En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à l'Olympique de Marseille, pour le compte de la 5e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Patrick Delamontagne.
Originaire de La Bouëxière, Patrick Delamontagne débute sa carrière dans le petit club local où il évolue jusqu’en DSR (Division Supérieure Régionale). Fort d’une belle aura naissante dans le milieu amateur, le jeune milieu de terrain rejoint le Stade rennais à l’âge de 17 ans, avant le début de l’exercice 1974-1975. Cette saison-là, le club stadiste retrouve la deuxième division, après avoir complètement manqué son championnat de D1 (19ème).
Patrick Delamontagne en profite ainsi pour faire ses premiers pas professionnels, au cours d’une victoire rennaise sur le score de 3 buts à 1 face à Saint-Étienne, le 29 octobre 1974. Ce soir-là, il rentre en cours de match et découvre le haut niveau. Il fait trois autres apparitions au cours de la saison, et évolue le reste du temps avec l’équipe réserve en D3. L’année suivante, toujours en D2, il joue 15 matches et ouvre son compteur buts en professionnel lors de la deuxième journée de championnat, par le biais d’une victoire du SRFC face à Rouen sur le score de 5 buts à 0, le 29 août 1975. Il réalise également un triplé quelques semaines plus tard, lors d’une victoire stadiste à Malakoff, toujours sur le score de 5 à 0. Il a également la chance de côtoyer Laurent Pokou, et dans sa foulée, marque deux autres doublés pour sa première saison dans la cour des grands.
Patrick Delamontagne inscrit finalement 9 buts pour ses débuts professionnels. Des statistiques qui s’annoncent ô combien prometteuses pour le jeune surdoué. Rennes termine premier de D2 et écrase totalement le championnat. Malgré la blessure de Pokou et la concurrence de Jerzy Wilim, Patrick Delamontagne réalise des débuts remarqués au plus haut niveau. Très rapidement, il s’affirme comme l’un des plus grands espoirs du club, et fait donc ses débuts en D1 au cours de l’exercice 1976-1977. Pour sa première saison au sein de l’élite, il joue 27 matches et trouve le chemin des filets à deux reprises. Il marque d’ailleurs son premier but en D1 face à Reims le 8 janvier 1977 (2-2), lors de la vingtième journée du championnat. Rennes termine cependant bon dernier et retrouve l’antichambre du football hexagonal.
À l’époque, Il est déjà difficile de contrecarrer les initiatives offensives de Delamontagne. Joueur rapide, excellent technicien, Patrick s’est rapidement forgé une solide réputation sur les terrains de France et de Navarre, faisant ses preuves aussi bien en D1 qu’en D2. Mais, dans le même temps, le club connaît des difficultés et commence à faire l’ascenseur. Lors de la saison 1977-1978, Delamontagne termine meilleur buteur du club avec 9 buts pour 26 rencontres disputées. Il se distingue en inscrivant un triplé lors de la cinquième journée face à Limoges (4-1), puis un autre au septième tour de la Coupe de France face à l’AS Brestoise (5-0). Rennes termine son championnat de D2 à la 12ème place, et doit absolument équilibrer son budget. En effet, le club est au bord de la faillite et doit vendre ses meilleurs espoirs en 1978. Patrick Delamontagne fait ainsi un saut de puce et se retrouve à Laval, où il deviendra rapidement une idole.
Lors de son premier passage à Laval, il se révèle définitivement comme un meneur de jeu à l’ancienne. Fin technicien, doté d’une vision du jeu exceptionnelle et d’une réelle vitesse d’exécution, il est la rampe de lancement des attaquants lavallois entre 1978 et 1980. En Mayenne, il devient rapidement un pion essentiel de l’entrejeu des « Tangos » et enfile régulièrement sa panoplie de buteur (20 buts en l’espace de deux saisons). À l’époque, les habitués du stade Francis-Le Basser le comparent à Raymond Kéruzoré, et font de lui son successeur naturel. Garçon simple et discret, il se livre un peu plus en 1979 au cours d’une longue interview pour un quotidien régional : « Je collectionne les timbres. J’aime aussi la pêche et la chasse. Je suis en train de passer mon permis. Je vais y aller avec mon setter irlandais ».
En l’espace de vingt-quatre mois seulement, il est devenu le porte-drapeau du football breton. Simple et efficace, également très sobre, il effectue chaque week-end un gros abattage en milieu de terrain, et s’épanouit complètement à Laval. Joueur délié, fin et opportuniste, il prend ensuite la direction de l’AS Nancy-Lorraine après deux années pleines à Laval. Meneur de jeu plein de talent et de technique, ses qualités lui permettent de devenir international en 1981. Une juste récompense des efforts fournis. Il gagne ses premiers galons tricolores le 15 avril 1981, lors d’un match amical disputé face au Brésil. Sous les yeux du roi Pelé, il rate même un but tout fait.
Il passe finalement deux années à Nancy (62 matches, 11 buts), puis tente une nouvelle aventure à Monaco, mais ne réussit pas à s’y faire une place au soleil. Avec l’équipe de la principauté, il dispute cependant une finale de Coupe de France et devient également vice-champion de France en 1984. Mais handicapé par des blessures à répétition, il ne peut donner la pleine mesure de son immense talent. Il se confie en novembre 1983, et exprime ses envies d’ailleurs : « Mon contrat rempli avec Monaco, il me tarde de revenir dans l’Ouest. Depuis mon départ de Laval, je ne me suis jamais amusé en jouant au football ». Après un passage peu concluant sur le « Rocher » (36 matches, 1 but), où il est le plus souvent remplaçant, il décide de retourner à Laval. Il dispose de la totale confiance de son entraîneur Michel le Milinaire, et y restera trois saisons supplémentaires.
Pour son deuxième passage en Mayenne, il marque 19 buts et retrouve la sélection tricolore lors d’une rencontre qualificative pour l’Euro face à la Norvège en 1987. Créateur capable en une seule passe de faire basculer un match, il reste le « Platini de Le Basser » pour le peuple du 53. Joueur au caractère discret, il explique tranquillement les raisons de son renouveau en 1984 : « J’ai retrouvé le plaisir de jouer le football que j’aime. L’équipe change tous les ans. Les hommes viennent et repartent. Le style reste le même. L’équipe a seulement pris un peu de muscles. C’est indispensable dans le football moderne ». Véritable meneur de jeu et patron du Stade lavallois (110 matches, 19 buts entre 1984 et 1987), il rejoint ensuite la Canebière marseillaise à l’aube de l’exercice 1987-1988, et y fait un passage mitigé (26 matches pour 2 buts en D1).
Puis, après une délicate saison sous les couleurs de l’Olympique de Marseille, Patrick Delamontagne revient au Stade rennais à l’orée de la saison 1988-1989. Avec Rennes, alors en D2, il retrouve avec joie son frère cadet Laurent. Grâce à son retour dans le club de la capitale bretonne, les « Rouge et Noir » peuvent de nouveau compter sur une équipe compétitive et ambitionnent un énième retour parmi l’élite. En deux temps trois mouvements, Il s’impose comme le maître à jouer de l’équipe stadiste et apporte un indéniable plus dans l’entrejeu breton. Il dispute ainsi 33 matches de championnat et inscrit le total de 13 buts pour son retour dans les rangs de son club formateur. Il se distingue également en réalisant un triplé lors de la septième journée du championnat, au terme d’une victoire stadiste face à l’équipe d’Abbeville, sur le score net et sans bavure de 6 buts à 0. Rennes termine troisième de D2, mais échoue finalement lors de l’épreuve des barrages d’accession face au Nîmes Olympique (1-0).
Le retour de Patrick Delamontagne à Rennes est malgré tout un incroyable détonateur pour le club breton. La saison suivante, il conduit le Stade rennais de main de maître vers un retour tant espéré au sein de l’élite hexagonale. Sur un plan individuel, il joue 30 matches et trouve le chemin des filets le 21 février 1990 face à Dunkerque, au cours d’une victoire stadiste sur le score de 3 buts à 1. Rennes retrouve la D1 à l’issue d’un incroyable final à Lorient (2-0). Patrick Delamontagne a clairement marqué la saison rennaise de son empreinte.
Pour son retour sur le devant de la scène hexagonale, Rennes termine dernier malgré l’efficacité de son attaquant vedette François Omam-Biyik (14 réalisations). Patrick Delamontagne, quant à lui, foule les terrains à 33 reprises, marque même cinq fois au cours de la saison, et est l’auteur d’un retentissant mais inutile doublé face à Nantes (2-0) lors de la 32ème journée du championnat. Il choisit ensuite de prendre sa retraite de joueur professionnel en 1991, et rejoint les Voltigeurs de Châteaubriant. Frère ainé de Laurent, Patrick Delamontagne reste dans les mémoires collectives, avec sa bouille frisée, comme un joueur capable de tous les exploits. Doté d’un sens du jeu collectif et d’une frappe solide des deux pieds, il n’aura finalement disputé que la bagatelle de 121 minutes en « Bleu », malgré une remarquable stabilité dans ses performances et un talent incommensurable. Il n’a clairement pas eu la carrière qu’il aurait du avoir.
En 2001, il revient brièvement sur sa dernière saison stadiste : « En 1991, à Rennes, je me suis fait virer par Monsieur Ruello. Je serais certainement resté au club sinon. La façon dont j’ai été remercié m’a un peu dégoûté ». Reconverti depuis dans le secteur de l’immobilier, Patrick Delamontagne avait un temps imaginé ouvrir un centre sportif. Mais après une rencontre riche d’enseignements avec Monsieur Blot (PDG des agences immobilières du même nom), originaire du même petit village que lui, il est finalement devenu responsable de trois agences immobilières dans le nord de Rennes.
1970-1974 : Espérance La Bouëxière
1974-1978 : Stade rennais FC
1978-1980 : Stade lavallois
1980-1982 : AS Nancy-Lorraine
1982-1984 : AS Monaco
1984-1987 : Stade lavallois
1987-1988 : Olympique de Marseille
1988-1991 : Stade rennais FC
Après 1991 : Voltigeurs de Châteaubriant
Sources :
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.
- Stade Lavallois Museum
Sources photos :
- forum footnostalgie
- srfc.frenchwill.fr
eddy29..66
7 septembre 2011 à 21h14Un grand monsieur , un immense talent, il est passé à côté d’une carrière international du à des facteurs différents notamment des blessures et un projet de carrière ou il n’aura pas été chanceux ( au mauvais endroit au mauvais moment).
Quand je pense qu’il s’est fait virer par un certain Ruello, le même qui aura été rappelé par un certain M r Pinault au début des années 2000 afin de prendre les destinées du club du stade rennais, cela en dit long sur les choix de l’homme d’affaire rennais
Louis G
8 septembre 2011 à 07h06J’aimerais que le Centre de formation du Stade Rennais recrute de nouveaux « Patrick Delamontagne » fidèle à leur Club formateur tout en allant continuer leur formation dans des Clubs de Ligue2 voire de Ligue1 avant d’y revenir avec toute l’expérience acquise !!..voir aussi le cas de J. Féret actuellement
yan
8 septembre 2011 à 13h59bonjour à tous très belle photo le l’équipe du stade rennais mais je regrette que les sieges des tribunes ne soit pas tout ROUGE (comme à valencienne) avec S.R.F.C. EN NOIR que de voir du bleu et du vert sur cette photo
LeBretonDu37
8 septembre 2011 à 15h32Ami(e)s Supporters (et Modérateurs - trices ) Bonjour,
Au plaisir de vous retrouver après mon long périple Américain.
J’ai pu lire beaucoup de commentaires à mon retour et je perçois toujours autant d’animosité sur le site, quel dommage !!! bref...
Quel plaisir de relire cette rétrospective, de revivre cette nostalgie et c’est vrai que Patrick n’a pas eu la carrière qu’il aurait pu et du avoir .
Mais il restera lui aussi un souvenir gravé dans ma mémoire de jeune supporter que j’étais à l’époque et que je n’oublie pas quelques années plus tard...J’ai bien dit quelques années ( rires :p )
@Yan : pour te dire que c’est la photo du Stade Lavallois que tu vois :p
Ami(e)s Supporters à bientôt, c’est toujours ce plaisir qui m’anime quand je vous lis même si nos avis divergent.
Deur
10 septembre 2011 à 00h12Petite anecdote.. Je suis très fier qu’un super joueur comme celui ci est commencé par la bouëxière où j’ai joué une dizaine d’année.. Pour les footeux, il y a un grand tournoi avec une centaine d’équipe tous les ans dans ce petit bled, et le trophée se nomme évidemment Patrick delamontagne ;-)
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