Benjamin Levacher : « Il se peut que le club ne croyait pas en moi »

Stade Rennais Online : Benjamin, tu viens de donner un nouvel élan à ta carrière en signant au Poiré-sur-Vie en National. Après trois saisons pleines sous le maillot de La Vitréenne FC, peut-on considérer ce départ comme un tremplin ?

- Benjamin Levacher : « Oui, en effet. Mais je le prends avant tout comme un challenge, car le fait de découvrir le niveau National dans un nouveau club, c’est plutôt excitant. On a évidemment envie de bien faire ».

SRO : Tu auras la lourde tâche de remplacer Florent Chaigneau dans les cages vendéennes. Cela te met-il une pression particulière ?

- B.L. : « C’est vrai que Florent Chaigneau était très apprécié en Vendée. Il a fait deux grosses saisons avant de partir à Lorient. Maintenant, je sais que ce ne sera pas forcément évident de le remplacer, mais je vais tout faire pour être le plus performant possible. Sans me mettre plus de pression que cela ».

SRO : En plus, tu ne seras pas dépaysé là-bas puisque tu retrouveras Oswald Tanchot et quelques anciens joueurs de La Vitréenne FC et du Stade rennais ?.

- B.L. : « Oui, c’est vrai que c’est un peu plus facile quand on sait comment le coach fonctionne. Pour mon intégration, c’est indéniable que c’est mieux de connaître des joueurs avec lesquels on a déjà joué. J’ai le plaisir de retrouver Romuald Marie et William Stanger que j’ai connus lors de ma formation à Rennes. »

SRO : Ces dernières années, tu étais considéré par les différents observateurs comme étant un des meilleurs gardiens en CFA. Cela facilite t-il les contacts ? Tu as eu plusieurs fois l’opportunité d’aller jouer à l’étage supérieur ?

- B.L. : « C’est toujours flatteur que certaines personnes disent cela. Mais, dans le monde du football, il y a beaucoup de bons joueurs et de bons gardiens de but. J’ai eu quelques contacts à un moment donné, mais sans que cela n’aboutisse... »

SRO : Si tu fais un plan de progression individuel entre le jour de ton départ de Rennes en juin 2008 et ton arrivée au Poiré-sur-Vie en juin 2011, dans quels domaines as-tu sensiblement progressé ?

- B.L. : « Depuis mon départ du Stade rennais jusqu’à aujourd’hui, je pense avoir surtout acquis de l’expérience et avoir mûri, ce qui est très important pour un gardien de but. Maintenant, en trois ans, on progresse forcément dans un peu tous les domaines ».

SRO : Lors de ta dernière année de stagiaire à Rennes, tu as vu débuter Yacine Brahimi, Yann M’Vila et Kévin Théophile-Catherine en CFA. Sentais-tu à cette époque là que ces trois joueurs avaient quelque chose de particulier ?

- B.L. : « Pour moi, ces trois joueurs ont toujours été au-dessus, même si durant notre formation, on côtoie beaucoup de joueurs de qualités. Eux, par contre, on pouvait voir qu’il avaient quelque chose de plus que les autres ».

SRO : De ton côté, tu as également connu le haut-niveau en figurant sur des feuilles de matchs de Ligue 1 au cours de la saison 2007-2008. Raconte-nous cette semaine un peu particulière de septembre 2007 qui précédait la réception de Lille (2-2).

- B.L. : « En fait, Simon Pouplin et Fabrice Catherine se sont blessés à tour de rôle. À ce moment-là, je m’entrainais déjà régulièrement avec le groupe professionnel. Dans la semaine, j’ai vite compris que je serais dans le groupe contre Lille. Étant originaire de la région, c’était quelque chose de fort pour moi ».

« Je pensais signer à Lorient en tant que troisième gardien »

SRO : Lors de ton passage à Rennes, quel était le joueur qui te mettait le plus au supplice ?

- B.L. : « Personne... (rires). On va dire Olivier Monterrubio pour les coups de pied arrêtés à la fin des entraînements ».

SRO : Quand on touche comme toi à l’élite et que, par la suite, le club ne donne pas suite à ton contrat stagiaire, comment le prend t-on ? Quels ont été les arguments de la direction rennaise à ton égard ?

- B.L. : « Forcément, on le prend mal, surtout quand on a toujours connu ce club depuis les débutants. Mais il faut accepter ces décisions et essayer de rebondir. On ne m’a jamais vraiment donné d’arguments, en fait. Ils m’ont juste dit que je n’étais pas conservé. Il se peut que je ne correspondais pas au profil de gardien qu’ils souhaitaient, ou qu’il ne croyaient pas en moi, tout simplement ».

SRO : C’est difficile ensuite pour un jeune joueur de rebondir et de revoir ses ambitions à la baisse ?

- B.L. : « Après mon départ de Rennes, je pensais signer à Lorient en tant que troisième gardien. Malheureusement, cela ne s’est pas fait. J’ai reçu ensuite d’autres propositions, mais je tenais absolument à jouer, donc quand La Vitréenne m’a appelé, j’ai dit oui. Au début, revenir dans le monde amateur, c’est vrai que ça change, mais je n’ai pas eu trop de difficultés. J’y ai rencontré des personnes vraiment sympathiques et passionnées ».

SRO : On dit souvent que le poste de gardien de but est spécifique dans le football. Peux-tu nous en dire un peu plus. Qu’est-ce qui en fait un poste à part ?

- B.L. : « Déjà, c’est un poste très exposé car il n’y a personne derrière nous pour récupérer nos erreurs. Dans le même temps, le gardien de but doit faire gagner des points à son équipe. Au contraire des joueurs de champ, la préparation est également différente. Aujourd’hui, on demande de plus en plus de choses à un gardien de but. Avant, il suffisait de se contenter seulement d’être bon avec ses mains. Maintenant, on doit l’être aussi avec ses pieds ».

SRO : Un mot sur la nouvelle hiérarchie des gardiens de but du Stade rennais composée de Benoît Costil et d’Abdoulaye Diallo ?

- B.L. : « Je connais un peu Benoît Costil pour avoir joué contre lui en équipe de jeunes. Dans les catégories jeunes, il était impressionnant. Je pense que son expérience en Ligue 2 lui a été très bénéfique pour sa progression personnelle. Ensuite, être titulaire dans un club de Ligue 1 est une suite logique dans une carrière comme la sienne. Pour Abdoulaye (Diallo), à mon avis, il représente l’avenir du club. Il a des qualités intrinsèques énormes, il faut juste lui laisser du temps ».

SRO : Aujourd’hui, Jirès Kembo est le boute-en-train du vestiaire rennais. Il a changé ou c’était le même en CFA ? Comment expliques-tu qu’il n’explose toujours pas en Ligue 1 alors qu’il enfilait les buts en réserve ?

- B.L. : « Jirès (Kembo) a toujours été extraverti et c’est le style de personne qui met de la bonne humeur. C’est quelqu’un qui aime bien chambrer. C’est important d’avoir des personnes comme lui dans un vestiaire. Peut-être qu’il n’a pas réussi a enchaîner les bons matchs pour être titulaire, et il a aussi été blessé à des moments clés. Lorsque j’évoluais avec lui dans les équipes de jeunes, c’était celui qui avait le plus gros potentiel ».

SRO : Après quatorze années à Rennes, ce club compte t-il toujours pour toi malgré le fait qu’il ne t’ait pas conservé ?

- B.L. : « Je regarde toujours les résultats de Rennes et ça me fait aussi plaisir de revoir certains joueurs avec lesquels j’ai évolué en jeunes ».