Etuin : « On sait que le rattrapage est inexistant »
Publié le 22 février 2014 à 20h23 parCoupe Gambardella (16es de finale), Paris SG - Stade rennais, dimanche à 15 h. Cadre d'une jeune meute qui se distingue par sa soif de reconnaissance, le milieu finistérien aborde ce déplacement dans la capitale comme un autre. En toute simplicité et plein de naturel, Maxime Etuin, actuellement co-meilleur buteur du club cette saison en CFA2 avec Zana Allée, se confie sur la Coupe Gambardella, le derby fratricide à Nantes, la relation existante entre les pros et les jeunes du centre et son parcours qui a été couronné, il y a peu, d'un titre personnel. Entretien.
Stade Rennais Online : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez pris connaissance de ce déplacement à Paris ?
- Maxime Étuin : « On était très content. Parce que c’est toujours un match alléchant à jouer pour des jeunes joueurs comme nous. D’autant plus que Paris et Rennes font partie des deux centres de formation les plus reconnus en France. Cela rajoute un peu de piment. »
SRO : C’est quand même un des pires tirages que vous pouviez avoir, surtout à ce stade de la compétition ?
- M.E. : « D’un autre point de vue, oui, c’est un tirage difficile. Dans tous les cas, il aurait fallu les jouer ou jouer une équipe aussi forte à un moment donné. Dans cette compétition, d’autant que l’on souhaite aller au bout, il faut battre tout le monde. »
SRO : En cas de qualification, c’est typiquement le genre de match qui peut souder un groupe, lui permettre d’aller le plus loin possible. Vous en êtes conscients ?
- M.E. : « C’est clair ! Collectivement, on gagnera en maturité. Si on passe ce tour, on gagnera en confiance. C’est sûr que ce sera compliqué, mais on a quand même quelque chose à jouer dimanche. »
SRO : Les catégories jeunes du Paris Saint-Germain se démarquent énormément par leur intensité athlétique. Ce qui est un peu votre opposé, surtout au niveau de votre génération qui présente un grand lot de « petites puces ». La clé du match se situera t-elle dans votre capacité à gérer la densité adverse ?
- M.E. : « Il va falloir mettre une très grosse intensité, c’est certain. Notamment à la perte du ballon. Après, ce sera à nous de gérer les temps forts et faibles pour pouvoir, ensuite, se créer des séquences de possession. Tout en limitant leur prise de vitesse car on sait que ce sont des joueurs qui vont très vite, sont très athlétiques.
De notre côté, on pourra les gêner dans le jeu combiné et collectif. Si on est très rigoureux défensivement et que l’on arrive à exprimer notre potentiel offensif, on peut faire de belles choses. Je pense que l’on a moins de capacités individuelles. En revanche, si on parvient à jouer tous ensemble, à produire ce que l’on sait faire, on fera quelque chose. »
SRO : Le but finalement, ce ne serait pas de reproduire ce que vous aviez fait, il y a peu moins d’un an, en U19 Nationaux (1-1). Un match retour au cours duquel vous les aviez beaucoup embêtés...
- M.E. : « Oui, c’est vrai, on les avait bien gênés. Tactiquement, on avait été très bon en allant les chercher très haut. Je pense que ce sera le même type de match, tactique et intense. La base sera vraiment la rigueur défensive. Si on est bon dans ce domaine, on arrivera à sortir des ballons. Il ne faut pas penser non plus que l’on ira là-bas que pour défendre. Sinon, on ne passera pas... »
« Il y a toujours une concurrence et, de toute façon, c’est elle qui fait avancer »
SRO : La Coupe Gambardella, ça représente quoi pour vous ?
- M.E. : « Elle fait rêver ! On sait qu’elle a été remportée plusieurs fois par le club [1]. C’est une compétition qui peut être un grand tremplin pour les joueurs. Avec les potes, c’est une superbe aventure à vivre. »
SRO : À l’instar de la génération 1995, c’est aussi votre dernière chance d’y poser votre empreinte. On se met une pression particulière dans ces cas-là ?
- M.E. : « Non. Car ça reste un match de football. Il faut faire abstraction de tout ça, jouer et ne pas penser à l’enjeu, même si ce sont des matches à élimination directe. Il faut vraiment se concentrer sur la performance individuelle et collective. Ensuite, on verra ce qui se passera à la fin. Des regrets en cas d’élimination ? Bien sûr, surtout quand on perd ce type de matches. On sait que le rattrapage est inexistant. »
SRO : L’an dernier, à part Wesley Saïd, aucun élément de votre promotion n’avait joué un rôle en Coupe Gambardella. Au cours de cette épopée, c’était compliqué de vivre à l’ombre ?
- M.E. : « Oui, c’était une période difficile. Mais c’est la loi du football. Et c’est aussi comme ça que l’on avance. Il y a toujours une concurrence et, de toute façon, c’est elle qui fait avancer. C’était mon cas l’an dernier, c’est le cas de certains cette année et ce sera le cas de beaucoup d’autres par la suite. De toute façon, sans ça, nous n’aurions pas de pression. Et c’est elle qui nous fait avancer. »
SRO : Surtout que cette génération était costaude l’an dernier, particulièrement dans votre secteur...
- M.E. : Tout à fait ! Il y en a cinq qui sont, depuis, passés pro [2]. C’était vraiment costaud. Après, quand on est joueur, on veut toujours faire partie du groupe. Mais, en tout cas, je suis ressorti grandi de cette période. J’espère que ce sera pareil pour ceux qui le vivent cette année. »
SRO : Par rapport à cette expérience vécue, ça vous arrive d’en toucher un mot à certains ? Parce que votre statut n’est plus le même. Vous êtes un cadre dorénavant...
- M.E. : « Non, je n’ai pas forcément eu l’occasion de le faire. Après, si je vois que certains sont traumatisés par la situation, ça ne me dérangera pas de le faire. »
SRO : Si vous deviez dégager un portrait-robot du groupe de cette année, quel serait-il ? On va commencer par les forces...
- M.E. : « On a une très grosse charnière centrale avec Séga (Coulibaly) et Justin (Gru) qui nous font beaucoup de bien, nous rassurent beaucoup. On a une capacité technique assez élevée avec une intelligence de jeu. Le collectif, c’est notre force !
Si c’est suffisant pour aller au bout ? C’est difficile car ça reste une compétition aléatoire. Mais je pense que l’on peut faire quelque chose de beau. Déjà, en gagnant dimanche, on gagnera un rapport psychologique sur beaucoup d’équipes. Et après, il y a tellement de choses qui peuvent se passer...
Après, comme j’ai pu le lire un peu partout, comme quoi ce match serait une finale avant l’heure, je ne suis pas d’accord ! Il y a encore de très belles équipes en course. En Gambardella, sur un match, tout est possible. On peut le voir chez les plus grands, en Coupe de France. Cela reste la vérité d’un match, d’un seul match. »
SRO : Et les faiblesses ?
M.E. : « On a une génération avec une capacité physique moins élevée que certaines équipes, notamment sur la force. Mais on peut compenser ça par une grosse force collective. »
SRO : Et si vous deviez faire votre propre portrait-robot. Quel serait-il ?
- M.E. : « Je suis un joueur basé sur la qualité technique qui joue au sol, pratiquant le jeu court. J’essaye de jouer pour et avec les autres. Pour mes défauts, je suis justement trop dans le jeu court. Il y a mon profil aussi. Défensivement, je reste un peu léger. »
SRO : En revanche, vous avez progressé dans un domaine. Par rapport aux dernières saisons, vous êtes plus décisif...
- M.E. : « Ça, c’était le point où il fallait que je progresse. Après, j’ai eu pas mal de réussite en début de saison. Car, je n’ai plus marqué depuis décembre. Après, il y a toujours des périodes où on est moins bien, d’autres mieux. Maintenant, il faut que je sois plus décisif que ça. Mais c’est un point sur lequel je travaille beaucoup. Dans la prise de risques aussi. »
« Ils (les pros) sont derrière nous comme nous sommes derrière eux pour le derby »
SRO : C’est un dimanche très particulier pour le Stade rennais. Pendant que vous serez à Paris, les pros se rendront dans le même temps à Nantes. Chiche de faire coup double ?
- M.E. : « En tout cas, je le souhaite de tout cœur. Il y a un derby qui se joue à Nantes. C’est toujours très important pour un club, encore plus dans la situation dans laquelle se trouve les pros. Nous, de notre côté, on ne part pas forcément favori mais on fera tout pour ramener cette qualification. Si les deux équipes pouvaient ramener une victoire, ce serait une très belle journée. »
SRO : Dans la semaine, il y a eu des messages d’encouragement de leur part ?
- M.E. : « Oui, ils nous soutiennent. Quand on a passé les tours précédents, ils sont venus nous féliciter. Après, il savent que Paris est un gros morceau, donc certains sont venus nous parler. Ils sont derrière nous comme nous sommes derrière eux pour le derby. »
SRO : Il y a des pros qui sont plus proches que d’autres ?
- M.E. : « Les jeunes parlent forcément avec les plus « jeunes », notamment ceux qui viennent de signer. Après, ils sont tous à notre écoute, sont ouverts pour discuter. Lesquels ? Là, dernièrement, Julien Féret - qui est actuellement blessé - est très disponible. Maintenant, ils le sont tous. Sauf les étrangers qui ne maîtrisent pas encore le français. Mais, par exemple, on commence à voir un peu Nélson Oliveira qui maîtrise mieux notre langue. Il parle de plus en plus avec nous. »
SRO : Au fait, le club vous a distingué il y a quelques mois en vous décernant le trophée de "Meilleur jeune du centre de formation". Vous en avez fait quoi ?
- M.E. : « Je l’ai ramené chez moi, dans ma famille (dans le Finistère, NDLR). Il est posé dans la cuisine, sur une armoire, bien au chaud (rires). Quand je rentre, ça me permet aussi d’avoir un souvenir, de le regarder. J’espère que ça ne restera qu’une étape. Ma famille était contente de moi, très fière. Elle m’a félicité mais ce n’est pas le genre à le faire pendant trois ans (sic). Elle m’a invité à poursuivre sur cette lancée. »
SRO : Il y a des personnes, plus ou moins proches, que vous souhaiteriez joindre à cette distinction ?
- M.E. : « Tout l’encadrement du club. Tous les coaches que j’ai eus depuis que je suis arrivé, que ce soit Franck Haise, Régis Le Bris, les coaches Stephan et Huard. Mais aussi tout le côté éducatif du centre de formation, les profs et ceux qui sont là pour notre bien-être. Même les pions (rires). C’est un tout. Car, durant ces trois ans, c’est mon bien-être au quotidien qui m’a permis de remporter ce trophée.
Toute ma famille aussi. Je les remercie beaucoup. Sans eux, je ne serais pas là aujourd’hui. Ils ont toujours accepté le fait que je vive, entre guillemets, mon rêve. Ils ont été derrière moi, toujours. Là-dessus, je leur serai toujours reconnaissant. Car ce fut aussi difficile pour eux de me voir partir à 14 ans. J’espère que je leur rendrai la monnaie un jour (rires). »
Vos réactions (4 commentaires)
Super jeune, garçon avec un très bonne mentalité. Superbe qualité technique, à voir et à garder au chaud pour les années qui suivrons.
fatalvinou
22 février 2014 à 21h27Super interview Boris (les titis vont pouvoir te la plagier celle-ci aussi^^) et réponses très intéressantes et réfléchies du jeune Etuin.
Je le rejoins totalement dans son analyse des forces en présence ; individuellement Paris est plus fort (niveau actuel, pas dit que ça soit le même rapport de force dans 2-3 ans) sur tous les postes exceptés la charnière centrale. Maintenant il va falloir trouver des solutions collectives pour réussir à sortir de l’affrontement physique que les parisiens vont nous imposer et qu’ils remporteront sans contestations possibles. Match très compliqué mais j’y crois.
Allez les jeunes,
Louis G
23 février 2014 à 06h56Ce sera un match « plein » à Paris et quelque soit le résultat une formidable aventure pour nos jeunes qui constituent l’avenir de notre Club de cœur du Stade rennais !!...
tenma
26 février 2014 à 01h56bravo les gars ! Que le fête continue ! Une 4eme gambard’ ... et là aussi on battrai Nantes !