ENTRETIEN / Lovro Majer : « J’ai toujours pensé à ma progression »

Avant de disputer un dernier match avant la trêve face à Toulouse, et de s’envoler pour la coupe du Monde 2022 qu’il disputera avec la Croatie, Lovro Majer s’est entretenu avec Stade Rennais Online pour dresser le bilan de plus d’un an passé au SRFC. Sa prolongation, Bruno Genesio, Martin Terrier, la coupe du Monde, le tout en français, seconde partie d’entretien avec le soyeux milieu de terrain.

Cet été, tu as été annoncé au PSG, et à l’Atlético Madrid notamment. Pourquoi ne pas avoir souhaité partir ?

J’ai encore à progresser ici. J’ai tout le temps. J’ai vu le lieu pour progresser, pendant les matchs, les entraînements. Je peux être encore meilleur. Je suis content ici, et parfois dans une carrière, je pense que ce n’est pas bon de franchir un autre pallier trop vite. Souvent le joueur qui fait ça, après il n’est souvent pas bien. Il y avait la coupe du Monde aussi. Si tu vas dans un grand club, peut-être que tu ne joues pas ou que ce sera difficile de s’installer. J’ai encore progressé et c’était le plus important pour moi. Je n’ai jamais pensé à aller dans un autre club pour prendre plus d’argent. J’ai toujours pensé à ma progression, et comment être meilleur.

Pourtant, cela aurait pu te tenter. Tu ne voulais donc pas te précipiter ?

J’étais content de voir ça (les intérêts d’autres clubs, ndlr). Ça veut dire que tu fais une très bonne saison, que tu fais les choses bien. Mais j’ai juste pensé que la meilleure option, c’était de rester ici, de progresser, et après on verra.

Tu es resté à Rennes au terme du mercato donc, puis tu as connu un début de saison plutôt compliqué. Comment l’expliques-tu ?

C’est comme ça parfois dans le foot, ou dans la vie, tu ne sais pas pourquoi. C’était un peu difficile pour moi, pour l’équipe. On a changé 5 ou 6 joueurs qui étaient titulaires l’année dernière. Ça change un peu les choses. Mais maintenant on est revenus. On est troisièmes, on a fini deuxième en Europa League même si on méritait plus. On est dans une très bonne situation maintenant.

Tu disais plus tôt que pour être la meilleure version de toi-même, tu ne dois pas trop réfléchir. Est-ce que tu as trop réfléchi au début de saison ?

Pas forcément. C’était juste le moment qu’on n’explique pas. Les deux premiers matchs, je me suis senti bien mais on a perdu (face à Lorient 0-1 , et fait nul face à Monaco 1-1, ndlr). Après, l’équipe, moi, on perd la confiance un peu. Après ça, je me suis cassé le nez.

Le masque avec lequel tu jouais t’a t-il embêté pour jouer ?

Oui, c’était vraiment très difficile. Ce n’était vraiment pas confortable. Mais le pire, c’était pour la vision. Les 3-4 derniers matchs (où il l’a porté, ndlr), c’était mieux car on l’a modifié pour ça. J’étais content quand je l’ai enlevé.

Finalement, tu prolonges le 22 octobre dernier jusqu’en 2027, une petite surprise pour tout le monde. Pour toi la décision de prolonger était-elle prise depuis longtemps ?

On a commencé à parler de ça après la fin du mercato. Et après un mois et demi environ, ça s’est fait, c’est bien comme ça.

Tu prolonges alors qu’à ce moment, tu joues moins. Ta relation avec le coach Bruno Genesio explique t-elle cela ?

J’apprécie le coach, il a montré qu’il est un grand coach, avec ce qu’il fait avec cette équipe. Quand j’ai prolongé, je n’étais pas titulaire c’est vrai, mais ça n’a rien changé à ma prolongation, car on parlait de ça depuis le début de saison. Bruno Genesio est un coach moderne. Il joue un football moderne d’attaque, avec beaucoup de pressing, la chose la plus importante dans le foot aujourd’hui. Tu ne peux plus jouer sans pressing, sans beaucoup courir. Mais en même temps, il te laisse prendre du plaisir face au but, être créatif, profiter du football.

C’est la chose la plus importante pour toi, avoir cette liberté ?

Oui, exactement. Grâce à ça, je suis vraiment content, et le coach est une des raisons pour lesquelles j’ai prolongé.

« Martin Terrier est un joueur incroyable »

Cet été, Amine Gouiri et Arnaud Kalimuendo sont arrivés pour renforcer l’attaque. Pour un milieu de terrain comme toi, c’est un confort d’avoir devant soi ces attaquants ?

Bien sûr, ils sont de très bons joueurs. Ils ont prouvé ça sur le terrain. Je suis content de jouer avec eux, c’est parfait. Je pense que les supporters peuvent voir ça avec nos résultats.

En statistiques, Martin Terrier est le joueur à qui tu as délivré le plus de passes décisives (6) depuis ton arrivée, mais c’est aussi lui qui t’a offert le plus de buts (3). Quelle relation entretiens-tu avec lui ?

C’est un joueur incroyable, vraiment. Il l’a prouvé et le prouve à chaque match. Il marque presque toujours, c’est incroyable pour nous. En tant que personne aussi il est incroyable, c’est vraiment un très bon mec.

On a souvent parlé de lui pour l’équipe de France récemment. Est-ce l’un des meilleurs joueurs avec lesquels tu as joué ?

Je pense qu’il fait partie des 3 ou 4 meilleurs joueurs avec lesquels j’ai joué. Pour le meilleur, par rapport aux différences qu’il faisait à l’époque sur le terrain, c’est Dani Olmo (RB Leipzig). C’est peut-être aussi mon meilleur ami dans le foot, mais ce n’est pas à cause de ça que je le cite (rires). Martin a mérité d’aller à la coupe du Monde, j’espère qu’il va y aller. (interview réalisée avant la liste des Bleus, ndlr). Il l’a vraiment mérité, car il a été constant et c’est très difficile dans le foot aujourd’hui.

Tu es souvent passeur sur coups de pied arrêtés. Comment les travailles-tu ?

Je pense que c’est quelque chose que les joueurs ne travaillent pas beaucoup. Souvent, c’est plus naturel. Après l’entraînement parfois, on travaille sur les coups francs, mais pas trop souvent. Avant Rennes, je le travaillais plus souvent. Aujourd’hui, on a beaucoup de matchs, il n’y a pas beaucoup de temps. Le plus important c’est d’être frais, prêt pour le match.

Le Stade rennais affrontera le Chakhtior Donetsk en barrages de Ligue Europa. Est-ce un bon tirage selon toi ?

On peut être contents avec ce tirage. Le Chakhtior est un grand club mais quand tu regardes tous les clubs qu’on pouvait avoir, c’est un bon tirage pour nous. C’est plus facile de jouer le Chakhtior que le FC Barcelone ou la Juventus. Mais on sait que ce sera un match très difficile. Je suis sûr qu’on est prêts.

Tu es lié à Rennes jusqu’en 2027. Où en seras-tu dans 5 ans ?

Je ne sais pas, je n’ai jamais cherché à gagner quelque chose individuellement. Je veux être un des meilleurs joueurs pour la sélection, un des plus importants. Pour le moment, je suis très content ici, mais on verra ce qu’il se passera. Pourquoi pas gagner un trophée avec Rennes, j’espère. Peut-être jouer dans le plus grand club du monde ?

Quel est le meilleur club du monde ?

Rennes. (rires)

« La coupe du Monde, le plus grand tournoi de ma vie »

Tu joueras la Coupe du Monde avec la Croatie cette année. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

C’est quelque chose d’incroyable, le plus grand tournoi de ma vie, et je pense de la vie de tous les joueurs. J’ai hâte de la jouer.

L’année dernière, tu as marqué tes premiers buts avec la sélection avec ce doublé face à Malte (le 11 novembre 2021, 7-1). Quel souvenir en gardes-tu ?

Incroyable, c’était directement après le match face à Lyon. Je marque deux buts, c’est peut-être le meilleur match que j’ai fait avec la sélection.

Dans le groupe de la Croatie, il y a le Maroc de Nayef Aguerd, ton ancien coéquipier.

Nayef c’est un joueur incroyable, c’est aussi un très bon ami. Comme moi, il n’a pas eu de chance quand il est arrivé à West Ham, il s’est blessé. Maintenant il est bien, je lui ai dit directement de ne pas s’inquiéter, que j’avais eu la même chose à Rennes et qu’après, tout avait été parfait. Je suis content de le voir.

Il y aura aussi Arthur Theate et Jérémy Doku avec la Belgique. Vous en parlez dans le vestiaire ?

Non non (rires). Est-ce qu’on se chambre ? Pas encore (rires).

Est-ce que l’objectif pour la Croatie, c’est de gagner la coupe du Monde ?

Ce n’est jamais bien de penser comme ça. La première chose, c’est de bien se préparer pour le prochain match. C’est comme ça qu’on ira loin.

De quels atouts dispose la Croatie cette année ?

Notre plus grande qualité, c’est le mix entre les joueurs expérimentés et les jeunes qui ont faim. Tous ensemble, on est très motivés, et je suis sûr qu’on ira loin.

Est-ce difficile pour toi de faire ta place au milieu ?

Je regarde ça différemment. J’ai joué des matchs au milieu, sur l’aile droite. Mais pour moi c’est pareil, je me fous d’où je vais jouer, je veux jouer (rires).

Propos recueillis par Thomas Rassouli.

Retrouvez la Partie 1 de notre entretien avec Lovro Majer sur Stade Rennais Online.