Le Stade Rennais prend rendez-vous avec l’Europe
Publié le 27 mai 2007 à 23h14 parEn terminant quatrième, le Stade Rennais se qualifie pour la coupe de l'UEFA. Passés tout près du podium, les joueurs rennais pouvaient nourrir de regrets après leur match nul à Lille. Mais avec le recul, cette quatrième place, presque inespérée au regard des dificultés rencontrées cette saison, récompense un groupe solide mené avec brio par Pierre Dréossi.
« Frustation et colère » (Frédéric de Saint-Sernin)
Le Stade Rennais n’avait jamais été aussi proche dans son histoire d’une qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. À défaut d’hold-up administratif, le club breton aurait pu surprendre ses concurrents sur le terrain en arrachant une troisième place inespérée. Virtuellement, les “Rouge et Noir” n’auront en effet été à ce niveau seulement...quinze minutes sur toute la saison. Mais comment ne pas rêver de la plus belle des coupes européennes lorsque ces quinze minutes sont les dernières du championnat ? L’égalisation du diable Fauvergue brisa les espoirs d’un club, de ses dirigeants, de ses joueurs, de ses supporters. 22h32, le ciel tomba sur l’Armorique. Insensé alors que le club venait de se qualifier pour la coupe de l’UEFA en égalant son meilleur classement en championnat. [1] Mais face à la cruauté d’un tel scénario, on ne peut qu’éprouver, sur l’instant, un sentiment de déception. Voire d’injustice. « Je n’ai rien contre les Toulousains mais cette semaine, il s’est passé des choses un peu bizarres. C’est peut-être la première fois en Europe qu’une équipe se qualifie grâce à des gens qui n’étaient pas sur le terrain. En tant que joueur de foot, je suis toujours un peu déçu lorsque la vérité du terrain ne prédomine pas. » regrette Bruno Cheyrou, plus mesuré que son entraîneur. « M. Thiriez et la Ligue de Football Professionnel nous ont volés le tour préliminaire de la Ligue des champions. » déplore Pierre Dréossi. « Coup de chapeau aux Lillois qui n’ont n’ont pas faussé le championnat...eux. » Devant donc un tel scénario sur le terrain et en dehors, les Rennais, à l’image de leur président Frédéric de Saint-Sernin, peuvent avoir « non seulement un grand sentiment de frustration mais aussi un grand sentiment de colère. » Qui l’eut cru après une quatrième place ?
« Fiers de notre saison » (Bruno Cheyrou)
En regardant la saison du Stade Rennais dans sa globalité, on ne peut que se satisfaire de l’obtention d’un billet pour la coupe de l’UEFA. Cette quatrième place, le meilleur classement du club cette saison, conclut un exercice marqué par des débuts catastrophiques (quatre points pris sur les cinq premières journées). À l’origine de ce démarrage difficile, les prestations très moyennes des recrues (Cheyrou, Moreira) et un effectif loin d’être au complet. Rappelons que lors du premier rendez-vous de la saison, Pierre Dréossi dut composer sa défense sans Edman, Faty, Mensah (blessés) et Melchiot (pas encore arrivé). Difficile dans ces conditions d’entrevoir, si ce n’est un onze type, au moins une certaine ossature. Le club de la capitale bretonne n’a intégré la première moitié de tableau qu’à la fin des matchs allers, c’est dire toute la difficulté connue pour se positionner à une place plus conforme au classement. Et les coéquipiers d’Étiene Didot n’étaient que onzièmes au soir de la...30ème journée. Une lutte serrée pour les places européennes (au final, trois petits points séparent le troisième, Toulouse, du huitième, Auxerre) et une série de onze matchs sans défaites (de la 28ème à la 38ème) auront permis au Stade Rennais de s’installer dans le haut du tableau.
Après les départs de joueurs majeurs (Frei, Källström, Gourcuff) et de l’entraîneur (Bölöni), peu sont ceux qui croyaient en Pierre Dréossi et ses joueurs. « On peut être fiers de notre saison. Personne ne nous attendait. On parlait d’année de transition avec beaucoup de joueurs qui partaient et finalement, on a montré qu’on était mieux que des faire-valoir. » juge Bruno Cheyrou. Le milieu de terrain est sans doute celui qui symbolise le mieux le collectif stadiste : des débuts médiocres et progressivement, un retour à son meilleur niveau (lire l’article de Stade Rennais Online Cheyrou : hier conspué, aujourd’hui joueur clé).
Des bases solides pour la saison prochaine
De cette saison, nous pouvons d’ores et déjà en tirer quelques enseignements. Collectivement, Rennes a affiché de belles dispositions sur le plan défensif. Le travail de Pierre Dréossi a porté ses fruits. Son bloc-équipe a le mérite d’être efficace, à défaut d’être très sexy. Avec neuf défaites, le Stade Rennais est l’équipe à avoir, après Lyon, le moins perdu. Comme elle est, avec trente buts encaissés, l’équipe la plus solide défensivement (après Lyon, encore et toujours). Construire à partir de la défense, un choix qui aujourd’hui s’avère intelligent. Sûr qu’offensivement, le club a perdu de sa superbe (quinzième attaque seulement). Mais avec Briand et Utaka, le Stade Rennais dispose de deux attaquants qui en forme, sont capables d’exploits (le but d’Utaka à Nantes alors que Rennes n’est pas franchement dominateur en est l’illustration). Savoir défendre, attendre, pour mieux débloquer les situations, une philosophie de jeu payante. Si Rennes parvient à conserver la totalité de sa défense - à laquelle s’intégrera Hansson - et voit la fréquentation de son infirmerie baisser, le club breton pourra entamer une nouvelle saison avec déjà la certitude d’avoir une base sur laquelle s’appuyer.
Sur un plan plus individuel, on se félicitera de l’éclosion de jeunes pousses qui ont montré qu’elles pouvaient tenir leur place au plus haut niveau national. Aux Marveaux, Danzé (lire l’article de Stade Rennais Online Danzé l’étoile) et autre Borne, on pourra ajouter Briand (lire l’article de Stade Rennais Online Montée en puissance), qui s’est véritablement révélé cette saison. Une jeunesse performante encadrée par des joueurs d’expérience tels que Melchiot et Cheyrou qui ont su se relancer en signant chez les “Rouge et Noir”.
Aujourd’hui, le Stade Rennais s’impose comme l’une des valeurs sûres du championnat de France. Neuvième en 2004, quatrième en 2005, septième en 2006 et donc, à nouveau quatrième en 2007. Une régularité remarquable pour un club qui grandit...mais pas trop vite, à son rythme.