En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à Nice, pour le compte de la 23e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Sylvester Takac.
Après un exercice 1965-1966 plutôt mitigé malgré une encourageante sixième place au classement général final, le Stade Rennais UC entame un nouveau championnat avec la légitime ambition de faire un peu mieux que lors de la saison précédente. Malheureusement, les protégés de Jean Prouff enchaînent rapidement les mauvais résultats et bouclent la phase aller à une peu envieuse 17ème place. C’est alors que le président Louis Girard décide d’enrôler un prometteur attaquant yougoslave, Sylvester Takac. Le natif de Djurdevo en ex-Yougoslavie (actuelle Serbie) pose ses valises dans la capitale bretonne le 27 décembre 1966, en même temps qu’un autre joueur, Eliseu Manuel de Mendonça, engagé par le club stadiste après un essai qui se montre concluant. D’origine ukrainienne, Takac alors âgé de 26 ans est auréolé d’un titre de champion de Yougoslavie obtenu avec son club formateur (1966), auquel il faut rajouter un titre de champion olympique acquis six ans plus tôt (en 1960) avec la Yougoslavie des Milan Galić (futur joueur du Stade de Reims) et Bora Kostić (icône de l’Étoile rouge de Belgrade) notamment.
Arrivé en provenance du Vojvodina Novi-Sad, Sylvester Takac est un atout supplémentaire sur le front de l’attaque stadiste. Il devient également le pourvoyeur de ballons numéro 1 de Daniel Rodighiero et Giovanni Pellegrini. Takac (dont le nom doit être prononcé "Takatch") était également convoité par l’Olympique de Marseille, qui espérait l’associer à la meilleure gâchette de l’hexagone, l’avant-centre yougoslave Josip Skoblar (44 buts lors de la saison 1970-1971, record européen). C’est donc une très bonne affaire que réalise le club de la capitale bretonne. Il débute sous les couleurs "Rouge et Noir" le 8 janvier 1967 lors d’une sévère défaite à Sedan (0-4). Numéro 10 à l’incroyable ingéniosité, il se révèle rapidement comme un fin technicien et se paie également le luxe d’inscrire un doublé face à Lyon (victoire 4-0) lors de la 34ème journée. Le Stade rennais termine finalement la saison à une décevante onzième place de D1. Sur le plan personnel, Takac score à 9 reprises en seulement 18 rencontres de championnat, et se classe troisième meilleur buteur du club breton derrière Daniel Rodighiero (20 buts) et Giovanni Pellegrini (11 réalisations).
*Stade Rennais UC, exercice 1967-1968
Dans l’épreuve reine de la Coupe de France, si chère aux supporters stadistes depuis l’apothéose de 1965, il marque aussi la bagatelle de cinq buts. Malgré un autre doublé lors des demi-finales de la compétition face au FC Sochaux (lors du second match à rejouer, au Parc des Princes), il ne peut éviter la défaite du club rennais sur le score de 4 buts à 3 (l’autre réalisation des "Rouge et Noir" étant l’œuvre de Jean-Pierre Darchen). L’année suivante, le Stade Rennais UC réalise une saison très moyenne et clôture son exercice à la 14ème place de Division 1. Pourtant, Takac trouve le chemin des filets à 15 reprises, le tout en 35 rencontres de championnat (meilleur buteur du club) et réussit une grande saison. Petit par la taille mais grand par le talent, Sylvester Takac est véritablement devenu le métronome de l’équipe. Ses petits crochets courts régalent le public du stade de la route de Lorient. Takac n’a pas son pareil pour fournir de superbes ballons à ses coéquipiers. Son influence sur le jeu de ses partenaires est alors énorme. Lorsque le Yougoslave est dans un mauvais jour, le reste de l’équipe l’est aussi.
Sa troisième saison en Bretagne n’est pas aussi bonne, ses prestations d’ensemble s’avèrent bien moins brillantes que lors des deux exercices précédents. Il termine cependant une nouvelle fois meilleur buteur du club avec 13 réalisations (et marque un but supplémentaire en Coupe de France) mais n’est pas aussi régulier qu’à l’accoutumée. En outre, Rennes n’accroche jamais le bon wagon et finit onzième du championnat de première division. Ceci dit, Takac inscrit un magnifique quadruplé face à Nice (4-2) le 18 mai 1969. Malgré les envies marseillaises de le voir parapher un contrat sur la Canebière, Sylvester Takac donne son accord au Standard de Liège et signe un fructueux contrat. Quelques semaines plus tard, le Yougoslave est toujours sans nouvelles du club belge, s’inquiète alors, et accepte la seconde proposition des Phocéens de l’Olympique de Marseille. Le Standard de Liège réagit avec véhémence.
La commission juridique du Groupement (ancêtre de la LFP) prend dès lors les choses en main et donne gain de cause au club marseillais, avant de suspendre le joueur yougoslave pour une durée de trois mois. Le Standard décide de faire appel de la décision, puisque le club belge a déjà réglé au SRFC un montant de 15 millions de francs (soit 2,3 millions d’euros environ). Au final, la Fédération française de football n’ayant pas fait parvenir de documents d’opposition au premier contrat à l’Union belge dans les délais impartis... Sylvester Takac, finalement amnistié, n’a plus d’autres choix que de prendre la direction de Liège. L’attaquant international yougoslave aura donc disputé trois saisons sous les couleurs stadistes (1966-1969). Ses statistiques globales sont très bonnes, puisqu’en 85 matches de championnat, il aura marqué 37 buts, auxquels il faut rajouter les 6 buts inscrits en Coupe de France en l’espace de neuf rencontres.
Dès sa première année en Belgique (1969-1970), l’attaquant yougoslave rajoute une nouvelle ligne à son palmarès. Le Standard de Liège coiffe le FC Bruges ainsi que La Gantoise, et s’adjuge le cinquième titre de champion de son existence. Rebelote la saison suivante, et Sylvester Takac n’est d’ailleurs pas innocent à cette phénoménale réussite, bien aidé en cela par le triple Soulier d’or belge, le milieu de terrain Wilfried Van Moer. En 1972, Takac est alors à l’apogée de sa carrière. Il finit meilleur buteur du club avec 15 buts (le Standard s’agrippe sur le podium, en terminant à la troisième place du championnat belge) et devient surtout le meilleur réalisateur de la C1 (défunte Coupe des Champions) à égalité avec le mythique Johan Cruyff (Ajax Amsterdam), Antal Dunai (Újpest) et Lou Macari (Celtic Glasgow), totalisant 5 buts dans cette compétition. En l’espace de cinq saisons pleines au plat pays, il dispute 150 matches avec le Standard et inscrit la bagatelle de 58 buts. Avant d’entamer une carrière d’entraîneur au milieu des années 70, il débute d’abord en Allemagne où il devient vice-champion et remporte la coupe nationale avec le FC Cologne en tant qu’entraîneur-adjoint. Il prend ensuite les rênes du RFC Liège puis, comme par enchantement, retrouve l’hexagone où il entraîne successivement le FC Sochaux, le Racing Club de Paris et l’OGC Nice.
Avec les Aiglons, il remporte la Coupe de France 1997 (dernière finale disputée dans l’antre du Parc des Princes), après une victoire acquise lors de la séance des tirs au but face à l’En Avant de Guingamp de Francis Smerecki. Ces dernières années, il a pris en charge le club marocain du Raja Casablanca puis les Tunisiens du CS Sfaxien entre 2001 et 2002.
1955-1966 : Vojvodina Novi-Sad (Yougoslavie)
1966-1969 : Stade Rennais
1969-1974 : Standard de Liège (Belgique)
1979-1982 : RFC Liège (Yougoslavie)
1984-1985 : FC Sochaux (France)
1986 : RC Paris (France)
1987-1994 : FC Sochaux (France)
1997-1998 : OGC Nice (France)
2001 : Raja Casablanca (Maroc)
2001-2002 : Club Sportif Sfaxien (Tunisie)
Sources :
- Wikipédia
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.
Crédits photos :
- so foot.com
- forum footnostalgie
- Rfcl.be
Péno
10 février 2011 à 18h28Merci pour ce retour en arrière. Pour ma part, j’ai toujours confondu Takac avec Boloni, je ne saurai dire pourquoi...
rvv
10 février 2011 à 18h56le meilleur joueur que rennes ai eu , avec pokou !
Louis G
10 février 2011 à 19h12Je me souviens très bien de Takac , petit par la taille , mais un grand joueur de foot très combatif..un exemple, à prendre comme modèle...il fait partie des joueurs du Stade Rennais dont j’ai le meilleur souvenir...
ESYLANA
10 février 2011 à 20h07« Takatche » inoubliable ! à l’époque, je n’ai pas loupé beaucoup de ses matchs au stade, avec Naumovic et L.Pokou, certainement parmis mes meilleurs souvenirs du stade Rennais.
Son but, en ciseaux retourné au coin de la surface côté Vilaine est resté dans toutes les mémoires des supporters de l’époque !!! une légende...on en parle encore entre amis !
Nostalgique des années 60 / 70, non, çà revient ! çà bouge actuellement, et les supporters ne demandent qu’à vibrer !
Allez Rennes
EDDY 2966
10 février 2011 à 20h08Sylvester TAKAC est le joueur qui m’aura le plus dans l’histoire du Stade Rennais depuis le milieu des années 60 et ce jusqu’à ce jour . Encore plus que Laurent POKOU, certes ce dernier avait une classe intrinsèquement supérieure au joueur serbe, mais sur l’ensemble d’une saison TAKAC disposait d’une régularité sans pareille. Il était à même d’être le dépositaire du jeu rennais ( et à l’époque le fond de
jeu rennais n’était pas un vain mot, Monsieur Jean PROUFF était l’instigateur de ce fond de jeu rennais) par une technique hors du commun et aussi un talent indéniable de buteur.Ce joueur respirait la classe.
Je me souviens encore des dimanche après midi au stade de la route de lorient ou je venais avec mon père, je revois encore de cette frêle silhouette évoluant sur la pelouse rennaise. Dès qu’il avait le ballon, on devinait qu’une action, qu’un mouvement sortant de l’ordinaire allait se produire à tout moment.Il avait cette faculté de" conduire" son ballon, qui sortait de l’ordinaire.
Un seul regret, il est partie deux années trop tôt, Et pour cause, deux années plus tard, un jeune prodige breton" éclatait , un certain Raymond Kéruzoré. Ce dernier aurait tellement voulu évoluer aux côtés de TAKAC, selon ses propres mots ,c’était son rêve, un rêve qui ne s’est pas réalisé et pour cause, l’offre du Standart de Liège représentait une manne d’argent s’apparentant à du pain béni pour les dirigeants stadistes de l’époque.
takac
10 février 2011 à 22h22mon pseudo indique toute mon admiration pour ce joueur qui n’était pas économe de ses efforts
vous avez vu la ressemblance avec Emmanuel PETIT
Alain Dubois
11 février 2011 à 17h37Supporter du RFC Liège, j’aimerais avoir confirmation au sujet de la troisième photo de cet article. A ce qu’il me semble, cette photo est prise sur le terrain du RFC Liège. L’équipe photographiée est une équipe mixte du RFC Liège (avec Curcic, Thompkin, Baré, Depireux, Rodekamp,...) et du Standard de Liège (avec Takac, Kostedde, Pilot,...)
Qui peut me renseigner ? Merci.
Rodighiero
11 février 2011 à 18h20Bonsoir,
Tout à fait, il s’agit bien d’une équipe mixte :
> Debout : ( RFCL ) Jovan Curcic , ? ( RFCL ), Louis Pilot (RSCL), Philips ( RFCL ), Michel Pavic (RSCL) , Yves Baré ( RFCL ), Claude Thomkins ( RFCL ).
Accroupis : Sylvester Takac ( RSCL ), Erwin Kostedde ( RSCL ), Rodekamp ( RFCL ), Henri Depireux ( RSCL ), Milan Galic ( RSCL ).
Cordialement.
Philippe Wouters
13 juillet 2012 à 17h48Concernant cette photo d’équipe liégeoise mixte , elle m’a fait sourire car je connais des supporters irréductibles des deux camps (FC Liégeois et Standard) qui ne pourraient imaginer que telle équipe a existé ( dans le style : on est « Rouche » ou « Sang et Marine » mais pas les deux) Pour ma part j’ai toujours apprécié les deux équipes et cette équipe me plait beaucoup - Concernant le troisième homme non identifié , j’ai la réponse, il s’agit du standardman Danny Blaise - pour le reste je confirme les noms sinon qu’il s’agit de Claudy Thompkin et non Thomkins . Je garde aussi un souvenir particulier de Takac au Standard - Il était « SUPER », j’avais 10 ans quand il est arrivé au Standard et je le garderai toujours dans ma mémoire .
Bien sportivement .
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