Débutée en 2005, l'aventure du gardien sénégalais Cheick N'Diaye ne semblait devoir être qu'histoire de regrets. Celle d'un joueur qui aura manqué sa chance dès le départ, avant de tomber dans un oubli qui semblait définitif. Relancé grâce à son travail, et grâce à un prêt fructueux en National, N'Diaye a depuis réussi à s'imposer comme doublure de Nicolas Douchez, avant de se retrouver brusquement sous les projecteurs mardi dernier. Pour lui, sa belle histoire reste encore à écrire...
L’histoire de Cheick N’Diaye c’est celle d’une progression, fulgurante. L’histoire d’un jeune gardien sénégalais, qui arrive de son pays natal en Seine-Saint-Denis, et s’y impose à vitesse grand V.
À l’Olympique de Noisy-le-Sec, en CFA, N’Diaye débarque avec le statut de n°4 dans les buts. Quelques mois plus tard, il terminera la saison avec le statut de n°1.
Une performance suffisante pour s’attirer les bonnes grâces de la cellule de recrutement rennaise, qui décide de le faire venir à l’été 2005.
Dans la hiérarchie des gardiens bretons, c’est alors un peu le flou. Le Suédois Andreas Isaksson, arrivé un an plus tôt, n’a pas vraiment convaincu en tant que successeur de Petr Čech. Derrière lui, l’espoir Florent Chaigneau a sombré. Reste un autre jeune gardien du club, Simon Pouplin, qui a bien progressé, mais n’a encore rien prouvé en Ligue 1.
Du coup, N’Diaye arrive avec l’étiquette de gardien numéro 2 bis, en concurrence avec Pouplin pour devenir remplaçant officiel du géant suédois.
Sa première chance intervient à la fin du mois d’octobre. L’entrée en lice du Stade Rennais en Coupe de la Ligue permet à Laszlo Bölöni de faire tourner son effectif, et de le titulariser dans les buts.
Au Stade de la Mosson, le Sénégalais ne va pas faire grosse impression, comme l’ensemble de ses coéquipiers. Piteusement éliminés par Montpellier (0-1), les Rennais abandonnent prématurément la compétition, tandis que Cheick N’Diaye abandonne une bonne partie de son crédit auprès de tout le monde.
Manque de chance, Andreas Isaksson va se blesser au cours de cet automne 2005. Et à l’heure du choix de son remplaçant, c’est Simon Pouplin qui obtient les faveurs de Bölöni.
Pire, le Choletais va en profiter pour se révéler totalement début janvier, en multipliant notamment les parades lors d’une victoire historique du Stade Rennais à Nantes (2-0).
N’Diaye lui est condamé à se morfondre en CFA, et termine la saison avec la réserve.
La saison suivante, Simon Pouplin est choisi pour occuper le poste de titulaire à plein temps, alors qu’Isaksson s’envole pour l’Angleterre.
L’occasion pour N’Diaye de passer numéro 2 ? Non. Le staff technique décide de recruter l’expérimenté Christophe Revault pour accompagner la progression de Pouplin.
Toujours numéro 3, le Sénégalais bénéficie lui aussi des conseils de l’ancien gardien du PSG. Mais il est une nouvelle fois condamné à évoluer toute la saison en CFA.
Pour autant, cette saison est loin d’être perdue pour N’Diaye. D’abord parce que le statut de numéro 3 lui permet de jouer chaque week-end, quand Revault doit rester sur le banc de touche en Ligue 1. Ensuite parce qu’elle lui permet d’être un acteur essentiel du titre rennais de Champion de France des réserves professionnelles, acquis devant l’Olympique Lyonnais le 2 juin 2007 (3-1).
Aidé par sa grande taille et une belle détente, le Sénégalais en profite pour faire admirer son talent sur les ballons aériens, son principal point fort. Il le fait encore admirer lors de la pré-saison suivante, et des matches amicaux de l’été à Carnac.
Pour autant, le club décide de ne pas le conserver pour la saison à venir. Succédant à Revault, Patrice Luzi arrive avec le statut de numéro 2 pour donner une concurrence encore plus féroce à Pouplin.
Prêté à Créteil, N’Diaye va encore progresser. Dans cette région parisienne où il a fait ses débuts, il réussit à prendre le poste de titulaire, et réussit une excellente saison en National. Évidemment, le Sénégalais est bien loin de la Bretagne, et ses performances n’ont que peu d’écho. Ceci à une exception près, lorsque l’Olympique Lyonnais débarque à Créteil en 32èmes de finale de Coupe de France.
Ce soir-là, les champions de France, en route pour un doublé coupe - championnat, ne laissent aucune chance aux Cristolliens (0-4). Pourtant, malgré la lourdeur du score, N’Diaye est loin de démériter.
Comme Moussa Sow, il revient donc à Rennes avec une bonne saison dans ses bagages. La faute au statut particulier des gardiens, sa progression est cependant nettement moins mise en avant que celle de son coéquipier.
Elle n’en reste pas moins visible quand, quelques semaines après le début de saison, N’Diaye devient presque officiellement la doublure d’un Douchez devenu indiscutable.
Pouplin prié de partir, c’est Luzi qui fait les frais de la montée en puissance de Cheick N’Diaye. Ne reste plus qu’à ce dernier à saisir la moindre chance donnée par Guy Lacombe.
Intouchable en championnat, Douchez est plus volontiers susceptible de laisser sa place en coupe. La rencontre de Coupe de la Ligue qui oppose le Stade Rennais au Mans fin septembre dernier semble devoir permettre au Sénégalais d’obtenir une deuxième chance de briller devant les supporters rennais. Pourtant, Lacombe décide finalement de titulariser Luzi, dont la performance ce soir-là n’est pas inoubliable.
Sans doute déçu par ce manque de confiance, N’Diaye continue néanmoins son bout de chemin dans l’ombre de Douchez. La Coupe de France, objectif avoué de Guy Lacombe dès les 32èmes de finale, ne lui permet pas de gagner en temps de jeu.
Il lui faut donc attendre patiemment une éventuelle absence de Douchez. Diminué ces dernières semaines par une blessure au dos, le portier titulaire du Stade Rennais donne des signes de faiblesse, mais tient finalement sa place... jusqu’à la demi-finale.
Alors que les « Rouge et Noir » rejoignent le vestiaire, qui, parmi les supporters rennais, connait réellement Cheick N’Diaye, ses prises de balle aérienne, son jeu au pied puissant ? Probablement peu de monde, habitués de la Piverdière exceptés.
Certes, le portier est peu sollicité par l’attaque grenobloise. Mais ses interventions sont rassurantes, ses balles captées sur corner sont limpides, son jeu au pied puissant impressionne.
Vivement félicité par Douchez à la fin du match, Cheick N’Diaye a enfin montré aux yeux de tous qu’il avait l’étoffe d’un numéro 2 fiable, celui auquel on n’hésite pas à faire appel en cas de besoin.
De bonnes dispositions qu’il faudra évidemment confirmer. D’ici la finale tant attendue, il est possible que soit décidé de ménager Nicolas Douchez et son dos. Cheick N’Diaye se trouvera alors en première ligne face aux attaques bordelaises puis parisiennes. De quoi avoir de la matière pour convaincre tout son monde.
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