Une domination territoriale mais peu fertile
Publié le 22 octobre 2006 à 21h09 parEn s'imposant face à une équipe de Nice vite réduite à dix, les Rennais signent leur deuxième succès consécutif en Ligue 1 et s'éloignent de la zone des relégables. Mais il faudra élever le niveau de jeu pour prétendre battre Lyon, prochain adversaire Route-de-Lorient.
Gagner deux fois de suite à domicile n’est jamais chose aisée. Cette idée reçue mérite d’être revue. Le Stade Rennais vient d’enchaîner face à Nice, une semaine après Auxerre, un second succès consécutif dans son stade. Sans briller, certes, mais on ne va pas jouer les difficiles tant recevoir deux fois pour à chaque fois l’emporter est, paraît-il, tellement compliqué...(allez savoir pourquoi, peut-être parce qu’il est tout simplement difficile de gagner deux fois de suite...)
Une remontée au classement passe par ce genre de victoire. Celle qui n’enflamme pas le public, soulève parfois même les critiques mais qui demeure aussi généreuse sur le plan comptable qu’un festival de buts. « Le plus important, ça reste les trois points » rappelle Erik Edman. Même discours chez Pierre Dréossi : « Mathématiquement, c’est une satisfaction ». Autrement dit, le jeu proposé ne mérite pas qu’on s’y attarde. Alors certes, Rennes prend cinq points d’avance sur le premier relégable et souffle un peu avant deux déplacements à Paris et Lens, entrecoupés d’une réception de Lyon. Mais après l’expulsion rapide de Varrault, on pensait les stadistes capables de s’imposer largement. Pour cela, il aurait fallu ouvrir le score rapidement ce qui aurait eu pour effet de faire sortir les Niçois de leur camp. Au lieu de ça, le match s’est résumé à une attaque-défense. D’un côté, une équipe niçoise réorganisée tactiquement en défense (Rool puis Veigneau en seconde mi-temps occupèrent le poste d’arrière gauche de Varrault) et de l’autre, une équipe rennaise maître du ballon mais en difficulté pour s’approcher des buts de Lloris. « Le match a été à l’image du nôtre à Nancy, où, réduits à 10, on a réussi à conserver le 0-0. Il fallait s’armer de patience et attendre la faille. » observe Pierre Dréossi. Effectivement, les Rennais ne se précipitaient pas et multipliaient les passes latérales. Comment utiliser Utaka dans la profondeur lorsque l’équipe adverse joue très bas ? Bien qu’en supériorité numérique, les coéquipiers de John Mensah, encore impeccable, ne parvenaient à se créer beaucoup de situations dangereuses pour les Niçois. Seule occasion franche des quarante-cinq premières minutes, la frappe de Monterrubio sur le poteau.
A la pause, l’entraîneur rennais surprenait tout le monde en replaçant Hadji arrière droit (Moreira prenant la place d’ailier droit et Melchiot glissant dans l’axe) suite à la sortie de Bourillon. Un choix tactique original qui témoignait bien de la physionomie d’un match où Nice ne pensait plus qu’à défendre et Rennes à attaquer.
La seconde mi-temps repartait sur un meilleur rythme avec coup sur coup, deux occasions. D’abord par Hadji qui voyait sa frappe passer à côté puis par Utaka qui filait au but mais était repris in-extremis par Veigneau dont le retour salvateur allait laisser place quelques minutes plus tard à une main baladeuse lourde de conséquence. Dribblé par Monterrubio, le défenseur niçois allait avoir le mauvais réflexe de poser sa main sur l’épaule de son adversaire. Pas de quoi faire tomber le joueur rennais, certes, mais suffisant pour que l’arbitre accorde le penalty (surtout dans le contexte actuel). Le capitaine rennais en profitait pour inscrire son troisième penalty de la saison qui délivrait son équipe. Mais cette ouverture du score n’allait pas pour autant faire sortir les Niçois de leur camp. Rennes peinait pour inscrire un deuxième but qui les aurait mis à l’abri. C’est seulement en fin de match que les joueurs d’Antonetti décidaient de montrer un visage plus offensif. Toujours très bon offensivement, l’arrière droit niçois Rod Fanni passait en revue plusieurs Rennais et pénétrait dans la surface mais son centre ne trouvait personne. « On s’est fait peur dans les quinze dernières minutes » admet Erik Edman. Ces prises de risques offensives laissaient fatalement des espaces aux attaquants rennais mais ni Marveaux, fauché alors qu’il pouvait se présenter face à Lloris, ni Moreira, victime d’un gazon maudit, n’allaient doubler la mise.
Au final, la tactique de Nice qui consistait à défendre, même mené, pour finalement tenter le tout pour le tout en fin de match aurait pu s’avérer payante et cruelle pour des Rennais qui n’ont pas su tuer le match plus tôt.