Dogan Alemdar, 2022 au creux du gant

Nous sommes le 3 janvier 2021. Pour la cinquième fois de sa jeune carrière, Dogan Alemdar, 18 ans, prend place en tant que titulaire dans les cages de l’équipe première de Kayserispor, club de sa ville natale en Turquie. Avec deux matchs de coupe et deux matchs de championnat au compteur, le portier titulaire avec les U19 du club est placé une nouvelle fois entre les deux poteaux des pros. Mais cette fois, c’est différent. A partir de cette rencontre face au Besiktas le 3 janvier, Alemdar ne ressortira plus jamais du onze. Doublure du Roumain Silviu Lung Junior ou du Turc Ismail Cipe, Dogan Alemdar bouscule du haut de sa majorité la hiérarchie établie, entamant 2021 pied au plancher. Jusqu’à la fin de la saison, soit pour 26 rencontres consécutives, le talent du club est titularisé, pour 33 buts encaissés, et 8 clean-sheet.

Il est souvent question de rencontres dans le football, au moment de parler d’un passage de cap d’un joueur, entre un joueur et son entraîneur. Dans son cas, Dogan Alemdar ne peut pas se targuer d’avoir été dans les petits papiers d’un coach. En grande instabilité, Kayserispor connait 5 entraîneurs différents entre le 3 janvier au 15 mai derniers : Samet Aybaba, Dan Petrescu, Ugur Kulaksiz, Hamza Hamzaoglu et Yalcin Kosukavak. Cinq techniciens donnant donc successivement leur confiance à Alemdar, jusqu’à son dernier match face à Altay (défaite 0-3) le 14 août dernier, en première journée de Süper Lig. Une dernière, avant le grand saut.

Révélation en 2021

Treize jours plus tard, le Stade rennais officialise la venue de son nouveau gardien pour 3,5 millions d’euros, jusqu’en 2026. L’engouement est conséquent, même chez Mevlut Erding, et légèrement hors norme pour un portier bénéficiant de la cote de popularité assez basse du titulaire, Alfred Gomis. Arrivé la saison précédente en remplacement de son compatriote Edouard Mendy, l’international sénégalais n’a pas convaincu pour son premier exercice au SRFC, mais corrige le tir cette saison 2021-2022. Alemdar est attendu par les supporters des Rouge et Noir, mais les fait patienter encore un peu en début de saison. Convoqué avec les U21 de la Turquie, il contracte le covid et doit rester sur place pendant deux semaines. Il n’apparait ensuite que furtivement au Roazhon Park, lors des échauffements de gardiens en compagnie de Gomis, Romain Salin et l’entraîneur des gardiens Olivier Sorin. Jamais apparu sur une feuille de match en Ligue 1, il connait seulement 4 bancs en Ligue Europa Conference, face au Vitesse Arnhem et au NS Mura, aller et retour.

Avec seulement deux fois 90 minutes de temps de jeu au 16 novembre, ses deux titularisations avec les Espoirs turcs en qualifications au prochain Euro, il est envoyé en réserve pour le derby à Brest. Titulaire pour cette victoire (2-0), Alemdar laisse une belle impression au staff rennais de la N3. La fin d’année 2021 est malheureusement entachée d’une blessure pour Alemdar, touché à la cheville. Remis, le gardien ne s’attendait probablement pas à ce début d’année 2022.

La main mise sur janvier

Alfred Gomis en partance pour la Coupe d’Afrique des Nations 2022, Romain Salin en numéro 2 est donc attendu au mois de janvier pour enchainer les rencontres. Cependant, titulaire face au FC Lorient en 32èmes de finale de coupe de France, Salin se blesse au mollet, et reste indisponible à durée indéterminée. Gomis effectue le dernier match de 2021 face à Monaco, mais l’incertitude règne pour le déplacement à Nancy le 2 janvier 2022, en 16èmes de finale de Coupe de France. Puis, Gomis et Salin positifs au covid, Alemdar effectue donc ses grands débuts, sans Olivier Sorin, absent lui aussi. Intéressant dans ses prises de balle, sollicité à quelques reprises par les Nancéens, il concède son premier but en fin de rencontre, lors de l’égalisation de Mickaël Biron pour l’ASNL à bout portant, l’attaquant lâché par la charnière exceptionnellement formée par Loïc Badé et Baptiste Santamaria.

Non décisif aux tirs aux buts, Alemdar se souviendra longtemps de sa première avec le Stade rennais, qui devrait en amener d’autres en janvier. « J’ai beaucoup aimé son match à Nancy, même s’il a été peu sollicité. Il a dégagé beaucoup de sérénité, de confiance. Sur les sorties, les frappes de loin, il a été très rassurant. » confiait vendredi Bruno Genesio. « Il confirme ce que Florian (Maurice) pensait de lui, moi je ne le connaissais pas avant qu’il arrive ici. C’est de bonne augure pour la suite car c’est un très jeune gardien, et je pense qu’il a une marge de progression assez énorme. C’est bien de pouvoir l’évaluer demain, avec un contexte différent de celui de Nancy. »

Gomis à la CAN, Salin ne sera pas apte pour Lens demain, forfait. Surtout, son mollet fait craindre une indisponibilité plus longue, et Alemdar pourrait donc enchainer les deux autres rencontres de janvier, face à Bordeaux (16/01) puis Clermont (23/01). « Si on l’a pris, c’est qu’on savait qu’il pouvait déjà être titulaire. » pointe Genesio. Le gardien turc, ayant trouvé en l’anglais un refuge compte tenu d’une progression poussive en français, se retrouve donc au même moment charnière qu’il y a un an. La hiérarchie sera plus difficile à bouger qu’à Kayserispor c’est certain, mais l’opportunité existe, ce qui n’était pas forcément gagné en début de saison. A désormais 19 ans, Dogan Alemdar a 2022 au creux du gant. A lui de ne pas lâcher.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Doğan Alemdar (@dogan.alemdar)