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Jimmy Briand, fin de l’épisode (2ème partie)

Duhault 16 juin 2010 à 23h43

Suite et fin du portrait de Jimmy Briand. Au Stade Rennais depuis l’âge de 15 ans, l'attaquant rennais quitte son club formateur pour rejoindre l’Olympique Lyonnais, où il a signé en début de semaine. Après plus de deux cent matchs toutes compétitions confondues avec Rennes, l’international français va désormais tenter de franchir un nouveau palier. Portrait.

"Je ne jouerai plus pour Rennes"

La phrase est cinglante de la part d’un des éléments formés au club. Elle intervient après une bonne saison de l’intéressé, avec des statistiques conformes à celles de l’an dernier avec sept buts en championnat. Avec John Utaka, Briand formera un tandem de choc, qui dynamitera toutes les défenses adverses durant cette saison 2007-2008.

Qualifié en Coupe Intertoto après un succès épique à Nancy (2-3, 38eme journée), Briand estime avoir fait le tour de la question à Rennes et crée une certaine polémique en annonçant sa volonté de tout mettre en oeuvre pour évoluer au Paris-Saint-Germain, alors qu’il lui reste deux ans de contrat en Bretagne. Se sentant "trahi" par la parole de Pierre Dréossi, qui lui avait - oralement - accordé un bon de sortie, l’attaquant rennais ira même jusqu’à menacer d’arrêter le football s’il n’obtenait pas son transfert au Paris-Saint-Germain.

Après avoir dérogé à l’habituel stage d’avant-saison à Carnac, le joueur entame alors un bras de fer avec le Stade Rennais, et n’hésite pas à clamer ses aspirations dans le quotidien Le Parisien : "Je ne jouerai plus pour Rennes. Je suis déjà Parisien dans ma tête depuis de longues semaines. Si Rennes décide de ne pas me laisser partir, je ne partirai pas. Mais je me battrai jusqu’à la fin du mercato estival pour m’en aller. En attendant, je ne veux pas jouer ou apparaître sur une feuille de match. Je l’ai dit à Guy Lacombe".

Les deux clubs discuteront des modalités du transfert de Briand, mais la direction parisienne butera sur l’inflexibilité de son homologue stadiste. François Pinault interviendra même en personne pour s’opposer à la vente de son salarié, que personne au sein du club ne souhaitait voir partir. Après quelques semaines d’atermoiements, Briand reprendra la compétition en bon professionnel lors de la réception de Lille (2-1, 3eme journée). Perturbé par sa préparation physique, il se montrera moins entreprenant qu’à son habitude, mais l’essentiel était autre pour le microcosme rennais, qui conservait une de ses pièces maîtresses pour cette saison 2008-2009. Et, force est d’avouer qu’il ne le regrettera pas par la suite.

Plus incisif, Briand accomplira une de ses meilleures saisons au haut niveau. Déroutant par ses appels, ses courses incessantes et sa faculté à réaliser un travail de sape aux avants-postes, il voit ses performances récompensées par une convocation en équipe de France. Le 11 octobre 2008, Raymond Domenech le lance dans un match qualificatif pour la Coupe du Monde contre la Roumanie (1-1).

Revigoré par cette sélection, il accomplira un début de phase retour tonitruant et se montrera décisif quasiment à tous les matchs. L’ascension de Briand, indéboulonnable au sein d’un collectif en pleine puissance, sera pourtant coupée en plein vol alors que tout tendait aux bras des « Rouge et Noir ».

Une blessure, un fiasco, une prolongation

À quelques jours de la première manche de la double confrontation contre la Lituanie, les médias font échos d’une probable titularisation du joueur rennais sur le flanc droit de l’attaque tricolore à Kaunas. Cependant, Briand vivra certainement un des pires moments de sa jeune carrière. Lors d’un entraînement, il ne se relèvera pas à la suite d’un contact avec le gardien bordelais Cédric Carrasso. Le bilan sera sévère : rupture des ligaments antérieurs du genou droit.

La fin de saison du Stade Rennais, affaibli par l’indisponibilité de son avant-centre, ressemblera à un véritable chemin de croix. En championnat, les protégés de Lacombe perdront toute illusion de podium alors que se profile l’un des évènements les plus attendus par le peuple stadiste : la finale de la Coupe de France. Impuissant, Briand assistera des tribunes au fiasco rennais face à Guingamp (1-2) au Stade de France. Même absent, cette finale était aussi la sienne puisqu’il fut un des acteurs majeurs du parcours stadiste en étant décisif contre Saint-Etienne (2-0, 16eme de finale), Lorient (3-0, 8eme de finale) et Rodez (2-0, quart de finale).

Durant sa convalescence, Briand effectuera un séjour de six semaines au centre de rééducation de Capbreton. Cette expérience loin des paillettes du football professionnel restera un moment particulier pour l’attaquant rennais : "J’ai été emerveillé par le cadre, la vue sur l’océan. De même, la solidarité qui règne ici entre les sportifs blessés constitue une belle motivation. Ceci dit, je puise ma détermination dans l’objectif 2010, la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Cela m’aide. Je vais tout faire pour retrouver l’équipe de France".

Travailleur, l’international français retrouve progressivement les terrains de la Piverdière lors de ce début de saison 2009-2010. Ne souhaitant pas précipiter le retour de son avant-centre, Frédéric Antonetti décide de l’incorporer en équipe réserve. Son retour à la compétition se déroule lors d’un déplacement à Ivry, le club qui l’a vu débuter avec ses premiers crampons. Buteur, il sortira sous les ovations d’un public acquis à sa cause. Huit mois après sa grave blessure, Briand retrouve une pelouse de l’élite à Nancy (1-2, 17eme journée) en rentrant à la place d’Asamoah Gyan après l’heure de jeu.

Au cours de cette saison, l’ancien pensionnaire de Clairefontaine se montrera plus altruiste en délivrant huit passes décisives en championnat, évoluant la plupart du temps dans une position excentrée. Sa présence apportera un plus indéniable dans la largeur du jeu offensif rennais. De suite, sa relation avec Sylvain Marveaux fera des émules, et le Stade Rennais signe des performances de haute volée notamment face à Bordeaux (4-2, 22eme journée). Alors qu’il n’avait plus inscrit la moindre réalisation en Ligue 1 depuis neuf mois, il débloque son compteur-but lors de ce match face à... Cédric Carrasso d’un pénalty plein de sang-froid.

A quelques mois du terme de son bail au sein de son club formateur, Briand surprend tout son monde en acceptant de proroger son contrat à Rennes jusqu’en juin 2013. Dans la volonté de jouer "la sécurité", cette prolongation ne sera qu’un artifice, et son ambition à l’issue de cette saison sera bien évidemment de trouver un nouveau club. Toutefois, celle-ci lui permettra de se libérer pour effectuer une demi-saison encourageante avec le Stade Rennais avec, en ligne d’horizon, l’espoir d’attraper le wagon de l’équipe de France.

Une éviction, un nouveau challenge

Le mois de mai de cette année 2010 sera une étape importante de la carrière professionnelle de Briand. N’ayant plus aucune chance d’accrocher une place européenne avec Rennes depuis un revers face à Lyon (1-2, 31eme journée), « Jimbo » en garde une pour faire partie des plans de Domenech pour le périple sud-africain.

Après avoir retrouvé son potentiel physique, Briand s’est montré entreprenant au cours de la phase retour avec cinq buts et huit passes décisives en Ligue 1. Au même titre que Rod Fanni et Yann M’Vila, il est convoqué dans la première liste des trente du sélectionneur français. Mais, comme ses coéquipiers en club, il sera évincé de la liste définitive. Au vue des efforts consentis, Briand pouvait imaginer un autre été. Un été tout de même animé par sa présence sur le marché des transferts.

Disposant d’un bon de sortie avec une clause libératoire de 6 millions d’euros accordé par les dirigeants rennais lors de sa prolongation de contrat, Briand est courtisé par de nombreuses formations étrangères et françaises. Mais, l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais seront les deux clubs les plus pressants pour accueillir l’attaquant rennais.

Attiré par les sirènes de la Ligue des Champions, Briand donne son accord à Lyon pour les quatre prochaines saisons. A 24 ans, et neuf ans après son arrivée en Bretagne, il quitte donc les « Rouge et Noir » pour progresser d’un point de vue individuel et s’exposer davantage aux yeux de Laurent Blanc, futur sélectionneur de l’équipe de France.

Le passage de Briand au sein de son club formateur aura été tumultueux. Critiqué à ses débuts malgré un potentiel et une marge de progression indéniables, le Parisien d’origine aura démontré une force et une résistance mentales de tous les instants pour inverser la tendance au niveau des supporters rennais. Des qualités que le public de la Route de Lorient aura entrevues pendant de longues années, et qui serviront à l’avenir à Briand pour devenir un des meilleurs attaquants français.

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- La fiche de Jimmy Briand

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