Recrue phare de l’été, Kamaldeen Sulemana est arrivé comme beaucoup avant lui avec l’étiquette du crack. Sauf qu’à 19 ans, l’international ghanéen a déjà empilé 4 buts en 11 matchs. Une bonne surprise pour les supporters du SRFC, qui n’en est pas une pour ceux qui l’ont connu au Danemark.
Appelez-le Kamaldeen. Lorsqu’on évoque l’ancien joueur de Nordsjaelland au Danemark, il n’est jamais question de son nom de famille. C’est par son prénom et avec affection que son ancien coach Flemming Pedersen évoque son désormais ancien joueur, dirigé entre février 2020, et mai 2021. « La première fois que je l’ai rencontré, c’était au Ghana en 2017 quand je suis allé l’observer. Ce qui m’a frappé c’était son accélération et son agilité, la vitesse à laquelle il arrivait à tenir la balle. » se souvient le technicien du FCN. Kamaldeen avait alors 15 ans et évoluait depuis 4 années à l’académie Right to Dream, au Ghana, plus précisément dans l’Eastern Region, à presque 300km de Techiman, sa ville natale. « C’est selon moi la meilleure académie en Afrique, ils nous apprennent à être bon humainement aussi bien qu’à bien jouer au foot. C’est un tout. Ils ont sorti de nombreux talents de toute l’Afrique. » témoigne aujourd’hui le principal intéressé. C’est à partir de là que le footballeur en herbe commence les aller-retours au Danemark où l’académie a ses bureaux, et tend à se familiariser avec cette nouvelle culture. « Je me suis vite fait au système danois, ils parlent couramment anglais. » confiait ce samedi l’attaquant désormais pensionnaire du Stade rennais. Les années passent au sein de l’établissement ayant également révélé Majeed Waris, puis vient le 15 février 2020. Kamaldeen fête ses 18 ans, et peut donc s’envoler définitivement pour le Danemark.
Arrivé à mi-saison juste avant l’arrêt des compétitions lié à la pandémie, le Ghanéen ne tarde pas à s’adapter, et marque 4 fois en 13 rencontres, prémisses de son aventure rennaise. « Il a fait preuve d’une maturité remarquable lorsqu’il est arrivé au Danemark il y a près de deux ans. Il n’a pas eu besoin non plus de temps pour s’adapter à la vie ici. » confie Jonas Schwartz, ancien joueur professionnel danois désormais commentateur pour Viaplay et TV3 Sport. « Il a un caractère fort, une grande confiance en lui, mais aussi conscience que sans un travail acharné, tu ne peux pas maintenir un niveau élevé. » Et maintenir le niveau, Kamaldeen sait faire. Lors de la saison 2020-2021, il score 10 fois et délivre 8 offrandes en 30 matchs. « Souvent je l’utilisais à gauche, mais quand il s’est développé, on a pu le replacer en numéro 9, avec plus de liberté. » confie Flemming Pedersen. « Il pouvait avoir plus de situations, notamment entre les lignes, et prendre la profondeur, et devenir créateur de jeu. C’est un très bon joueur en un contre un, donc pour le développer on l’a mis dans l’axe. »
De quoi mettre le Danemark à ses genoux, et l’Europe aussi. Florian Maurice, qui l’avait repéré dès ses premiers pas avec Nordsjaelland, du temps où il officiait encore à l’Olympique Lyonnais, prend les devants. Problème, l’Ajax Amsterdam est sur le coup. « La plupart des gens ici au Danemark s’attendaient à ce qu’il aille à l’Ajax, principalement parce que l’Ajax a une longue histoire avec les plus grands talents du championnat danois, comme le dernier en date Mohamed Daramy du FC Copenhague. Mais Rennes a également une bonne réputation ici, c’est un bon premier pas pour lui dans un grand championnat. » approuve Schwartz, bientôt rejoint par Pedersen. « Je lui ai demandé ce qui était le mieux pour lui, il m’a répondu que c’était d’avoir du temps de jeu, mais il souhaitait aussi jouer la Ligue des Champions. L’Ajax jouait la C1, mais à Rennes il pensait qu’il pouvait avoir plus de temps de jeu. Pour moi c’est un choix intelligent car il avait ce feeling, et a choisi Rennes car il sentait qu’ils avaient confiance en lui, et qu’il jouerait. En France, les clubs n’ont pas peur de faire jouer les jeunes non plus. » Bruno Genesio ne dira pas le contraire, ayant pris le parti avec Maurice de composer pour un tiers son effectif de jeunes joueurs. Durant sa réflexion, Kamaldeen demande des avis, notamment celui de Michael Essien, ancien joueur de Lyon, Chelsea ou du Real Madrid aujourd’hui entraîneur adjoint à Nordsjaelland. Mais attention, prévient Pedersen. « Essien l’a conseillé, mais c’est difficile de conseiller Kamaldeen. Il écoute les avis, mais il prend sa propre décision. »
Direction Rennes pour Sulemana, qui s’engage pour cinq saisons en Bretagne, générant une indemnité de 15 millions d’euros. Le prix, le profil de joueur, l’âge ne sont pas sans rappeler un certain Jérémy Doku arrivé un an plus tôt, avec un retard à l’allumage. Le Belge toujours blessé, Sulemana assure sur le côté gauche du 4-4-2 de Genesio, au point de marquer son premier but pour sa première en Ligue 1, face à Lens le 8 août. Ajouté à son doublé face à Clermont puis le but de la victoire jeudi face au Vitesse Arnhem, Kamaldeen affiche déjà 4 pions au compteurs, en 11 apparitions. Surprenant ? Pas pour Flemming Pedersen. « Quand vous voyez ses capacités surtout physiques et techniques, c’est le haut niveau. Je ne suis pas surpris non plus car il a une bonne mentalité. Il sait comment il fonctionne et il reste très calme. » Dans un championnat plus dur, Sulemana s’adapte pour le moment à merveille, mais garde tout de même une marge de progression. « Il doit réussir à donner davantage de passes-clés. Il a l’oeil pour ça, mais souvent il manque de précision. Il doit aussi améliorer son pied gauche. » abonde Pedersen. Jonas Schwartz poursuit l’analyse. « Sa vitesse est extraordinaire, il est technique, dribbleur, mais comme beaucoup de jeunes joueurs, il doit apprendre à mieux lire les matchs, savoir quand il doit dribbler, ou jouer simple. Il est toujours un produit brut, et maintenant le travail consiste à le rendre plus sage également sans le ballon, améliorer son positionnement, mais sans perdre ce côté brut. Ici l’un des problèmes était qu’il voulait être impliqué tout le temps, il voulait le ballon, partait en profondeur pour l’avoir, et donc il n’était pas bien positionné sur le dernier tiers du terrain. »
A 19 ans, Sulemana continue de se perfectionner, dans un tout nouvel environnement. Venu seul en France, l’attaquant anglophone doit davantage composer avec la barrière de la langue, même s’il conserve de bonnes notions de Français. Au milieu du vestiaire, le jeune joueur s’est vite adapté confiait-il ce matin en conférence de presse, pouvant compter notamment sur un Birger Meling bilingue anglais. Décrit comme sociable par ceux qui l’ont connu, Kamaldeen pourrait même prendre une autre envergure une fois les repères pris. « C’est une sorte de leader, car il n’a jamais peur de dire ce qu’il pense. » admet Pedersen. « S’il n’est pas d’accord, il le dit. C’est plus que de la confiance en soi, mais il reste intègre. »
Si le Stade rennais a aujourd’hui retrouvé de la confiance, c’est en partie grâce au bon rendement de son nouvel élément offensif, profil unique de l’effectif, plein de promesses et d’ambitions. Rennes ne sera sans doute qu’une étape pour celui que Pedersen voit jouer la Ligue des Champions, et espère voir un jour disputer une finale de C1. Jonas Schwartz n’a lui « aucun doute sur le fait qu’il finira par jouer dans l’un des meilleurs clubs d’Europe d’ici deux ans. » Demain, Kamaldeen a rendez-vous avec l’une de ces écuries, le Paris Saint-Germain, sa pléiade de stars, et ses 8 victoires en 8 matchs de Ligue 1. « Je suis venu pour ce genre de match. Messi ou Neymar, je les regardais jouer quand j’étais petit, donc pouvoir être sur le même terrain qu’eux, c’est excitant et ça donne envie de tout donner pour montrer de quoi je suis capable. C’est un match que je rêvais de jouer. » Car depuis huit ans, Kamaldeen Sulemana s’est donné le droit de rêver. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter.
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— UEFA Europa Conference League (@europacnfleague) September 30, 2021
Rousseau vs Rousset
2 octobre 2021 à 15h34Excellent début de saison de kamaldeen ! Assurément un gros potentiel, et déjà plus décisif que Doku finalement. J’ai hâte de voir ces deux joueurs associés dans le 11 de départ de Pep G.
pheonal 58
2 octobre 2021 à 17h26Kamaldeen, pour moi , Une très bonne pioche pour le SRFC.
Un bon gars, attachant et qui joue naturellement .
Allez Rennes !
Yoyoceltik Ier
2 octobre 2021 à 18h13Toujours agaçant de lire que dans 2 ans il ne sera déjà plus là.
Les plans de carrières des joueurs professionnels m’exaspère au plus au point, et encore plus ceux que les « spécialistes » font à leur place.
Qu’ils se concentrent sur le moment présent déjà.
La LDC c’est avec Rennes qu’il faut la jouer nondidiou.
pertre
2 octobre 2021 à 20h46Sulemana fait un bon début de saison et s il confirme et même éclate au Stade il pourra jouer en Premier League avec un ancien rennais qui fait un tabac actuellement chez les rosbeefs… je veux parler de Doucoure pur produit rennais qui a cette année marqué 2 buts et fait quatre passes décisives… S il continue comme cela je le vois arriver d ici peu en Équipe de France… Il a fait encore un super match cet après midi… On ne parle beaucoup de lui mais c est pour moi la plus belle réussite actuelle de notre centre de formation…
CondateFan
3 octobre 2021 à 02h35« Kamaldeen Sulemana est arrivé, comme beaucoup d’autres avant lui, avec l’etiquette de Crack. »
Cela veut-il dire que Paris va devoir bâtir un mur pour le contrer ?
CondateFan
3 octobre 2021 à 02h48En attendant, merci à Thomas Rassouli pour cette article.
Parce que voyez-vous, je suis tombé ya pa si longtemps sur une page ou deux de SoFoot, ou France Football, je ne sais plus, bref, qui parlaient de cette académie au Ghana et de ses liens avec le Danemark, et vice versa. Mais pas un, pas un de ces magazines n’a mentionné Kamaldeen. Honte à eux. Alors là, du coup, Thomas, tu vois, c’est bien de rétablir la vérité et le parcours de Soulemana.
tetel46
3 octobre 2021 à 11h06Pertre ,totalement d’accord avec ta réflexion sur Doucouré.Ce joueur chez nous avait déjà un physique impressionnant mais une technique un peu rudimentaire.Je regarde régulièrement la Premier League et je trouve ses progrès fantastiques à Everton dont il est clairement un des leaders.Il a eu la malchance d’être chez nous à l’époque Montanier qui n’avait pas son pareil pour dégoûter les jeunes très doués.
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