Tettey où ?

Abonné à l'infirmerie depuis son arrivée en juillet 2009, Alexander Tettey symbolise un peu la métamorphose de Rennes en cette deuxième partie de saison. Chaînon manquant de l'organisation de Frédéric Antonetti, l'international norvégien est actuellement en train de s'épanouir au sein de l'entrejeu rennais. En espérant qu'il en finisse, enfin, avec ses blessures à répétition.

« Ce que je regrette le plus, c’est au milieu de terrain. Si Yann M’Vila s’était entraîné davantage dans le groupe professionnel la saison dernière (NDLR : saison 2008-2009), nous aurions sans doute cherché un autre profil que celui d’Alexander Tettey ». Au moment de faire le bilan de la saison 2009-2010, Pierre Dréossi n’avait pas fait dans la dentelle en exprimant sa déception à l’encontre de l’international norvégien. Erreur de casting ou pas ? Après une première saison quasi-blanche, Tettey représente aujourd’hui, à lui seul, le renouveau du Stade Rennais FC depuis la fin des congés hivernaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : quatre buts et une passe décisive en seulement trois matchs. Un rendement comparable à celui qu’il avait en Tippeligaen sous les couleurs de Rosenborg Ballklub. Alors, comment expliquer la transformation d’un joueur longtemps décrié comme une mauvaise pioche ? La résurrection du ghanéen de naissance est en tout cas en passe de faire taire les mauvaises langues.

Le débauchant de Rosenborg Ballklub il y a un an et demi, Dréossi n’avait pas ménagé ses efforts au moment des négociations, en présentant Tettey comme le profil idoine pour le dispositif de Frédéric Antonetti. Seulement voilà, arrivé sur les bords de la Vilaine avec une gêne aux quadriceps et une préparation tronquée, le natif d’Accra est indisponible pendant plus d’un mois, avant de faire ses grands débuts contre Saint-Étienne (1-0). Cet après-midi là, le naufrage est total et le baptême ne dure que quarante-cinq minutes. Emprunté techniquement, perdant un nombre incalculable de ballons, il est sorti à la pause au détriment de Junichi Inamoto qui, sur le même laps de temps, dynamitera le collectif rennais. Dans une équipe en manque de confiance et de stabilité, l’adaptation de Tettey se fait attendre. Seul éclaircie au tableau, sa performance face au Paris Saint-Germain (1-0) à quelques jours de la trêve hivernale. À son avantage grâce à sa faculté à se projeter très vite vers l’avant, il se mue en passeur décisif en décalant parfaitement Ismaël Bangoura. Transparent par la suite, il multiplie alors les aller-retours à l’infirmerie, ce qui ne lui permet pas d’enchainer les matchs. Une fragilité physique exaspérante, avec laquelle le staff technique semble composer, maintenant, avec plus ou moins de réussite. Un challenge pourtant relevé, quelques mois plus tôt, auprès de son compatriote de sang Asamoah Gyan.

Un regain d’optimisme

Souvent blessé, parfois décrié, Tettey est devenu en quelques semaines l’un des hommes providentiels de Rennes. Une réhabilitation qu’il espère entretenir sans être rattrapé par ses vieux démons : « C’est de la malchance. Je ne l’explique pas. Lorsque j’évoluais à Rosenborg, je n’étais pas souvent blessé. Est-ce que ce sont les entraînements ? Mon adaptation à la vie française ? Je ne sais pas » analyse t-il. Ayant délaissé ses incertitudes, l’apport de ce dernier est désormais manifeste dans le onze breton. Plus percutant en phase offensive, pressant devant le porteur du ballon adverse, il pourrait devenir le milieu relayeur que le club recherche depuis la perte d’un certain Kim Källström en juin 2006. Un rôle qui était destiné, au départ, à Stéphane Dalmat, dont le premier semestre laisse un petit goût d’amertume du côté de la route de Lorient.
Libéré de toute pression, à force de ne plus être attendu au tournant, Tettey s’exprime désormais sans complexe. Sur le flanc à cause de ses problèmes physiques récurrents, et sans aucun match officiel dans les jambes, il est titularisé contre l’Olympique Lyonnais (1-1) en octobre dernier. Orphelin de Fabien Lemoine, le cœur du jeu rennais retrouve de la vigueur avec l’international norvégien dans les parages. Mais, frappé par la poisse, il est une nouvelle fois contraint d’écourter son retour, dès la semaine suivante, en raison de ses quadriceps récalcitrants. À cette période-là, l’agacement est de mise dans l’encadrement du club, désabusé par la situation de Tettey.

Tettey, trouvaille inattendue

Le joueur sortant cette fois de l’ornière, le renouveau est de taille. Déficient en zone offensive, le Stade rennais retrouve quelque peu des couleurs en cette année 2011. En trois matchs, Rennes inscrit la bagatelle de treize buts, soit autant que lors de ses... seize dernières rencontres. Véritable piston du jeu rennais, Tettey crée le lien entre le milieu et l’attaque bretonne. Souvent à l’origine des actions, il a aussi la particularité de se retrouver à la conclusion de celles-ci. Avec Yacine Brahimi, le natif d’Accra s’affirme comme l’une des forces de frappe rennaises. Déroutants, les deux hommes se cherchent et se trouvent les yeux fermés, ce qui en fait l’un des tandems les plus prolifiques de l’hexagone depuis la reprise : huit buts, trois passes décisives à eux deux. Évoluant dans une position plus haute que l’an dernier, Tettey semble renaître dans ce système en étant plus disponible dans la finalité des mouvements rennais. Rarement élogieux à son sujet, Antonetti se montre radieux à l’idée de pouvoir compter sur cet élément sur du long terme : « Je l’ai toujours dit : c’est un bon joueur. Il fallait qu’il prenne confiance et qu’il aligne les matchs, car jusqu’à maintenant il ne l’avait démontré que par intermittence ». Des performances loin d’être passées inaperçues en Norvège où il vient d’être rappelé en équipe nationale après plus d’un an sans convocation. Un renouveau que le joueur prend avec le sourire, avec l’ambition de « retrouver les sommets ». Après avoir longtemps mangé son pain noir...