Marcel Aubour. Lui, le Breton... d’adoption
Publié le 8 août 2012 à 11h09 parUn œil dans le rétro. Digne héritier de la belle tradition des grands gardiens français, Marcel Aubour tient une place de choix dans la légende du Stade rennais. Personnage fantasque et attachant, Stade Rennais Online revient pour vous sur le parcours sportif du dernier rempart tropézien.
Une légende du football lyonnais
Né le 17 juin 1940 à Saint-Tropez dans le Var, où ses parents étaient restaurateurs, Marcel Aubour pose ses valises à Lyon en 1957, pour y apprendre le métier de cuisinier. À cette époque, le Provençal n’a pas l’intention de faire carrière dans le football, préférant s’amuser avec ses copains et rêvant plutôt des cuisines des grands restaurants de la « capitale mondiale de la gastronomie ». Après avoir débuté au sein de ses équipes de jeunes, il signe son premier contrat professionnel en 1960 avec l’Olympique lyonnais. L’aventure démarre, elle sera longue et belle. Devenu portier de l’OL à seulement vingt ans, le jeune Marcel Aubour met moins de deux années avant de s’imposer comme titulaire indiscutable de la formation rhodanienne.
En 1963, les « Gones » sont défaits en finale de la Coupe de France par l’AS Monaco, après deux manches disputées au Parc des Princes (0-0 puis 0-2). Mais ce n’est que partie remise. Qualifié pour la Coupe des vainqueurs de Coupe, en dépit de sa finale perdue contre l’équipe du « Rocher », l’Olympique lyonnais atteint le dernier carré de la compétition, cuvée 1963-1964. Malheureusement, les protégés de l’entraîneur lyonnais Lucien Jasseron doivent s’avouer vaincus face aux Lusitaniens du Sporting Portugal, vainqueurs lors d’un match d’appui (0-0, 1-1 puis 0-1).
Gardien de classe internationale, le Tropézien ne tarde pas à se faire un nom dans le milieu, et s’offre un premier titre majeur au cours de la même saison. En effet, grâce à un doublé de celui que l’on surnomme « La Foudre », l’attaquant Nestor Combin, l’OL remporte enfin sa première Coupe de France aux dépens de Bordeaux (2-0), le 10 mai 1964 à Colombes. Par le biais de ce premier trophée, Marcel Aubour et ses coéquipiers rentrent de plein pied dans la légende du football rhodanien. Dans la foulée, le gardien de Saint-Tropez intègre l’équipe de France le 4 octobre 1964, lors d’une victoire contre le Luxembourg, pour une rencontre comptant pour les qualifications de la Coupe du monde 1966. Ce soir-là, André Guy (futur joueur rennais, lors de l’exercice 1970-1971) et Marcel Artelesa se chargent d’offrir un premier succès international au novice Marcel Aubour.
Galvanisé par ses bonnes prestations avec son club, Marcel Aubour réussit finalement à s’imposer dans les cages tricolores, mettant sur la touche des portiers talentueux comme Pierre Bernard et Daniel Eon notamment. Complet et extrêmement régulier, le gardien provençal dispute alors la phase finale de la Coupe du monde 1966 en Angleterre, sous la houlette de l’emblématique et ancien rennais Henri Guérin.
Une Coupe du monde ratée
Malheureusement, les « Bleus » ne sont pas à la fête lors de ce tournoi mondial, où s’affrontent seize équipes seulement. Peu inspirés, les joueurs français concèdent le match nul (1-1) pour leur entrée en matière, face à la faible équipe du Mexique. Marcel Aubour n’est d’ailleurs pas exempt de tout reproche sur l’égalisation mexicaine. Très critiquée tout au long de cette Coupe du monde, du fait d’un manque de cohérence tactique et via une série de mauvaises performances individuelles, l’équipe de France est éliminée dès le premier tour, après avoir subi deux revers consécutifs face à l’Uruguay tout d’abord (1-2), puis contre le pays organisateur (0-2), malgré un très bon match des joueurs tricolores. Le gardien tropézien est déçu, frustré et un brin fataliste : « On aurait pu mieux faire », affirme-t-il. À la suite de ce malheureux épisode estival, Marcel Aubour décide de tenter une nouvelle aventure. Il signe ainsi un contrat en faveur de Nice, retrouvant par la même occasion sa Côte d’Azur natale. Après deux nouvelles saisons disputées en D1 avec le « Gym », Marcel Aubour et l’équipe azuréenne terminent 18ème (et dernier) du championnat, à l’issue de l’exercice 1968-1969. Entre temps, il a également perdu sa place de titulaire au sein de l’équipe de France, au profit du gardien stéphanois Georges Carnus. Il est ainsi la première victime de la terrible débâcle subie face à la Yougoslavie (1-5) le 24 avril 1968 à Belgrade, en phase de qualification pour le championnat d’Europe 1968. Il s’agit d’ailleurs de son dernier match officiel avec le maillot frappé du coq.
Durant l’hiver 1969, alors que l’OGC Nice considère qu’il est « fini », Jean Prouff prend son téléphone et l’appelle : « Même s’il fallait venir à pied, je viendrai à Rennes ! » répond énergiquement le Tropézien. Marcel Aubour débarque ainsi sur les bords de la Vilaine, le 24 décembre 1969 pour être précis. Pendant ce temps, son homologue rennais Gérard Le Fillâtre fait le chemin inverse, en regagnant la promenade des Anglais. À l’époque, le SRUC cuvée 1969-1970 connaît d’énormes difficultés sur le plan sportif. Devenu orphelin depuis le départ de Silvester Takač, Rennes ne compte alors qu’une seule victoire, pour deux matches nuls et déjà sept défaites en championnat. Le club phare de la Bretagne a dépassé la cote d’alerte. Mais Jean Rohou, le nouveau président du SRUC, maintient malgré tout sa confiance à l’emblématique Jean Prouff.
Sur le plan financier, la situation s’avère également très inquiétante. En effet, le passif du club breton est ainsi estimé à vingt-sept millions de francs (soit environ quatre millions d’euros). Les temps sont durs dans l’Ouest.
Une figure du football breton
C’est donc en gardien confirmé (vingt sélections en équipe de France) que Marcel Aubour pose ses valises à Rennes. Dans la foulée, il débute dans les cages stadistes le 8 janvier 1970, lors d’un match de Coupe de France gagné contre le Stade brestois (5-1). Avec son gardien expérimenté, le SRUC se refait rapidement la cerise. Ses envolées et ses arrêts de grande classe enchantent les fidèles du parc des sports de la route de Lorient. Il contribue ainsi grandement au redressement du club breton, qui échoue même en demi-finale de la Coupe de France face à Saint-Étienne. En six mois à peine, Marcel Aubour a stabilisé la défense bretonne et est devenu le « chouchou » du public. Quatorzième de D1, Rennes assure son maintien parmi l’élite, grâce également à son canonnier en chef Daniel Rodighiero, auteur de seize buts en championnat.
Avec ses gants fermes, « Cécèle » va vite devenir l’une des figures du football breton les plus marquantes. Débarqué en Bretagne pour la somme de 1.250.000 francs (soit un peu moins de 200.000 euros), Marcel Aubour devient le héros de tout un peuple en 1971. En effet, le dernier rempart tropézien se distingue le 1er juin 1971, lors de la demi-finale retour de la Coupe de France face à l’Olympique de Marseille. Exceptionnel comme jamais, il met à terre le grand OM durant la loterie des tirs au but. Il voit ainsi passer au-dessus de son but le tir de la vedette du championnat Josip Skoblar, puis s’interpose avec brio sur les tentatives de Kula et Hodoul. Le gardien provençal est en état de grâce. Plus rien ne l’arrête. Mais il faut dire que Marcel Aubour a le sens de l’anticipation. Sa réputation de « tueur de penalties » est définitivement née. Elle reste gravée à jamais dans les mémoires collectives. Cette magnifique victoire reste assurément le meilleur souvenir de la carrière du « Grand Marcel ».
Vient alors l’heure du triomphe, de son triomphe. Suite à une longue interruption pour un but refusé aux Rennais lors de la finale à Colombes, le Tropézien improvise une démonstration de jeu provençal avec des artichauts. Ces derniers avaient été lancés sur la pelouse par des spectateurs, en guise de protestation. Le Pagnolesque Marcel Aubour a amusé la galerie. Il est bien la figure légendaire de cette Coupe 1971. Et c’est finalement André Guy qui offre au Stade rennais son deuxième trophée, après celui de 1965. Vainqueur de Lyon sur la plus petite des marges (1-0), Marcel Aubour remporte également son second titre après celui de 1964 avec... Lyon. Grâce à son immense talent, il est devenu un « monument » du football breton.
Durant ce fameux exercice 1970-1971, il retrouve même l’équipe de France à l’occasion d’une tournée en Amérique du Sud. Mais malheureusement, il doit se contenter du statut de doublure de Georges Carnus. Il dispute ensuite encore une saison sous les couleurs « Rouge et Noir », jouant notamment les deux matches de coupe d’Europe face aux Glasgow Rangers. À l’issue de la saison 1971-1972, Marcel Aubour annonce qu’il abandonne le football pour prendre la succession de son père à Saint-Tropez. Mais le Provençal, adepte de la pirouette, rejoint finalement le mythique Stade de Reims, où il termine sa carrière professionnelle en 1977.
Âgé de trente-sept ans, il quitte ensuite l’univers du football, reprenant plus tard l’hôtel que tenait son père dans sa ville natale de Saint-Tropez. Il y est depuis toujours installé, et profite désormais de sa retraite. Malicieux, Marcel Aubour est certainement l’un des plus grands gardiens de l’histoire du football français. Et, assurément, l’un des meilleurs portiers de l’histoire du club rhodanien, au même titre que Grégory Coupet et Hugo Lloris. Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer les paroles de Jean-Michel Aulas, prononcées dans une interview parue il y a quelques années de cela, dans le magazine France Football. Il y évoque ses premières idoles lyonnaises : « Je citerai d’abord Angel Rambert, un virtuose sur le plan technique. Mais aussi Bernard Lacombe pour l’efficacité et la simplicité de son jeu. Mais encore Serge Chiesa qui formait le fameux tandem avec Bernard. L’époque de nos petits lutins est également symbolisée par Fleury Di Nallo. Auparavant, j’avais été impressionné par Marcel Aubour ».
Portier emblématique des années 1960 et 1970, Marcel Aubour a foulé les pelouses de l’hexagone durant dix-sept années, et a disputé 485 matches de première division. Spécialiste de la Coupe de France, il a disputé quatre finales pour deux victoires. Toujours très apprécié par les supporters bretons, il a d’ailleurs raconté ses souvenirs dans un livre intitulé : « Moi le Breton ».
Sa carrière en bref
1960-1966 : Olympique lyonnais
1966 - janvier 1970 : OGC Nice
janvier 1970 - 1972 : Stade rennais UC
1972-1977 : Stade de Reims
Sources :
- http://www.varmatin.com
- Wikipedia
- http://www.grandsbleus.fr
Sources photos :
- srfc.frenchwill.fr
- forum footnostalgie
Vos réactions (5 commentaires)
klose35
8 août 2012 à 12h17le meilleur fut sans conteste Petr Cech....mais Aubour restera pour moi le plus grand....celui qui nous ramenera la coupe........c est le gardien qui a marquer le Stade Rennais a jamais......il est inoubliable.....je propose de changer le nom du Stade....qui est pour ?...
morethanthis35
8 août 2012 à 12h55changer le n om.....
Pourquoi pas ...
Mais si on fait un vote ce sera Prouff , voir Pokou ....
;-)
Capitaine
8 août 2012 à 14h09Oui, et Lamia pour la première coupe ;)
Si on change de nom, pour moi c’est Jean Prouf !
Capitaine
8 août 2012 à 14h10Jean Prouff ! (pardon)
CUISSARD
8 août 2012 à 15h51Voila un vrai leader, un combattant qui savait transcender, l’équipe et galvaniser avec son sens de l’humour les supporters.
Avec lui on a vécu des grands moments. un rennes marseille d’anthologie. A cette époque j’étais étudiant à Rennes et supporter du vrai stade rennais.
Maintenant c’est morne plaine, et manque de combativité et de gnac…
Le portefeuille avant tout, et les supporters après.
Merci Marcel de de ses bons moments