Hadji : échec et mat

Transfert. Comme à l'issue de sa première période rennaise (juin 2005 - janvier 2007), Youssouf Hadji quitte le Stade rennais sur un échec. Repositionné dans l'axe, l'international marocain n'a que moyennement convaincu, et l'arrivée de Mevlüt Erding, conjuguée à l'absence de qualification européenne, ne lui promettait qu'un temps de jeu réduit en 2012-2013. C'est au Qatar qu'il continuera sa carrière.

Le transfert n’a pas été officialisé par le Stade rennais, mais au vu du léger sourire affiché par Youssouf Hadji sur le site web officiel d’Al-Arabi, et des dirigeants locaux qui posent à ses côtés, il ne fait guère de doutes que l’attaquant marocain va poser ses valises dans le lucratif championnat qatari.
À 32 ans, l’ancien nancéien s’engage pour deux saisons dans le Golfe persique, quittant un championnat de France où il a évolué sans discontinuer depuis 1999. Treize années durant lesquelles l’attaquant aura mené une honnête carrière, cumulant près de 400 matchs disputés, et plus de 80 buts marqués. Fidèle, Hadji a surtout évolué à l’AS Nancy, son club formateur, ne jouant sinon que deux ans à Bastia, et deux ans et demi au Stade rennais.

Pièce de rechange

Fin août dernier, c’est sans esprit de revanche que Youssouf Hadji avait retrouvé les Rouge et noir. De son premier passage, manqué, en Bretagne, l’international marocain semblait avoir oublié le négatif, ces derniers mois difficiles où il avait été cantonné au banc de touche par Pierre Dréossi. « Je sais où je mets les pieds, expliquait-il sobrement. Depuis quelques saisons, Rennes s’est régulièrement hissé dans le haut du tableau. C’est un club très ambitieux et je sais aussi qu’il y a vraiment quelque chose à faire ici ».
Heureux de revenir, c’est un Hadji plus expérimenté mais aussi repositionné qui revient au Stade rennais. En l’espace de cinq ans et demi à Nancy, le joueur était passé dans l’axe avec un certain succès, marquant 37 buts en Ligue 1 en l’espace de quatre saisons (de 2007-2008 à 2010-2011). « C’est ça le vrai changement, et je suis là pour en inscrire d’autres. Je crois savoir que l’on m’a recruté pour ça », fait-il remarquer.

En effet, depuis le départ de Gyan un an plus tôt, le Stade rennais se cherche désespérément un buteur. Montaño ayant déçu dans ce rôle, la cible principale des recruteurs rennais se nomme Mevlüt Erding. Mais le PSG pose un lapin dans les derniers jours du mois d’août et, obligé de se retourner rapidement pour offrir un renfort offensif à Frédéric Antonetti, le Stade rennais opte pour Youssouf Hadji.
N’être qu’un "plan B", le joueur ne s’en offusque pas. « Quand un club veut recruter, il y a toujours une liste de noms, avec un choix numéro un et quelques autres derrière. Je figurais dans cette liste et je pense que beaucoup de joueurs auraient également aimé s’y trouver. J’ai la chance que cela se soit concrétisé et je ne pense plus au reste. Mon seul souci, c’est d’être le plus efficace possible », explique-t-il, philosophe.

Échec et mat

Mais l’échec au roi de sa première période rennaise prend rapidement l’allure d’un échec et mat au début de la seconde. Recruté pour apporter une touche technique au poste de numéro 9 - clairement le point faible de Montaño - Youssouf Hadji peine d’abord à s’adapter aux exigences du schéma offensif de Frédéric Antonetti. Directement aux prises avec les défenseurs centraux adverses, Hadji n’a pas le profil combattif de son concurrent colombien, et peine à exister, esseulé en pointe.
À la trêve hivernale, le Marocain a le profil de l’erreur de casting : quatre buts et une passe décisive, et un apport offensif qui s’est surtout manifesté par son opportunisme, à l’image de son but contre Saint-Étienne, reprenant un ballon relâché par Ruffier, ou de celui contre Évian, avec un improbable retourné alors qu’il était à terre.
Paradoxalement, c’est après l’arrivée d’Erding - et après avoir guéri une blessure ramenée de la CAN - qu’Hadji retrouve ensuite des couleurs. Le franco-turc passant indubitablement au statut d’avant-centre titulaire, Montaño et Hadji se retrouvent à la lutte pour le rôle du remplaçant. Et à ce jeu-là, c’est le Marocain qui prend l’avantage sur son concurrent, ce dernier étant déporté côté droit les rares fois où il aura été aligné.

À l’issue de la saison, avec cette place de titulaire promise à Mevlüt Erding, et l’absence de qualification européenne, il était évident qu’au moins l’un des deux partirait durant l’été. Et sa deuxième partie de saison plus convaincante n’aura finalement pas séduit Frédéric Antonetti. Au final, une saison moyenne où Hadji aura surtout eu le rôle d’un joueur de complément, un statut peu compatible avec ses émoluments et, sans doute, avec ses ambitions. Un deuxième échec pour son retour en Bretagne, un cas loin d’être isolé au Stade rennais.
Quittant la France, Youssouf Hadji va découvrir pour la première fois de sa carrière un championnat étranger. Au Qatar, évidemment, et pour un joueur de 32 ans, cette découverte a davantage les allures d’un départ en pré-retraite. Difficile d’en vouloir néanmoins à un joueur qui aurait sans doute pu céder aux sirènes des pétrodollars depuis déjà bien longtemps.

Un coup d’avance ?

Côté rennais, ce départ pose question. Car, au vu des dernières rumeurs, Victor Hugo Montaño semble lui aussi prêt à faire ses valises, avec la bénédiction des dirigeants rennais. Derrière ces départs, il est évident que se cache une réorganisation globale du secteur offensif dans l’effectif. Une stratégie dont les contours sont encore à deviner.

Derrière Erding, la redistribution des cartes semble donc de mise. De retour d’un prêt en demie-teinte, John Verhoek aura difficilement la confiance de Frédéric Antonetti, qui ne comptait pas du tout sur le Néerlandais l’été dernier. En CFA2 la saison dernière, les jeunes Abdoulaye Sané et Cheick Fantamady Diarra ont tous les deux montré des prédispositions intéressantes au poste de numéro 9. Le premier dans un profil à la Moussa Sow, le second davantage dans le registre des dribbles, mais avec la même efficacité. Difficile néanmoins d’imaginer voir l’un des deux s’offrir d’emblée un statut de remplaçant attitré d’Erding, à moins d’une préparation estivale très convaincante. Recruté l’hiver dernier, le Guinéen Sadio Diallo a avoué pouvoir jouer en pointe, mais son profil de passeur semble davantage adapté au poste de meneur de jeu, en alternative à Julien Féret.

Si le départ de Montaño se confirme, la perspective d’un recrutement à ce poste semble donc crédible. À moins que Frédéric Antonetti ne souhaite persister dans son idée de fixer Razak Boukari à ce poste, chose que le technicien corse a régulièrement essayé depuis un an et demi.

- Source déclarations : Ouest-France
- Crédit photo : srfc.frenchwill.fr