Jean-Claude Darcheville, « Monsieur Muscles »
Publié le 15 août 2012 à 21h39 parUn œil dans le rétro. Attaquant véloce et puissant, Jean-Claude Darcheville a démarré sa carrière sous la tunique rouge et noire, sans jamais réussir à s'imposer en équipe première. C'est finalement au FC Lorient puis à Bordeaux, qu'il a explosé aux yeux du grand public. Stade Rennais Online revient pour vous sur le parcours du joueur guyanais.
L’explosif Darcheville
Jeune attaquant guyanais du club de Sinnamary, Jean-Claude Darcheville se fait remarquer lors d’un match de Coupe de France opposant son club à celui du FC Lorient. Auteur de deux buts face aux « Merlus », il est alors convoité par plusieurs clubs, dont Lens, Sochaux et Rennes (par le biais de Gérard Le Fillâtre). Il effectue ainsi un essai de quinze jours dans la capitale bretonne en janvier 1995, avant d’être finalement conservé par le club breton, sur les conseils avisés de... Bernard Lama.
Attaquant véloce et fougueux, il dispute son premier match en D1 avec l’équipe fanion du SRFC au cours de la saison 1995-1996. Il remplace alors Marco Grassi à dix minutes du terme d’une rencontre opposant Monaco à Rennes (1-3), le 19 juillet 1995. Auteur de bonnes prestations avec l’équipe réserve, Michel Le Milinaire décide ensuite de le titulariser lors d’un déplacement à Auxerre (1-2). Jean-Claude Darcheville ne rate d’ailleurs pas ses débuts, puisqu’il est l’unique buteur rennais au stade de l’Abbé-Deschamps. Rebelote quelques semaines plus tard, avec une nouvelle titularisation face à Bastia, au soir de la 11ème journée de D1. Une difficile première pour le Guyanais devant son public qui, malgré son culot, est remplacé à la pause par Ulrich Le Pen.
Le reste du temps, Darcheville ne joue que quelques minutes par-ci par-là. Il faut dire que la concurrence à son poste est rude. Pierre-Yves André, Sylvain Wiltord et Marco Grassi occupant généralement le front de l’attaque bretonne. Il est finalement titulaire pour la troisième fois de la saison, lors d’un déplacement en Corse. "Mimi" explique son choix : « Il a montré des choses intéressantes cette semaine à l’entraînement. Sa vitesse et son jeu atypique peuvent apporter un grain de folie à l’ensemble ». Choisir la carte du Guyanais, c’est retenir l’atout de la vivacité, de la puissance et de l’atypisme. Lui qui fait régulièrement souffler un vent de panique dans les défenses adverses, n’a pas souvent l’occasion de se mettre en évidence.
Ce diable d’homme dispute finalement dix matches pour sa première saison au plus haut niveau. Porteur de belles promesses, il s’est surtout distingué avec la réserve. Plein d’audace, la « Darche » démarre la saison 1996-1997 sur les chapeaux de roue, en inscrivant cinq buts dont un doublé contre Saint-Lô, au cours des cinq premières journées du championnat de N2 (équivalent de l’actuel CFA). Auteur d’un quintuplé quelques semaines plus tard lors d’une victoire rennaise à Fontainebleau (10-1), l’attaquant breton montre qu’il a des jambes et des... cuisses. Pourtant, ce n’est pas encore suffisant, puisque Yves Colleu ne lui accorde que très peu de temps de jeu.
Pendant ce temps, c’est Stéphane Guivarc’h qui explose les compteurs de la première division. Finalement titulaire contre l’AS Monaco au soir de la 29ème journée de D1, il sombre comme le reste de l’équipe (0-3), devant un stade de la route de Lorient totalement médusé et dépité. Buteur lors de l’ultime journée de championnat face à Bastia (1-3), « Ti Jean » a disputé neuf matches de championnat, ainsi que deux matches de Coupe Intertoto. Malgré son bilan famélique avec l’équipe première, le spécialiste des raids spectaculaires signe son premier contrat professionnel à l’issue d’une délicate saison, qui a vu le collectif rennais s’effriter au fil des rencontres. Sauvé in extremis, le Stade rennais a assuré son maintien parmi l’élite, en dépit d’une défense qui a pris l’eau de toutes parts. Rennes ne doit son salut qu’à l’opportunisme de son goléador Guivarc’h, meilleur buteur du championnat avec vingt-deux réalisations.
Éclosion à Lorient
Après deux premières saisons où il n’a été titularisé qu’à quatre reprises, Jean-Claude Darcheville doit prouver à Guy David, le nouvel entraîneur breton, qu’il mérite d’avoir sa chance sur la durée. À l’entame de la neuvième journée de D1 face à Bastia, le technicien marseillais lui fait passer un petit message avant la rencontre : « Jean-Claude, tu nous gagnes le match ! ». Et quarante-et-une minutes plus tard, sur un ballon intelligemment négocié par Stéphane Grégoire. Le jeune et musculeux guyanais, parti à la limite du hors-jeu, file à toutes jambes vers le but d’Éric Durand. Personne ne va le rattraper. Et d’une pichenette bien sentie, la « Darche » place le ballon sous la barre du gardien bastiais. Le SRFC vient de se mettre sur de bons rails, grâce à cet éclair juste avant la mi-temps de Jean-Claude Darcheville, le milieu de terrain italien Marco Di Constanzo se chargeant d’assurer le succès stadiste en seconde période (2-0).
Avec l’arrivée de Guy David aux manettes du club breton, Jean-Claude Darcheville accumule plus de temps de jeu que lors des saisons précédentes. Mais l’opportunisme naissant de Nicolas Goussé et l’efficacité du joker Kaba Diawara, viennent assombrir le ciel du jeune guyanais. Le plus souvent maladroit devant le but, Jean-Claude Darcheville dispute finalement vingt-quatre matches et marque trois buts. Sur la même période, il inscrit également dix buts avec l’équipe B en CFA. Le Stade rennais décide alors de le prêter à Nottingham Forest, double vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions à la fin des années 1970, afin qu’il puisse enfin s’affirmer. Joueur au fort potentiel musculaire, on sent qu’il ne lui manque pas grand chose pour être réaliste devant le but. Par le biais de son prêt outre-Manche, le club phare de la Bretagne espère qu’il trouvera enfin le déclic tant espéré. À Rennes, il aura marqué la bagatelle de cinq buts, en quarante-deux matches disputés.
En Angleterre, Darcheville marque rapidement son premier but avec sa nouvelle équipe, lors d’un déplacement victorieux à Southampton (2-1). Buteur à la 52ème minute de jeu, il permet à Nottingham Forest de compléter le podium juste derrière Liverpool et Aston Villa, après trois journées de championnat. Malheureusement, la suite est moins glorieuse pour l’attaquant guyanais, puisqu’il n’inscrit finalement que deux buts au cours de ses seize apparitions en Premier League. Non conservé par le club anglais, c’est finalement au FC Lorient que la carrière de Jean-Claude Darcheville prendra une toute autre dimension.
Fraîchement débarqué dans la ville aux cinq ports, à l’aube de l’exercice 1999-2000, il forme avec Éli Kroupi, autre ancien rennais, un efficace duo d’attaque en D2. Sous la baguette magique de Christian Gourcuff, l’attaquant guyanais retrouve la confiance et empile les buts sur tous les terrains de seconde division, et ce durant deux saisons. Gourcuff lui inculque sa philosophie de l’offensive et du mouvement, tout en respectant le jeu intuitif qui est l’une des marques de fabrique du Guyanais. En 2001, l’équipe morbihannaise accède pour la seconde fois de son histoire en D1. Vice-champion de France derrière le FC Sochaux, les Lorientais retrouvent l’élite, mais sans son entraîneur breton qui file vers... Rennes. Yvon Pouliquen prend alors la succession du génie du Hanvec, avec l’ambition de maintenir le club en D1. Malheureusement, le FCL termine à la dernière place du championnat, malgré les dix-neuf buts du tonitruant Jean-Claude Darcheville. Troisième meilleur buteur de D1 derrière Djibril Cissé et Miguel Pauleta. L’ancien attaquant stadiste a littéralement explosé en D1, jusqu’à en devenir une icône du football lorientais.
Un bon coup de Bordeaux...
Jadis décrié pour son manque d’efficacité, le natif de Sinnamary a définitivement fait taire ses détracteurs d’antan. Mieux, il est devenu la « coqueluche » du Moustoir, qui raffole de ses longs sprints balle au pied. Même s’il ne connaît pas toujours la réussite, il a le mérite d’amener un grain de folie dans les défenses stéréotypées de D1. Dans le même temps, l’équipe morbihannaise est parvenue en finale des deux coupes nationales. Buteur en demi-finale de la Coupe de la Ligue face à... Rennes (1-0), Jean-Claude Darcheville ouvre la voie du stade de France au vieux club morbihannais, et ce, pour la première fois de sa longue histoire. Battu en finale face aux Girondins de Bordeaux (0-3), l’attaquant musculeux du FCL offre cependant la Coupe de France aux « Merlus », après une historique victoire quinze jours plus tard contre Bastia (1-0). La formidable et joyeuse doublette Feindouno - Darcheville a ainsi permis au FCL de décrocher un titre que la Bretagne du football attendait depuis 1971. Plus de quarante ans après le dernier sacre du SRFC, c’est au tour du FC Lorient de toucher le Graal.
Très convoité au cours du mercato estival 2002, l’attaquant au physique de sprinteur américain est logiquement transféré à Bordeaux, pour la coquette somme de huit millions d’euros. Sur les bords de la Gironde, il retrouve avec joie son compère Pascal Feindouno, avec qui il a pris beaucoup de plaisir à Lorient (102 matches pour 44 buts). Dès ses premiers matches avec le maillot au Scapulaire, « Gronaldo » comme il est dorénavant surnommé par ses coéquipiers, du fait de son tour de taille qui n’est pas sans rappeler celui de l’ex-vedette brésilienne, démontre toutes ses qualités. Râblé et musculeux à l’extrême, le nouvel attaquant des Girondins trouve petit-à-petit ses marques au côté de Pedro Miguel Pauleta. À Lescure, Jean-Claude Darcheville dévore les espaces et dégage une impression de puissance. Capable d’orienter ses courses en profondeur dans l’axe offensif, ou de couper plus brutalement au premier poteau lorsque ses partenaires débordent sur les flancs, la « Darche » est souvent décisif pour sa première saison girondine. Même s’il oublie parfois ses coéquipiers avant d’échouer devant le but, le Guyanais marque des points.
En dépit d’un positionnement sur l’aile droite, qu’il n’affectionne pas particulièrement, il inscrit quand même onze buts et délivre neuf passes décisives au cours de la saison. Un bilan positif, auquel il faut rajouter ses cinq réalisations en six matches de Coupe UEFA. En l’espace de douze mois, Jean-Claude Darcheville est devenu le « chouchou » de la plaine du Haillan. Sa gentillesse ainsi que sa bonne humeur légendaire ravissent les supporters bordelais. Son entente parfaite avec Pascal Feindouno se propage jusque dans les arcanes girondines. Boute-en-train dans les vestiaires et plus vif que l’éclair sur le terrain, Darcheville se démène comme un forcené sur le front de l’attaque girondine. Le Guyanais peut, en outre, se targuer d’être doté d’une technique plutôt fine, mais aussi d’une étonnante mobilité ainsi que d’une puissante frappe de balle.
En augmentant sa vitesse au milieu de la ligne défensive de ses adversaires, il est capable d’exploser vers l’avant, bien aidé en cela par ses fameuses cuisses sur-dimensionnées. Avec le départ de Pauleta, la « Darche » se voit offrir une voie royale vers un excellent cru. Malheureusement, il est la victime de blessures à répétition, si bien qu’il n’arrive pas à confirmer son premier chapitre girondin. Mais en véritable force de la nature, le Guyanais revient néanmoins dans la course durant la saison 2005-2006.
La belle aventure écossaise
Possédant des qualités physiques exceptionnelles, Jean-Claude Darcheville retrouve alors un jeu explosif et instinctif, qui ont fait de lui l’un des attaquants les plus dangereux du championnat de France. Auteur de huit buts et de sept passes décisives pour trente-quatre rencontres de L1, le « numéro 9 » des Girondins a effectué une très belle saison. Tout au long du championnat, il a mis en évidence ses qualités de vitesse, de vivacité et d’explosivité. Dans sa foulée, Bordeaux décroche son sésame pour la Ligue des champions. Une première pour l’attaquant guyanais, qui n’avait jamais eu l’opportunité de la disputer jusqu’à présent.
Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2007, Jean-Claude Darcheville passe finalement cinq saisons sous la tunique marine et blanche, entre 2002 et 2007. Buteur à 49 reprises pour 166 matches disputés, ses statistiques le placent en quinzième position des meilleurs buteurs de l’histoire des Girondins. Une page est tournée pour l’attaquant guyanais, qui décide alors de tenter une aventure à l’étranger.
Il rejoint ainsi les Glasgow Rangers en Écosse, et participe au tour préliminaire de la Ligue des champions. Du haut de son mètre 74 et de ses 83 kg, Jean-Claude Darcheville réalise le doublé coupe-championnat en 2008. La même année, il participe à la finale de la Coupe UEFA, mais doit s’avouer vaincu face au Zénith Saint-Pétersbourg (0-2).
En l’espace d’une saison et demie dans le pays du kilt, la « Darche » joue trente-huit fois et marque treize buts. Il retrouve pourtant la France en janvier 2009, puisqu’il signe à Valenciennes, en tant que joker du club nordiste. En six mois, il joue onze matches et frappe quatre fois. À 34 ans, Darcheville est alors libre de tout contrat à l’issue de l’exercice 2008-2009. Après s’être entretenu avec l’entraîneur des « Canaris », Gernot Rohr, le puissant attaquant guyanais décide de s’engager avec le FC Nantes, retrouvant par la même occasion la seconde division. Mais la saison s’avère difficile, le FC Nantes peinant dans l’antichambre de l’élite. Il quitte finalement le club ligérien, après seulement douze mois sur les bords de l’Erdre et six buts marqués. Puis, en août 2010, Jean-Claude Darcheville rejoint le club grec de l’AO Kavala. Gêné par des problèmes récurrents aux adducteurs, il est contraint de prendre sa retraite une année plus tard, à l’âge de 36 ans.
Pendant sa carrière de footballeur, la « Darche » a investi dans l’immobilier, histoire d’assurer son avenir. Sa carrière de buteur baroudeur terminée, « Gronaldo » est retourné dans sa Guyane natale, où il a pris la tête d’une boîte de nuit. Se remémorant sans doute les bons souvenirs nocturnes avec son ami de toujours, le Guinéen Pascal Feindouno. Mais loin des pistes de danse, Jean-Claude Darcheville laissera l’image d’un joueur instinctif, aux accélérations foudroyantes.
Sa carrière en bref
US Sinnamary (Guyane française)
1995-1999 : Stade rennais FC
1998-1999 : Nottingham Forest (prêt)
1999-2002 : FC Lorient
2002-2007 : Girondins de Bordeaux
juin 2007 - janvier 2009 : Glasgow Rangers (Écosse)
janvier 2009 - juin 2009 : Valenciennes FC
2009-2010 : FC Nantes
août 2010- janvier 2011 : AO Kavala (Grèce)
Sources :
- Archives Ouest France
- football.fr
- http://www.liberation.fr
- http://www.girondins.com
- Wikipedia
Source photos :
- srfc.frenchwill.fr
Vos réactions (4 commentaires)
ksheva :
Un Grand Monsieur avec la tête sur les épaules....passé par des moments familiaux très difficile à rennes.
the miz
16 août 2012 à 19h41Un gars très sympas,abordable pour un autographe qui n’a pas « explosé » chez nous.
dommage pour le Stade rennais.
fada29
17 août 2012 à 12h34Bonjour.Un vrai attaquant,il manque des joueurs de ce calibre dans notre championat.Bonne « retraite » LA DARCHE !!!!(hors sujet) dégueulasse pour KEMBO,quand on pense à celui qui nous avait dézingué FABIEN et même pas un jaune.Entre l’arbitrage et les décisions des "commissions"ou des corrompus au choix,il y a matière à ce poser des questions.KEMBO,on l’aime ou on l’aime pas,mais c’est un joueur au comportement exemplaire sur le terrain,merci qui ? ALLEZ LE STADE RENNAIS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Dirk diggler
17 août 2012 à 16h43Un des physiques les plus étonnant que j’ai vu. Celui qu’on appelait affectueusement « gronaldo ».
Je me rappelle des entrainements il y a presque 20 ans sur le terrain derrière la tribune populaire ou on le voyait faire des démarrages explosifs,se retrouvant assez facilement devant le gardien mais perdait toute lucidité au moment de frapper (en général il envoyait des mines au dessus).
Avec mon frère nous étions impréssionnés mais aussi un peu dubitatifs quant à sa capacité à garder son sang froid au plus au niveau.
il avait un peu la réputation d’un bon vivant (la bouffe).
Finalement,sa carrière est plus que correct,un peu atypique et je pense aura marquer pas mal les esprits dans son temps.
En tout cas c’est un nom que je suis pas près d’oublier, sacré Darche !!