C’est votre nouvelle rubrique sur Stade rennais Online. Passé chez les jeunes du SRFC et aujourd’hui éducateur au CO Pacé, titulaire du BEF et membre de la commission technique du District de football, Théo Rauzy vous donne quelques clés tactiques observées lors des rencontres du Stade rennais. Suite à la victoire face à Montpellier, voici l’oeil de Théo.
Après 4 défaites consécutives en déplacement, le Stade Rennais se déplaçait vendredi dernier chez un autre concurrent à l’Europe, Montpellier. Les hommes de Bruno Genesio espéraient donc enfin enchaîner deux victoires consécutives afin de ne pas laisser leur adversaire du soir revenir à leur hauteur.
Contrat rempli avec en prime un nouveau festival de buts et du spectacle, au terme d’un match à rebondissements. Analyse.
Montpellier (1-4-2-3-1) : Omlin – Oyongo, Cozza, Thuler, Souquet – Chotard, Ferri – Mollet, Savanier, Germain – Wahi
Rennes (1-4-3-3) : Gomis – Meling, Aguerd, Omari, Traoré – Santamaria, Martin, Majer – Terrier, Laborde, Bourigeaud
Le onze type du moment côté rennais donc, face à des Héraultais devant déplorer un certain nombre d’absences, notamment dans le secteur défensif, permettant à Thuler d’obtenir sa première titularisation.
Vous vous souvenez d’une mauvaise entame de match du Stade Rennais ? Moi, non. Le premier quart d’heure l’a encore confirmé vendredi, Rennes est plus essence que diesel. Le moteur chaud dès le coup d’envoi, les Bretons imposent tout de suite leur style habituel.
Les joueurs s’organisent autour du ballon pour apporter le plus de solutions au porteur sans grande notion de poste mais plutôt d’espaces à occuper ou à libérer. Le mouvement est perpétuel et fluide, le ballon est confisqué. De plus, en arrivant à ne pas perdre le ballon inutilement et à l’amener dans le camp adverse par des passes courtes, la reconquête du ballon perdu se fait plus aisée.
Ainsi, Terrier ouvre rapidement le score à la réception d’un centre de Traoré et d’une séquence de possession dantesque de 2’30 (!) durant laquelle les joueurs de Genesio enregistreront 40 passes sans que leurs adversaires n’en réussissent une (les Pailladins effectuent 4 tentatives d’interception/dégagement sur cette séquence mais à chaque fois le deuxième ballon est tout de suite récupéré par un Rennais).
Six mètres pour Montpellier et dernière passe réussie par les joueurs d’Olivier Dall’Oglio avant le but de Terrier 2’30 plus tard. A noter une nouvelle fois la pression mise sur les centraux par Laborde et Majer ainsi que le marquage individuel des milieux, avec ici Bourigeaud défendant à l’intérieur laissant Traoré sortir très haut sur le latéral adverse, Oyongo.
On notera également une nouvelle fois la très grande présence rennaise dans la surface. Au moment de conclure l’action et une image arrêtée assez cruelle pour les Héraultais :
Le pouvoir d’attraction de Majer et du ballon… Pendant ce temps 4 joueurs (+ Meling à la retombée) attaquent le but depuis l’axe de la surface face à 2 Montpelliérains totalement impuissants.
Les Rennais continuent sur leur lancée et marquent un deuxième but très rapidement, sur lequel le positionnement hybride de Ferri (organisant le jeu depuis une position de latéral droit sur les phases avec ballon, souvent pour rechercher un jeu direct vers ses attaquants ou vers Oyongo lancé à l’opposé) n’a pas aidé les hommes de Dall’Oglio à sécuriser le centre du terrain en contre-attaque. A noter aussi encore une fois l’importance de récupérer le ballon haut sur le terrain.
Ferri (entouré) en position de latéral droit n’a pas pu trouver ses attaquants situés assez haut sur le terrain. Chotard, hors de l’image, a la mauvaise idée de venir en soutien de Ferri, laissant le centre du terrain totalement désert. Traoré, toujours hyper réactif, enclenche déjà sa course vers l’avant et va profiter de la course de Bourigeaud (qui emmène Cozza avec lui) pour pouvoir jouer un 1v1 dans un grand espace. Son centre en retrait est conclu par Bourigeaud.
La suite verra Montpellier réduire le score contre le cours du jeu à la suite d’un ballon perdu un peu bêtement, Gomis jouant une relance longue à la main plein axe sur un Santamaria dos au jeu qui aurait bien refusé ce cadeau empoisonné. Les Pailladins prennent petit à petit confiance, dans un jeu de vases communiquant avec des Rennais moins en maîtrise. Wahi égalise même avant la mi-temps.
Rageant, notamment au regard de l’origine des buts, tout deux venant de longs ballons dans la surface depuis la droite, la zone préférentielle de lancement de Ferri et Savanier, ce dernier ayant d’ailleurs un peu trop de champ pour délivrer son centre sur le premier but d’Oyongo.
Au retour des vestiaires, Santamaria est à la retombée d’un ballon aérien disputé par Mollet et Bourigeaud et sert Majer qui, comme sur le deuxième but, trouve la passe simple et juste pour orienter le jeu (plutôt agréable d’avoir un joueur dont le sang se fait de plus en plus froid à mesure que le but adverse se rapproche non ?). Le magnifique travail de Terrier fait le reste pour obtenir un penalty transformé par Laborde.
Le reste du match est plutôt équilibré et Montpellier se procure même quelques occasions d’égaliser (j’en compte cinq, plus ou moins dangereuses) comme ici où, dans la minute qui suit le 3ème but rennais, les Héraultais se montrent dangereux sur une action typique de cette équipe :
A la suite d’une attaque sur le côté gauche, le jeu rebondit à droite vers Ferri. Les positionnements de Germain (à l’intérieur) et Souquet (très haut) ayant forcé Meling et Terrier à se replier sur l’action préalable, Ferri a du temps. Il renverse à nouveau le jeu dans le dos des Rennais vers Oyongo dont la reprise est détournée par Bourigeaud qui manque de marquer contre son camp.
Les résidents de la Mosson sont même encore plus proches d’égaliser quand Gomis sort à contretemps au-devant de Wahi lancé en profondeur ou un peu plus tard à la suite d’une barre puis d’un sauvetage sur sa ligne de Meling.
Ce sont finalement les Rennais qui font le break par Majer qui bonifie son triplé d’avant-dernières passes décisives (comment ça c’est tiré par les cheveux ?) avec un joli but à la suite d’un une-deux parfait avec Bourigeaud.
D’une manière assez inhabituelle, on a pu observer de manière quasi systématique (surtout à partir du 1er but adverse) que les Rennais ont privilégié des relances longues quand le ballon arrivait dans les pieds de leur gardien de but, Alfred Gomis.
Si les Montpelliérains ont essayé de dissuader les relances courtes en marquant les centraux quand Gomis avait le ballon, la solution n’est pas venue comme habituellement d’un milieu de terrain mais plutôt d’un jeu long vers les attaquants qui a rencontré pas mal de succès.
On peut penser que le fait que Gomis soit peu à l’aise pour relancer court ou mi-long vers ses latéraux (souvent avec des ballons pas assez tendus et qui tournent sur le côté) peut expliquer que les Rouge et Noir, avec le score en poche ont eu tendance à doser la prise de risque à certains moments. On peut aussi penser que ce n’est pas totalement un hasard et que cette option avait été prévue, au regard de la taille des Montpelliérains, avec un seul défenseur au-dessus d’1m80 et des milieux de poche.
Ainsi, les Rennais, et notamment le duo Terrier/Laborde très rapproché sur ces situations, ont été efficaces en gagnant leurs duels aériens ou en étant présents au deuxième ballon. Quelques exemples (non exhaustifs) :
Bloc montpelliérain avec l’intention de presser haut et de dissuader les relances courtes. Pas de prise de risque côté Rennais qui laisse beaucoup de joueurs en position haute sur le terrain, seul Martin attirant Ferri assez bas par un léger décrochage, créant de l’espace entre les lignes pour profiter du deuxième ballon…
…qui est finalement gagné par Terrier suite au duel Cozza/Bourigeaud. Dans la continuité, occasion de but pour Rennes par Santamaria qui voit sa frappe détournée par Omlin.
Un autre exemple ici :
Laborde est trouvé par Gomis et remet le ballon de la poitrine à Majer, face au jeu.
Ou ici en première mi-temps sur un ballon d’Aguerd cette fois-ci
Remise de Terrier pour Laborde, face au jeu.
Rennes ajoute donc une corde en plus à son arc en étant capable de s’installer parfois dans le camp adverse de manière plus directe mais toujours réfléchie. Ne doutons pas cependant que les Rennais sauront ne pas en abuser dans d’autres contextes et avec des adversaires plus forts dans ce domaine.
Rendez-vous la semaine prochaine avec une victoire à bonifier contre Angers !
Par Théo Rauzy
Crédit Photo : Prime Video
CondateFan
1er mars 2022 à 22h43Voilà donc Rennes aussi impressionnant à l’exterieur qu’à la mosson.
À confirmer dimanche.
CondateFan
1er mars 2022 à 23h24Et puisque le Vardy c’est permis, alors autant vous dire tout de suite qu’il va falloir être sacrément Burnley, et plus encore, pour pouvoir aller titiller cette équipe de Leicester.
Espérons que notre paire de devant, performante en championnat, soit en grande forme dans le Midland.
maurice
2 mars 2022 à 14h20Belle démonstration de la diversité du jeu rennais qui est loin d’être stéréotypé, la preuve avec ce jeu long sur les attaquants, décontenançant l’adversaire.
A noter que les deux buts montpelliérains sont deux centres ratés ; le premier est détourné malencontreusement par Omari et le deuxième est repris miraculeusement par l’attaquant qui ne sait toujours pas comment il a fait pour marquer ce but venu d’ailleurs que bon nombre de défenseurs auraient concédé.
Tout cela pour faire remarquer que dans le jeu, il n’y avait pas photo entre les deux équipes.
pshitt
2 mars 2022 à 14h59Complètement d’accord avec Maurice , nous avons un jeu très varié qui s’adapte à quasi toutes les équipes de Ligue1 . Nous sommes très bon contre les équipes « faibles » et les « grosses équipes » qui proposent du jeu (Paris Lyon Montpellier ), Pour être encore plus compétitif il ne reste plus qu’à s’améliorer contre les « grosses » ( (Nice,Lille,Marseille,Monaco) et « moyenne » (Reims,Angers) qui ne se livrent pas , 1er test dimanche contre Angers et contrairement à certains je pense que M Génésio a un très bon QI qui va lui permettre de règler certains soucis rencontrés contre ce type d’équipes . En tout cas pour l’instant on se régale et cela suffit à mon bonheur de supporter .
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