicats.
Les grandes équipes ont la capacité à récupérer le ballon instantanément dès la perte de balle ; Rennes, sur certains matchs (PSG, Lyon) ont su le faire, ce qui a littéralement étouffé l’adversaire. Mais pour cela, il faut que tout le bloc soit solidaire, concentré et soudé, ce qui n’a pas été le cas hier et contre Clermont.
Le manque de qualité offensive brestoise a permis à l’équipe de s’en sortir sans dommage mais tous les adversaires ne seront pas aussi transparents (Clermont)
En conclusion, réjouissons-nous d’avoir un entraîneur avec cette philosophie de jeu avec les lacunes qui en résultent ; si celles-ci était évacuées, nous serions devant le PSG, on a le droit de rêver.
candide
8 février 2022 à 18h05Vu sous cet angle technique, je pense qu’il faut reconsidérer les notes imaginatives décernés aux joueurs par des « correcteurs » qui n’avaient rien compris jusqu’alors. Ces notations peuvent être humiliantes pour des joueurs professionnels qui n’ont fait qu’appliquer les consignes de jeu de l’entraîneur. Seul ce dernier est habilité à décerner des bons points ou des mauvaises notes à ses joueurs. C’est une question de respect et de justice.
CondateFan
8 février 2022 à 20h00« Ah bah franchement, avec tout le liquide que j’ai lâché, c’est sûr que les joueurs ont plutôt intérêt à se bouger les molécules »
( propriétaire Proton du Stade Rennais, sous couvert d’anonymat)
Et ce fut le cas pendant les quarante cinq premières minutes.
Mais, malheureusement, en deuxième période, Majer, positionné en électron libre, a, tout comme le reste de l’equipe, manqué de gaz.
Suffisant pour atomiser Paris vendredi ?
manilalegrand
8 février 2022 à 23h21Je n’arrive plus à regarder pleine lucarne.
Il faut s’abonner ?
Anafal
9 février 2022 à 11h13c’est super intéressant les analyses de ce monsieur , allez j’ose , s’il pouvait aussi en faire avant les matchs , après coup c’est enrichissant, on se sent supporter « éclairé » , mais pourquoi ne pas se permettre d’en faire également avant une échéance ....Je pense notamment avant le match capital à la capitale dans 48heures , peut être que cela ne se fait pas ...Mais même si Genesio ou pochettino ou leurs staffs nous faisaient l’honneur de nous lire, je ne pense pas qu’ils détermineraient leurs tactiques au gré de nos avis.
Bon pour vendredi , pas d’autre issue que de jouer sur nos points forts ! l’attaque ! , si on met le bus ( le notre n’est pas hermétique ) c’est loupé !
perso, je remettrais sans doute les mêmes joueurs avec peut être sulemana pour les obliger a rester cantonné derrière, s’ils jouent avec un bloc haut, nous ne sommes pas assez sereins derrière , on finira comme le losc....Non on ne change pas notre façon de jouer !
peut e^tre se ménageront ils en prévision du Réal ; ; ;Donc allons y franco !
il ne faut pas avoir de regrets !
vivement vendredi !
maurice
9 février 2022 à 12h13D’accord avec Anafal, il faut jouer notre jeu, c’est à dire l’attaque car on ne sait pas faire dans la demi-mesure. Si on renouvelle la performance du match aller en tenant le ballon avec ce bloc haut et surtout soudé afin de récupérer le ballon dès la perte de balle, il y aura moyen de perturber le PSG ; être attentiste face à une telle équipe est perdu d’avance.
Le seul problème, et il est de taille, combien de temps pourrons-nous tenir un tel rythme car c’est souvent ce qui arrive face au PSG, leur maîtrise technique leur permet à un moment ou un autre de laisser passer l’orage et de prendre ou reprendre le contrôle du jeu avec le danger que cela peut représenter.
Vraiment dommage que Tait soit absent dans ce milieu où il avait bien gêné les parisiens au match aller par son activité incessante.
Mais avec cette équipe rennaise pleine de talent, il faut y croire.
Ajouter un commentaire