Une équipe qui monte en régime

Amical, Stade rennais 1 - 1 Angers. Tenu une nouvelle fois en échec, Rennes attend toujours son premier succès de la saison. Progressivement, le collectif rennais prend peu à peu forme et certaines individualités commencent à sortir du lot. Retour sur la performance du Stade rennais contre Angers, samedi à Carnac.

Le plan de progression de Rennes version 2011-2012 prend forme, quelques encablures avant que les choses sérieuses ne commencent. Tout cela demande évidemment confirmation lors des deux prochains matchs amicaux, mais le Stade rennais se prépare activement pour les phases de qualification de la Ligue Europa et le début du championnat, prévu le 7 août prochain à Dijon.
Privé de Stéphane Dalmat (dos), Jirès Kembo (reprise) et Yann M’Vila (reprise), Frédéric Antonetti avait également laissé Fabien Boyer, Cheick Fantamady Diarra et Quentin Rouger à la maison (Johann Carrasso et Cheick N’Diaye étaient quant à eux à Carnac). Pour les suppléer, Yacine Brahimi, Jean-Armel Kana-Biyik, Georges Mandjeck et John Verhoek - non-utilisés à Vannes - retrouvaient le groupe professionnel. Sur un terrain gras et sous un temps maussade, le Stade rennais a finalisé son stage à Carnac avec un deuxième match nul consécutif. Les confrontations face à Sochaux (mercredi au stade de la route de Lorient) et Lorient (samedi à Ploërmel) devront donner plus d’indications sur l’équipe-type et permettront de tirer également quelques conclusions.

Le jeu et les joueurs

Vers un changement de cap ?

Ce match test a donné lieu à quelques innovations par rapport à la rencontre amicale de Vannes, plus particulièrement en deuxième période et au milieu de terrain, puisque Frédéric Antonetti a privilégié un 4-2-3-1 avec deux milieux défensifs placés devant la défense (Tongo Doumbia et Alexander Tettey) et un meneur de jeu, à savoir Julien Féret, qui s’est montré inspiré dans ce dispositif.
En première mi-temps, c’est un 4-3-3 traditionnel qui avait été élaboré avec un joueur placé devant la défense (Georges Mandjeck) et deux milieux relayeurs (Fabien Lemoine et Vincent Pajot). Pas de modification spécifique en zone offensive.

Boukari en forme, Pajot confirme

Comme à Vannes, Boukari a tiré son épingle du jeu dans une position axiale, un peu nouvelle pour lui depuis son transfert à Rennes. Plutôt en jambes, l’attaquant rennais a fortement pesé sur le front de l’attaque rennaise. Sa puissance et sa vitesse ont souvent pris à défaut l’axe droit de la défense angevine (Matar Fall et Jérémy Hénin). Il est à l’origine des deux opportunités stadistes durant le premier acte (12ème, 22ème) : par deux fois, Boukari laisse sur place ses vis-à-vis avec une facilité déconcertante.
À ses côtés, Yacine Brahimi et John Verhoek ont été discrets pour leur premier match amical de la saison. Dans une position qui n’est franchement pas la sienne, le Néerlandais s’est créé deux occasions de but. Sur la première, il manque l’immanquable suite à une frappe manquée de Lemoine en enlevant trop son plat du pied (22ème). Deux minutes après, Verhoek marque son premier but "officiel" sous le maillot rennais en concrétisant une offrande de Foulquier (24ème).

Au milieu, Georges Mandjeck a également fait son retour avec une titularisation en sentinelle devant la défense. Solide, c’est sur l’une de ses ouvertures obliques lumineuses à destination de Dimitri Foulquier que le Stade rennais a ouvert le score. Plus haut, Fabien Lemoine et Vincent Pajot ont bien œuvré en s’accordant au niveau du pressing. Mention particulière au vainqueur de la Coupe Gambardella 2008 qui a réalisé une performance du même (très bon) niveau que celle déjà réussie contre Vannes. L’international espoirs devient au fil du temps bien plus qu’une alternative. Même dans l’engagement, Frédéric Antonetti sait dorénavant qu’il peut voyager tranquillement avec Pajot.
En défense, la paire des centraux 100 % sénégalaise (Pape Malick Kandji et Kader Mangane) a bien tenu la barque. Le benjamin de la bande a bien travaillé dans l’ombre de son mentor, même s’il a parfois manqué d’autorité, à l’image de cette action devant David De Freitas (18ème). Les deux latéraux ont eu de leur côté une belle activité. Dimitri Foulquier et Kévin Théophile-Catherine ont souvent apporté une solution dans leurs couloirs respectifs, même si le second a montré plus de déchets dans les transmissions.

Dans les buts, Benoît Costil a été mis un peu plus à contribution qu’il y a trois jours. Mais les tentatives de Gaëtan Charbonnier, David De Freitas et de l’ancien nantais Claudiu Keserü ne l’ont pas plus perturbé que cela (10ème, 25ème, 29ème). Pourtant, Angers a fait plus que jeu égal en première période en donnant du fil à retordre au onze rennais, pressant très haut le porteur du ballon stadiste. Souvent mis à la faute, Rennes a vu se multiplier les coups de pied arrêtés dans ses trente derniers mètres, donnant quelques bonnes occasions au tireur attitré des Angevins, Claudiu Keserü, heureusement sans conséquence. Enfin, offensivement, on soulignera que les partenaires de Brahimi n’ont pas eu le rendement de l’équipe remplaçante.

Féret, maître du jeu

Si un avant-centre est toujours attendu pour boucler le recrutement du Stade rennais cet été, les deux signatures de Julien Féret et Jonathan Pitroipa ont déjà l’allure de bonnes pioches. Meneur de jeu durant ce match, Julien Féret n’a mis que quelques minutes pour montrer l’étendue de ses qualités, et pour mettre en avant la pertinence de ses déplacements et de ses passes. La volonté du Briochin à chercher la profondeur ou à trouver les décalages est une bouffée d’oxygène pour le jeu rennais. Sa clairvoyance a d’ailleurs failli se traduire par deux fois au tableau d’affichage : lorsqu’il a pu organiser le jeu face au but, Féret a mis un désordre constant dans l’arrière-garde angevine.
Jonathan Pitroipa est aussi de ceux qui ont apporté une plus-value par rapport à la première mi-temps. Mis sur orbite par Féret, il n’est cependant pas parvenu à tromper la vigilance de l’ancien gardien rennais Grégory Malicki. Véritable trublion devant, son travail défensif est également à mettre en lumière, Pitroipa n’ayant pas hésité à donner un coup de main à Danzé.

À gauche, Abdoul Camara a été méconnaissable au regard de sa piètre prestation à Vannes. Plus impliqué, il se retrouve en position idéale sur deux services de Montaño et Féret (47ème, 52ème) et en frappant remarquablement un coup-franc rentrant bien claqué par Malicki (85ème). Sans réussite, mais encourageant pour la suite s’il continue dans cette optique. Victor Hugo Montaño n’a pas ménagé ses efforts en attaque. Ses appels ont étiré la défense de l’équipe angevine et profité à Camara et Pitroipa. Le Colombien n’a pas eu de réussite dans le dernier geste en voyant ses intentions repoussées par Malicki (73ème, 79ème) ou passer à côté (62ème, 85ème).
À la récupération, Tongo Doumbia a gagné en consistance pendant le déroulement du match, et a tenté de se projeter vers l’avant. Quant à Alexander Tettey, il s’est montré peu inspiré depuis le début des matchs amicaux. On espère que le Norvégien montera en puissance dans les prochaines semaines.

Dans le domaine défensif, Jean-Armel Kana-Biyik a écœuré ses adversaires en annihilant de nombreuses situations chaudes par des gestes défensifs de grande classe devant Gaëtan Charbonnier et Férébory Doré (46ème, 82ème). Il est même tout près de redonner l’avantage à Rennes sur un coup de tête (canon) consécutif à un corner de Féret, mais Malicki veille (64ème). Le reste de la défense rennaise (John Boye, Romain Danzé, Yassine Jebbour) n’a pas été à la peine, loin de là.
Le gardien numéro deux de Rennes, Abdoulaye Diallo, s’est retrouvé impuissant sur la frappe de Keserü. Son jeu au pied fut par contre déficient. Dans tous les cas, cette deuxième période est rageante pour les "Rouge et Noir" qui se sont procurés une multitude d’occasions de but sans concrétiser leur domination dans le jeu. Un constat déjà fait à Vannes quelques jours auparavant.

Quels enseignements à tirer ?

Boukari, solution crédible

En attente de la probable arrivée d’un attaquant de pointe, Frédéric Antonetti peut néanmoins se satisfaire d’avoir avec Razak Boukari un choix supplémentaire en attaque. Utilisé pour la seconde fois d’affilée dans l’axe, l’international togolais exprime son potentiel en apportant de la vivacité et de la profondeur à l’attaque du Stade rennais. Pour l’instant en concurrence avec son coéquipier Montaño, il remporte son duel à distance face au Colombien. Pour autant, aucun des deux n’a encore trouvé le chemin des filets.

Rennes compte t-il sur Verhoek ?

L’interrogation était déjà persistante bien avant ce match amical, mais le positionnement de John Verhoek dans le couloir droit (alors que Razak Boukari était titulaire dans l’axe) a intrigué les nombreux supporters rennais présents au stade municipal de Carnac. Absent des débats dans la construction, le Néerlandais dispose de quelques circonstances atténuantes, mais force est d’admettre que le profil de Verhoek n’est pas celui d’un futur ailier du Stade rennais. Ce n’est pas non plus son but qui devrait y changer quelque chose. Un prêt est-il à l’ordre du jour ?

Mangane dira tout

Toujours dans le flou concernant sa prolongation de contrat au Stade rennais, Kader Mangane devrait s’étendre sur le sujet dans les prochains jours. Lundi dernier, il avait rappelé dans les colonnes de Ouest-France qu’il ne s’exprimerait là-dessus qu’à la fin de ce stage. « Pour l’instant, je n’ai rien signé, avait expliqué Mangane. Bien sûr que la prolongation est envisageable, mais comme je l’ai déjà dit, je souhaite laisser passer le stage avant de prendre ma décision ». Stage terminé, on attend désormais le choix du défenseur sénégalais de prolonger ou pas son contrat à Rennes jusqu’en juin 2014.