Cheick Ndiaye, Amadou Coulibaly et Stéphane Nguéma. Trois joueurs africains, trois parcours très différents, mais au final un même constat d'échec. Peu ou pas connus du grand public, ils sont pourtant professionnels à part entière au Stade Rennais. Plus habitués à jouer sur le terrain d'honneur de la Piverdière que sur celui de la Route de Lorient, leur avenir en Bretagne reste chargé de nuages.
Cheick Ndiaye, l’occasion manquée
Été 2004. Un grand gaillard d’1,91 mètres débarque en France en provenance de son pays natal, le Sénégal. À son arrivée à Noisy-le-Sec, club qui évolue en CFA, Cheick Ndiaye n’est que quatrième gardien. Mais bien vite, ses grosses qualités de détente lui font prendre du galon, et Ndiaye termine la saison titulaire, attirant le regard des recruteurs rennais.
Après un essai de quelques jours, un accord est trouvé et un contrat signé. Le deal est clair : Florent Chaigneau s’étant écarté de lui-même du monde professionnel, il faut un remplaçant solide à Andreas Isaksson. Ndiaye sera donc mis en concurrence avec celui qui apparaît - à l’époque - comme encore un peu tendre pour assumer tout seul le statut de numéro 2, Simon Pouplin.
_ Au début, les choses se passent correctement pour Ndiaye, qui en profite pour faire ses premières apparitions en Équipe nationale du Sénégal. Il prend place quelques fois sur le banc en Ligue 1, et attend patiemment sa chance. Celle-ci arrive fin octobre, à l’occasion de l’entrée du Stade Rennais dans la Coupe de la Ligue, édition 2005-2006. En déplacement au Stade de la Mosson pour y affronter Montpellier, les Rennais s’inclinent, avec une équipe bis sur le terrain, et Cheick Ndiaye dans les buts. Du reste, le grand sénégalais ne réalise pas une grande performance et ne convainc pas.
Bien vite, Isaksson doit soigner quelques blessures, et c’est Simon Pouplin qui se retrouve propulsé titulaire. Un Pouplin qui finira par gagner la confiance de Laszlo Bölöni, et Ndiaye de regagner les cages de l’équipe réserve. La saison 2005-2006 se résume donc pour Cheick Ndiaye au banc de la Route de Lorient et au terrain d’honneur de la Piverdière. Une saison à peine égayée par une participation à la Coupe d’Afrique des Nations, mais comme troisième gardien.
A t-il entrevu à nouveau la lumière lors de la dernière intersaison ? Toujours est-il que le départ d’Isaksson pouvait lui laisser l’espoir de prendre la place de numéro 2 derrière Pouplin. Mais l’arrivée de Christophe Revault, si elle lui permet de bénéficier des conseils d’un gardien d’expérience, lui barre à nouveau la route, et l’on voit mal cette dernière continuer pour Ndiaye à Rennes au-delà de juin 2008, date à laquelle son contrat prendra fin.
Amadou Coulibaly, blessures à la chaîne
S’il arrive à Rennes dans le même temps que Cheick Ndiaye, la trajectoire d’Amadou Coulibaly est assez différente. Le jeune défenseur venu du Burkina Faso arrive en Bretagne précédé d’une réputation assez sulfureuse. Le 20 juin 2004, à l’occasion d’une rencontre entre la République démocratique du Congo et le Burkina Faso, comptant pour les éliminatoires de la CAN et de la Coupe du Monde, Amadou Coulibaly crache sur un arbitre. La sanction qui lui est infligée est de 18 mois, mais est réduite à 9 mois en appel, et se termine le 19 mai 2005.
_ Au mois d’août suivant, Coulibaly effectue un essai au Stade Rennais. Il participe à la victoire de ce dernier, en amical, contre l’Équipe nationale du Mali (3-1), convainquant par-là même le staff technique de l’engager. Il arrive donc avec le statut de suppléant de Perrier-Doumbé sur le côté droit de la défense, mais doit bien vite abandonner ce rôle, la faute à une vilaine blessure aux ligaments croisés du genou, dans la même période que Cyril Jeunechamp.
Longue convalescence bien sûr, retour en fin de saison avec quelques apparitions dans le groupe pro à la clé, mais pas de remplacement à effectuer en match. Et puis Amadou se blesse encore régulièrement, ce qui l’empêche d’avoir réellement sa chance. Il est encore blessé au début de la présente saison, puis réapparaît avec la réserve. La cascade de blessures qui touche la défense titulaire ces derniers temps auraient pu lui permettre de faire enfin ses débuts en Ligue 1, mais Pierre Dréossi en a pour le moment décidé autrement. L’appel du jeune Prince Oniangue pour le match à Saint-Étienne, alors que Coulibaly ne fut pas du voyage, est particulièrement révélatrice. Il lui reste - à lui aussi - un an et demi de contrat.
Stéphane Nguéma, espoir déçu
Le dernier larron est plus connu, car étant le plus ancien des trois, et étant le seul à avoir goûté durablement à la Ligue 1. Stéphane Nguéma est repéré par le Stade Rennais alors qu’il a 15 ans, en 2000. Patrick Rampillon, directeur du centre de formation rennais, le détecte à l’occasion d’un tournoi de jeunes à Montaigu que Nguéma dispute avec l’équipe du Gabon. Le jeune africain doit s’habituer à la vie en Bretagne. « Ce fut dur au début. C’était la première fois que j’étais loin de ma famille. Puis je me suis adapté et j’ai trouvé des amis. Il y a des gens bien ici » [1].
Mais très vite, Nguéma montre son talent explosif, et forme avec Fabrice Do Marcolino, compatriote d’un an son aîné, une belle paire d’attaque. Stéphane brûle les étapes, et intègre la CFA, avant de faire ses premières apparitions chez les pros. L’équipe professionnelle mal en point en début de saison 2002-2003, Philippe Bergeroo fait appel à ses services, et Nguéma débute en Ligue 1 le 21 septembre 2002 pour un derby remporté contre le FC Nantes (1-0), il n’a que 17 ans.
_ Du reste, sa saison se passe pour le mieux, avec quatre autres apparitions chez les pros, une saison complète avec la réserve, et surtout un fantastique parcours en Gambardella, à l’issue duquel le Stade Rennais remporte le trophée, grâce notamment à un doublé de son attaquant gabonais en finale face à Strasbourg (voir par ailleurs). La saison suivante commence encore mieux. Laszlo Bölöni, fraîchement intronisé entraîneur, lui fait confiance d’entrée. Les performances suivent : 4 buts en début de saison. Malheureusement, Nguéma subit quelques pépins physiques par la suite, et ne dispute que des bouts de matches sur tout le reste de la saison.
Les choses se dégradent encore en 2004-2005. La progression du Gabonais est encore stoppée par des blessures, et le voila réduit à ne participer qu’aux matches de la réserve, et à des fins de rencontres en Ligue 1. Irrégulier, le jeune buteur subit son lot de critiques.
2005-2006 ne sera guère mieux. Un début de saison une nouvelle fois médiocre, mais l’on entrevoit un mieux au début de l’hiver. Pour acquérir plus de temps de jeu, Nguéma est prêté au FC Lorient, alors en lutte pour la montée en Ligue 1. Sept matches avec les Merlus plus tard, il revient à Rennes, gravement blessé.
Depuis, Nguéma est l’un des titulaires les plus réguliers avec l’équipe réserve, sans jamais avoir été appelé par Pierre Dréossi pour jouer avec l’équipe première. Du reste, le Gabonais ne réussit pas à lui donner tort, son compteur but affichant toujours un singulier zéro après onze matches disputés. Sur son côté droit, et malgré quelques éclairs qui rappellent un passé de plus en plus lointain, Nguéma peine malheureusement à mettre en défaut ses adversaires directs. À seulement 22 ans, les interrogations pleuvent à son sujet, et l’on se demande si le Gabonais retrouvera un jour toutes ses qualités de dribble et d’accélération.
Un questionnement renforcé depuis que son compère Do Marcolino, à qui l’on avait préféré Nguéma, plante but sur but en Championnat National avec le SCO d’Angers.
[1] Ouest-France du 3 février 2006
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