Bruno Cheyrou : hier conspué, aujourd’hui joueur clé
Publié le 1er mai 2007 à 17h06 parAprès un début de saison difficile marqué par un passage en équipe réserve, Bruno Cheyrou est bien revenu pour aujourd'hui s'affirmer comme l'un des cadres de l'équipe première.
« Bruno Cheyrou n’est pas prêt » (Pierre Dréossi, fin septembre)
Arrivé à Rennes à l’inter-saison dernière, Bruno Cheyrou traîne derrière lui l’image d’un grand espoir qui, après son départ de Lille où il s’était révélé, n’avait jamais véritablement su s’imposer, que ce soit à Liverpool, Marseille ou Bordeaux. Venu pour remplacer, au moins numériquement, le départ de Källström, l’international français (trois sélections) peut compter sur la confiance de Pierre Dréossi qui l’a fait venir.
Mais la saison va bien mal s’engager. « Il est loin du joueur que l’on a vu à Bordeaux, il n’est pas prêt. Est-ce physique ou mental ? Je m’en entretiendrai avec lui rapidement » avait déclaré l’entraîneur stadiste fin septembre. Coupable de fautes grossières, à des années-lumières de son niveau lillois, Bruno Cheyrou peine à enclencher la première si bien que Pierre Dréossi le relégue sur le banc puis, pour un match, en équipe réserve. Un mal pour un bien pour celui qui était alors la tête de turc préférée de supporters rennais, il faut dire déjà irrités de voir leur équipe se morfondre à la 19ème place après huit journées.
Homme de vestiaire, joueur de caractère
À son retour en équipe première, “Docteur Dré” gère intelligement son joueur en ne le titularisant pas tout de suite. Deux journées passent. Cheyrou patiente, sur le banc. Jusqu’à ce 4 novembre 2006. Sous les caméras de Canal +, Rennes reçoit Lyon et s’impose 1-0. Bruno Cheyrou retrouve ce jour-là une place dans le onze de départ et, à l’image de son équipe, fait preuve de solidité. Suffisant pour regagner la confiance de son entraîneur. Il en faut plus pour conquérir le public rennais. Le milieu de terrain rennais choisit de s’illustrer dans le derby, début décembre. Son but, le second de son équipe, scelle la victoire rennaise sur son rival nantais. En coéquipier modèle, Étienne Didot fête cette réalisation comme elle se doit. Face à au kop, il pointe du doigt ostensiblement le buteur pour ce qui ressemble à des réconciliations entre son partenaire de l’entrejeu et le public. De son retour en tant que titulaire face à l’OL au...déplacement à Nantes, il ne perdra tout simplement jamais sa place dans le onze type. Vingt-deux titularisations consécutives en Ligue 1, série en cours.
Bien installé dans l’effectif, Bruno Cheyrou s’impose comme une pièce essentielle du groupe, de par ses qualités sportives mais aussi par son emprise sur le vestiaire. Joueur d’expérience au milieu de jeunes, il n’hésite pas à monter au créneau pour fustiger le manque de caractère de son équipe après la défaite en Coupe de France contre Romorantin. Leader du groupe, celui qui est promu capitaine en l’absence de Didot, blessé, ne se fait pas prier pour pousser une gueulante à la mi-temps de Rennes - Sedan. Symbole d’un joueur qui ne lâche rien, son but face à Toulouse, plein d’abnégation. Bruno Cheyrou, un joueur de caractère comme Rennes en avait besoin.
Un style de jeu efficace
Le jeu de l’ancien Bordelais est un modèle pour l’adage suivant : “le ballon va toujours plus vite que le joueur.” Non, il n’a pas la force de percussion d’un Källström. Mais sa vision du jeu et sa précision dans le jeu long lui offre quelques facilités pour alerter au dessus des défenses les Utaka et Briand. Oui, Bruno Cheyrou est plutôt lent. Alors, il compense son manque de vitesse par un jeu sans fioritures. Face à Nantes, on se félicite, à juste de titre, du travail de Sorlin et d’Utaka sur le premier but puis d’Utaka et Briand sur le second. Mais, et ce n’est pas anodin, l’ancien Lillois est à l’origine des deux mouvements. Pas de contrôles inutiles et le jeu gagne en rapidité. Le but inscrit par Danzé face à Valenciennes et la combinaison parfaite de ce jeu rapide en une touche par dessus la défense. S’il y avait un classement de l’avant-dernière passe, il ne serait pas étonnant de voir le Rennais bien y figurer.
Si aujourd’hui Rennes a su remonter la pente après quelques moments difficiles, Bruno Cheyrou n’y est sans doute pas étranger. Nul doute que celui qui « attend[s] avec impatience le match de samedi prochain face à Bordeaux » rêverait de décrocher la troisième place qualificative pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Au bon souvenir des années lilloises.