Une nouvelle fois élu meilleur centre de formation de France, le Stade rennais récolte les fruits de son travail passé, avec l'intégration massive de jeunes de qualité dans son effectif professionnel. Une récompense qui ne doit pas cacher que, derrière, la concurrence monte...
Après 2006, 2007, 2008, 2009 et 2010, le Stade rennais a une nouvelle fois décroché le titre de meilleur centre de formation hexagonal à l’issue de cette saison 2010-2011. Un honneur qui n’est guère étonnant au vu du nombre de joueurs formés au club à avoir alimenté un groupe professionnel largement rajeuni par Pierre Dréossi et Frédéric Antonetti l’été dernier.
Récompensant essentiellement la place laissée aux jeunes en Ligue 1, ce classement établi par la DTN est surtout le miroir des efforts entrepris bien des années auparavant. Des plus anciens (Romain Danzé, Sylvain Marveaux) aux plus jeunes (Abdoulaye Diallo, Dimitri Foulquier), tous ont évidemment été recrutés il y a de nombreuses années. En clair, les actions d’aujourd’hui conditionnent de façon évidente les résultats de demain.
Si le Stade rennais peut encore envisager de survoler encore longtemps ce fameux classement, il doit surtout assister à un renforcement de la concurrence. Dans sa communication, le club rennais a naturellement tendance à mettre en valeur la qualité de sa formation, et la confiance donnée aux jeunes. Parfois, certains s’interrogent sur la viabilité de cette politique, consistant à miser perpétuellement sur l’avenir plutôt que de s’occuper du présent. Sans détailler en profondeur les avantages que procurent un centre de formation performant, force est de constater que bien des clubs empruntent sensiblement cette voie.
Face aux difficultés financières qu’affrontent aujourd’hui les équipes de Ligue 1, la formation reste en effet une valeur sûre... même pour un club réputé aussi peu formateur que peut l’être Marseille. « En étant un peu réaliste dans une économie modifiée du football pour les années à venir, on va avoir besoin régulièrement de joueurs de talent qui devront occuper un poste de titulaire à l’OM avant de, pourquoi pas, partir vers l’étranger, mais en laissant un pécule conséquent dans nos caisses. C’est probablement l’économie sur laquelle nous devons bâtir le futur du club », expliquait notamment Jean-Claude Dassier en janvier dernier.
Belles paroles ? Peut-être. Toujours est-il que les dirigeants marseillais peuvent être encouragés par les exemples de Samir Nasri et Mathieu Flamini hier, ou par ceux des frères Ayew aujourd’hui. Valorisant la culture d’un esprit club (toujours importante pour les supporters), et donnant surtout une image positive, la formation est cependant une voie toujours fragile, notamment pour des clubs habitués aux transferts clinquants.
Exemple récent, celui du PSG. Longtemps raillé pour son incapacité à retenir les nombreux talents qui peuplent la région parisienne [1], le club de la capitale semble redresser la barre ces dernières années, cumulant les titres et les sélections en équipes de France de jeunes. Reste le plus difficile, et surtout le plus important : faire une place à ces jeunes talents parmi les professionnels. La saison dernière, plusieurs joueurs formés au Paris Saint-Germain sont parvenus à se faire un début de place en Ligue 1, dans la foulée d’un Mamadou Sakho. Mais demain, après l’arrivée d’un investisseur qatari, quel entraîneur prendra le risque d’intégrer un jeune, plutôt que de faire jouer un élément recruté à prix d’or ?
Les mois et les années à venir montreront si Paris continue de faire confiance à ses jeunes, ou s’il enterre précocement cette nouvelle politique. Dans le premier cas, le club parisien pourrait continuer de s’ériger comme un rival de poids pour le Stade rennais, notamment dans le recrutement de joueurs en Île-de-France.
Jusque parmi ses proches voisins, le Stade rennais peut sentir une montée de la concurrence. Ancien exemple, devenu modèle en perdition, le FC Nantes a depuis légèrement redressé la barre en matière de formation. Cette saison, Landry Chauvin peut s’appuyer sur un effectif en grande partie issu de la Jonelière, mais le FCN connaît cependant un mal profond, et aura du mal à rester attractif tant qu’il demeurera en Ligue 2, témoin les fuites récentes des jeunes Lionel Carole et Loïc Négo.
L’exemple nantais périclitant, la réussite rennaise en matière de formation s’érige parmi ses voisins en modèle à suivre, ce qu’avoue d’ailleurs sans mal le président lorientais Loïc Féry. Malgré la revendication plus affirmée d’un certain régionalisme, Brest comme Lorient ne dénombrent que très peu de joueurs formés au club parmi leurs titulaires réguliers. L’an dernier, Lorient ne comptait dans ce cas que le seul Jérémy Morel, alors que Brest n’avait dans ses rangs aucun joueur formé au club. La tâche est donc énorme pour ces clubs, bien loin des résultats du Stade rennais et de son effectif sorti à 50 % des rangs de l’ETP Odorico.
Côté brestois, on paye l’absence même de centre de formation. Disparu avec la banqueroute du Brest Armorique au début des années 1990, celui-ci n’a jamais revu le jour. Aujourd’hui, le retour de la formation dans le Finistère est un projet qui devrait se concrétiser en 2012. Une impérieuse nécessité pour le club brestois, qui a dû se résoudre à laisser partir un Mathias Autret à Lorient sans pouvoir rien dire, faute de posséder les infrastructures de formation... et les contrats semi-professionnels qui vont avec [2].
À Lorient, le développement de la formation s’inscrit dans une logique de pérennisation du club en Ligue 1. Dans l’élite pour la sixième saison consécutive, le club morbihannais a puisé jusque-là une bonne partie de sa réussite dans la science de Christian Gourcuff, mais également dans un certain savoir-faire en matière de recrutement. Forcément satisfaisant, mais pas forcément viable.
Performant, le centre de formation du Stade rennais permet d’alimenter à plein régime l’équipe première, et donc de corriger rapidement les éventuelles erreurs de recrutement, éloignant du même coup les perspectives de relégation. Pour en faire de même, et pour rattraper son retard, le FC Lorient passe par la case obligée de la modernisation de ses infrastructures, comme l’a fait le Stade rennais au début des années 2000. En parallèle à la rénovation du stade du Moustoir, les Merlus devraient prochainement voir sortir de terre "l’Espace FCL", un complexe qui servira de centre d’entraînement et de centre de formation au club morbihannais.
Bien évidemment, pour les Merlus, il ne s’agit pas de faire un copier-coller du projet rennais. Plutôt de s’en inspirer, en ajoutant une touche propre au FC Lorient. En travaux, la perspective de mettre en place un projet de jeu commun des plus jeunes jusqu’aux pros, comme c’est le cas au FC Barcelone, la référence de Christian Gourcuff. En travaux également, le perfectionnement du processus de recrutement des jeunes... afin donc de concurrencer directement le Stade rennais. « On ne joue pas dans la même catégorie, mais on grandit, affirmait Hervé Guégan, responsable de la formation lorientaise, en avril dernier dans les colonnes de L’Équipe. Je me positionne sur des dossiers similaires à Rennes que je n’aurais pas imaginé traiter il y a encore deux ans ».
Loué pour son jeu, le FC Lorient bénéficie d’une image positive, celle d’un club familial, apte à faire éclore de nouveaux talents. Si les Merlus ne sont pas encore à proprement parler un club formateur, ils parviennent déjà à enrôler quelques éléments également désirés par Patrick Rampillon et son équipe. Et ce y compris pour des jeunes issus de région parisienne. « On veut régionaliser le recrutement comme le préconise la DTN, précise Christian Gourcuff. Mais il ne s’agit pas de faire comme l’Athletic Bilbao, qui n’accepte que des joueurs basques ». Pour l’heure, rares sont les joueurs bretons de L1 qui ont échappé au Stade rennais.
Directement investi dans le recrutement des plus jeunes, Gourcuff sait que la capacité de son club à former des joueurs sera un enjeu majeur pour le FC Lorient de demain. Pour l’heure, le club morbihannais doit faire ses preuves en la matière, et démontrer qu’il est capable de faire de ses jeunes de bons joueurs de Ligue 1.
Malgré la concurrence naissante, y compris parmi des clubs qui n’étaient pas réputé autrefois pour leur formation, le Stade rennais reste pour le moment la référence incontestable, ne serait-ce qu’en Bretagne. Une référence qui ne doit cependant pas se reposer sur ses lauriers dans les années à venir, sous peine de tomber de son trône.
[1] Entre autres exemples à Rennes, Yacine Brahimi et Yassine Jebbour ont évolué au PSG avant de choisir la Bretagne pour y réaliser leur formation.
[2] Sans infrastructure de formation agréée par la fédération, un club ne peut proposer de contrats aspirant ou stagiaire à leurs jeunes, ce qui les protège des convoitises extérieures. Aucun contrat professionnel ne peut également être proposé à un joueur avant ses vingt ans.
Louis G
26 juillet 2011 à 06h21Je pense que le Stade Rennais doit persister dans sa politique de formation des jeunes pour en faire des footballeurs professionnels de demain...c’est un investissement qui peut être payant à court , moyen et long terme...je note avec satisfaction que des joueurs ayant été formés à Rennes et non maintenus, souhaitent revenir à leur Club formateur...c’est un bon retour sur investissement !...
Par ailleurs j’aimerais connaitre la contribution de la ville de Rennes au Centre de Formation Odorico !...car, pour moi, ce ne serait pas de bon augure que cette formation ,si importante pour l’avenir du Stade Rennais, repose uniquement sur les deniers de la famille Pinault !!...
grobulrouge
26 juillet 2011 à 09h45toute suprematie est en peril on ne peut que descendre ou rester stable
mais pour autant ce qui est fait est fait
ainsi les infrastructures ,les systemes d’encadrement ,les antecedents de formation ,voila des atouts qui auront toujours de la valeur lors de la signature d’un jeune
mais si a un moment nous ne sommes plus en tete de ce classement (etant donné que ce n’est pas le but premier du stade rennais) et que notre club se réalise avec quelques trophées ou jolies aventures europeenes et bien nous supporters, que ce soit onze joueurs formés en bretagne ou onze mercenaires, seront des plus heureux...
Pablo56
26 juillet 2011 à 11h40Non onze joueurs formés en Bretagne et 11 mercenaires ce n’est pas la même chose. On le voit régulièrement en fin de championnat lorsque certains estiment qu’ils en ont siffisamment faits et se préoccupent surtout de leur avenir dans un club plus prestigieux et qui leur rapportera davantage d’argent. Moi je regrette l’époque des joueurs emblématiques comme Yvon Boutet, Prigent, Marcel Loncle qui se battaient pour leur maillot. Il faut retrouver cet état d’esprit. Ce qui n’empêche pas de faire appel de temps à autre à un grand joueur (Pokou, Nonda, Frei) qui va permettre au club de franchir un palier. Et je suis inquiet à ce sujet après l’abandon de la piste Suarez. Non sur le plan sportif car celui-ci n’était pas un vrai n°9. Mais sur le plan financier, parce que si le Stade Rennais n’a pas été capable d’aligner 8 M€ pour un buteur il faut craindre le pire pour les semaines qui viennent...Où sont passés les 16 M€ de Gyan ???
Le titre de l’article me semble tout à fait opportun ! En effet, même si le nombre de sélections en EDF des jeunes ne donne pas énormément de points pour l’obtention du titre de meilleur centre de formation, je trouve que le SRFC a de moins en moins de sélectionnés. Peut-être que je me trompe, mais en U20, on a personne, en U19, je crois qu’il n’y a que A. DIALLO et pour les catégories inférieures, on n’en a vraiment pas beaucoup...J’ai tendance à comparer avec des générations exceptionnelles comme celle de Marveaux, Sow, Gourcuff et Nsiam. ou celle de M’vILA, Brahimi, SOUPRAYEN !
A voir...
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