Montée en puissance
Publié le 13 mars 2007 à 19h09 parUne progression lente, mais qui semble enfin avoir porté ses fruits. Un peu moins de 4 ans après ses débuts en équipe première, Jimmy Briand a conquis sa place dans le onze de Pierre Dréossi, et confirme match après match. Dynamiteur de défenses, il a su également se muer en passeur... en attendant de marquer plus régulièrement ?
Une semaine et demie avant de remporter avec ses jeunes coéquipiers la Coupe Gambardella, fin mai 2003 contre le RC Strasbourg, le jeune Jimmy Briand, pas encore 18 ans, avait fait ses premiers pas en Ligue 1, jouant la dernière demi-heure d’un match au Parc des Princes, face au Paris Saint-Germain.
Itinéraire d’un surdoué
Avant, bien avant, Briand effectue le parcours désormais classique de bon nombre de footballeurs professionnels. Retenu à l’INF Clairefontaine, dans le gotha de la formation française, il s’impose de suite comme l’un des meilleurs espoirs français. Attaquant de pointe, il bat tous les records de buts à l’INF, effaçant des tablettes un certain... Thierry Henry. Les comparaisons flatteuses et les recruteurs pleuvent autour du joueur, qui finit par choisir le Stade Rennais. Le jeune joueur était lié au club rouge et noir avant même d’être rentré en préformation à Clairefontaine, comme l’explique Patrick Rampillon en janvier 2003 : « Jimmy est l’exemple-type d’un garçon qu’on a recruté à l’âge de treize ans mais qu’on a laissé évoluer pendant trois ans à Clairefontaine, tout en jouant à Brétigny-sur-Orge » [1].
Arrivé en Bretagne en 2001, Briand continue de martyriser les défenses adverses. En deux ans, il arrive aux portes de l’effectif professionnel, formant avec Stéphane Nguéma une paire offensive très efficace, aussi bien en CFA qu’en Gambardella. Le manager de Manchester United, Alex Ferguson, en vient même à se déplacer personnellement à la Piverdière pour voir jouer le jeune Briand, à l’occasion d’un match de la réserve rennaise contre Tours (0-1, le 8 mars 2003) !
Quelques semaines plus tard, donc, premier match chez les grands, et victoire au Stade de France en Coupe Gambardella. La saison suivante, après quelques bouts de matches en Ligue 1, le jeune attaquant signe son premier contrat professionnel en janvier. Il marque même son premier but avec l’équipe première, à l’occasion d’un 16ème de finale de Coupe de France, à Croix-de-Savoie. Son temps de jeu reste bien sûr réduit, mais il marque encore, et cette fois en Ligue 1, pour la dernière journée face à Montpellier (4-0), match qui scellera également les adieux de Petr Cech au public rennais.
Patience...
Près de quatre ans plus tard, si Briand semble enfin en mesure de confirmer tous les espoirs placés en lui, la trajectoire que le Francilien a emprunté n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Longtemps, ses saisons se résument à des bouts de matches deci-delà. Briand n’a pas l’étoffe d’un titulaire, pas encore, et doit patienter dans l’ombre de Frei et Maoulida, puis d’Utaka.
Après une saison 2004-2005 où il fut peu utilisé, le jeune attaquant profite enfin de la longue blessure d’Alexander Frei au cœur de l’hiver en 2006 pour montrer ses talents un peu plus régulièrement.
Malheureusement, son crédit s’est quelque peu éventé dans l’esprit de supporters trop impatients, qui lui reprochent - pêle-mêle - un jeu trop brouillon ou une inefficacité chronique devant le but. Les interrogations sont nombreuses, mais logiques. À trop parler du joueur, on en oublie que trop vite son jeune âge et sa marge de progression.
À l’été 2006, c’est au tour de John Utaka de se blesser, laissant champ libre à Briand. Et fort est de constater que le buteur, après quelques hésitations - comme l’équipe entière d’ailleurs - finit par trouver un rythme correct, avec deux buts, un contre Monaco, et un superbe à Valenciennes. Mais voila, Utaka revient, et Pierre Dréossi choisit de faire confiance au Nigérian comme seul attaquant de pointe, laissant Briand sur la touche. Ce dernier effectue même un crochet en CFA à la mi-novembre, l’espace d’un match.
... mais désarroi
Devant sa situation, et devant l’inefficacité d’un Utaka fantomatique en Ligue 1, la complainte de Jimmy ne tarde pas. À l’instar de Jacques Faty, il s’épanche alors dans la presse de son désarroi : « Si ça continue comme ça, je resterai au grand maximum jusqu’à la fin de la saison. Le coach a un groupe, et je comprendrai qu’il ne veuille pas me laisser partir à la trêve. J’ai envie de jouer. Si ce n’est pas ici, ce sera ailleurs » (voir par ailleurs)
Preuve de caractère pour certains, de manque de professionnalisme pour d’autres, Briand ne laisse pas indifférent. À l’image de deux gestes, esquissés après deux buts égalisateurs : celui réclamant que les critiques se taisent, l’index devant la bouche, contre Monaco ; et celui indiquant qu’il n’écoute pas ces mêmes critiques, les mains sur les oreilles, contre Troyes.
En tout cas, la rebellion semble payer, puisque Briand retrouvera immédiatement une place de titulaire, et ne décevra pas. Deux passes décisives à Bordeaux et un but contre Troyes au mois de décembre, alors que ses coéquipiers Utaka et Moreira ne convainquent guère...
Janvier vient apporter son lot de confirmations, et Briand enchaîne buts, passes décisives et, en règle générale, grosses performances. L’unanimité commence, doucement mais sûrement, à se faire autour de l’attaquant.
Pourtant, le style de jeu n’a pas vraiment changé. Toujours volontaire, percutant, basé sur la vitesse et la puissance, avec une petite dose de technique en plus, celle qui lui permet - par exemple - d’effacer un adversaire avant de centrer victorieusement pour Romain Danzé lors de la victoire sur Valenciennes (1-0).
Si un reproche reste à adresser à l’attaquant, c’est encore de ne pas marquer assez souvent. À sa décharge, cette année c’est l’équipe rennaise toute entière qui est victime d’un curieux déficit de créativité, essentielle pour amener des occasions de but dans les pieds de ses avants-centres. Si, la saison prochaine, cette dose de créativité est de retour dans l’effectif rennais, alors Jimmy Briand pourrait bien franchir à nouveau un palier, celui du très haut niveau.