Le Conseil municipal de la ville de Rennes s’est déroulé lundi soir. Les rapports entre le Stade Rennais FC et la ville ont notamment occupé une partie des débats, comme le relate Ouest-France dans son édition de jeudi. C’est l’occasion de faire le point sur l’état des relations qu’entretiennent la ville de Rennes et le Stade Rennais.
À l’intersaison 1998, après l’avoir sauvé plusieurs fois de la faillite, la municipalité rennaise, bien décidée à se débarrasser du Stade Rennais dont elle était le propriétaire, confia les clés de la maison rouge et noire à François Pinault avant de se retirer définitivement du capital du club en 2001 [1]. Depuis plus de dix ans, les relations restent néanmoins étroites entre la ville et l’unique club professionnel du département. En effet, comme pour une grande partie des clubs professionnels français, la ville est propriétaire des terrains et du stade utilisés par le Stade Rennais. En découle une étroite collaboration entre la ville et le club, formalisée par une convention renouvelée régulièrement. C’est notamment la reconduction de cette convention qui était à l’ordre du jour du Conseil municipal de lundi dernier, relate le site Internet du Mensuel de Rennes. « Pour cinq ans, la ville s’engage à louer son stade aux Rouge et noir pour 1 029 582 euros par an, explique le mensuel. Pour n’avoir à s’acquitter que d’une petite partie de cette somme, le Stade Rennais offre à la ville de Rennes des abonnements pour les matches, met à disposition une loge, inscrit le nom de Rennes sur les maillots officiels des joueurs ou représente le logo de la ville sur divers supports. Une prestation de service estimée à 916 850 euros ».
Du contenu de cette convention, en émane un débat très politique au sein de l’assemblée municipale. Benoît Caron, élu de l’opposition (UMP), se demande si il est « vraiment utile de payer pour l’inscription du nom « Rennes » sur les maillots du Stade Rennais, ou pour la dénomination de la tribune Ville de Rennes », relate Ouest-France aujourd’hui. En guise de réponse, Sébastien Séméril, adjoint aux sports (PS), évoque un rapport de la Cour des Comptes qui « souligne le bon comportement de la ville de Rennes » et indique que « contrairement à la ville du Mans, qui verse 1,3 million de subvention à son stade, la ville de Rennes ne lui verse aucune subvention ».
Le partenariat financier entre la ville et le club reste néanmoins considérable et a toute sa légitimité. Un club se doit de rester attaché à sa ville tout comme une ville se doit de soutenir son unique club de football professionnel de haut niveau, le football étant une vitrine non négligeable pour une ville comme Rennes. En témoigne cette triste, mais fabuleuse journée du 9 mai 2009.
Un sujet a notamment agité ce Conseil municipal du 18 janvier : la question de l’usage d’importants moyens déployés par le club pour chauffer et entretenir la pelouse du stade de la Route de Lorient. En période de grand froid, alors qu’il est demandé à la population et aux collectivités de réduire leur consommation d’électricité, le Stade Rennais déploie des lampes au sodium à longueur de journée sur la pelouse et utilise une soufflerie sous une bâche en cas de températures négatives. Les lampes permettent à la pelouse - qui manque de lumière depuis la rénovation du stade - de retrouver une seconde jeunesse tandis que la soufflerie permet d’introduire de l’air « chaud » afin d’éviter le gel de la pelouse. Ces moyens mis en œuvre ont permis au Stade Rennais de disputer sans problème les rencontres programmées à domicile cet hiver, sur une pelouse de bonne qualité. « Ce n’est pas admissible », déclare Jean-Luc Daubaire, adjoint au maire délégué à l’énergie et à l’écologie urbaine. « Alors qu’on traverse des périodes où nous risquons des coupures d’électricité, d’autres chauffent pendant des heures un terrain en plein air », rajoute t-il avant de déclarer souhaiter « voir la direction du Stade Rennais faire pression pour que ça change sur des instances incapables de comprendre qu’en France, il y a des saisons. Une trêve hivernale pourrait permettre de remettre tranquillement la pelouse en état ». Un hypothèse plusieurs fois défendue par Frédéric Antonetti. Mais le Stade Rennais semble être une cible plus abordable que l’organisateur des compétitions, la LFP, que M. Daubaire juge être une des institutions « les plus ringardes du monde ».
« Le Stade Rennais assume ses choix », répond Séméril. En effet, le Stade Rennais ne fait que défendre ses intérêts en employant tous ces moyens. Et l’argent est une nouvelle fois le nerf de la guerre. En cas d’intempéries, si la pelouse devient impraticable et si le Stade Rennais ne met pas en place tous les moyens possibles, le règlement de la LFP prévoit « le remboursement, par le club visité, des frais de déplacement de l’équipe adverse […], des officiels (arbitres et délégués) ainsi que des frais de production sur présentation de la facture émise par le diffuseur de la compétition, ainsi que d’une amende d’un montant compris entre 20 000 et 50 000 euros pour un club de Ligue 1 » (article 333). Entre une telle facture et les dépenses d’énergies sus-citées, les dirigeants du club n’ont pas du hésiter bien longtemps.
À cette situation, la solution du terrain synthétique pourrait être une alternative efficace et originale. Le Stade Rennais fut d’ailleurs à l’origine de la demande qui a permis à la Ligue de Football Professionnel d’autoriser l’utilisation de terrains synthétiques en 2008. Mais le club rennais n’avait pas donné suite à cette décision à court terme. Cette solution s’imposera probablement d’elle-même dans les années à venir. Une solution idéale qui permettra à Rennes de mettre de côté ces polémiques stériles et de devenir un des clubs précurseurs en la matière.
P.-S.Crédit photo : Le Mensuel de Rennes
Notes[1] « Comment Pinault a racheté le Stade rennais », Le Mensuel de Rennes N°07 - Octobre 2009
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