De Zerbi : « On s’est tiré trois balles dans le pied »
Publié le 29 janvier 2012 à 01h34 parCFA2, AS Vitré 3 - 1 Stade Rennais. Dans un petit soir, Rennes a été très vite dépassé à Vitré, en affichant des lacunes défensives impardonnables à ce niveau. Privés de plusieurs cadres, convoqués en Coupe Gambardella pour les uns, présents dans le groupe professionnel pour les autres, les Rennais subissent une défaite inquiétante qui n'invite pas à l'optimisme, si on ne prend pas en compte certaines circonstances atténuantes.
Les matchs de haut niveau basculent souvent sur des détails, parfois non. Le match entre l’AS Vitré et le Stade Rennais a basculé sur des fautes de concentration qui ont faussé l’un des débats les plus attendus de ce groupe. Pas de chance, toutes les erreurs individuelles ont été recensées du côté des hommes de Jean-Marie De Zerbi, entraîneur intérimaire de la réserve rennaise. « On s’est tiré trois balles dans le pied, faisait-il remarquer dans un rictus qui ne le faisait pas tant rire que ça. C’était même Noël après l’heure, le 28 janvier... » Il faut admettre que ces faits ont complètement plombé la suite des événements, les Rennais ayant traîné leurs erreurs comme des boulets.
La partie avait à peine commencé que Kandji faisait une passe en retrait en direction de… Besnard, qui n’en demandait pas tant (1-0, 1ère). C’était la première balle. Pour la deuxième, l’adjoint de Frédéric Antonetti pouvait davantage regretter la passivité de sa défense, en mode spectatrice sur le coup. Sinon, ce serait faire injure à la qualité du mouvement vitréen, initié par Besnard (vainqueur de la Coupe Gambardella en 2003 avec Rennes), relayé par Le Bihan, et conclu d’un tir en force par Rémi Laurent (2-0, 21e). Quant à la dernière balle, c’est encore Rémi Laurent qui aura récupéré la douille, suite à un dégagement complètement manqué de Dorel, qui ne pouvait que constater les dégâts (3-0, 47e).
La réaction rennaise n’était pas étourdissante, loin de là. On comptabilisait seulement une frappe de Sané, contrée simultanément par Lecacheur et Oumaouche (18e). Puis un long coup-franc de Rouger sur lequel Piolot s’employa pour empêcher Sané de marquer son onzième but de la saison (42e). La plus belle opportunité rennaise du premier acte restera une occasion d’Isambart, consécutive à un très bon travail de Boukaka côté droit. Mais la reprise du lutin stadiste était repoussée par Bertin sur sa ligne (39e). Dans l’autre sens, les assauts étaient déjà plus nets, plus entreprenants, avec un Besnard omniprésent dans l’orientation du jeu vitréen. Diawara (21e), puis Laurent (25e, 38e) manquaient le coche de peu. Rennes tentait tant bien que mal de presser haut son adversaire pour le mettre en difficulté, mais la qualité technique de l’AS Vitré faisait le reste, avec un plan de jeu beaucoup plus précis que celui des Rennais. En occupant bien les espaces, les Vitréens conservaient leur avance, en attente d’une réplique rennaise qui tardait à venir avec un Sané beaucoup trop isolé en attaque. Le sursaut d’orgueil des Stadistes provenait de Boukaka, parfaitement servi par Even, qui ne manquait pas la cible après avoir contourné Piolot venu à son encontre (3-1, 79e). Cette réduction du score leur permettait de semer un léger doute dans l’esprit de l’AS Vitré, peu perturbée dans ces derniers instants, mis à part sur un coup-franc à l’entrée de la surface de Sané, détourné par l’impeccable Piolot (89e).
De ce match, on retiendra que Rennes n’a pas pu titiller l’un des cadors de son championnat, la faute à cette série d’inattentions dans laquelle l’AS Vitré s’est engouffrée, sans trop forcer son talent. « On a donné des buts à une équipe qui n’en avait pas forcément besoin, rappelait De Zerbi. L’AS Vitré mérite amplement sa victoire. La seule fois où on a tenté de jouer, on a créé des petites choses sans les mettre véritablement en danger. Il y a eu trop de performances individuelles défaillantes ce soir pour que l’on puisse espérer quelque chose. » Personne d’ailleurs ne le contredira sur ce point. Toutefois, les absences (Diarra, Doucouré, Foulquier, Issah, N’Diaye, Ngando et Qasmi, ndlr) auront pesé lourd et pouvaient servir de circonstances atténuantes pour expliquer en partie ce revers. « Mais ce sont aussi des joueurs qui aspirent à devenir professionnels, rétorque De Zerbi. On leur donne la possibilité de s’exprimer, il faut qu’ils saisissent cette chance. La jeunesse ? (Rennes a tout de même évolué pendant quatre-vingt minutes avec deux joueurs nés en 1994, ndlr) Non, il faut arrêter de se réfugier derrière ça. Ce n’est pas un problème de jeunesse mais plutôt de niveau. »
Le jeu
Avec un effectif amputé de nombreux joueurs, Jean-Marie De Zerbi avait aligné un 4-1-4-1 avec Fabien Balisier en sentinelle devant la défense, alors que celui-ci joue habituellement un cran plus bas, que ce soit sur les côtés ou dans l’axe, et Abdoulaye Sané en pointe. Au milieu de terrain, Boukaka et Rouger occupaient les couloirs tandis qu’Isambart et Even faisaient la transition entre le milieu et l’attaque rennaise. Basse s’étant blessé très tôt dans ce match, c’est le jeune Alexis Laurent qui l’a suppléé poste pour poste. Les seuls changements aperçus dans l’organisation rennaise furent les permutations entre Boukaka et Rouger, l’ensemble restant immuable la majeure partie du temps.
À la rentrée de Makila à la place d’Isambart, le Belge se positionna alors sur un côté, obligeant du coup Rouger à se recentrer au côté d’Even. Toujours dans cet étrange 4-1-4-1, intrigant au regard des joueurs qui étaient à la disposition de Jean-Marie De Zerbi.
Les joueurs
Dans les buts, Vincent Dorel (1992) a été livré à lui-même dès le début du match. Ses sorties devant les attaquants vitréens ont souvent soulagé sa défense, totalement en perdition dans la première demi-heure. En revanche, le troisième but vitréen lui est imputable, à cause d’un jeu au pied déficient.
En défense, Pape Malick Kandji (1992) n’a pas été souverain, loin de là. Sa soirée fut plombée par l’erreur commise dès son premier ballon. Il a accumulé par la suite les hésitations, alors qu’il est capable de mieux. Même constat pour Fabien Boyer (1991), l’un des meilleurs rennais de la saison, qui ne pouvait pas non plus sécuriser toute la défense. Il a gagné quelques duels, mais le duo Geslin - Laurent lui a donné du fil à retordre. À droite, Yassine Jebbour (1991) s’est montré inspiré en phase offensive, apportant souvent une solution. Cependant, comme l’ensemble de la base défensive, il a souffert. Débuts difficiles pour le jeune Alexis Laurent (1994), à un poste de latéral gauche qui n’est pas le sien. Il a tenté cependant de donner le meilleur de lui-même malgré une forte opposition face à lui. Pas simple pour un 1994 qui dispose d’un temps de jeu limité en U19 Nationaux.
Au milieu, Fabien Balisier (1992) a tenté de jouer à un poste qui n’est visiblement pas le sien, et cela s’est vu. Un garçon qui mériterait d’être fixé à un poste, tant il est trimballé un peu partout. Alexandre Even (1994) n’en menait pas large en première période face à la densité et face au rythme imposé par l’AS Vitré. Malgré tout, dans les vingt dernières minutes, il a fait partie de ceux qui ont impulsé le sursaut du collectif rennais. Une passe décisive à son actif, démontrant sa faculté dès qu’il a le jeu face à lui. Jonathan Isambart (1992) n’a pas pesé dans ce match, même s’il est indéniable que ce joueur sait faire quelque chose avec un ballon.
En attaque, le danger est souvent venu de la paire Boukaka (1992) - Sané (1992). Le premier s’est vu récompenser de ses efforts, à défaut de voir Isambart convertir son offrande. En tout cas, ses courses, ses appels et sa puissance font toujours autant de mal. Quant au Sénégalais, irrité par la tournure des débats, il a parfois joué de façon trop personnelle, tout en ne ménageant pas ses efforts devant. Quentin Rouger (1991), lui, ne fut pas très inspiré dans ce match. À l’image du collectif.
Feuille de match
AS VITRÉ 3 - 1 STADE RENNAIS FC (mi-temps : 2-0)
CFA2 - Groupe H, 14e journée
Samedi 28 janvier 2011 à 18 h 00
Stade municipal de Vitré
Affluence : 300 spectateurs environ
Buts : Besnard (1ère) et R. Laurent (21e, 47e) pour l’AS Vitré. Boukaka (79e) pour Rennes.
Avertissements : Le Bihan (39e) et Masson (86e) à l’AS Vitré ; Even (19e) et Jebbour (45e) à Rennes.
- AS Vitré : Piolot - Oumaouche, Lecacheur, Bertin, Poder - Coulibaly (Masson, 60e), Le Bihan, Diawara, Besnard (Lambert, 80e) - R. Laurent, Geslin.
Entraîneur : Michel Sorin.
Stade Rennais : Dorel - Jebbour, Kandji, Boyer, Basse (A. Laurent, 11e) - Balisier - Boukaka, Even, Isambart (Makila, 58e), Rouger (cap) - Sané.
Entraîneur : Jean-Marie De Zerbi.
Michel Sorin : « On ne pouvait pas mieux débuter. Maintenant, on se dit « est-ce que ce n’est pas trop tôt ? » On s’est procuré beaucoup d’occasions en première mi-temps, un peu moins en seconde où on a préféré conserver le ballon. C’est mérité sur l’ensemble du match. On a varié beaucoup notre jeu en jouant court et long. »