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ENTRETIEN / Laurent Viaud : « On a un groupe qui a beaucoup de ressources mentales »

Thomas Rassouli 6 avril 2023 à 10h26 1 commentaire

Un an après la défaite du Stade rennais face à Caen, le groupe U18 de Laurent Viaud retrouve à nouveau une demi-finale de coupe Gambardella. À Clermont lundi prochain (15h00), les Rouge et Noir tenteront de valider leur billet pour le Stade de France. Entretien avec le coach rennais, avant cette échéance importante.

Quel bilan tirez-vous de la campagne de Gambardella cette saison ?

D’abord, je pense que c’est surtout l’aspect mental. On a quasiment tout le temps été menés, sauf le premier match contre la Maladrerie. On a toujours eu la capacité à revenir et gérer les tirs aux buts d’une façon remarquable. On a un groupe qui a beaucoup de ressources mentales. Car quasiment tous les matchs honnêtement, on mérite de les gagner avant le terme du match. Même face à Auxerre, quand on est menés 2-0, ça me faisait penser un peu au match de l’année dernière contre Caen, on prend deux buts sur leurs deux premières occasions, mais on avait eu des occasions avant. Sur la deuxième mi-temps, je pense qu’on mérite de gagner. On n’y arrive pas, mais malgré ça on ne se frustre pas, et on arrive à se concentrer pour la séance de tirs au but. C’est surtout ça que je retiens, cette capacité à ne pas baisser la tête, y croire jusqu’au bout.

Le fait que votre équipe se retrouve menée systématiquement aurait aussi pu vous agacer…

C’est toujours agaçant d’être mené dans un match. Mais on ne peut pas dire que c’est à cause de nos entames de matchs parce que contre Auxerre on a la première action, contre Troyes on prend un but sur un ballon perdu et le joueur était hors-jeu. Des faits de jeu ont lieu au bout de 20 minutes de jeu, on ne peut pas dire que ce soit un manque de préparation sur les débuts de match. Honnêtement le match le plus compliqué c’était contre Vannes. On se retrouve menés à la 70e minute, il ne reste pas forcément beaucoup de temps pour réagir, c’est plus compliqué. On a la chance d’égaliser assez rapidement.

C’est donc une équipe plus forte lorsqu’elle est dos au mur ?

En tout cas oui, quand on est dans la difficulté on ne baisse pas les bras, on cherche des solutions. Sur le banc aussi, contre Auxerre on a changé 2-3 fois de système, pareil à Troyes. On cherche aussi les solutions lorsqu’on est menés. On aimerait ne pas avoir à en chercher, car si ce qu’on a préparé marche et qu’on est devant au score, tu n’es pas obligé de changer quoi que ce soit.

À quel niveau peut-on situer Clermont, votre futur adversaire ?

J’ai trouvé que c’est une équipe complète, avec peu de failles. Je n’ai pas franchement trouvé de points faibles, ça veut dire qu’il va falloir être très bons sur nos qualités à nous, sur ce qu’on a envie de faire, nos circuits de passe, être juste pour pouvoir les déstabiliser. C’est vraiment une équipe qui m’a l’air bien en place, qui sait ce qu’elle doit faire. Peut-être qu’elle a moins d’individualités que les équipes qu’on a joué jusque maintenant mais c’est une équipe très solide et complète.

Appréhendez-vous l’environnement, le fait de jouer à l’extérieur dans le stade des pros (Gabriel-Montpied), avec du public pour vos adversaires ?

Bien sûr, mais je me dis que pour eux quelque part c’est une chance. Ceux qui ont vécu le match à Caen (la saison dernière, ndlr), malgré la défaite aux tirs aux but, je pense qu’ils ont plus appris en un match qu’en un mois d’entraînement, au niveau de la gestion des émotions, notamment. Peut-être que sur ce match il nous a manqué un supplément d’âme pour pouvoir gagner aux tirs au but. On a insisté là-dessus cette année, les remplaçants doivent être concernés, on n’est pas là pour montrer son mécontentement parce qu’on est sur le banc. À un moment du match on aura tous quelque chose à apporter, et c’est ce qu’on a vu sur ces matchs. Quand on a été menés, on a besoin du banc pour secouer les choses et essayer de trouver des solutions.

La victoire contre Auxerre à la Piverdière devant un grand public a t-elle pu les faire évoluer dans ce sens également ?

Bien sûr, c’est quelque chose qui te renforce en terme de confiance. Tu as pu t’appuyer sur le public, sur leurs qualités mentales à eux pour pouvoir revenir. C’est quelque chose qui te renforce mentalement de savoir que tu es capable de le faire. Tu peux être mené 2-0 et revenir. On l’avait montré à Caen aussi. On doit s’appuyer là-dessus.

« Beaucoup plus de sérénité dans ce groupe »

Ce n’est plus la même équipe que l’année dernière, mais allez-vous aborder la préparation de ce match différemment par rapport à la saison dernière ?

Différemment je ne sais pas. On avait un groupe différent. Je pense qu’on va rester plutôt sur ce qu’on fait en Gambardella depuis le début dans la préparation. Ça ressemble beaucoup à ce qu’on a fait l’année dernière, mais l’année dernière à chaque match, il y avait beaucoup d’excitation dans la semaine d’entraînement. Cette année, alors qu’on est un poil plus jeune, je trouve que c’est une semaine qu’on vit beaucoup mieux, avec beaucoup plus de sérénité. On va continuer à axer notre préparation là-dessus. Encore une fois, renforcer nos points forts sur le terrain, techniquement, tactiquement mais aussi sur le plan mental, accentuer sur le fait qu’on est capable de revenir de beaucoup de situations.

Comment expliquez-vous cette différence d’état d’esprit ?

Chaque génération est différente. L’année dernière, on avait peut-être des joueurs plus extravertis. Ça parlait beaucoup, parfois c’était un peu limite car entre rigoler, râler, chambrer, les jeux ne se terminaient parfois pas de la façon dont on avait envie qu’ils se terminent. Là, je trouve qu’il y a beaucoup plus de sérénité dans ce groupe.

C’est finalement une question de génération ?

Oui, je pense. De personnalité, cette année on a peut-être plus de joueurs introvertis que l’année dernière et ils expriment leur préparation différemment.

C’est un phénomène que vous avez observé tout au long de votre carrière ?

Oui, bien sûr. Ça dépend souvent de tes leaders aussi, de la mentalité et de l’état d’esprit qu’ils ont, ce qu’ils impulsent. Cette année, avec Jérém’ (Jacquet), ce sont des leaders beaucoup plus tranquilles. On a Paolo (Limon) qui est un leader beaucoup plus tranquille aussi. Quand je vois que celui qui est le plus volubile, c’est presque Joël Matondo qui n’est pas non plus quelqu’un de très extraverti... Sinon on a davantage chez les attaquants des profils plus joyeux, comme Nordan (Mukiele).

Les leaders sont bien identifiés dans ce groupe ?

Bien sûr. Je pense que c’est le groupe qui les repère. C’est aussi de leur donner plus d’importance. Certains vont être leaders sans forcément parler beaucoup, mais par ce qu’ils vont démontrer, l’engagement qu’ils vont mettre. Ils vont emmener l’équipe là où on veut la voir.

Il y a déjà dans ce groupe des joueurs avec des contrats professionnels. Attendez-vous de ces joueurs qu’ils soient leaders ?

Ils changent quelque chose, car quand ils viennent, ils donnent de la confiance aux autres. Mais ça reste des 2005, ça reste leur compétition. Ils ne viennent pas là comme des professionnels qui doivent apporter forcément plus. Ils doivent apporter ce qu’ils font de bien pour être chez les pros, mais je ne veux pas les investir d’une mission qui n’est pas la leur. Leur mission est de faire du mieux qu’ils peuvent, et être là pour donner confiance aux autres. Ils peuvent le faire par la parole comme Jeanuël (Belocian) ou Jérém’ (Jacquet). C’est ce que j’attends d’eux, être des leaders par le comportement.

Il y a d’ailleurs toujours cette incertitude de savoir si Jeanuël Belocian pourra disputer ce match avec vous.

Ça fait partie de la préparation aussi. On prépare avec notre groupe en sachant qu’au dernier moment, si les pros ont la gentillesse de nous les laisser à disposition, c’est top de pouvoir en profiter, même s’ils n’auront pas vécu la semaine avec nous. Mais de par leur vécu et leur expérience, quoi qu’il arrive c’est une plus-value.

« Faire deux demi-finales en deux ans c’est top, mais ce n’est pas suffisant »

Certains joueurs un peu plus précoces se révèlent aussi, comme Mathis Lambourde.

On le voit dans ce qu’ils ont pu apporter, notamment contre Auxerre. Mathis revenait de blessure, on est obligés de gérer aussi. Ça fait partie des joueurs qui peuvent nous apporter un plus, c’est certain. Mathis est quelqu’un qui a besoin de se sentir aimé. Il a besoin d’affectif pour avancer. S’il sent qu’on a confiance en lui, il peut vraiment faire de bonnes choses. Après, il ne faut pas lui en donner de trop non plus, c’est toujours de trouver le juste milieu pour lui faire sentir qu’on a confiance en lui, mais qu’il ne peut pas tout se permettre sur un terrain, qu’il est d’abord dans un collectif, et qu’à travers le collectif, il va briller.

Vous appuyez-vous sur le fait que beaucoup soient internationaux chez les jeunes ?

Oui, même si dans les équipes de France jeunes, ça n’a pas encore d’importance. Ça en a à partir du moment où en U19, titulaire tu vas faire les championnats d’Europe. En U16, U17, il y a beaucoup de brassage. C’est surtout important pour eux, la gestion des matchs, leur expérience personnelle.

Une deuxième demi-finale de Gambardella en deux ans, c’est quand même fort pour l’Académie, non ?

C’est bien, mais l’année dernière on a raté le Stade de France, cette année on aimerait y aller. Faire deux demi-finales en deux ans c’est top, mais ce n’est pas suffisant. On se doit d’être exigeant et de construire cette avant-dernière étape, de pouvoir se donner une chance de gagner cette Gambardella.

Était-ce un objectif affiché dès le début de saison ?

Non, pas en début de saison. Les premiers tours font que ça va le devenir ou pas. On n’a pas tous les joueurs, la réserve joue en même temps, le plus dur c’est d’abord de passer ces premiers tours. Au fur et à mesure, quand on passe deux tours, forcément ça devient un objectif. En championnat on prend souvent du retard en début de saison car c’est un groupe jeune, on sait que c’est que compliqué de jouer les premiers rôles en fin de saison.

Sentez-vous le soutien de tout le club derrière vous ?

Bien sûr. Là où on sent que le club est investi avec nous, c’est de nous mettre les joueurs (du groupe pro) à disposition quand c’est possible, c’est déjà un signe qu’ils ont envie qu’on réussisse nous aussi. C’est énorme. Flo (Maurice) vient à chaque fois nous dire un petit mot avant les matchs. On sent que plus les tours passent, plus il y a un réel engouement au club pour qu’on puisse faire la meilleure campagne possible.

Savez-vous qui est le précédent entraîneur à avoir gagné la Gambardella avec Rennes ?

(Il réfléchit) C’est Laurent Huard ? (sourires) C’est ça. On se croise, on en a parlé il n’y a pas longtemps. C’est sûr que si jamais on avait la chance d’y aller, j’aimerais bien discuter avec lui sur la façon dont il avait préparé ce match là. Ça peut aider. Ce serait énorme de pouvoir lui succéder, c’est sûr.

Qu’allez-vous dire à vos joueurs avant le match lundi ?

De n’avoir aucun regrets. C’est ce que je leur dis depuis le début, c’est un match couperet, donc on ne peut pas se permettre d’avoir des regrets. En championnat, on peut perdre un match et se refaire derrière. Là, il n’y aura pas de deuxième chance. C’est faire le match qu’on a à faire, ne pas le jouer avant, et donner le maximum, le meilleur de nous-mêmes, et n’avoir aucun regret. Si on doit perdre, c’est que Clermont aura été meilleur que nous, et on n’aura juste qu’à les féliciter.

Crédit photo : Stade Rennais

1 commentaire

  1. CondateFan
    6 avril 2023 à 19h12

    Tiens,aucun commentaire ici. Pas un seul message pour critiquer les anciens rodhaniens. C’est pourtant oublier un peu vite que le ris de Viaud est lui aussi un truc typiquement lyonnais...
    Allez, bon’ app’.

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