Youssouf Hadji, nouvelle recrue rennaise
Publié le 25 juin 2005 à 23h45 parAprès Alain Rochat et John Utaka, Youssouf Hadji est la troisième recrue rennaise de ce mercato. Petit frère de Mustapha Hadji, star de la sélection marocaine dans les années 90, Youssouf a su se faire un prénom dans le monde du football. Partout où il est passé, il a toujours fait preuve d'un état d'esprit remarquable. Son talent lui permet aujourd'hui de signer dans un club européen et d'être international. Portrait de la nouvelle recrue rennaise.
Sur les traces de son frère
Youssouf Hadji n’a que deux ans quand ses parents quittent le Maroc pour rejoindre la Moselle et Creutzwald, une petite ville minière près de la frontière allemande. Il y fréquente ses premiers terrains de football, tape dans ses premiers ballons. De huit ans son aîné, Mustapha poursuit sa progression vers le haut niveau, sous l’oeil admiratif de son petit frère. En 1994, a lieu la coupe du monde aux États-Unis. Le Maroc participe à la compétition avec dans ses rangs, un certain Mustapha Hadji. « C’était mon idole ! J’étais trop fier de lui. Il m’a donné l’envie » raconte celui qui à l’époque, n’était âgé que de que quatorze ans.
Youssouf Hadji fait ses gammes à Forbach avant d’être repéré par les recruteurs de Nancy, séduits par sa technique. Il intègre alors le centre de formation de l’ASNL, à dix-sept ans, comme stagiaire. La saison suivante se révèle être magnifique pour la famille Hadji. Youssouf signe son premier contrat professionnel, alors que Mustapha brille avec sa sélection durant le mondial en France. « J’ai été à un de ses matchs, contre la Norvège (2-2), se souvient-il. Il avait marqué, j’en ai pleuré et je me suis dit qu’un jour moi aussi j’offrirai de l’émotion et du rêve à des spectateurs » se souvient le néo-Rennais. Lorsqu’on le questionne sur la difficulté d’arriver après son frère, il répond : « ce n’est pas une difficulté. Au contraire, c’est une fierté et même une source de motivation ».
Le 18 décembre 1999, Youssouf Hadji dispute son premier match en Ligue 1 contre Saint-Étienne (1ère division à l’époque). L’entraîneur nancéen de l’époque n’est autre que... Laszlo Bölöni. Ce sera la seule apparition du Marocain en championnat cette saison. L’année suivante n’est guère meilleure, il ne joue que quatre rencontres. Impuissant, Youssouf Hadji voit son équipe descendre dans l’échelon inférieur. C’est un mal pour un bien. Lors de la saison 2000/2001, il dispute 34 matchs, inscrit six buts et devient un des leaders de l’équipe. Les années se suivent et se ressemble, en 2001/2002, il dispute 26 matchs et marque à deux reprises puis lors de la saison 2002/2003, son compteur buts grimpe à cinq unités, pour trente matchs joués. Cependant, il ne parvient à faire remonter le club en Ligue 1. « En D2, j’ai progressé sur le plan physique, j’ai gagné en maturité, mais quand on goûte à l’élite, on ne veut plus la quitter » affirme-t-il. En fin de contrat avec Nancy, il décide de mettre le cap au sud, pour Bastia après avoir été pourtant tout proche du voisin messin. Le joueur n’oublie pas ses années passées en Lorraine mais affiche ses ambitions personnelles : « j’ai passé plusieurs belles années à Nancy, mais je voulais changer d’air pour continuer ma progression. Retrouver la Ligue 1 était la meilleure des choses qui pouvaient m’arriver ». En deux saisons en Corse, Youssouf Hadji dispute 62 matchs et inscrit treize buts avant de s’envoler pour la Bretagne.
Sa venue au Stade Rennais
Après les départs de Sorlin et Maoulida, les dirigeants rennais se sont mis à la recherche d’un milieu droit. L’arrivée d’Utaka - dont on ne sait toujours pas quel poste il occupera la saison prochaine - a déjà permis de pallier le départ de Maoulida. L’autre recrue offensive s’est faite attendre. N’diaye, Fiorèse (deux pistes rapidement écartées), Elmander, Nilsson, Abdessadki et Hadji sont les noms les plus souvent revenus. C’est finalement le dernier cité qui a rejoint la capitale bretonne. Youssouf Hadji retrouvera Ouaddou, coéquipier en sélection marocaine et ancien partenaire à Nancy et Lazslo Bölöni, l’entraîneur qui l’a lancé lorsqu’il était à Nancy Le technicien roumain apprécie le joueur. Youssouf a eu le mérite de ne jamais lâcher. et pourtant, ce n’était pas simple d’arriver derrière son frère Mustapha qui avait marqué le foot africain. Rachid Maatar, l’ancien entraîneur du centre de formation de Nancy et responsable de la venue d’Hadji en Lorraine ne tarit pas d’éloges sur "son" joueur. « Quatre ans à Rennes ? Et bien je peux vous dire que c’est bien pour Youssouf, mais aussi pour Rennes. Youssouf est au minimum aussi fort que son frère. Il dispose d’une excellente technique individuelle, percute bien dans son couloir et est très bon de la tête ». Tant de qualités qui ont incité les dirigeants rennais à dépenser 1,6 million d’euros pour ce transfert. « Nous n’avons pas fait de surenchères salariales » précise Pierre Dréossi, manager général du club.
Pourtant, c’est Nancy qui semblait tenir la corde. Le Marocain « semblait mûr », dixit les dirigeants nancéens pour rejoindre son club formateur. « Je tiens à signaler que je ne me suis jamais engagé avec Nancy » explique le joueur. Avant d’ajouter : « j’ai simplement pris le temps de la réflexion et j’ai mûrement pesé ma décision. Et aujourd’hui, je suis Rennais à 200% ». Pour Youssouf Hadji, « rejoindre Rennes qui souhaite s’installer dans le haut du tableau et avec en plus la perspective d’une campagne européenne, [est] un beau challenge ». La concurrence ? « Cela m’a toujours aidé dans ma carrière, je compte justement sur cette émulation pour progresser. » Progresser, c’est bien à cela qu’aspire le Stade Rennais. Individuellement Youssouf Hadji semble s’être fait un prénom. « Avant on lui parlait de moi, maintenant on ne me parle que de lui... » sourit son frère.