Rennais et Guingampais se disputeront samedi l'édition 2009 de la Coupe de France. Frères ennemis, les deux clubs cumulent différences, représentations identitaires... quand leurs deux équipes semblent avoir adopté un mimétisme confondant. Entre défenses solides et pression du résultat, la finale risque d'être extrêmement disputée, quand bien même une division d'écart existe entre les deux formations. Décryptage.
On a assez parlé depuis plusieurs semaines de cette finale 100% bretonne, qui permettrait - selon une expression forcément parlante, mais extrêmement imprécise - à "toute la Bretagne d’aller au Stade de France".
Toute ? Bien sûr que non, résumer la Bretagne à Rennes et Guingamp étant évidemment réducteur.
Pour autant, cette finale, c’est celle d’un antagonisme, largement pointé du doigt, notamment par les supporters des deux camps. Entre Rennes la bourgeoise de Haute-Bretagne, et Guingamp la paysanne du Centre-Bretagne, c’est le jour et la nuit, et une bonne vision de l’opposition entre Bretagne des villes et Bretagne des champs.
Deux identités qui ont abondamment alimenté les derbies entre Guingampais et Rennais depuis que ceux-ci sont amenés à s’affronter. Quand le kop rennais accueillait les costarmoricains par un « Bienvenue en ville », leur était répondu un « Bienvenue en Bretagne » au Roudourou. Significatif.
Samedi au Stade de France, si tout le monde sera réuni pour fêter la Bretagne et son football, l’enjeu induit par ce derby a réveillé de vieilles passions, et les rancœurs mises en sommeil par cinq années sans derby devraient se réveiller proportionnellement à l’intensité du match.
Sur le terrain, et pour en venir à des considérations plus sportives, cet antagonisme est totalement réduit à néant. On en viendrait presque à chercher des différences entre deux équipes dont les bilans respectifs sont presque jumeaux.
Toutes deux s’appuient sur une base défensive solide, qui leur vaut d’avoir encaissé moins d’un but par match dans leurs championnats respectifs. En poussant la comparaison plus loin, on s’aperçoit également que les deux équipes ont cumulé le même nombre astronomique de matches nuls (15 en 34 matches) sans qu’une différence significative existe en la matière entre matches à domicile et rencontres à l’extérieur. Bref, un problème pour faire la différence au tableau d’affichage.
Comme le Stade Rennais, Guingamp perd rarement sur de gros scores. En revanche, à l’inverse du Stade Rennais, son attaque (ou l’opposition ?) lui a permis de remporter plusieurs victoires sur des scores assez larges, chose qu’a été presque incapable de faire l’effectif de Guy Lacombe cette saison.
Au crédit de l’entraîneur rennais, son équipe a été plus à même de gagner que celle de Victor Zvunka, obligée de concéder régulièrement des défaites malgré quelques belles séries d’invincibilité.
Au vu de ces statistiques, il serait donc étonnant de voir autre chose qu’une partie serrée ce samedi, d’autant que plusieurs joueurs des deux camps ont l’habitude des grands rendez-vous. Le premier but du match devrait donc avoir une importance capitale.
« La pression, on l’a eu à Grenoble. Elle n’existe plus, maintenant c’est de l’émotion », affirmait Guy Lacombe ce jeudi en conférence de presse.
Si pression il n’y aura pas dans les têtes rennaises, pourtant pression il y aura, du moins autour du terrain. L’enjeu est immense à l’échelle des deux clubs.
Guingamp, en petit poucet qu’il se présente, court derrière ses années de gloire. Obligé de jouer sa survie depuis cinq saisons en Ligue 2, l’EAG est bien loin de sa période faste. La finale de 1997, l’Intertoto contre l’Inter Milan, les matches de Ligue 1 au Roudourou sont encore présents dans les esprits, mais ces faits d’armes ont pour certains dix ans, et plus les années passent, plus la perspective d’une remontée s’éloigne.
Pour autant, les motifs d’espoir existent. L’an dernier, une talentueuse génération a remporté le titre de champion de France des 18 ans, et certains jeunes éléments commencent à renforcer l’effectif professionnel, comme le gardien Samassa ou l’attaquant Hervé Bazile. Une victoire samedi, et une dynamique positive pourrait définitivement s’enclencher.
Si pression il y a, elle sera donc aussi sur les épaules guingampaises.
Côté rennais, l’attente est bien sûr immense. La liesse ayant suivi la demi-finale augure de la joie démesurée qui envahirait les supporters rennais en cas de victoire.
Monté en puissance ces dernières années, le Stade Rennais attend toujours son déclic. Une victoire en Coupe de France pourrait permettre au club de se débarrasser de ses derniers complexes. Très décevant dans les rencontres-clés ces dernières saisons, le Stade Rennais ne doit rater cette dernière marche sous aucun prétexte.
À cela s’ajoute une dimension historique. Tellement marquantes, les victoires de 1965 et 1971 ont fini par acquérir un poids presque insupportable. Une victoire samedi, et 38 années de frustration s’envoleraient en fumée.
Quoi qu’en dise Guy Lacombe, la pression est belle et bien là. Reste à savoir qui sera le plus à même de la supporter. Réponse samedi sur les coups de 23h00 !
Ajouter un commentaire