Rennes a bousculé l’Atlético

Ligue Europa, Stade rennais 1 - 1 Atlético Madrid. Malgré un important turn over, le Stade rennais a su bousculer son prestigieux adversaire. Frédéric Antonetti espère désormais que ses joueurs pourront « transférer sur le championnat » ce genre de performance.

- Antonetti fait tourner, Manzano non :
Confronté aux blessures de nombreux titulaires, Frédéric Antonetti avait annoncé avant le match que « tout était possible » concernant les titulaires alignés. Face à l’équipe favorite du groupe, l’entraîneur rennais s’est donc permis de faire souffler deux de ses meilleurs joueurs, M’Vila et Pitroipa, très sollicités depuis le début de saison.
Conséquence de leurs absences, un milieu remodelé avec un Doumbia de retour en grâce, un Dalmat positionné plus haut qu’à l’habitude, et un Féret parti se positionner sur l’aile gauche, comme il le faisait déjà à Nancy. Avec le forfait de Mavinga, malade et absent de la feuille de match, le technicien corse a également dû remodeler une nouvelle fois sa défense.
Côté madrilène, Gregorio Manzano avait lui décidé d’aligner ses titulaires habituels, à l’exception peut-être de Reyes, à qui le jeune Adrian a finalement été préféré. Mais finalement, les remplaçants rennais ont fait bien mieux que se défendre face aux titulaires espagnols...

- Toujours pas de victoire en phase de poules...
Malédiction ? Après la désillusion d’Udine, le Stade rennais en a vécu une autre face à l’Atlético. Resté sans victoire de ses participations à la phase de poules de la Coupe UEFA en 2005 (4 défaites) et 2007 (2 nuls, 2 défaites), le Stade rennais ne l’a toujours pas emporté en 2011. C’est le dixième match de rang que le Stade rennais ne parvient pas à gagner à ce niveau de la compétition, bien que la perspective d’une victoire semble ne cesser de se rapprocher.
Ce match nul vient en tout cas stopper une série de cinq victoires consécutives à domicile en coupes européennes, Simferopol (1-0), Stabæk (2-0), Twente (2-1), Rustavi (2-0) et Belgrade (4-0) s’étant successivement inclinés route de Lorient. La dernière équipe à être parvenue à ramener le nul de son déplacement en Bretagne était le Dinamo Zagreb (1-1). C’était... en phase de poules de la Coupe UEFA 2007-2008.

- Doumbia brille :
Source de railleries - au même titre que Mandjeck - pour de nombreux supporters rennais, Tongo Doumbia a en partie répondu aux critiques, ce jeudi. Aligné au milieu de terrain, l’ancien castelroussin a réalisé un très bon match, salué ce vendredi par une bonne partie de la presse. Très présent au pressing, le jeune milieu a considérablement contrarié la circulation de balle côté madrilène.
Gêné par quelques problèmes physiques depuis le début de saison, Doumbia n’avait plus été titularisé depuis la première journée de championnat à Dijon. Si Frédéric Antonetti affirmait dans Ouest-France samedi dernier que son protégé était capable de faire des choses « phénoménales » mais qu’il lui restait encore à gagner en maturité, Doumbia devra montrer à l’avenir qu’il est capable de renouveler cette performance. La condition sine qua none pour gagner dans la durée une place de titulaire.

- Les remplaçants en tribune :
Nouveauté pour cette rencontre, l’UEFA demandant aux clubs de disposer de bancs de touche de quatorze places minimum, le bas de la tribune Vilaine du stade de la route de Lorient a dû subir un petit aménagement. Les bancs habituels (de douze places) supprimés, le club a dû faire aménager deux bouts de tribunes comprenant chacun seize places. Au final, un rendu "à l’anglaise", un peu similaire à ce qui peut se voir à Liverpool ou à Manchester.
Dans un communiqué, le club a indiqué que les abonnés qui siégeaient à ces places depuis le début de saison allaient être replacés.

- L’imbroglio de la 35ème minute :
Drôle de scène à la trente-cinquième minute du match. Débordant sur son côté gauche, Kévin Théophile-Catherine subit un dur tacle du capitaine madrilène Luis Perea, lequel reçoit au passage un coup de crampons involontaire près du visage. Les deux hommes restent à terre, ce qui provoque un attroupement.
Dans l’incompréhension générale, M. Göçek semble alors adresser un carton jaune à... Romain Danzé, nullement impliqué sur cette action. Un geste maladroit de l’arbitre turc, qui annonçait simplement au capitaine rennais qu’il allait avertir le défenseur adverse. Une réaction qui a provoqué l’incompréhension du public, lequel a copieusement sifflé Perea tout le reste du match. Un geste qui a aussi provoqué l’incompréhension de l’UEFA, laquelle a indiqué en live sur son site internet que Danzé avait bien reçu un avertissement, avant d’en retirer la mention après la rencontre.
Au rayon de l’arbitrage, on notera enfin que le stade de la route de Lorient a vécu une première ce jeudi. Jamais encore un match n’y avait bénéficié d’un arbitrage à cinq. Les matchs précédents de Ligue Europa n’avaient pas eu droit à ce traitement cette saison.

- Montaño gagne son duel face à Falcao :
« Comme un air d’affiche partagée entre Brad Pitt et Danny DeVito... »
En présentation de la rencontre, le site internet de So Foot avait parlé en ces termes du duel à distance entre les deux avants-centre colombiens Radamel Falcao et Victor Hugo Montaño. Finalement, ce n’est pas celui que l’on croit qui s’est mis le plus en valeur ce jeudi. Falcao a traversé la rencontre tel un fantôme, manquant notamment l’occasion d’égaliser devant Benoît Costil en deuxième mi-temps. Bien muselé par la paire Mandjeck - Kana-Biyik, le meilleur buteur de la dernière Ligue Europa a peiné à exister.
À l’inverse, dans son style caractéristique de bagarreur, Montaño a brillé, et ouvert le score, avant de sortir sous une ovation dont l’ampleur a sans doute dépassé tout ce qu’il avait pu connaître depuis ses débuts à Rennes. (De loin) meilleur buteur du Stade rennais cette saison (8 buts toutes compétitions confondues), le Colombien se rapproche déjà de son total de l’an dernier (11 buts). Avec quatre buts cette saison en Ligue Europa, il devient également le meilleur buteur de l’histoire du club en coupes européennes, à égalité avec Jérôme Leroy. Enfin, on notera que son but a permis une nouvelle fois l’ouverture du score. Sur ses huit buts, c’est la sixième fois que cela se produit cette saison.

- L’Atlético donne la leçon... sur internet :
Si l’Atlético a peiné face au Stade rennais sur le terrain, il a en revanche donné une vraie leçon au club breton en matière d’utilisation d’internet. Sur twitter, les quelques 48.000 abonnés du compte officiel de l’Atlético ont pu suivre leur équipe pas à pas durant la journée, de la promenade du matin au déclarations d’après-match, en passant par le départ pour le stade et l’échauffement des joueurs. Un suivi réalisé photos et vidéos à l’appui, qui donnait un vrai sentiment d’immersion dans le groupe madrilène et dans l’ambiance du match pour ses supporters restés en Espagne.

- Mandjeck, replacement gagnant :
Si Rennes n’a pas remporté ce match, Frédéric Antonetti a lui gagné une certitude : s’il est confronté à l’avenir à une autre hécatombe en défense centrale, l’entraîneur rennais pourra de nouveau faire confiance à Georges Mandjeck. Aligné pour la première fois à ce poste sous les couleurs rennaises, le Camerounais a impressionné par le nombre de duels gagnés face aux attaquants madrilènes.
S’il a connu un certain déchet dans la relance, le milieu de terrain semble désormais convaincu que son avenir se situe à ce poste de défenseur. « Je me sens bien en défense centrale, mieux qu’au milieu de terrain, a t-il affirmé auprès du site web officiel du club. Dans une carrière, un professionnel doit savoir changer de poste ». Un poste qu’il devra sans doute expérimenter de nouveau face à Lille.
Dans ces conditions un peu particulières, l’international camerounais disputait en tout cas son premier match européen avec le Stade rennais. Parmi les joueurs utilisés par Antonetti depuis le début de saison, il était le dernier joueur à ne pas avoir disputé la moindre minute en Ligue Europa. Mandjeck n’était cependant pas un novice au niveau européen, puisqu’il avait disputé deux matchs de Coupe UEFA avec Stuttgart en 2008.

- Ambiance européenne route de Lorient :
Un Rennes dominateur face à une formation renommée sur la scène européenne, il n’en a pas fallu plus au public du stade de la route de Lorient pour s’enthousiasmer peut-être comme jamais. Une ambiance unanimement saluée par l’effectif stadiste - Frédéric Antonetti en tête - après la rencontre.
Au total, ce sont plus de 24.298 personnes qui s’étaient massées dans les tribunes du stade, dont une petite dizaine de supporters de l’Atlético, bien silencieux durant la rencontre. Depuis 1965, jamais une rencontre européenne n’avait attiré autant de monde au stade de la route de Lorient. Le précédent record appartenait au match face à Stuttgart en 2005 (22.847 spectateurs). Dans un stade alors en pleine rénovation, la réception de la Juventus en 1999 n’avait pu accueillir que 11.427 personnes, malgré une demande bien supérieure.

- Dalmat, encore passeur décisif :
Auteur d’une prestation en demie-teinte - ce dont on l’excusera au su de son malaise d’après-match - Stéphane Dalmat s’est pourtant illustré lors de ce match. Le milieu de terrain a une nouvelle fois adressé une passe décisive, cette fois-ci à destination de Montaño. Il s’agit de la sixième passe décisive de Dalmat cette saison malgré un temps de jeu à peine supérieur à 300 minutes.
C’est la première fois de la saison que le meilleur passeur (Dalmat) trouve le meilleur buteur (Montaño). Les passes précédentes avaient été exploitées par Féret, Pitroipa (deux fois), Kembo et Hadji.

- La "résurrection" de Juanfran :
Auteur de l’égalisation madrilène, Juan Francisco Torres Belén (dit "Juanfran") a vécu une mini-résurrection au stade de la route de Lorient. L’ailier formé au Real Madrid est loin d’avoir les faveurs de son entraîneur Gregorio Manzano. Arrivé en janvier dernier d’Osasuna, Juanfran ne bénéficie que d’un très faible temps de jeu depuis le début de la saison, avec une seule titularisation en Ligue Europa, et trois courts remplacements en Liga.
La presse madrilène n’a pas manqué de saluer le but marqué par le joueur, le site web de Marca titrant même "Juanfran attaque comme un tigre", référence au surnom de l’avant-centre Falcao.

- Manzano satisfait :
Après la rencontre, l’entraîneur madrilène Gregorio Manzano a reconnu que son équipe s’était bien sortie de son déplacement en Bretagne. « Ce n’est pas un mauvais résultat. Sachant que nous étions menés, il faut s’en contenter », a glissé le technicien espagnol. Celui-ci a également fait remarqué que les remplacements qu’il avait effectué avaient apporté un plus à son équipe. « Nous avons souffert face à l’intensité que Rennes a mis dans son match, ils ne nous ont pas laissé de libertés dans le jeu, a reconnu Manzano. Le partage des points est mérité au vu de la réaction de mon équipe. À partir de la 65ème minute, nous avons trouvé plus de profondeur grâce aux changements, qui ont apporté plus d’intensité et de fraîcheur à l’équipe ».

- Antonetti : "Il nous a manqué un peu d’expérience"
De son côté, Frédéric Antonetti s’est évidemment montré déçu du résultat obtenu, au vu du scénario de la rencontre. « Je pense qu’on a fait beaucoup d’efforts pour gagner ce match, a expliqué l’entraîneur rennais. Il nous a manqué un peu d’expérience pour y arriver. Quand on compare les deux équipes, l’Atlético a beaucoup de joueurs qui sont habitués à gérer des situations compliquées comme ce soir. Si on analyse le résultat, on est très déçu par rapport aux efforts des joueurs. On n’est pas dans la même catégorie que l’Atlético mais on a prouvé qu’on avait du répondant et j’espère que cela va se transférer sur le championnat ». Premier élément de réponse à Lille dès dimanche.

- Crédit photo : srfc.frenchwill.fr