Axel Ngando, l’élégance à l’état brut
Publié le 30 mars 2012 à 00h12 parCoupe Gambardella, Stade Rennais - Brest, dimanche à 15h00. À dix-huit ans, Axel Ngando alterne cette saison entre CFA2 et Coupe Gambardella. Un agenda chargé pour le jeune franco-camerounais, qui espère maintenant tutoyer les sommets avec le Stade Rennais. Et ainsi marcher dans les pas de son oncle.
Axel Ngando est peut-être l’un des rares joueurs dont la préciosité force le respect. Un processus de séduction auquel les observateurs succombent face au charme insistant du garçon. Tête levée, vision panoramique, buste droit, la moindre passe ou transversale se transforme alors en un ballet symphonique chez le petit Ngando (et non pas N’Gando), dégageant une allure raffinée dans ses différents enchaînements. « On me l’a déjà dit. Cela me fait plaisir, mais je ne m’arrête pas à ça. J’ai aussi d’autres qualités », renchérit-il. Du reste, c’est d’ailleurs pour cette raison que le Paris Saint-Germain lui mettra rapidement le grappin dessus, écartant ainsi toute concurrence, dont celle trépignante du… Stade Rennais, qui avait observé le récital du jeune parisien lors de la coupe nationale des benjamins qu’il disputait avec son petit club d’alors : l’AS Saint-Ouen-l’Aumône.
À partir de là, le football prendra une place prépondérante dans la vie d’Axel Ngando. « J’ai aussi baigné un peu dans ce milieu étant petit », dit-il avec un air enjoué. Avec un père footballeur qui évolua jusqu’au plus haut niveau régional (au Stade de l’Est pavillonnais en Division d’honneur, ndlr), les dimanches après-midi étaient évidemment occupés par les exploits du géniteur. « Mais mon oncle a par contre été professionnel », lâche t-il du bout des lèvres, comme si de rien n’était. Surtout que l’oncle en question n’est autre que Patrick Mboma, illustre attaquant camerounais, désigné Ballon d’or africain en 2000 et vainqueur à deux reprises de la Coupe d’Afrique des nations. « Je l’ai de temps en temps au téléphone. Maintenant que je suis à Rennes, c’est vrai que l’on se voit un petit peu moins. Mais il a eu une belle carrière, vécu de bons moments avec le football. » Pour la petite histoire, Mboma a côtoyé François Omam-Biyik, oncle de Jean-Armel Kana-Biyik, en sélection jusqu’à la Coupe du monde 1998 [1].
S’il avait d’ailleurs accepté de continuer l’aventure au Paris Saint-Germain, Axel Ngando aurait très bien pu marcher sur les traces de son aîné. Mais après deux années de pré-formation (entre 2005 et 2007), il décide de rejoindre Rennes en déclinant l’offre de son club de cœur. Une décision mûrement réfléchie, confirmant que le gamin avait déjà la tête sur les épaules du haut de ses quatorze ans. « Le Stade Rennais avait plus une image de formateur que le Paris Saint-Germain. Après, leurs installations étaient superbes, mais en voyant un peu plus loin, je me suis dit que Rennes était la meilleure solution si je voulais côtoyer le monde professionnel. » À l’instar de Yacine Brahimi quelques années plus tôt ou dernièrement d’Alexandre Arenate (qui joue actuellement avec les U17 du club, ndlr), l’international U19 de l’équipe de France fait le choix de la raison plutôt que celui de la passion. « Je savais aussi que je ne mettais pas les pieds n’importe où en intégrant le centre de formation numéro un en France, argue t-il. Dans le fond, cela ne pouvait que m’être bénéfique. Je savais que je pouvais réussir si je faisais bien ce qu’il fallait. »
Et il répondra tellement bien à ses objectifs que, six ans après son titre de meilleur joueur au tournoi international des moins de treize ans avec le Paris Saint-Germain (un trophée qui lui sera remis par Jérôme Rothen et... la chanteuse Lorie, ndlr), le « Lion Indomptable » de sang se verra décerner le titre de meilleur joueur du centre de formation du Stade Rennais, distinction récompensant à la fois ses qualités footballistiques et son parcours scolaire. Avec un baccalauréat STG (sciences et technologies de la gestion) en vue, Axel Ngando validera tous les critères pour empocher une mise que beaucoup de joueurs talentueux, formés à Rennes, avaient obtenu dans un passé récent : Jimmy Briand, Étienne Didot, Mikaël Silvestre ainsi que Sylvain Wiltord. Bref, que du beau monde.
« La Juventus Turin ? C’était trop tôt »
Au printemps dernier, alors qu’un contrat stagiaire de deux ans doit l’engager avec le Stade Rennais jusqu’en juin 2013, la Juventus Turin entre en scène, lui proposant un juteux contrat professionnel de cinq ans (!), pour qu’il fasse la culbute entre la capitale de la Bretagne et celle du Piémont. Refus catégorique du jeune joueur, estimant que « c’était trop tôt » pour faire le grand écart. « Dans ma tête c’était clair dès le départ, je voulais réussir dans mon club formateur, pas ailleurs. Puis je ne voyais pas l’intérêt de partir à l’étranger alors que je n’avais rien prouvé en France, fait-il remarquer. J’ai quand même gardé la tête froide, parce que c’était quand même la Juventus Turin. Mais j’ai encore des choses à apprendre. » Lucides, lui et son entourage n’en font même pas état à la direction rennaise, évitant ainsi de mettre une pression exacerbée sur le club. Une pratique que d’autres avant lui n’ont pas hésité à utiliser pour sauter les étapes, à l’image d’Hakim Khadrejnane, ancien milieu offensif de la génération 1992, aujourd’hui au Hellas Vérone en Série C, la troisième division italienne. Une série de bons choix qui plaident pour l’instant en sa faveur.
Même s’il estime devoir s’améliorer « dans la finition », Axel Ngando vainc actuellement ses démons en accumulant les réalisations depuis le début de l’année, notamment avec les U19. Un doublé marqué dimanche dernier contre la réserve de Vannes est venu confirmer le nouveau penchant de ce milieu offensif de formation, motivé par la perspective de remporter la prochaine Coupe Gambardella. Une aventure qui aurait pu s’arrêter au tour précédent au Mans, lors d’une journée délicate pour Axel Ngando, qui manqua deux penalties, dont un durant le temps réglementaire. « J’ai fait une erreur technique à chaque fois. Habituellement, je suis plutôt adroit dans cet exercice, confesse-t-il. Mais il n’y a pas de hasard, c’est aussi le travail. J’ai travaillé depuis pour redresser la barre. Mais s’il y en a un contre Brest, je n’hésiterai pas à le retirer. »
Après son titre acquis avec les quatorze ans fédéraux, il se verrait bien goûter à la Coupe Gambardella, histoire d’ajouter une ligne à la galerie de ses trophées personnels. « On s’approche du stade de France, donc on y pense de plus en plus, avoue t-il, en n’oubliant pas que la route reste longue avant de s’envoler pour Saint-Denis. Il ne faut pas s’y voir trop vite, on prendra les matchs les uns après les autres. » Une année dense pour Axel Ngando qui, comme Abdoulaye Doucouré et Dimitri Foulquier, prépare le Tour Élite de l’Euro 2012, étape obligatoire pour pouvoir participer au prochain championnat d’Europe U19. « Ce serait bien de réaliser un beau Tour Élite. Ce ne sera pas simple, car nous avons les Pays-Bas dans notre groupe [2]. »
Ayant l’objectif d’imiter ses deux collègues de la génération 1993 en obtenant à son tour un contrat professionnel, Axel Ngando attend patiemment son tour, sans pour autant être obnubilé par cette concrétisation. « Sincèrement, je ne me focalise pas trop là-dessus, confie-t-il. Suivi assidument par Jirès Kembo, qui lui prodigue quelques conseils de temps à autres, il sait le chemin qu’il lui reste à parcourir. « Je continue juste à bien travailler en espérant que ça arrive très bientôt. » Et lorsque ce sera le cas, c’est « tonton » qui suivra les exploits du neveu, perpétuant un peu plus la saga familiale.
Vos réactions (2 commentaires)
barrockaaa
30 mars 2012 à 16h10hate de le voir à l’oeuvre en ligue 1 celui là,depuis le temps que l’on en dit du bien du petit axel.
tres bonne article au passage
lebrasseur35
30 mars 2012 à 16h44Il y aura N’gando, saïd, Cuvier et Beauce à suivre je pense dans les années qui arrivent ...