Dalmat, une carrière sans queue ni tête

Publié le 11 août 2010 à 08h56 par Owen

Le déroutant Stéphane Dalmat n'a jamais été la hauteur de son talent. Comportements et choix de carrière douteux ont miné le chemin qui aurait pu le conduire en équipe de France. En signant au Stade Rennais pour deux ans, le milieu de terrain de 31 ans relève un nouveau défi. Peut-être le dernier d'une carrière chaotique.

Il est de ces joueurs dont le parcours transforme les belles promesses en grande déception. Stéphane Dalmat traîne encore l’image d’un diamant brut qui n’a jamais été taillé pour durer au plus haut niveau. Lorsqu’il s’agit de revenir sur son parcours, le joueur balaie d’abord les regrets : « Je suis content de ma carrière. » Puis concède :« J’aurais peut-être pu être international A. » Le maillot bleu, il l’a porté. Mais avec l’équipe Espoirs la bien nommée.

En janvier 2001, il n’a que 21 ans. Après Châteauroux Lens, Marseille et Paris, direction l’Italie et l’Inter Milan. Dans ses bagages : 102 matches de Division 1 et 22 de Ligue des Champions. Édouard Cissé a côtoyé Stéphane Dalmat au Paris SG, il se souvient : « En termes de talent, c’est le meilleur joueur que j’ai vu hormis Ronaldinho. C’était un phénomène... »

"Ronaldo du milieu de terrain"

En Italie, le "Ronaldo du milieu de terrain" (son surnom en France) participe à une demi-finale de Coupe de l’UEFA et une autre de Ligue des Champions. Son temps de jeu baisse mais ses deux saisons et demie chez les Nerazzurri sont honorables. Jacques Santini, alors sélectionneur de l’équipe de France, le supervise deux fois.

Le joueur a pourtant des envies d’ailleurs. « Je voulais découvrir l’Angleterre, son championnat si attractif. » En réalité, « les choses n’ont pas été claires avec l’entraîneur (NDLR : Hector Cuper). C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à partir. »

L’Angleterre vire au calvaire, Toulouse à la relance

Point de chute : Tottenham, en prêt. Après des débuts séduisants, le vent tourne. L’air anglais devient irrespirable entre lui, «  certains joueurs anglais » et les dirigeants. Le phénomène est fragilisé. « Ce qui lui a manqué à un moment dans sa carrière, c’est peut-être un meilleur entourage. Il n’a pas été suffisamment protégé », estime Édouard Cissé.

Pour se relancer, le joueur a un plan : retourner en France. Le milieu de terrain est prêté une seconde fois par l’Inter. A Toulouse, ses prestations sont convaincantes. Le TFC voudrait l’engager mais ne peut pas. « Financièrement, il y avait une trop grande différence de salaire entre ce que le club proposait et ma dernière année de contrat l’Inter. Je n’ai pas peur de le dire. »

Santander, la parenthèse désanchantée

Après trois saisons à Sochaux, Stéphane Dalmat vise désormais plus haut avec le Stade Rennais, onzième club d’une carrière mouvementée.

Laissé libre par les dirigeants interistes, Stéphane Dalmat se dirige vers un club capable d’assumer financièrement : le... Racing Santander. « Il sera notre propre Galactique ! » Manuel Huerta déchante rapidement. Le président du club espagnol, qui lui avait proposé un contrat de... cinq ans, se sépare au bout d’un an d’un joueur quelconque sur le terrain et à la motivation incertaine. Santander ? « Juste une occasion de faire une bonne saison... ».

Sur le banc à Bordeaux, cadre à Sochaux

A Bordeaux, son neuvième club, Stéphane Dalmat joue peu. Un amour de lob en Ligue des Champions face au PSV Eindhoven remet son talent en lumière. Le temps de quelques ralentis, trop peu pour séduire.

Et si finalement, il fallait partir de plus bas pour remonter la pente ? Après plusieurs tentatives avortées pour redonner un nouvel élan à sa carrière, c’est finalement au FC Sochaux que le joueur rebondit. Il y reste trois ans, un record de longévité dans sa carrière. Francis Gillot, son entraîneur, en fait l’un de ses cadres et souhaitait le conserver.

Mais le périple du footballeur passe désormais par le Stade Rennais, son onzième club. Après Sochaux, Stéphane Dalmat souhaite « viser plus haut dans un club avec des ambitions élevées. » A 31 ans, c’est encore possible. A condition de ne plus traîner en route.


Stéphane Dalmat, hors-jeu

Le dribbleur est déconcertant pour ses adversaires. Lorsqu’il le devient pour son club, cela se complique.

Bouderie
Au coeur de la saison 1998-1999, le Milan AC fait une offre au RC Lens pour recruter le milieu de terrain. Le club artésien, alors entraîné par Daniel Leclerc, refuse tout transfert. Le joueur boude pendant un mois.

Rebéllion
Lors de son passage au Paris SG, en 2000, il tient tête à Luis Fernandez : « Un jour, il a demandé aux jeunes, excepté moi, Anelka et Luccin, de ranger les ballons et les plots. Quinze jours après, sans raison, il m’a ordonné de le faire. Je lui ai dit : "pourquoi maintenant ?" » Le joueur regrette ses propos.

Altercation
Lors de la saison 2003-2004, ses premiers mois à Tottenham sont salués. Mais il perd pied dans le vestiaire, s’empoigne avec un jeune du club et critique ses dirigeants. Le talent du joueur finit par être rattrapé par son comportement.

Retard
Santander avait misé sur lui. Ce sera un flop, tant sur le terrain qu’en dehors. Il se fait remarquer à la fin de l’année 2005 en rentrant des vacances de Noël avec quatre jours de retard.

Rebéllion (bis)
Cet été, il est condamné à deux mois de prison avec sursis pour des coups sur un agent de police, survenus un an plus tôt. Peu après les faits, le joueur présente ses excuses. Il rend ensuite son brassard de capitaine du FC Sochaux.


La phrase

« Il est rapide, puissant, technique, a une très belle frappe de balle mais... il ne sait pas jouer au football ». Acerbe, la formule devient franchement cruelle lorsqu’elle est signée Arrigo Sacchi, la crème des entraîneurs italiens.

Crédit citations : www.om.net ; www.maxifoot.fr ; www.wsc.co.uk ; www.rmc.fr

La fiche de Stéphane Dalmat