Pierre Dréossi l'annonçait. Il voulait « garder le maximum de joueurs de l'effectif » 2006-2007, pour aborder la saison suivante. Cette dernière, la deuxième du manager à la tête de l'équipe, s'annonce décisive à plus d'un titre. Entre prolongations de contrats et arrivées de joueurs chevronnés, l'effectif bâti a fière allure. Mais pour quel avenir ?
Des prolongations... en trompe-l’œil ?
L’effet d’annonce avait été particulièrement soigné, histoire de marquer les esprits sans doute. Le 4 juillet dernier, pas moins de six prolongations ou premiers contrats pros étaient annoncés en grande pompe. Les jours précédents, il se murmurait bien que plusieurs « dossiers » étaient en bonne voie, mais ce tir groupé avait de quoi impressionner, et Pierre Dréossi pouvait claironner à qui voulait l’entendre que le Stade Rennais continuait à jouer la stabilité et la continuité.
Il faut dire qu’en incluant le premier contrat professionnel de Guillaume Borne (pourtant déjà annoncé une semaine plus tôt) et la prolongation d’un an du jeune Kévin Bru, tout laisse à penser que le Stade Rennais a joué la carte du sensationnel.
Peut-être est-ce pour occulter la non-prolongation de Grégory Bourillon, dont on comprenait ce jour-là que sa carrière rennaise se sera finalement arrêtée le 3 février 2007, tordu de douleur sur la pelouse du Stade Bonal. Peut-être aussi pour occulter le transfert définitif de l’ex-grand espoir Arnold Mvuemba, et celui à venir de John Utaka, tous les deux vers l’ambitieux Portsmouth FC...
À lire entre les lignes, deux de ces fameuses prolongations laissent songeur. Si celles de Marveaux (jusqu’en 2011) et de Sorlin (2010) laissent encore entrevoir de longs avenirs en rouge et noir, il n’en est pas de même pour Étienne Didot et surtout pour Jimmy Briand.
Le capitaine rennais a longtemps laissé planer le doute sur son avenir, et nombreux sont ceux qui s’étaient résignés à le voir partir sous d’autres cieux. Son attitude lors du dernier match à domicile de la saison, face à Lorient, ne laissait guère d’espoir, disait-on. Annoncé à Bordeaux ou encore à Paris, le Paimpolais a fini par rester.
Mais avec quel état d’esprit ? Celui d’un joueur déçu de ne pas avoir changé d’air (on rappellera que, issu du centre de formation, Étienne Didot est au Stade Rennais depuis près de 10 ans) ou celui d’un capitaine décidé à accompagner encore la progression d’un club qui se veut « ambitieux » ?
Désormais lié au Stade Rennais jusqu’en 2010, le Costarmoricain semble avoir laissé son avenir en suspens. Nul doute que l’on verra ressurgir dans un an de nouvelles rumeurs de départ.
La formation oui, mais après ?
Le cas de Jimmy Briand est moins ambigu. Conscient de son intérêt à jouer la stabilité après avoir été appelé par Raymond Domenech chez les Bleus, l’attaquant a sans doute remis son départ à l’année prochaine. Un contrat prolongé d’un an (jusqu’en 2010 désormais) assurera certainement une bonne indemnité de transfert au Stade Rennais... à condition que Briand continue sa progression.
L’ancien pensionnaire de l’INF Clairefontaine a déjà aiguisé les appétits de nombreux clubs, notamment anglais. Il serait étonnant de les voir abandonner une piste si prometteuse.
Car il faut bien reconnaître que le Stade Rennais connaît les problèmes de ses atouts. Lui qui s’enorgueillit d’un centre de formation ultra-performant n’est pas encore assez puissant pour conserver ses meilleurs jeunes bien longtemps. L’exemple récent de Grégory Bourillon et celui - sans doute - à venir de Jimmy Briand montrent bien l’étendue du dilemme, celui d’un club coincé à mi-chemin entre ce qu’il était avant (un club moyen du football français, qui faisait le yoyo entre D1 et D2) et ce qu’il tente de devenir, à savoir une pièce qui compte sur l’échiquier hexagonal.
Avant d’être plus reconnu encore, le pillage semble de mise, mais pourrait s’atténuer si le club continue sa croissance. Un peu à l’image de ce qu’a réussi à faire l’Olympique Lyonnais.
Les tauliers débarquent
En attendant, Pierre Dréossi semble vouloir miser sur l’expérience pour encadrer les jeunes pousses de l’effectif. Petter Hansson, Mickaël Pagis, Jérôme Leroy, éventuellement Sylvain Wiltord par la suite, autant de joueurs de valeur qui apporteront leur précieux vécu.
_ Mais avec quel horizon ? Largement trentenaires, Pagis et Leroy ont chacun signé pour deux saisons (trois pour Hansson, qui est un peu plus jeune), et tout laisse à penser que la durée de contrat d’un Wiltord ne serait pas beaucoup supérieure. Autrement dit, un recrutement opéré avec une vision à très court terme, avec des joueurs qui connaissent sans doute le dernier ou l’un des derniers clubs de leur carrière.
Fini le temps où débarquaient à Rennes de jeunes joueurs étrangers venus s’aguerrir en Ligue 1 en évoluant dans un club « tremplin », propice à de plus hautes ambitions, comme Kim Källström ou Alexander Frei. Pierre Dréossi recrute davantage français, recrute surtout expérimenté, et l’on note que ce virage avait été amorcé dès la saison dernière avec les arrivées de Cheyrou, Thomert et Moreira.
Entre jeunes joueurs en passe de finir leur cycle rennais et joueurs expérimentés plus près de la sortie que de leurs débuts professionnels, la saison à venir pourrait bien être la saison où jamais. Celle où concrétiser un cycle débuté la saison passée, celle où nombre de jeunes joueurs seront arrivés à maturité pour donner la pleine mesure de leur talent, et où les membres expérimentés de l’effectif pourront encore donner le meilleur d’eux-mêmes.
Une saison où le Stade Rennais devra s’affirmer un peu plus sur la scène nationale et européenne, et qui amènera peut-être aux supporters rennais le trophée qu’ils attendent depuis 1971.
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