Top 10. Ce lundi, le retour de Frédéric de Saint-Sernin à la présidence du Stade rennais a été officialisé après réunion du conseil d'administration du club. À cette occasion, retour sur les mandats de dix présidents qui ont contribué à faire l'histoire des Rouge et noir.
Dans l’histoire du Stade rennais, Bernard Lemoux reste comme un président marquant. Controversé certes, mais fort en caractère et indéniablement amoureux de son club. Son nom reste attaché au conflit qui l’a opposé aux « intellectuels » de l’effectif rennais en 1975 : les universitaires Raymond Keruzoré, Loïc Kerbiriou ou encore Yves Le Floch sont tous chassés du club, Lemoux les taxant au passage de « gauchistes » voulant abuser de leur influence sur l’effectif.
Mais Lemoux, c’est aussi un jeune président qui se sera démené pour faire survivre son club au cœur d’une période difficile financièrement, lançant des initiatives auprès des supporters, comme une vente d’autocollants aux couleurs du Stade rennais (geste qui semble aujourd’hui dérisoire, mais qui illustre le type d’actions menées à l’époque). Un président qui aura également réussi à faire venir le phénomène Laurent Pokou à Rennes. Plus tard, en 1979, alors qu’il avait quitté le Stade rennais depuis plusieurs années, c’est lui aussi qui viendra apporter son obole financière, permettant aux dirigeants de boucler leur budget, et de disposer d’une petite avance. La saison suivante, les "Pavillons Bernard Lemoux" s’affichent d’ailleurs en tant que sponsor maillot sur le torse des joueurs rennais.
Installé par François Pinault à la tête du Stade rennais en 2002, Emmanuel Cueff a laissé une trace plutôt lisse de son passage chez les Rouge et noir. Il est d’ailleurs indissociable des deux autres membres du triumvirat rennais de l’époque, Pierre Dréossi et Laszlo Bölöni. Cueff est d’abord un homme de l’ombre dans la galaxie Pinault, qui œuvre notamment lors du rachat du Stade rennais en 1998, jouant alors les intermédiaires avec la mairie de Rennes.
Directeur du magazine Le Point, l’un des titres de presse de la holding Artémis, Cueff tient alors l’image d’un président bonhomme, parfois moqué pour son look de premier de la classe, et qui, surtout, ne fait pas de vagues et est très bienveillant avec les supporters rennais. Selon la rumeur, c’est finalement une trahison envers la famille Pinault qui lui sera fatale : début 2006, Cueff décide de reconduire le contrat qui lie le Stade rennais à l’équipementier Airness. Problème : la famille Pinault vient de se lancer dans le rachat de Puma, et compte évidemment équiper son club de foot avec des produits de sa nouvelle acquisition. Quelques mois plus tard, Emmanuel Cueff est débarqué du Stade rennais et quitte Artémis. Il se lance ensuite à la tête d’une entreprise de produits électroniques, Seprolec.
Peu nombreux sont les présidents du Stade rennais à avoir été à la tête du club sur deux périodes distinctes. Comme Frédéric de Saint-Sernin, René Ruello est de ceux-là. Industriel local, fondateur de l’entreprise agro-alimentaire Panavi, il accède à la présidence du Stade rennais en 1990, et ne la lâche qu’en 1998, au profit de Pierre Blayau, lorsque le club est racheté par François Pinault. Il reste néanmoins membre du conseil d’administration, et retrouve son fauteuil en 2000 pour deux saisons supplémentaires. Depuis, René Ruello a cédé Panavi pour se reconvertir dans l’hôtellerie, à Dinard.
Impétueux, souvent impulsif – on se rappelle de sa prise de position contre Paul Le Guen et Bernard Lama, mais également de ses sorties à l’encontre de Mikaël Silvestre et Ousmane Dabo, lors de leur précoce départ vers l’Italie -, René Ruello a aussi joué un grand rôle dans la stabilisation des Rouge et noir dans l’élite, parvenant à assainir les finances du club après deux décennies de troubles. C’est également sous sa présidence que sont nés les projets de modernisation des infrastructures, avec la création de la Piverdière et rénovation du stade, finalement concrétisés sous l’ère Pinault.
Pour comprendre l’influence d’Ernest Folliard, il faut avoir en tête que la FFF, créée en 1919 sous le nom de FFFA, n’a pas toujours régi le football français. Auparavant, c’est l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) qui a la main sur le sport français, dont le football, et en organise les compétitions.
Alors, quand s’annonce la fin de la Première Guerre mondiale, les conflits se poursuivent en France au sein des instances du ballon rond. La FFFA qui s’annonce a ses partisans au Stade rennais, de même que l’USFSA. Mais les débats tournent en faveur de la première, et le club rouge et noir se retrouve à la tête des "dissidents" régionaux qui choisissent de quitter le giron de l’ancienne fédération. À l’été 1918, le Stade rennais joue ainsi un rôle majeur dans la création de la Ligue de l’Ouest de football-association, aujourd’hui connue sous le nom de Ligue de Bretagne. Ancien (et futur) président du Stade rennais, Ernest Folliard était un ardent partisan de ce nouveau départ. Fort logiquement, à l’issue de la première assemblée générale de cette nouvelle institution, il est élu comme premier président de la Ligue de l’Ouest. Un poste qu’il occupe jusqu’en 1928, date à laquelle il redevient président du Stade rennais.
La fin des années 1980 et le début des années 1990 au Stade rennais, c’est la période « Pfizer ». Le nom d’un groupe pharmaceutique américain placardé durant de nombreuses années sur les maillots rouges et noirs, principal sponsor du club alors, et qui s’est logiquement invité au sein du conseil d’administration du club.
Président-directeur général de la branche française de Pfizer, Jean-Raphaël Soucaret entre donc dans l’équipe dirigeante du club durant les années 1980. Et alors que de mauvais résultats sportifs fragilisent le président Gérard Dimier, celui-ci est évincé au profit de Soucaret. Après une première période de présidence de quelques mois en 1987, lors de laquelle il limoge l’entraîneur en place Pierre Mosca, l’homme d’affaires revient aux commandes en 1988. Sous son impulsion, le club modernise ses statuts. D’association « classique », créée en 1972 après la séparation de la section football du Stade rennais omnisports, le club passe au statut de société d’économie mixte, associant la ville de Rennes et des capitaux privés. Une modernisation nécessaire, à une époque où le football français arrive à un tournant, celui des « années fric », symbolisées par Bernard Tapie à Marseille et Claude Bez à Bordeaux.
Reste que, souvent retenu par ses activités professionnelles à Paris, Jean-Raphaël Soucaret lancera une mode qui perdure encore aujourd’hui : celle du président qui ne vient généralement à Rennes que pour le week-end. Après lui, Pierre Blayau, Emmanuel Cueff, Frédéric de Saint-Sernin et Patrick Le Lay suivront cet exemple.
Janvier 1978. Le Stade rennais est au bord de la faillite, et de la disparition pure et simple. Aux commandes du club depuis quelques mois, Alfred Houget ne se décourage pas et cherche à sauver le Stade rennais, le club de toute une région. Coûte que coûte. Une obstination qui paye, et qui permet au club de garder la tête hors de l’eau.
Malgré tout, et même s’il sera resté longtemps dans les arcanes du Stade rennais, Alfred Houget n’aura pas eu une grande longévité au poste de président. Deux saisons très difficiles, où toutes les idées auront été valables pour faire survivre le club rouge et noir. Logique que le président Houget se soit démené pour faire revenir Laurent Pokou à Rennes, après un exil peu concluant à Nancy, tant le buteur ivoirien était synonyme de spectacle, vecteur indispensable pour attirer du public dans les travées du stade de la route de Lorient. Sans lui, qui sait si le Stade rennais existerait encore aujourd’hui.
Sa victoire en Coupe de France en 1971, c’est en bonne partie à Jean Rohou que le Stade rennais la doit. Fin 1969, les Rouge et noir sont au fond du trou sportivement et financièrement : en queue de classement de D1, ils affichent des pertes financières considérables. C’est alors qu’arrive ce Finistérien, maire de Carhaix depuis 1957, conseiller général depuis 1961 (et qui le sera jusqu’en 1998, sept ans avant son décès), entrepreneur de travaux publics, et président durant seize ans des Dernières Cartouches, le club de foot de sa ville. « Le Stade rennais est une affaire de Bretagne », clame-t-il à sa nomination, rappelant que l’impact des Rouge et noir va bien au-delà de l’Ille-et-Vilaine, et que, malgré ses attaches finistériennes, il en est un ardent supporter.
En quelques mois, sous sa présidence, le club se redresse. Financièrement, mais aussi sportivement, grâce au judicieux recrutement de Marcel Aubour. Et la récompense vient dès la saison suivante, avec cette fameuse seconde victoire en Coupe de France. Finistérien pur jus (jusqu’à l’âge de neuf ans, il ne parlait que breton), Jean Rohou quitte finalement le club en 1972.
Avec Alfred Houget, Gérard Dimier a été l’un des grands artisans de « l’opération survie » qui a sauvé le Stade rennais début 1978. Accédant à la présidence l’année suivante, il se sera ensuite évertué à redonner au Stade rennais le statut qui était le sien dans les années 1960-1970. Naviguant toujours dans des eaux troubles financièrement, le club rouge et noir s’est alors patiemment rebâti. En 1983, alors que le Stade rennais remonte enfin dans l’élite, Gérard Dimier le clame : « Six saisons en D2, cela suffit ! Il est temps de reprendre la place que mérite le Stade rennais et la ville de Rennes ».
Malheureusement, les Rouge et noir entament alors leur période d’ascenseur, ce qui ne leur permet pas de bâtir sur la durée. Entreprise en 1986, une rénovation complète du stade est obligée d’avorter, la faute à une descente en D2 : seule la tribune Lorient aura vu le jour. Des difficultés sportives qui auront aussi raison de la présidence Dimier, ce dernier étant mis en minorité au conseil d’administration début 1987.
Si l’on associe davantage le nom de Jean Prouff aux succès du Stade rennais dans les années 1960-1970, le nom du président d’alors, Louis Girard, mérite lui aussi d’être mis en avant. Car c’est lui qui a posé les premières pierres des deux victoires rennaises en Coupe de France. Installé à la tête du Stade rennais depuis 1954, il s’est d’abord évertué à moderniser le stade de la route de Lorient pour en améliorer le confort et la capacité d’accueil. Sous son impulsion, deux tribunes en béton armé sont construites aux emplacements actuels des tribunes Vilaine et Lorient. La première survivra jusqu’à la fin des années 1990.
Mais l’action de Louis Girard ne s’arrête pas aux infrastructures, et celui-ci se sera évertué à rendre ses Rouge et noir compétitifs. Après une période d’ascenseur entre D1 et D2, ses choix de faire confiance à Henri Guérin, Antoine Cuissard et enfin Jean Prouff se révèlent décisif. Grâce à eux, le Stade rennais parvient à s’ancrer parmi les meilleures équipes de l’élite. Une ascension qui débouchera en 1965 et en 1971 sur les deux succès rennais en Coupe de France. Malheureusement, sa très longue période de présidence (quinze ans), se termine sur de gros problèmes financiers, et par une démission en conséquence.
Isidore Odorico a laissé une trace majeure à Rennes. Aussi bien à travers les mosaïques qui ont fait sa réputation - ainsi que celle de sa famille - (piscine Saint-Georges...), qu’avec un Stade rennais dont il fut l’un des illustres dirigeants durant de nombreuses années. Fait unique, Isidore Odorico fut auparavant joueur au Stade rennais, disputant quelques matchs avec l’équipe première au détour des années 1910 et 1920.
Mais si, depuis 1987, son nom a été donné au bâtiment qui accueille les jeunes du centre de formation, c’est surtout parce qu’Isidore Odorico a été l’un des inspirateurs du professionnalisme en France, et qu’il a profondément contribué à ancrer le Stade rennais dans ce mouvement. Rapidement devenu dirigeant, il œuvre au rayonnement de son club en Bretagne et en France. Aux côtés des grands dirigeants français de l’époque, les Georges Bayrou et les Emmanuel Gambardella, il milite pour la professionnalisation du football français, alors que les dérives anglaises en la matière sont pointées du doigt par les bien-pensants, et que l’amateurisme marron (professionnalisme « déguisé ») est devenu la règle. Un combat qui trouve son exutoire en 1932, avec la première édition de ce qui est aujourd’hui la Ligue 1. Évidemment, le Stade rennais y est présent. Grâce à Isidore Odorico.
Delacour (1902-1906), Sexer (1906-1909), Folliard (1909-1916), Deleusme (1916-1921), Sordet (1921-1923), Grimoux (1923-1928), Folliard (1928-1929), Baudet (1929-1933), Odorico (1933-1938), Landgren (1938-1943), Cormier (1943), Huchet (1943-1944), Jullien (1944-1946), Delisle (1946-1952), Florio (1952-1954), Girard (1954-1969), Bernard (1969), Rohou (1969-1972), Dault (1972-1973), Lemoux (1973-1977), Houget (1977-1979), Dimier (1979-1987), Soucaret (1987), Duval (1987-1988), Soucaret (1988-1990), Ruello (1990-1998), Blayau (1998-2000), Ruello (2000-2002), Cueff (2002-2006), Saint-Sernin (2006-2010), Le Lay (2010-2012), Saint-Sernin (2012-...)
generationvdb
27 juin 2012 à 14h16Efficace comme d’habitude...
Demande relecture pour les présidents que je ne connaissais pas...
et pour mieux me souvenir des autres,
Merci.
Forza Roazhon !!!!!!
Jorge Sexer
3 mars à 16h34Si l’on veut savoir davantage sur les présidents, comment faire ? C’est surtout M. Sexer (1906-1909) qui m’intéresse. Merci !
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