Stade Rennais Online

Daniel Rodighiero : « Rennes m’a permis de toucher le nirvana »

Rodighiero 22 février 2012 à 09h59 18 commentaires

Interview. Grand artisan de la première victoire rennaise lors de l'épopée de la Coupe de France 1965, et deuxième meilleur buteur de l'histoire du Stade rennais, Daniel Rodighiero s'est confié pour Stade Rennais Online. Entretien passionnant et exclusif de l'une des figures de proue du football français des années 1960.

Stade Rennais Online : Vous avez débuté votre carrière professionnelle au Red Star entre 1957 et 1964 (avec une pige à Caen au passage). Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts audoniens et de vos premières joutes en D2 ?

Daniel Rodighiero : « Mon envie de devenir footballeur professionnel débute à l’âge de 10 ans, dès ma première licence signée effectivement au Red Star. Puis est arrivé mon premier match avec l’équipe professionnelle à l’âge de 18 ans contre Vicenza en Coupe des clubs de deuxième division. Puis ensuite ma pige à Caen, longue de six mois (le Red Star avait été interdit de football professionnel fin 1959) avec Jean Prouff alors entraîneur du Red Star. J’ai même joué au côté de M. Prouff, alors âgé de 40 ans, lors d’un 16ème de finale de Coupe de France contre Forbach, une équipe de seconde division. Il nous avait fallu deux matches pour venir à bout de cette coriace équipe de l’Est de la France. En 32èmes, nous avions battu l’équipe de Lens, alors en tête du championnat de première division. Notre parcours dans cette coupe se termine contre Bordeaux en quart de finale, et se solde par une défaite 3 à 1. Le Red Star a ensuite été blanchi dans son affaire de corruption. Le club ayant retrouvé le statut professionnel, le Président Zénatti a fait valoir mon appartenance au club, et a bloqué la signature que j’allais accorder à Sochaux. Je n’y ai pas vu d’inconvénient, d’autant que le Red Star s’alignait sur l’offre financière des Doubistes. Au cours de ce séjour au Red Star qui a duré trois ans, j’ai été sélectionné en équipe de France des clubs de deuxième division contre l’Italie à Naples, devant 60.000 personnes avec une défaite à la clé 3 à 2. Mais avec deux buts de la tête de ma personne. Les joutes, comme vous les appelez, étaient des combats de tous les instants. La seconde division était un championnat qui donnait lieu à des rencontres spectaculaires. Cela a été pour moi un tremplin vers ce que je désirais le plus : la première division ! ».

SRO : Vous êtes ensuite recruté par Rennes à l’intersaison 1964. Quelles ont été les circonstances de votre venue au Stade rennais ?

D.R. : « Je suis sélectionné en équipe de France espoirs, pour un match à Nantes contre l’Écosse, où nous avions perdu 3 à 0. Mais ce jour-là et malgré la défaite, j’avais été selon les journaux, le meilleur joueur français, et ce, sous les yeux d’Antoine Cuissard alors entraîneur du Stade rennais. Je pense que ma prestation avait séduit le coach stadiste, et peut-être que celui-ci a pensé à me recruter pour la saison suivante. Quelle a été ma surprise d’apprendre que Jean Prouff, qui avait été mon entraîneur au Red Star et ensuite à Caen, prenait en main le Stade rennais. C’est ce qui a peut-être fait avancer les choses pour mon transfert, qui a tout de même coûté au Stade rennais la somme de 20 millions d’anciens francs, ce qui était un montant conséquent pour l’époque. Je pense que le Stade rennais me suivait déjà, car en cette fin de saison 1963-1964, j’avais obtenu la récompense suprême : meilleur joueur de seconde division ».

SRO : Avant votre engagement, que connaissiez-vous du club de la capitale bretonne ?

D.R. : « Je connaissais le Stade rennais en tant que club emblématique de toute une région, avec des supporters venant de toute la Bretagne, et avec beaucoup de joueurs bretons au sein de son effectif. À ce moment-là, il n’y avait pas de clubs professionnels en Bretagne. Lorient, Brest, Guingamp existaient déjà, mais seulement au niveau amateur. Et surtout, Rennes avait été vaincu deux fois en finale de la Coupe de France, en 1922 et 1935 ».

SRO : À l’époque, d’autres clubs de l’élite ont-ils sollicité vos talents de buteur hors-pair ?

D.R. : « Bien sûr. Sochaux s’était fait pressant de même que le club de Como, une équipe italienne de première division, et le Racing de Paris ».

SRO : Quels souvenirs avez-vous conservé de votre premier match avec l’équipe fanion du SRUC, le 30 août 1964 face au Strasbourg ?

D.R. : « Très mauvais souvenir. Défaite 2 à 1. J’ai connu un match difficile car j’étais grippé, alors que je voulais montrer ma valeur, puisque je venais d’être transféré du Red Star pour la coquette somme de 20 millions d’anciens francs. Je crois même qu’il s’agissait du plus gros transfert de cette saison 1964-1965 ».

SRO : Sur le terrain, votre entente avec Claude Dubaële et Giovanni Pellegrini est excellente. Comment expliquez-vous cette incroyable complémentarité (meilleure attaque de D1 en 1965) ?

D.R. : « Effectivement, avec Claude Dubaële et Giovanni Pellegrini, sans oublier Jean-François Prigent à droite, nous étions par moment euphoriques. Il faut dire que le 4-2-4, institué par notre coach Jean Prouff, nous permettait de pratiquer un football offensif, aidés dans cette tâche, par deux joueurs de grande classe : Coco Ascensio et Marcel Loncle. Aidés également par deux arrières très offensifs : Louis Cardiet et Jean-Claude Lavaud. D’où quelques victoires éclatantes, dont une acquise contre Nantes dans son fief 3 à 2. Il a d’ailleurs fallu attendre plus de quarante ans pour qu’une équipe rennaise vienne s’imposer à Nantes. Également au cours de cette saison mémorable pour le club, la victoire de nouveau face à Nantes au match retour 4 à 0, devant les caméras de la télévision française (Je crois qu’il s’agissait même du premier match de championnat télévisé). Cette complémentarité nous a permis d’avoir la meilleure attaque de D1, et pour moi de marquer vingt buts dans la saison ».

Buteur en finale de Coupe de France

SRO : Vous avez finalement disputé six saisons complètes chez les « Rouge et Noir » (entre 1964 et 1970), quels ont été les meilleurs moments de cette époque stadiste ?

D.R. : « Ma première saison 1964-1965 où j’ai tout connu. Victoire en Coupe de France, international, meilleure attaque, 20 buts, que demander de plus ? J’oubliais le plus important, la naissance de mes deux filles nées à Rennes ».

« À ma première sélection, je me suis dit, ça y est Daniel, tu es arrivé »

SRO : Pouvez-vous nous raconter votre fabuleux parcours en Coupe de France 1965, des deux finales à Colombes ? de vos onze buts durant la compétition ?

D.R. : « Notre parcours débute en 32èmes contre le Red Star à Brest et par une victoire 2 à 1. Mais sans moi, étant resté à Rennes pour me faire soigner. Au tour suivant, c’est avec beaucoup de difficultés que nous venons à bout du RC Lens, emmené par les frères Lech. Victoire 4 à 3 au Parc des Princes, avec deux buts de ma part. Le huitième de finale à Amiens, face aux amateurs de Saint-Quentin (championnat de France amateur), est plus tranquille. Ceux-ci sont corrigés 10-0, avec cinq buts de ma part et quatre de Pellegrini. En quart de finale face à Nice, au Stade Vélodrome de Marseille, nous continuons notre chemin grâce à une nouvelle victoire 5-2. Arrive enfin le dernier obstacle vers la finale, et une rencontre face à l’équipe de Saint-Étienne qui est menée par Robert Herbin, au Parc des Princes. Encore une victoire 3-0, avec deux buts de Pellegrini et un de Dubaële. Il y avait beaucoup de journalistes ce soir-là. On dit que ce match avait été le meilleur des vingt dernières années. Le 23 mai 1965, nous nous retrouvons en finale au Parc des Princes, contre l’UA Sedan. Menés rapidement 2 à 0 (buts de Marie et de Perrin), mais loin de nous affoler, nous réduisons le score à la 44ème minute par Ascensio, notre métronome. Dès la reprise, à l’heure de jeu, je reprends de la tête un centre de Marcel Loncle pour égaliser. La prolongation ne donne rien. Comme il n’y avait pas de tirs au but pour départager les deux équipes, il a été décidé de rejouer cette finale le 26 mai, toujours au Parc des Princes. Seul changement parmi les vingt-deux acteurs, Brucato remplace Cédolin. Sedan mène de nouveau rapidement sur un pénalty transformé par Herbet, et cela jusqu’à la mi-temps. Dès la reprise (47ème), lancé en profondeur par Marcel Loncle, et sprintant aux côtés de Lemerre et Marie, comme si nous faisions un cent mètres, je viens égaliser en trompant de près Tordo, qui lui était resté figé sur sa ligne de but. Il a fallu attendre le dernier quart d’heure (77ème) pour asseoir notre supériorité, et voir Loncle reprendre victorieusement une remise de la tête de Pellegrini, 2 à 1 à ce moment-là. À la 86ème minute vient le coup de grâce, par mon intermédiaire. Dubaële est déséquilibré dans la surface. Pénalty sifflé par Monsieur Kitabdjian et transformé par moi-même. Nous pouvons enfin souffler et entrevoir cette victoire, qui échappait au Stade rennais depuis 1922. Je ne raconterais pas l’accueil de la ville de Rennes qui a été extraordinaire. Une foule en délire dans les rues jusqu’à notre arrivée place de la mairie, où nous attendait le maire de la ville, Monsieur Henri Fréville. Je voudrais maintenant savoir si mes onze buts dans cette compétition est un record. Je n’ai pas encore vérifié mais je crois que oui ».

SRO : Vous avez inscrit 125 buts (deuxième meilleur total de l’histoire du club, derrière Jean Grumellon) pour le SRUC (toutes compétitions confondues). Y’en a t-il un qui vous a plus marqué que les autres ?

D.R. : « Il faut rappeler que je suis resté six saisons et demie à Rennes, alors que Jean Grumellon est quant à lui resté dix saisons. Pour les buts, il y en a eu plusieurs, mais tous ont été importants. En 1965, le dernier but contre Strasbourg qui nous donne la victoire, et où nous prenons notre revanche du premier match de championnat. Victoire 3 à 2, et nous devenons également grâce à ma réalisation, la meilleure attaque du championnat devant Nantes. Et d’un point de vue personnel, j’atteins la barre des vingt buts. Le but égalisateur lors de la première finale contre Sedan, qui nous donne le droit de rejouer une seconde manche. Mais également le but égalisateur de la deuxième finale, et le troisième qui nous met à l’abri de tout retour de Sedan. En 1969, le but du 1 à 0 contre Saint-Etienne alors invaincu, qui nous a permis de nous maintenir au contact de ces derniers, et ceci avant la trêve hivernale. Mais je crois que tous mes buts m’ont donné cette joie que ressent le buteur à cette occasion ».

SRO : Vous avez eu la chance d’être entraîné par Jean Prouff. Qu’avait-il de si spécial ?

D.R. : « J’ai eu la chance de côtoyer Jean Prouff au Red Star, à Caen, puis à Rennes. C’était un entraîneur très proche de ses joueurs, leur laissant une liberté totale, et aimant le beau football surtout. Il prônait l’attaque continuellement. L’entraînement spécifique et physique se faisait toujours avec ballon. Nous étions libres sur le terrain, tout en sachant que nous avions quelques consignes à respecter ».

SRO : Vous avez été sélectionné à deux reprises en équipe de France, contre l’Autriche le 24 mars 1965 et face à l’Argentine le 3 juin 1965. Quels souvenirs gardez-vous de ces moments uniques dans une carrière de footballeur ?

D.R. : « À ma première sélection, je me suis dit : « Ça y est Daniel, tu es arrivé. La suite ne sera que du bonus ». Porter ce maillot est une chose exceptionnelle. Entendre la Marseillaise, et penser que vous représentez votre pays est une chose inoubliable. Et surtout savoir que votre famille vous regarde, quelle joie, quel bonheur. Il y a une chose que vous ne savez pas, c’est que j’avais été sélectionné de nouveau contre le Luxembourg en Coupe d’Europe ; mais le sélectionneur de l’époque, encore un, Monsieur Dugauguez, ne m’avait pas fait jouer ce match. Il avait préféré Charly Loubet, alors que celui-ci souffrait de l’épaule. Il a fallu lui faire plusieurs injections pour dissiper la douleur, alors que ce n’était pas indispensable qu’il joue contre cette équipe du Luxembourg qui n’avait jamais gagné un match, et alors que je n’arrêtais pas de marquer des buts en championnat ».

SRO : Qu’est-ce qui vous a coûté une carrière internationale plus longue ?

D.R. : « Le changement continuel de sélectionneurs. Ceux-ci prenaient toujours les mêmes joueurs. Et surtout, les Nantais avaient une cote d’enfer à cette période. Un exemple : en 1966 avait lieu la Coupe du monde en Angleterre. J’avais été présélectionné dans les quarante joueurs en stage à Manosque. Quarante-huit heures avant, je joue avec l’équipe de France B et suis le capitaine de la sélection. Avec mes nombreux buts et un Breton en tant que sélectionneur, en l’occurrence Henri Guérin, un ex-Rennais, j’espérais être dans la liste définitive. Encore une fois la razzia fut nantaise : Gondet, Simon, Blanchet, De Michèle, Eon ».

Rodighiero en équipe de France

SRO : Vous quittez finalement le SRUC en octobre 1970, pour rejoindre US Valenciennes-Anzin. Pourquoi ? Quelles étaient les raisons de ce départ ? Regrettez-vous d’être parti à ce moment-là ?

D.R. : « En 1969, Monaco s’était renseigné, mais le Stade rennais n’a pas voulu me transférer. Quel dommage, car la saison 1970-1971 avait mal débuté pour moi, du fait d’un traumatisme lors d’un entraînement. En cause, un contact avec Marcel Aubour. Suite à cet arrêt de plus de trois semaines, Jean Prouff ne me faisait plus confiance. Après avoir tant donné pendant six ans, et voyant que l’on ne comptait plus sur moi, j’avais demandé pour aller voir ailleurs. Ce qui fut le cas à la fin de l’année 1970. Je pensais quitter le Stade rennais libre. Même pas, celui-ci trouva le moyen de récupérer de l’argent sur ce transfert ».

SRO : À Valenciennes, vous jouez en position d’arrière-central. La transition n’a-t-elle pas été trop difficile ?

D.R. : « Lors de mon arrivée à Valenciennes, Domergue notre entraîneur, m’avait placé au poste de numéro 10 avec l’objectif d’annihiler les meneurs de jeu adverses. Ce qui était une aberration pour moi, habitué à un rôle offensif pendant toute ma carrière. Malgré cela, je faisais des miracles à ce poste. L’inconvénient est que derrière, notre défense prenait beaucoup de buts. Suite à notre descente en seconde division, l’entraîneur a eu la riche idée de me mettre au poste de libéro. C’est ainsi que nous sommes restés sans prendre de buts pendant plus de quinze matches je crois. Ce qui nous a permis de remonter à la fin de la saison en première division ».

SRO : Après deux saisons dans le Nord (1970-1972), vous avez ensuite évolué au Stade lavallois pendant quatre années. Ce périple mayennais vous a t-il apporté d’un point de vue personnel et footballistiquement parlant ?

D.R. : « J’ai joué une saison et demie, et non deux saisons dans le Nord. Ce périple mayennais comme vous le définissez, fut une bouffée d’oxygène. J’ai trouvé en ce Stade lavallois, un milieu familial où les mots amitié et respect prenaient toutes leurs valeurs, et ceci grâce à son président Monsieur Bisson, et surtout grâce à son entraîneur Michel Le Milinaire qui était l’exacte réplique de Jean Prouff. Il nous laissait une liberté de jeu, tout en respectant ses consignes. Au point de vue football, Le Milinaire m’avait mis en « dix » à mon arrivée. Mais après plusieurs matches, et comme nous prenions beaucoup de buts, « Mimi » décide de me remettre au poste de libéro comme à Valenciennes. Ce fut une réussite, puisqu’à la fin de la saison 1975-1976, mous montons en première division après deux matches de barrage contre le Red Star, mon club formateur. 1-0 à l’aller, puis 2-1 au retour ».

SRO : Durant votre carrière, vous avez évolué aux côtés de très grands joueurs, lesquels vous ont le plus marqué ?

D.R. : « Tous les joueurs m’ont marqué, chacun dans leur registre. Je ne puis citer des joueurs sans faire de la peine aux autres ».

SRO : Mais quand même, le SRUC, c’est LE club de votre carrière ?

D.R. : « Oui, car celui-ci m’a permis de toucher le nirvana que tous les joueurs espèrent atteindre un jour ».

« Vu les qualités de Sylvain Wiltord, j’ai tout de suite appelé Patrick Rampillon qui m’a dit d’accord pour un essai »

SRO : À l’heure actuelle, côtoyez-vous toujours d’anciens joueurs du Stade Rennais ?

D.R. : « Très peu. Ceux-ci sont en Bretagne alors que j’habite Paris. Par contre, j’ai été dernièrement en contact avec Georges Lamia, le gardien de but de l’épopée de la Coupe de France 1965. Avec Louis Cardiet et Khennane Mahi également, mais seulement au téléphone. Il y a quelques années, en 2005 pour tout vous dire, je voulais réunir les vainqueurs de la Coupe de France 1965 pour fêter ce quarantième anniversaire, lors d’un match à Rennes. Projet toujours en attente ».

SRO : Après votre carrière de footballeur, quel a été votre parcours ? Que devenez-vous ?

D.R. : « Après avoir été le papa de deux adorables petites filles, celles-ci ayant choisi la danse classique, et voulant devenir danseuses, nous avons quitté Rennes pour Paris. Elles furent à un moment donné toutes les deux à l’Opéra de Paris, ce qui est une chose très rare. L’aînée Stéphanie vient de quitter l’Opéra de Paris, après trente-six années de carrière avec le grade sujet. Ophélie est toujours danseuse. Après avoir quittée l’Opéra, elle est maintenant première danseuse à l’Opéra de Finlande. À la fin de ma carrière, j’ai passé les diplômes d’entraîneur et obtenu la note de 14, qui m’ouvrait les portes du professionnalisme. Au même moment est arrivé un appel d’Adidas, me demandant si je voulais travailler pour la marque. Je n’ai pas hésité, nous étions en 1978. Je suis resté dix-sept ans chez Adidas, aux côtés de très nombreux joueurs professionnels : Quittet, Guillas, Bereta, Revelli. Tout en travaillant pour Adidas, j’ai été nommé secrétaire général du club des internationaux de football en 1985. Je suis d’ailleurs toujours au club en tant que trésorier général. Au cours de ces années passées à la tête du club des internationaux, j’ai pu grâce à mes connaissances, parcourir le monde avec mes amis internationaux pour des matches de bienfaisance. Nous avons ainsi pu aller à la Réunion (deux fois), à l’île Maurice, en Nouvelle-Calédonie (trois fois), Tahiti, Cap-Vert, Sénégal, Chine, Vietnam, Moscou, Saint-Pétersbourg. Le club des internationaux vient également en aide aux anciens dans le besoin. Nous avons créé pour cela une commission d’entraide. Je suis, depuis de nombreuses années, également membre de la commission de discipline de la FFF, et de la commission de visionnage ».

SRO : On dit que vous avez repéré Sylvain Wiltord au début des années 1990 et que vous l’avez recommandé à Patrick Rampillon. Est-ce que cette anecdote est vraie ? Quelles sont les circonstances qui vous ont amené à voir jouer Wiltord, qu’est-ce qui vous a marqué en le voyant jouer ? Avez-vous repéré d’autres joueurs pour le Stade rennais ?

D.R. : « Sylvain Wiltord m’avait été recommandé par une connaissance. C’est alors que j’ai été le voir jouer. Vu ses qualités, j’ai tout de suite appelé Patrick Rampillon qui m’a dit d’accord pour un essai. Ce fut un essai concluant. Le destin fit bien les choses, pour Sylvain et pour le Stade rennais. Anecdote : il y a quelques années, du temps de René Ruello, j’avais proposé mes services pour représenter le Stade rennais en temps que prospecteur de nouveaux talents en région parisienne et dans d’autres régions. Mais celui-ci n’a pas donné suite ».

SRO : Suivez-vous toujours l’actualité du club de la capitale bretonne ?

D.R. : « Bien sûr. Je suis tous les matches du SRFC. Dommage que je ne puisse être présent à toutes les rencontres. Mais il y a toujours un peu de moi-même à chaque match, car j’ai un salon à mon nom dans la tribune Lorient. Je profite de l’occasion pour remercier de nouveau le Stade rennais, pour m’avoir fait cet honneur. Lorsque je dis que j’ai un salon à mon nom, tous mes amis et supporters, me disent que c’est exceptionnel, car c’est après la disparition du joueur que l’on fait habituellement ce geste ».

SRO : Rennes est septième après vingt-quatre journées. Pensez-vous le SRFC capable de décrocher une place pour la Ligue des champions ? De manière plus générale, quel regard portez-vous sur les performances rennaises depuis le début de la saison ?

D.R. : « Peut-être pas la Ligue des champions, mais la Ligue Europa, oui. C’est une équipe très jeune, qui depuis le début de la saison n’a pas quitté les premiers rangs. La défaite à Ajaccio 1 à 0 a été une surprise pour moi, car je les voyais passer cet obstacle. Dommage, car ces trois points perdus ajoutés aux trois points de Marseille, vont compter à la fin de la saison pour l’attribution des places d’honneur ».

SRO : Que pensez-vous de Frédéric Antonetti ? Est-il l’entraîneur qui sera capable de faire franchir le fameux palier qui sépare le club du statut de prétendant à l’Europe à prétendant au titre ?

D.R. : « Je crois que c’est un homme honnête. Lorsqu’il a quelque chose à dire, il le dit franchement et sans arrière-pensée. Bien sûr qu’il est capable de faire franchir ce fameux palier au SRFC, mais je crois qu’il doit s’armer de patience car l’effectif est jeune. Nous l’avons vu contre Marseille, où les joueurs ont été trop impétueux, et n’ont pas su calmer le jeu dans les moments difficiles ».

Merci à Daniel Rodighiero pour sa disponibilité.

Daniel Rodighiero en bref

Né le 20 septembre 1940 à Saint-Cloud

Parcours :
Red Star (1957-1960)
Stade Malherbe de Caen (1960-1961)
Red Star (1961-1964)
Stade rennais UC (1964 - octobre 1970)
US Valenciennes-Anzin (octobre 1970 - 1972)
Stade lavallois (1972-1976)

Palmarès :
Vainqueur de la Coupe de France en 1965 avec le Stade rennais
Deux sélections en équipe de France (en 1965)
Deuxième meilleur buteur de l’histoire du Stade rennais (125 buts)

Au Stade rennais :
- 1964/65 : 36 matchs, 31 buts
- 1965/66 : 33 matchs, 25 buts
- 1966/67 : 40 matchs, 22 buts
- 1967/68 : 37 matchs, 11 buts
- 1968/69 : 35 matchs, 14 buts
- 1969/70 : 36 matchs, 21 buts
- 1970/71 : 9 matchs, 1 but
Total : 226 matchs, 125 buts

Crédit photos : collection personnelle Daniel Rodighiero.

  • Début de carrière au Red Star
  • Match route de Lorient
  • Finale de la Coupe de France 1965
  • Le Stade rennais vainqueur de la coupe
  • Avec le trophée
  • Les Rennais sur les Champs Élysées
  • « Rodi » et la coupe
  • Coupures de presse
  • Avec Jean Prouff
  • Détente
  • Fin de carrière à Laval
  • Devant le salon à son nom route de Lorient
  • Avec Yvon Goujon, Louis Cardiet et Robert Rico. Finale 2009

18 commentaires

  1. 22 février 2012 à 11h33

    Je me souviens de ce grand joueur et de cette merveilleuse équipe de Rennes !
    La victoire en coupe nous a rendu notre fierté, à toute la Bretagne, j’étais si fier d’arborer alors mon gwen ha du.....
    Nostalgie....
    Capitaine

  2. Bibi peau de chien
    22 février 2012 à 13h04

    Bien sùr , ce qui suit va faire penser à un refrain énervant pour certains , refrain évoquant avec nostalgie les souvenirs d’anciens combattants !Tant pis : ce que je viens de lire de l’excellent « parisien / breton » Rodi , m’a renvoyé vers mes premiers contacts avec le Club Rouge & Noir . Lorsque j’évoque ce Club de coeur , je cite toujours le début de la saison 50 /51ou le Stade avait réalisé dans les 3 premiers matches , le record phénoménal d’avoir marqué 18 buts , en n’en encaissant que 3 ( 6/0,3/6,6/0 ) , grâce à un duo d’attaque de feu :J.Grumellon ,J.Combot - ce dernier fut par la suite démoli par une brute que je préfère ne pas nommer -.Toute l’équipe était à l’avenant avec entr’autres un autre Jean , Breton comme les 2 précédents l’élégant Monsieur Prouff . C’est difficile de résister à l’envie de nommer quelques autres figures emblématiques qui ont enchanté au fil des ans les supporters : Kéru - sorte d’ange blond, hyper doué - Tonton la classe ( M.Loncle) , Mahi, Cardiet , Lavaud , Ascensio, Takac , Aubour , Guérin , etc ..... etc....
    Beaucoup de Bretons de naissances & beaucoup d’autres qui le sont devenus de coeur - n’est-ce pas Rodi -. Pardon de ne pas citer tout ce monde magnifique ,
    il faudrait l’épaisseur d’un dico . Bien sùr les temps ont changé , les mentalités aussi , mais que ceux qui portent le maillot & les espoirs de ce Club , s’imprègnent de l’attente de tous ceux qui ont envie de vibrer pour les couleurs Rouge & Noir (en Breton Gwen a Du ! )
    Pour en revenir à Jean Prouff , je souhaite depuis bien longtemps qu’un jour , on puisse enfin donner son nom au Stade , pourquoi pas un référendum ? Messieurs les dirigeants ( & la municipalité pourquoi pas ) un peu d’ambition & moins de frilosité que diable !

  3. delage7
    22 février 2012 à 13h38

    Cet article me rappelle de supers souvenirs avec cette victoire en coupe et ces défilés dans la ville. Quelle ambiance. La mascotte du stade était un petit cochon nommé Rodrigue ( face au sanglier ardennais). Tout le monde chantait "Rodrigue as-tu du coeur ? Non j’ai la coupe !)J’avais jamais vu Rennes en liesse de la sorte. Les joueurs, Rodighiero en tête, avaient fait le tour de la ville dans un bus découvert. Tout est permis pour que cette année la fête recommence.

  4. cris22
    22 février 2012 à 13h58

    Salut Bibi, il est sympa ton commentaire, mais je me trompe peut-être ou j’ai mal interprété ta phrase, Gwen a Du, c’est blanc et noir, je crois. Bonne journée.

  5. Pietro
    22 février 2012 à 14h04

    Merci aux deux Rodi pour cette brillante interview !

  6. fireincairo
    22 février 2012 à 14h23

    Super article, ca donne envie de ramener la coupe de france à Rennes !

    Pour le Stade Jean Prouff, ca serait complètement légitime, et en tout cas bien mieux que le nom actuel !

  7. Louis G
    22 février 2012 à 14h35

    J’apprécie le fait que Daniel Rodighiero ne s’attribue pas tous les honneurs car s’il marquait beaucoup de buts c’est parce qu’il était aussi bien entouré par les Ascensio , Loncle , Pellegreni , Dubaële sans oublier les arrières latéraux qu’étaient Lavaud , Cardiet qui ont tous joué dans l’équipe nationale...

  8. abyssin
    22 février 2012 à 15h37

    J’étais étudiant à Rennes quand Daniel Rodighiero jouait. Tous les quinze jours après avoir mangé tôt au restaurant universitaire du champ de mars nous partions à pied au stade de la route de lorient. Nos moyens étaient limités. Nous prenions une place derrière les buts. je ne connais pas personnellement Daniel Rodighiéro. Mais il nous apportait une grande joie pratiquement à chaque fois qu’il jouait. Ce qui était impressionnant, et difficile à comprendre, est que le stade Rennais presque imbattable à domicile perdait tous ses matchs à l’extérieur. Je suis allé voir le deuxième matche de coupe de France entre Sedan et Rennes. ce fut une épopée. Nous sommes partis dans la nuit à quatre dans une 2 chevaux. La veille nous avions passés les écrits de deuxième année de sciences éco. Arrivés au petit matin proche du parc des princes nous avons achetés nos billets à des revendeurs. Quelle joie que la victoire du stade. J’ai bourlingué au cours de ma carrière professionnelle dans beaucoup de villes de France. Le stade est resté mon équipe fétiche. Aujourd’hui encore je vibre quand l’équipe gagne et suis triste quand elle perd. Cet attachement je le dois à des hommes comme Danièle Rodighiéro qui sur un terrain donnait tout. J’ai été très heureux de lire son interwiew. Je lui souhaite plein de bonheur et de sérénité supposant qu’aujourd’hui il est à la retraite.
    ABYSSIN

  9. Bibi peau de chien
    22 février 2012 à 17h48

    Salut aux " Forumeurs « que je soupçonne d’avoir la fibre Stade Rennais , comme moi . Bien sùr , j’ai nommé quelques uns des acteurs de la belle époque , mais je n’oublie aucun des autres . Cris 22 : évidemment » Gwen ha Du « ne signifie pas » Rouge & Noir « , c’est tout simplement un clin d’oeil qui se veut un peu sentimentalement humoristique ; d’ailleurs ce n’est pas totalement faux , dans la mesure où le maillot est parfois » Blanc & Noir « ( seulement à l’extérieur , je crois ) . Au titre des documents , je possède fournis par une amie de famille quelques extraits de la 1 ère finale 1965  » Rennes / Sedan " filmés en 8 m/m ; c’est un peu lointain & pas bien net - souvenirs , souvenirs - ! Puisqu’on évoque la Coupe , je garde un souvenir impérissable de celle de 2009 , où j’ai vécu une communion inimaginable entre Bretons , tous unis dans une même fête , sans aucune trace d’animosité . Quelle belle leçon pour tous les excités de certains clubs qui n’ont de supporters que le nom . Hélas , on l’a perdue & c’est dommage , mais tant pis elle partait quand même en Bretagne .
    Allez , vive le Stade & bon match Dimanche .... avec la Victoire !

  10. malberg
    22 février 2012 à 19h01

    Je me souviens de ce joueur élégant, très bon joueur de tête et qui faisais des appels. Jeunes, nous l’appellions Rodi Zorro.
    Par contre les 2 finales de 1965 contre Sedan se déroulaient au Parc des
    Princes et non à Colombes. Colombes en 1971 avec Rennes -Lyon fut la
    dernière finale à s’y dérouler avant le retour au Parc des Princes rénové
    Malberg

  11. Roudoudou
    22 février 2012 à 19h28

    Je me souviens très bien du premier match de Rodighiero avec Rennes. C’était une rencontre amicale au Stade de Marville à Saint-Malo, à l’été 1964, probablement contre le SCO d’Angers. Comme il n’y avait pas de micro, il n’avait pas été annoncé et personne ne l’avait reconnu ... sauf moi qui avais souvent vu sa photo dans France-Football. Personne ne voulait me croire autour de moi. Comme quoi, l’information circule mieux depuis... Une anecdote sur lui, qui jouait souvent dos au but et chaussettes baissées : le Stade Rennais avait fait une tournée... en Afrique. Dans un pays visité, le journal local vantait Rennes et « son buteur invisible ». Si Dany lit ces lignes, il s’en souviendra sûrement avec amusement.

  12. yann 56
    22 février 2012 à 21h18

    Je vois que la nostalgie est au rendez-vous. J’ajouterais que si Rodighiero jouait toujours les chaussettes baissées, il ne fallait pas en profiter pour lui caresser les chevilles. Lemerre qui l’avait oublié reçu un coup de poing qui l’envoya au sol lors de la finale. Il n’y avait pas alors de carton. A cette époque toute la Bretagne était derrière le Stade Rennais, sans oublier une partie de la Manche et de la Mayenne. Tout autour de Rennes des restaurants avaient des menus et une salle parfois pour ceux qui se rendaient aux matches et venaient de loin ( pour moi le restaurant était dans la forêt de Paimpont) les matches se déroulaient alors le dimanche après-midi. Avec moins de spectateurs il y avait plus d’ambiance et tout le stade reprenait les mêmes chants. Nous en sommes loin aujourd’hui...

  13. superfoot
    22 février 2012 à 21h48

    Parcours tout à fait somptueux. C’est vrai que tes 2 plus beaux buts furent Stéphanie et Ophélie mais lequel sur le terrain ?. A quand ton jubilé que l’on fasse la fête. Bacio jc

  14. takacatac
    24 février 2012 à 21h33

    Daniel RODIGHIERO est un homme et un footballeur dont tous les supporters rennais se souviendront toujours.
    J’avais 17 ans quand il a gagné, avec tous les autres, la coupe de France, en 1965. J’étais à PARIS mais j’étais aussi à la gare de RENNES, pour les accueillir en héros.
    RODI était un joueur particulièrement attachant et un excellent footballeur, toujours chaussettes baissées. Un très bon joueur de tête, un excellent remiseur et très performant face au but.
    Il était et doit être encore très sensible, ce qui a pu lui jouer des tours, notamment en équipe de France, quand l’émotion devait le submerger.
    Et si mon pseudonyme est « Takacatac », c’est en pensant à RODI, car j’avais confectionné, à l’époque, une banderole mentionnant « Takac attaque, Rodi marque ». Je l’ai toujours.
    Enfin, je dois rappeler combien Rodi était accessible et charmant avec ses supporters car, rédacteur d’une petite revue au Lycée que je fréquentais à RENNES, il m’avait accordé un entretien, pour répondre à un court interview, de manière très disponible et parfaitement gentille.
    J’espère que Monsieur RODIGHIERO lira ces lignes. Merci à lui pour les bonnes heures qu’il nous a fait vivre.
    Enfin, bravo et vive l’idée de nommer notre stade « Jean Prouff ».

  15. Pablo56
    24 février 2012 à 23h37

    J’avais vingt ans et Rodi qui en avait quatre de plus que moi m’a piqué ma copine. Michèle, une danseuse, blonde, si jolie et si gentille.. Ce mec, je l’ai toujours détesté...
    Non, je plaisante...J’aurai tellement aimé jouer à ses côtés et lui délivrer de temps à autre un de ces centres qu’il affectionnait..Mais là encore la vie en a choisi un autre...
    Sans rancune, ni regret, ni amertume, je suis heureux que ce joueur si élégant, si doué, si loyal et si généreux ait réussi une telle carrière de footballeur... et sa vie d’homme...
    Bise à Michèle en passant quand même.. Et vive le Stade Rennais !

  16. mururoa
    26 février 2012 à 12h40

    Daniel, ayant eu la chance de vous rencontrer plusieurs fois au siège de l’Unfp, je redis pour les amis du forum ceci : « Vous avez eu la chance et le talent de jouer avec une équipe exclusivement tournée vers l’offensive, composée de joueurs à la mentalité exceptionnelle, dirigée par le meilleur entraîneur que le Stade ait connu et qui plus est devant un public qui savait apprécier le bon football. »
    Tout rapprochement avec la situation actuelle donne envie de pleurer ou d’enrager selon le tempérament de chacun. Rennes, retrouve ton âme !

  17. mururoa
    26 février 2012 à 12h51

    Prenant le bus à Sainte Thérèse le matin avec elle, c’est vrai qu’elle était belle cette jeune fille ! Nostalgie, nostalgie...

  18. Michel GORY
    24 juillet 2018 à 19h29

    Quels souvenirs, au collège avec lui, avenue Gambetta dans le 20ème, déjà lors de nos cours de gymnastique, toute la classe contre lui seul n’arrivait pas à le stopper.
    Daniel, si tu me lis, essaie de me joindre, ça me ferait plaisir, ne crains rien je ne tenterai pas aujourd’hui ce que nous n’arrivions pas à 35 dans les années 1953 à 1956.

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