Fousseni Diabaté, à charge de revanche
Publié le 4 avril 2014 à 19h49 parGambardella, Reims - Stade rennais, dimanche à 15h. Non conservé par le Stade rennais il y a trois ans, Fousseni Diabaté, 19 ans, retrouve son club d'origine pour un match endiablé, à fort enjeu. Motivé par la perspective d'une demi-finale de Coupe Gambardella, au même titre que Rennes, le milieu de terrain aux racines maliennes ne laissera aucune place aux sentiments et fera tout pour barrer la route à l'équipe rennaise, jusque-là maître de son sujet, dans laquelle il a conservé de nombreux liens. Des retrouvailles qui s'annoncent, somme toute, explosives.
Il fait partie de ceux qui aiment prendre leur revanche. Mais pour ça, il fallait bien attendre le moment propice. Ce match face à Rennes, Fousseni Diabaté l’a imaginé mille fois dans un coin de sa tête, rêvassé parfois, avec l’espoir fou de laver l’affront et annuler la première défaite, née de son éviction. Pour mieux comprendre le pourquoi du comment, il faut se référer au passé embryonnaire du joueur. Été 2011, après sept années au Stade rennais, la porte se referme. Brutalement. « La façon dont on m’a viré, ce n’était pas juste. Certaines petites histoires ont été amplifiées. On m’avait dit au départ que l’on me gardait mais, par la suite, on m’a accusé de certaines choses que je n’avais pas faites. »
Porté par un lourd sentiment d’injustice, Fousseni Diabaté n’ira pas plus loin. Durant l’entretien, il cite pourtant un nom, celui de Patrick Rampillon, alors directeur du centre de formation, aujourd’hui reclassé à un poste obscur en attendant la douce sonnerie de la retraite. Malgré le camouflet, le ton reste posé, sans aigreur. « M. Rampillon n’a prévenu personne. Les coaches n’étaient même pas au courant. Il m’a dit qu’il y avait eu une sorte de conseil de discipline. Et, par la suite, j’ai reçu un E-mail qui me disait que j’étais écarté du groupe. » À cette période de l’année, difficile de retrouver un pied-à-terre dans le sens où les effectifs sont déjà bouclés. Rennais d’adoption, le franco-malien, alors âgé de quinze ans, ne plonge pas dans le doute et se relève aussitôt pour reprendre le fil de sa carrière, grâce aussi à l’appui de son entourage plus ou moins proche. Après un passage au CPB Bréquigny, club amateur de la métropole rennaise, direction Lorient, où il effectue un test en disputant quelques tournois réputés, dont celui de Quevilly. À Châteauroux aussi. Mais son choix d’orientation se porte sur le Stade de Reims, entité historique du football français, en passe de rallier de nouveau les projecteurs. « Je connaissais quelques joueurs dans ce club. Donc, je me suis senti à l’aise. Et comme, dans le même temps, le club montait en Ligue 1, c’était un plus... »
« L’épisode de Rennes m’a appris plusieurs choses... »
Depuis deux ans, le sourire est revenu. Fousseni Diabaté se sent bien, et ça se rejaillit forcément sur le rectangle vert. Lié à Reims par le biais d’une convention rémunérée, valable un an, le natif d’Aubervilliers se prend en main. Enfin. Avec une maman à Rennes, un papa à Paris, il se construit un peu plus vite, gagne en plénitude et en sagesse. L’expérience de la vie, comme disent les anciens (ou les vieux cons). « L’épisode de Rennes m’a appris plusieurs choses. Lesquelles ? Que je devais faire preuve de plus de maturité, réfléchir un peu plus au niveau de mes actes. Puis, le fait d’avoir été éloigné de ma famille m’a fait comprendre qu’il fallait que je travaille plus pour réussir et mettre ma famille dans le confort. » L’ambition suprême. Mais, il n’est pas le seul sur le coup puisqu’un de ses frères, Steven N. (2000), bataille en ce moment au sein de la préformation du Stade rennais dans le but de briguer une place dans l’usine à footballeurs tant désirée.
Chez les jeunes, il arrive également que certaines phrases prononcées par des entraîneurs, que l’on peut qualifier plus tard de mentor, guident plus que d’autres. Fousseni Diabaté se souvient d’une discussion avec Franck Haise, qui était en charge à l’époque des -14 ans Fédéraux du Stade rennais. Au lieu d’appuyer où ça fait mal, l’actuel coach de la réserve du FC Lorient prend le parti pris du réconfort en trouvant les mots justes. En fin psychologue. « M. Haise m’a dit que ce n’était pas grave. Que ce n’était qu’une épreuve et qu’il fallait je la surmonte, se remémore t-il. Pour lui, j’avais les qualités pour réussir et c’était donc à moi de montrer que le Stade rennais avait fait le mauvais choix. » Toutefois, le livre à souvenirs ne contient pas que des rayures. Les bons moments ne s’oublient pas surtout quand ils portent le sceau du succès. « Au niveau du football, on m’a appris beaucoup de choses dans ce club. Il y a aussi les victoires en tournoi, sans oublier l’ambiance dans le vestiaire. Je me sentais tellement bien là-bas... » Au final, ce départ fut un mal pour un bien.
« Dès le début, j’espérais tomber sur eux... »
Ce dimanche, au moment d’entrer sur le terrain, Fousseni Diabaté devra faire la part des choses. Prouver, sans trop en faire. En évitant aussi que son envie revancharde pollue l’enveloppe du footballeur. D’autres avant lui, jeunes ou expérimentés, s’y sont essayés et cassés les dents, se laissant submerger par leurs propres émotions, pour avoir supposé, même quelques instants, les contours de la future rencontre. Souvent le match de trop, pompe à énergie.
Une demi-finale de Coupe Gambardella est en jeu. Dans son esprit de compétiteur, ça compte. Fousseni Diabaté pensait retrouver un de ses meilleurs potes, Séga Coulibaly, mais ce dernier, souffrant d’une déchirure à la cuisse, est forfait. Virtuellement parlant, le match a commencé, par texto interposé. Et bien avant le tirage au sort. « On en a toujours parlé entre nous. Dès le début, je voulais tomber sur eux. Avec Séga, on se disait tout le temps qu’il fallait que l’on se rencontre. Il m’a dit qu’ils allaient nous frapper, se marre t-il. Mais on aurait préféré se rencontrer plus tard, en demi ou en finale. » Pas grave. Il retrouvera quelques connaissances. Ahmad Allée, Alexandre Arenate, Justin Gru et Wesley Saïd font partie du répertoire amical. Ousmane Dembélé aussi, avec lequel il partage le même agent, Martial Kodjia (SGM Talents).
Sur le débat à venir, Fousseni Diabaté a « juste peur de le perdre ». Il ajoute. « Tout ce que j’espère, c’est que la victoire sera au bout. » Au bout d’un match pas comme les autres, certes, mais qui reste avant tout un match qu’il faut gagner. Rennes ou pas Rennes.
Rectificatif : contrairement à ce qui a été annoncé, les intérêts de Denis-will Poha ne sont pas gérés par SGM Talents, même si le site de cette agence de management mentionnait, encore jusqu’à samedi dernier, une collaboration (pour rappel, l’article a été publié vendredi soir). Alertée par l’entourage du jeune joueur, suite à cet article, elle a, depuis, retiré toutes les informations de son site qui faisait état d’un lien avec Denis-will Poha, aujourd’hui géré par son cercle familial.
Vos réactions (3 commentaires)
rougénoir
4 avril 2014 à 22h07Bel article... Tout le pb de la formation... de bons choix à faire pour un club.. et faire fi de l’aspect humain...car ce ne sont que des jeunes...
Je lui souhaite de réussir, car à son âge ils sont encore nombreux, et rien n’est encore acquis pour eux quant à leur avenir...
Le foot : la poule aux œufs d’or pour plein de gamins... mais combien frôlent ce rêve, sans le voir se réaliser...
Merci le SRO !
mururoa
5 avril 2014 à 05h35Juste un regret : que les photos collectives ne soient pas légendées pour identifier les joueurs.
Louis G
5 avril 2014 à 06h31Fousseni Diabaté a bien eu de la chance de trouver un Club comme le Stade Rennais pour lui mettre les pieds à l’étrier tout comme à son frère Steven actuellement et...un éducateur comme Franck Haise qui a su le mettre en confiance et aidé à prendre ses responsabilités...aucun Club formateur ne peut garder tous ces élèves mais, à l’instar de Julien Féret , Fousseni Diabaté pourra revenir jouer à Rennes plus tard mais pour cela il aura besoin de faire ses preuves sans revanche et sans amertume !!...