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À l’heure de la confirmation

Sylvain 30 mars 2009 à 17h27

Éternel espoir, ou futur pilier de l'attaque rennaise ? Jirès Kembo Ekoko tarde à confirmer les énormes attentes placées en lui depuis plusieurs années. Dribbleur impénitent, monstre d'explosivité, il n'a jamais paru devoir se défaire de sa réputation de joueur tantôt impressionnant, tantôt superflu. Pourtant, ces dernières semaines ont vu le jeune attaquant s'affirmer en sélection, et ses perspectives en club s'élargir considérablement. Avec un Jimmy Briand absent pour six mois, l'heure de « Kembinho » est-elle venue ?

Un héritage à porter

Jirès Kembo Ekoko a de qui tenir. La chose est peu connue, mais mérite d’être soulignée. Né en 1988 à Kinshasa, l’attaquant du Stade Rennais est le fils d’une ancienne gloire du football congolais, Jean Kembo.
Coéquipier en club et en sélection d’un certain Mafuila « Ricky » Mavuba (père du milieu de terrain lillois), cet attaquant pour le moins efficace - son surnom était « Monsieur but » - fit le bonheur du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) dans les années 1970. Une équipe du Zaïre qui, bien avant le Cameroun, le Nigeria ou encore le Sénégal, fut la première sélection d’Afrique noire à se qualifier pour une Coupe du Monde, en 1974.
Jean Kembo, plusieurs fois sacré meilleur buteur du championnat zaïrois, participa aussi activement aux deux uniques victoires de son pays en Coupe d’Afrique des Nations, en 1968 et 1974, où il croisa d’ailleurs la route d’un certain Laurent Pokou.

Une explosivité impressionnante...

Peut-être aussi talentueux que son père balle au pied, Jirès aurait pu devenir la nouvelle star des « Léopards du Congo », aux côtés de Shabani Nonda ou de Hérita Ilunga. Mais le jeune attaquant a grandi en région parisienne, bien loin de son Afrique natale.
Du coup, il passe par la filière de formation française, sans passer par les sélections nationales de jeunes, ne possédant pas la nationalité française. Cela ne l’empêche pas de devenir - comme tant d’autres - pensionnaire de l’INF Clairefontaine pendant trois ans, avant de débarquer en Bretagne.

Fulgurance et attente

Là, son ascension sera fulgurante, trop peut-être. Arrivé en 2004, il se forge rapidement une flatteuse réputation. Ses coéquipiers lui donnent le surnom de « Kembinho », rapport à sa technique et ses dribbles. Dès la saison suivante, il devient titulaire en CFA, quand les autres joueurs de son âge débutent chez les 18 ans Nationaux. Après 9 buts à ce niveau dès sa première saison, le club s’empresse de lui faire signer un premier contrat pro.

Dès lors commence une longue marche vers la reconnaissance. Quelques minutes chez les pros, mais d’abord et surtout de nombreux matches en CFA (plus de 60 en l’espace de trois saisons, pour 27 buts marqués).
Le potentiel est indéniable, mais tarde à s’exprimer complétement. On en vient presque à oublier son jeune âge, stigmatisant ses mauvais choix de jeu et une certaine tendance à dribbler stérilement ses adversaires directs. Ces deux derniers étés, l’attente se fait pressante : on attend « le » joueur qui pourra apporter un vent de fraîcheur dans le secteur offensif, et Kembo présente tous les atouts pour être celui-là.

Las, le jeune homme ne semble encore pas assez prêt, perdu entre deux passements de jambes. Une situation visiblement aussi frustrante pour les observateurs que pour le joueur lui-même, qui semble désespérer, coincé entre banc de touche et matches avec la réserve. Un prêt aurait pu sembler judicieux - l’exemple de Moussa Sow en est une bonne illustration - mais Pierre Dréossi puis Guy Lacombe préfèrent garder cet atout dans leur jeu.
C’est donc en tant que joker que Jirès Kembo Ekoko fourbit ses armes chez les pros, et de façon systématique sur les ailes. Avec la réserve, c’est pourtant dans un rôle axial qu’il avait fait ses preuves, en pointe ou en soutien de l’avant-centre. Certes, ce positionnement lui permet d’exprimer ses qualités d’accélération et de dribble, mais il met aussi sous l’éteignoir une certaine efficacité devant le but.

Enfin titulaire ?

D’aucuns seraient presque étonnés en voyant désormais l’attaquant rennais réussir de très bonnes performances avec l’Équipe de France Espoirs (2 matches, 2 buts), dans un rôle nettement plus libre sur le front offensif. En mai dernier, il a en effet pu obtenir la nationalité française, réintégrant presque ipso facto le giron de la DTN, pour participer au Festival Espoirs de Toulon, avant de rejoindre plus tard la sélection d’Érick Mombaerts.
Son premier match en Espoirs aura - semble t-il - fait un bien fou au jeune rennais. Rentré pour la dernière demi-heure lors d’un match amical en Tunisie, Kembo Ekoko se sera montré extrêmement remuant, causant bien des torts à la défense adverse. Suffisant pour lui permettre de gagner sa place de titulaire lors du match suivant face à l’Estonie, reléguant notamment sur le banc l’ancien parisien David N’Gog ou le Lensois Kévin Monnet-Paquet.

Le mois de mars aura entre-temps permis à Jirès Kembo Ekoko de s’affirmer dans son club. Auteur de son premier but en pro en octobre (en Coupe de la Ligue face au Mans), il aura augmenté son compteur de deux unités, contre Lorient en Coupe de France, et surtout au Mans - encore une fois - pour son premier but en Ligue 1, d’une frappe aussi lointaine que superbe.
Du coup, entre des performances éclatantes en Espoirs, et des signes positifs en club, on se prend à espérer l’éclosion de celui qui pourrait être le grand attaquant rennais de demain.

Alors que la grave blessure de Jimmy Briand vient remettre en cause le schéma offensif de Guy Lacombe, c’est le moment ou jamais pour le fils de Jean Kembo de venir titiller l’ordre établi, afin de trouver - enfin - une vraie place dans l’effectif rennais. À confirmer lors des 10 ou 11 matches restant au Stade Rennais cette saison.

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