Un œil dans le rétro : Stéphane Mahé

La belle aventure auxerroise

Originaire de Trignac en Loire-Atlantique, Stéphane Mahé rejoint le centre de formation de l’AJ Auxerre à l’aube de ses quinze printemps en 1983. Avec le club bourguignon, il gravit les échelons un par un jusqu’à son baptême du feu en division 1 en 1989. Malheureusement pour lui, un grave accident de la route en décembre 1992 le freine dans son élan. Mais le solide défenseur bourguignon ne se laisse pas abattre pour autant, et dispute même quelques mois plus tard une demi-finale de Coupe UEFA face aux Allemands du Borussia Dortmund, en avril 1993. Battus sur le score de deux buts à zéro au match aller en Allemagne, les joueurs Auxerrois réalisent l’exploit au retour à l’Abbé-Deschamps, en dominant le futur champion d’Europe 1997 sur le même score. Une séance de tirs au but est donc nécessaire pour départager les deux équipes. Dortmund mène six à cinq au cours de la terrible épreuve, lorsque Stéphane Mahé s’élance à son tour. Malheureusement, Klos le gardien du Borussia stoppe l’essai du défenseur bourguignon et qualifie ainsi l’équipe allemande pour la finale. Cruelle déception pour Stéphane Mahé, que l’on retrouvera d’ailleurs en larmes après sa veine tentative. Ses images de tristesse tourneront en boucle sur le petit écran national. Raphaël Guerreiro, l’un de ses coéquipiers bourguignons, lui apporte tout son soutien après la rencontre : « Que dire ? Il nous a parlé avec ses yeux, il a pleuré mais il n’y a aucun reproche à lui adresser. Il a fait son match comme tout le monde. On ne lui en veut pas. Cela aurait pu arriver à un autre ». Particulièrement marqué par cet échec, ce pur produit du centre de formation auxerrois mettra quelques mois avant de retrouver son plein rendement. Il remporte pourtant la Coupe de France la saison suivante (1994), en finale au Parc des Princes face à Montpellier, lors d’une belle victoire sur le score net de trois buts à zéro.

À l’époque, Gérald Baticle a déjà bien cerné les qualités de son camarade de club : « Son truc à lui, c’est isoler complètement son adversaire direct. Grâce à son physique et à sa technique affinée  ». À Auxerre, Stéphane Mahé affirme toute l’étendue de ses qualités à un poste, où ses montées tranchantes se couplent à une combativité de tous les instants. Fort de ses 152 matches disputés avec la formation de l’emblématique entraîneur bourguignon Guy Roux, Stéphane Mahé est alors recruté par le Paris Saint-Germain au cours de l’intersaison 1995. Dans la foulée, l’AJ Auxerre réalisera un incroyable doublé coupe-championnat, grâce notamment aux performances défensives de haute volée du futur sélectionneur tricolore, en l’occurrence Laurent Blanc. Peut-être un signe du destin pour Stéphane Mahé. Avec le club de la Capitale, il participe cependant au parcours victorieux des joueurs Parisiens en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe, mais ne dispute pas la finale contre le Rapid de Vienne (1-0). Il joue finalement trente-trois matches avec le Paris Saint-Germain, où il ne convainc pas vraiment. Stéphane Mahé rejoint alors une autre capitale douze mois plus tard, celle de la Bretagne. À l’aube de l’exercice 1996-1997, l’ancien auxerrois souhaite prendre un nouveau virage. Après son délicat périple parisien, Stéphane Mahé n’appréhendera plus jamais l’univers du football professionnel comme avant : « Les footeux, nous sommes tous des gens fragiles. On n’échappe pas au terrible dilemme qui nous tenaille. Savoir si l’on nous respecte dans la vie pour notre fric, ou pour nos qualités humaines, tout simplement. J’ai décidé de me protéger une fois pour toutes ».

Direction Rennes, avant la renaissance en Écosse

Alors qu’il est encore sous contrat pour deux années avec le Paris Saint-Germain, Stéphane Mahé s’engage donc avec le Stade rennais, bien qu’il était également sollicité par les Girondins de Bordeaux au cours du mercato estival. À Rennes, il s’est donné un véritable objectif : celui de relancer sa carrière, qui a subi un sérieux coup d’arrêt ces douze derniers mois. Au cours des premiers entraînements collectifs, l’ancien défenseur parisien trouve de suite une place sur le côté gauche de l’arrière-garde stadiste. Dur au mal, il a la farouche intention de faire oublier son année mi-figue mi-raisin à Paris. Son arrivée en terre bretonne entraîne cependant le glissement de Patrice Carteron sur le flanc droit de la défense rennaise. Alors âgé de 27 ans, Stéphane Mahé est ainsi la deuxième recrue du club breton à l’intersaison, après l’arrivée du Serbe Bratislav Mihalkovic, un défenseur venu du Partizan de Belgrade et ancien coéquipier de Goran Pandurovic, le dernier rempart rennais. Mais ce dernier ne disputera finalement qu’un seul match en coupe Intertoto face à l’Happoël de Tel Aviv (0-2), et n’aura pas convaincu le staff rennais lors de cette rencontre.

Stéphane Mahé dispute son premier match officiel en coupe Intertoto contre Lucerne (défaite 1-2), au stade de la route de Lorient. Malgré la défaite de son nouveau club, le néo-défenseur rennais est plutôt convaincant. Arrière gauche vif et précis, il a toutes les cartes en main pour réussir une belle saison en Bretagne. Le Stade rennais, de son côté, débute une nouvelle saison avec beaucoup d’espoir. En effet, soumis au régime de l’ascenseur pendant de nombreuses années, le club a retrouvé une certaine stabilité sous la direction efficace de Michel le Milinaire alias le « druide de Kergrist-Moëlou ». Et c’est dorénavant son élève, Yves Colleu, qui mène la barque du SRFC. Sélectionné à cinq reprises en équipe de France A’, Stéphane Mahé connait cependant un premier match de championnat plutôt délicat, puisque le SRFC est logiquement défait à Bastia, sur le score de deux buts à zéro. Il raconte après la rencontre : « On a pêché au niveau physique. On a été trop approximatif dans la remontée du ballon. On a surtout évolué trop loin les uns les autres. On s’est battu nous-mêmes ». Lors de la sixième journée contre Strasbourg, il réalise un très bon match. Particulièrement opportuniste et très offensif tout au long de la rencontre, il est le passeur décisif sur l’ouverture du score d’Allan Johnston (2-0). Dans la foulée, il est expulsé à Nancy (1-0) lors de la huitième journée de championnat. Parfois très entreprenant sur son flanc gauche, il est pourtant dépassé à certains moments, comme l’ensemble de la défense stadiste. Lors de la dix-huitième journée de championnat, Stéphane Mahé place un autre Stéphane... Guivarc’h sur orbite, et permet au SRFC de l’emporter face à l’AJ Auxerre de Guy Roux (1-0). Rennes termine également l’année sur une bonne note en battant l’OM quatre buts à deux. Mais le Stade rennais voyage mal et est puni sévèrement à Strasbourg sur le score de trois buts à zéro, dès la reprise du championnat. Stéphane Mahé sera d’ailleurs très remonté après la rencontre : « Rageant, frustrant, énervant et désespérant !  », des qualificatifs qui résument très bien la saison des « Rouge et Noir ». Dorénavant concurrencé à son poste par l’émergence d’un jeune joueur d’avenir, Mickaël Silvestre, Stéphane Mahé n’est plus titulaire à chaque rencontre.

Souvent averti, le numéro trois rennais ne réalise pas une grande saison, malgré une trentaine de matches disputés en championnat sous la tunique rouge et noire. Des problèmes extra-sportifs sont venus perturber sa progression, et une mésentente avec les dirigeants du club breton s’est greffée à son maigre bilan. La saison rennaise s’avère elle aussi catastrophique. Le SRFC se maintient péniblement au sein de l’élite hexagonale, après avoir dangereusement surfé avec la zone de relégation. Épuisé par une difficile saison stadiste, il décide de quitter le championnat de France. Il traverse ainsi la Manche et rejoint le Celtic Glasgow, où il accroche six trophées supplémentaires à son tableau de chasse. Sous les couleurs du mythique club écossais, il devient deux fois champion d’Écosse. Avec Glasgow, il remporte également une coupe nationale, ainsi qu’une Coupe de la Ligue écossaise. Après quatre années sous le maillot rayé vert et blanc, il termine finalement sa carrière professionnelle avec l’équipe d’Heart of Midlothian. En 2003, lorsque Stéphane Mahé revient dans l’hexagone, il n’a aucun projet de reconversion. Il continue ainsi de pratiquer le football au niveau amateur, dans la région de Saint-Nazaire. C’est donc tout naturellement qu’il signe un contrat de cinq ans comme entraîneur-joueur au Saint-Nazaire FC, club qu’il fait monter dans la foulée en Division d’Honneur. Mais l’enfant du pays est licencié la saison suivante, après que le club ligérien soit redescendu en DSR (Division Supérieure Régionale). Il rejoint ainsi le club de la Chapelle-des-Marais (Division d’Honneur), mais en tant que simple joueur cette fois-ci. Après douze mois sous les couleurs briéronnes, il prend la direction de La Baule, où il doit entraîner l’équipe fanion qui évolue au même niveau. Il fait cependant machine arrière au dernier moment, avant de trouver refuge à l’Entente Sportive de Pornichet. Puis, en juin 2008, il devient le responsable d’une boutique spécialisée dans le football, à Saint-Nazaire. Dans la foulée, il reprend le magasin l’Espace Foot de Rennes. À l’époque, L’ancien footballeur professionnel vit au quotidien entre Saint-Nazaire et la capitale bretonne. Puis, Stéphane Mahé retrouve finalement un banc de touche à la Saint-Père-en-Retz, un club qui évolue en DRH (Division Régionale Honneur) à l’orée de l’exercice 2011-2012. Le Trignacais d’origine voulait absolument retrouver les joies de sa grande passion, le football.

Stade rennais, saison 1996-1997

Sa carrière en bref

Amateur :
1983-1991 : AJ Auxerre

Professionnel :
1991-1995 : AJ Auxerre
1995-1996 : Paris Saint-Germain
1996-1997 : Stade rennais FC
1997-2001 : Celtic Glasgow (Ecosse)
2001-2003 : Heart of Midlothian (Ecosse)

Amateur :
2003-2007 : FC Saint-Nazaire
2007-2008 : FC La Chapelle-des-Marais
ES Pornichet

Entraîneur :
2003-2007 : FC Saint-Nazaire
Depuis 2011 : Saint-Pierre-de-Retz Football

Sources :
- Wikipedia
- Archives Ouest France

Sources photos :
- srfc.frenchwill.fr
- forum footnostalgie